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Sexe, nudité… L'actrice Anaïs Demoustier raconte comment ça se passe en vrai les scènes d'amour sur un tournage…

Anaïs Demoustier joue dans "Les Amours d'Anaïs", présenté à la Semaine de la critique du Festival de Cannes.
Transcription
00:00Je pense qu'il faut chorégraphier, il ne faut pas se jeter à l'eau et improviser.
00:03Ça, c'est ce qu'il y a de pire.
00:04Ça m'est arrivé une fois avec une réalisatrice qui disait
00:05« Bah, vous y allez et puis on verra quoi. »
00:07Mais en fait, non, on ne peut pas y aller dans le vent comme ça, sans filet.
00:11Au contraire, c'est une scène qu'il faut préparer beaucoup pour savoir à quoi s'attendre.
00:15Enfin moi, en tout cas, c'est ce dont j'ai besoin.
00:16En fait, quand on fait l'amour, il y a différentes étapes, quoi.
00:19Et donc, voilà, on prépare comme dans la vie ce qui va être filmé.
00:24Et puis après, on y va progressivement.
00:27Et puis parfois, on fait les répétitions habillées, par exemple.
00:30Et puis au moment du tournage, on y va, quoi.
00:33C'est difficile de se déshabiller devant un inconnu ?
00:36Oui, c'est inconfortable, disons.
00:40Ça peut être inconfortable.
00:41Parce que dans le film, tu es souvent assez dénudée,
00:45en train de réparer ton alarme incendie, etc.
00:48Ça, comment tu l'appréhendes ?
00:50En fait, les scènes de nudité pure, je les accepte uniquement quand je comprends le sens.
00:55Quand je comprends, quand je les trouve justifiées.
00:57Et le sens, ça peut être un effet comique.
01:00Ça peut être un désir très précis d'un metteur en scène que je comprends.
01:04Et là, par exemple, pour cette histoire d'alarme,
01:05un moment où un personnage bourrine sur une alarme qui fait trop de bruit,
01:09une alarme d'incendie qu'elle n'arrive pas à éteindre et elle est nue.
01:11Et au départ, moi, je voulais être habillée.
01:13Puis en fait, j'en ai parlé avec la réalisatrice qui me disait qu'elle trouvait
01:15que c'était comique que je monte sur la table en étant intégralement nue et tout ça.
01:18Et en fait, elle m'a convaincue.
01:20J'ai été d'accord avec elle.
01:21Donc, je l'ai fait parce que c'était justifié.
01:24Quand c'est de la nudité pure et gratuite.
01:26Et après, pareil, tout est relatif.
01:29Il y a des gens qui peuvent estimer qu'une chose est gratuite et d'autres pas.
01:31Mais moi, il faut que je comprenne pourquoi je l'ai fait, la scène.
01:33Et après, ça va.
01:34Comment on se débarrasse de ses complexes, alors ?
01:37Ben, on s'en débarrasse pas.
01:41Non, le cinéma ne nous débarrasse pas de nos complexes.
01:43Il faut s'oublier.
01:45Enfin, il faut chercher à avoir autre chose que soi et faire confiance
01:49au regard d'un chef opérateur, de la caméra, d'un réalisateur et d'une réalisatrice.
01:55Mais on ne se débarrasse pas du tout de ses complexes, non.
01:57Ça n'aide pas à les accepter non plus ?
01:59Non, non, pas moi.
02:03Dans toute ta carrière, avec qui tu as préféré tourner une scène d'amour ?
02:09Je crois que c'était avec François Ozon.
02:14Parce qu'il est très drôle
02:16et qu'il rend les choses très légères.
02:22Et c'était des scènes assez crues.
02:24En plus, j'étais avec Romain Duris, qui était déguisé en femme.
02:27Donc, c'était un peu absurde.
02:28Et donc, il y avait vraiment la dimension
02:32de la fiction.
02:33J'étais vraiment dans un...
02:35Je sentais bien que c'était un film et qu'il y avait des personnages.
02:38Tout était assez bizarre avec Romain Duris en femme.
02:41J'avais des scènes aussi avec Raphaël Personnaz.
02:43Et Ozon, c'est quelqu'un qui cadre en plus lui.
02:46Donc, il est derrière la caméra.
02:46Donc, d'une certaine manière, je le sentais impliqué aussi dans la galère
02:50que sont quand même ces scènes, faute de la vérité.
02:52Et il le prend avec beaucoup d'humour.
02:54Donc, c'était drôle, c'était léger.
02:56Il y a plein de trucs gênants, en fait, très gênants.
02:59J'ai fait une scène...
03:00J'ai fait un film dans lequel je jouais une étudiante qui se prostituait.
03:04Et j'avais beaucoup de scènes de sexe et de scènes très glauques.
03:08Et là, c'est un peu la porte ouverte à toutes les fenêtres,
03:11parce qu'en fait, j'avais des scènes de prostitution
03:15qui étaient toutes condensées la même semaine de tournage.
03:18Donc, en fait, j'avais vraiment l'impression que c'était mon métier.
03:20C'était horrible. C'était vraiment horrible.
03:23Et il y avait le matin la sodomie, l'après-midi la fellation.
03:25Enfin, c'était un cauchemar.
03:26Franchement, c'était horrible.
03:27Donc là, j'en rigole, mais sur le coup, j'en rigolais pas beaucoup.
03:29Y a-t-il une personne pour coordonner les scènes d'amour ?
03:32Non, enfin là, en tout cas, sur le film de Charline, il n'y avait pas de...
03:37Il n'y avait personne pour coordonner ça.
03:38Je crois que c'est un nouveau poste qui doit arriver ou qui...
03:41J'en ai entendu parler, mais moi, j'en ai jamais rencontré encore.
03:43Et en fait, je pense que j'ai jamais ressenti le besoin
03:47que quelqu'un soit là pour ça.
03:49Normalement, un réalisateur, il est censé faire ça avec bienveillance,
03:52en respectant ses acteurs.
03:55Donc, normalement, si on discute bien avec le réalisateur,
03:57il n'y a pas de problème, quoi.
03:58Comment on aime à l'écran ?
04:00Je pense qu'on est crédible, justement, si on regarde vraiment son partenaire
04:03et qu'on est vraiment au présent.
04:05C'est une chose qui ne se dit pas forcément, mais qui peut se jouer, en fait.
04:07Qui peut se jouer dans les silences.
04:08Et moi, c'est vrai que j'aime énormément jouer dans les silences.
04:12J'aime énormément écouter les autres acteurs jouer aussi.
04:15Et l'amour, en fait, c'est une question de regard.
04:16C'est regarder l'autre et se projeter et fantasmer.
04:21Donc, c'est que dans les silences.
04:23Et c'est ce que je préfère faire au cinéma.
04:25Est-ce qu'on peut tomber amoureux de quelqu'un dans un film ?
04:30Pour de vrai ?
04:31Bah oui, oui.
04:32L'amour est partout dans la vie, donc pourquoi pas aussi ?
04:34Oui, ça t'est déjà arrivé.
04:37Euh...
04:38J'ai pas du tout envie de vous le raconter.

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