Thierry Marx : "J'ai fait les 400 coups"

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Dans les années 1970, le grand chef étoilé Thierry Marx est un petit gars de Ménilmontant qui fait quelques conneries. Quarante ans plus tard, il nous raconte comment un coup de téléphone l’a ramené à cette époque…
Transcript
00:00 Les policiers, encore avec les képis à l'époque, nous coursaient de temps en temps,
00:03 à ce que les gardiens appelaient.
00:05 Dans les années 70, dans le quartier de Belleville et Ménilmontant,
00:13 on était dans un terrain vague, je me souviens très bien, à côté du 140 rue Ménilmontant.
00:19 Et on était près de la caserne des pompiers, juste derrière,
00:22 où on vivait toute une bande, on appelait ça la bande de la rue Axo.
00:25 Et on bricolait des voitures, on refaisait le monde,
00:28 on avait 10-12 ans.
00:31 Il y avait déjà un petit peu de tension et de rivalité entre ceux qui venaient plutôt de Romainville et des fortifs,
00:38 et nous qui étions vraiment du cœur du 140 rue Ménilmontant.
00:42 Dans les cas de Sankou, il y avait surtout le fait de...
00:45 On était souvent pris en chasse par...
00:48 On dérangeait, c'était interdit d'être dans ce terrain vague.
00:50 Et effectivement, les policiers, encore avec les képis à l'époque,
00:55 nous coursaient de temps en temps, parce que les gardiens appelaient,
00:58 et on était coursés par la police.
01:00 Ces courses, on avait vraiment peur d'être attrapés.
01:05 Or, je pense que les policiers ne nous poursuivaient pas pour très longtemps,
01:08 en plus, il n'y avait pas de larcins.
01:09 Et dans ces cas de Sankou, il y avait le fait de rentrer dans le square du 20ème arrondissement,
01:14 qui est un square qui est en face du 140 rue Ménilmontant, de nuit,
01:17 quand le gardien dormait,
01:19 et de jouer comme si on jouait dans une jungle, comme ça.
01:22 Et c'était vraiment les premières aventures,
01:25 de se prendre pour des héros, parce qu'on osait traverser le square la nuit,
01:30 en escalade en dégris.
01:31 Et ça, c'était quelque chose qui était aussi une de nos épreuves,
01:35 comme de rentrer de nuit dans le cimetière du Père Lachaise.
01:39 C'était des épreuves de garçons pour être costauds,
01:42 et ça ne nous a jamais rendu plus costauds, d'ailleurs.
01:45 On était vraiment soudés.
01:46 Par contre, il y avait une...
01:48 C'était toujours les uns avec les autres, jamais les uns sans les autres.
01:50 Donc, dès 8h du matin, le premier réveillé passait chercher les autres.
01:55 On se retrouvait toujours dans ce terrain,
01:58 qui était une espèce de "no man's land", comme ça,
02:02 près de la porte des préssats gervais.
02:04 Et puis, les hasards de la vie ont fait qu'à un moment donné,
02:07 il y a eu une rupture dans cette histoire.
02:12 Les gens qui étaient comme moi, de Belleville-Ménilmontant,
02:14 on était dans des petits appartements.
02:17 Et on a proposé à nos parents d'aller vivre dans des quartiers
02:20 loin de Paris, finalement.
02:22 On s'est retrouvés dans la Seine-Saint-Denis pour certains,
02:23 et dans le Val-de-Marne pour d'autres.
02:24 Moi, c'était les cités des Boulereaux, c'était les Beaulabés.
02:27 On a coupé nos chemins à ce moment-là.
02:29 Et puis, les années ont passé,
02:31 on a fait chacun notre chemin de vie, je dirais.
02:35 On s'est complètement dispersés.
02:37 Et puis, un jour, par le plus grand des hasards,
02:41 je reçois un coup de téléphone.
02:42 Et puis, c'est quelqu'un qui me parle, Bruno, Bruno Angèle,
02:47 et qui me dit, voilà, je voulais te parler,
02:50 on n'a pas eu le temps de te joindre avant.
02:52 Et un de nos meilleurs copains, nos meilleurs amis,
02:55 même Franck, venait de disparaître.
02:58 Il venait de finir sa vie quelques minutes avant,
03:01 et ils n'avaient pas eu le temps de me parler.
03:02 Donc, je m'en suis beaucoup voulu, d'ailleurs,
03:04 qu'ils n'aient pas osé me téléphoner.
03:07 Mais avec Bruno, on se revoit de temps en temps
03:11 autour d'un café dans les bas de Belleville,
03:14 pour pas cette nostalgie du passé qui nous conduit souvent,
03:19 qui pourrait nous conduire à une dépression,
03:20 mais au contraire, de vivre encore dans ce quartier de la diversité,
03:24 même si on est les deux seuls survivants
03:27 de ce quartier, de cette bande de la rue Axo.
03:30 Toujours beaucoup de plaisir à retrouver Bruno
03:34 autour d'un café dans les bas de Belleville
03:37 ou dans les hauts de Médille-Montant.
03:38 C'est toujours un quartier qui nous tient à cœur.
03:40 On est du 20e, d'ailleurs.
03:41 On se dit toujours qu'on est du 20e.
03:43 On n'est pas de Paris, on est du 20e.
03:45 ♪ Musique ♪
03:50 Merci.

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