"C'est frustrant de pas savoir pourquoi les Algériens ne peuvent pas voir un film qui parle d'eux."
L'histoire de ce film se déroule pendant la guerre civile algérienne. Sa sortie a été annulée en Algérie. Et les actrices de "Papicha" aimeraient bien savoir pourquoi…
L'histoire de ce film se déroule pendant la guerre civile algérienne. Sa sortie a été annulée en Algérie. Et les actrices de "Papicha" aimeraient bien savoir pourquoi…
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00:00Le président de l'Union Européenne a déclaré qu'il n'y a pas d'interdiction d'accueillir les criminels de l'Union Européenne.
00:05Si vous n'avez pas d'interdiction d'accueillir les criminels, je vais vous poser des questions.
00:08On peut aller chercher les criminels, c'est ça ?
00:19Le film se passe dans les années 90 en Algérie.
00:22Et ce qui se passe à ce moment-là, pendant cette période,
00:25c'est qu'il y a une montée de l'extrémisme,
00:29une montée des radicaux.
00:31C'est une période que les Algériens vont traverser pendant dix ans
00:33et qui va faire 150 à 200 000 morts,
00:35avec des attentats, des assassinats, des couvre-feux.
00:39C'était les moments où mon père devait se cacher,
00:41où il devait se déguiser parce qu'il ne fallait pas qu'il soit reconnu dans la rue,
00:45parce que comme c'était un homme un peu public, il fallait qu'il se cache.
00:49Moi j'ai ma grand-mère qui est donc autrichienne,
00:51qui se voilait pour aller faire ses courses.
00:53Elle ne voulait absolument pas partir, alors que vraiment il y a eu,
00:56devant leurs portes, on est venu leur dire attention, ils arrivent pour vous.
00:59Au-delà de tout ce que nous on y a mis de personnel,
01:02il y a un devoir de mémoire, il y a un devoir de...
01:05Ok, dans les livres, à l'école, on ne parle pas assez de cette période.
01:07Moi j'ai étudié en France, j'ai fait tout mon collège, mon lycée, ma fac en France
01:12et c'est trop peu dit.
01:22Aujourd'hui, ce qui se passe, on ne sait pas du tout si c'est lié
01:25à la situation actuelle de l'Algérie, ou si c'est parce que c'est des mesures de sécurité,
01:28donc c'est pour nous protéger.
01:30Est-ce que c'est le contenu du film ? Est-ce que c'est l'image ?
01:32On ne sait absolument pas.
01:33On n'a aucune réponse.
01:34Vraiment, et c'est encore plus frustrant de ne pas savoir pourquoi
01:38les Algériens ne peuvent pas voir un film qui parle d'eux,
01:40qui parle de leur survie, de leur espoir et c'est assez injuste en fait.
01:47Et justement, quel regard vous portez sur ce qui se passe en Algérie
01:50depuis un peu plus de six mois maintenant ?
01:53Moi, je porte un regard assez...
01:58un regard hyper bienveillant et je suis hyper fière et contente
02:01de ce qui se passe aujourd'hui parce qu'on est quand même en train de vivre un truc assez fou.
02:04C'est génial que le film fasse écho à ça.
02:07C'était incroyable quand on a su ce qui se passait le 22 février.
02:09On s'est dit, mais attends, le film venait d'être fini.
02:13Et on se disait, mais ce n'est pas possible.
02:14En fait, c'est un écho absolument incroyable et c'est beau.
02:17Nous, quand on montait les marches à Cannes,
02:20c'était un vendredi comme par hasard.
02:22En plus, c'était fort.
02:24Oui, c'était hyper fort parce qu'au même moment,
02:27les Algériens étaient dans les rues.
02:28On a eu des pancartes avec Papichat,
02:30vous avez la palme d'or de votre peuple.
02:32C'était incroyable.
02:33Pour nous, c'était...
02:34Moi, j'en ai pleuré ce jour-là.
02:35C'était la plus belle réussite.
02:36Enfin, c'était le plus beau cadeau qu'on ait pu nous faire.
02:38Donc oui, on se sent lié, évidemment, quand on fait un film comme ça.
02:41J'avais besoin de participer à ces manifestations.
02:43Je suis rentrée deux fois, dont une le 8 mars pour la Journée de la Femme.
02:46C'était encore plus symbolique, sachant qu'on avait tourné ce film
02:49et que voilà, moi, je suis sur les réseaux sociaux.
02:51Et à travers ça, j'ai envie aussi de me battre pour ma position de femme
02:55dans ce pays, sachant que j'ai commencé là-bas.
02:57J'ai été publique, je suis publique en Algérie,
02:59donc j'ai vraiment voulu leur montrer qu'une femme,
03:02ça avait le droit de choisir comment s'habiller, où aller,
03:05être libre, tout simplement, de vivre sa vie comme elle l'entendait.
03:10Et c'était vraiment...
03:11Je l'ai vécu en plein milieu.
03:13C'est extraordinaire, en fait, le...
03:16Je ne sais même pas comment décrire ça,
03:18mais c'est une force commune, en fait.
03:20C'est un truc qui nous porte tous ensemble et on avance ensemble.
03:22C'est des vagues humaines.
03:24C'est absolument extraordinaire.
03:25Et en fait, c'est l'espoir qui est extrêmement impressionnant.
03:28C'est l'espoir et on sent qu'ils ont envie de mieux,
03:29qu'ils ont envie d'aller de l'avant et de se battre, quoi.
03:32Mais de se battre avec le sourire, avec des fleurs.
03:34Il y a des images absolument incroyables qu'on a vues partout sur les réseaux sociaux.
03:38Appeler ça la révolution du sourire, c'est quand même beau.
03:42Et voilà, pour défendre leurs droits, pour revendiquer leurs droits,
03:46pour améliorer leurs conditions de vie.
03:48Exactement, pour dire qu'ils existent.