Insultes, harcèlement, viols... Pour lutter contre ces pratiques subies par de nombreuses étudiantes et étudiants en école de commerce, Marine a créé "Safe Campus".
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00:00Tous les mois, il y avait un journal anonyme qui paraissait ou des rédacteurs anonymes
00:04élisaient une pute du mois.
00:06Les soirées les dispersent, donc les filles arrivent en premier à une soirée
00:10et quelques heures après, les garçons arrivent, une fois que les filles sont un peu alcoolisées
00:14pour entre guillemets les cueillir, c'était vrai aussi.
00:17Je m'appelle Marine, je suis une ancienne étudiante d'école de commerce.
00:21Comme beaucoup d'étudiantes, j'ai vécu des situations de sexisme pendant mes années d'études.
00:31Je pense qu'on peut parler très longtemps des traditions sexistes en école de commerce.
00:35Je parle de sexisme parce que c'est ce que j'ai vécu.
00:37On peut aussi parler de racisme, d'homophobie, qui sont aussi des situations présentes.
01:01Ça paraît complètement irréel, quand on lit ces articles, on se dit
01:04mais comment on en est arrivé là, comment on a pu laisser de telles situations arriver.
01:09Il faut savoir qu'il y a quand même un contexte, une dynamique sociale derrière qui est très puissante,
01:14d'effets de groupe, de besoins très forts d'intégration, de peur du rejet.
01:19Moi, par exemple, mes premières années d'études, j'ai complétement oublié
01:23que je n'étais pas une femme.
01:25J'ai intégré le sexisme comme norme, et malgré un malaise que je ressentais,
01:30je n'avais pas du tout les mots pour identifier ce qui n'allait pas.
01:34Je pense que c'est le cas de beaucoup d'étudiants et d'étudiantes qui vont se taire,
01:40qui vont parfois normaliser des comportements qui sont graves et problématiques,
01:44et dans le pire des cas, qui vont les reproduire.
01:46On a un contexte où on peut parler de sexisme, d'homophobie, de racisme,
01:52et dans le pire des cas, qui vont les reproduire.
01:54On a 300 à 600 étudiants et étudiantes de sensiblement même âge,
02:00pour certains qui ont fait des classes préparatoires pendant deux ans très intenses,
02:05qui sont réunis au même endroit, voire qui vivent au même endroit sur certains campus,
02:12et dans un contexte de fêtes, d'alcool, d'un besoin fort d'intégration
02:17qui se matérialise par l'adhésion à des associations.
02:19Et ça, c'est un contexte à très fort risque pour les violences sexuelles et sexistes.
02:33Malgré le MeToo, malgré la libération de la parole à ce sujet,
02:36je voyais que la situation allait changer peu, voire pas du tout, en école de commerce.
02:41Et du coup, j'ai monté un projet qui s'appelle Safe Campus,
02:43qui est un projet de lutte contre les violences sexistes et sexuelles
02:46dans l'enseignement supérieur et en particulier en école de commerce.
02:49Ça fait des années qu'on a des sensibilisations sur l'alcool, sur la drogue,
02:53donc c'est quelque chose qui est connu, donc il faut prendre ses responsabilités.
02:57Prendre ses responsabilités quand on a une administration d'école de commerce,
03:00c'est effectivement interdire de telles pratiques, mais c'est aussi aller plus loin,
03:05c'est faire de la prévention positive qui passe par de la sensibilisation obligatoire
03:12pour les étudiants et les étudiantes d'école de commerce sur les stéréotypes de genre,
03:16sur le consentement, qui passe aussi par la formation des encadrants et des encadrantes,
03:21comment on accompagne une victime, comment on écoute une victime,
03:24comment on décèle des situations de violence.
03:27Ça passe notamment par la mise en place d'un protocole de signalement
03:30qui est clair, qui est transparent.
03:32Je suis une victime, je sais exactement à qui je dois m'adresser et me référer
03:35et comment je vais être prise en charge.
03:37Il faut que les administrations, elles reconnaissent ce risque,
03:40elles reconnaissent cette responsabilité, qu'elles la prennent en charge
03:43et qu'elles fassent une priorité de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles,
03:47et ça pour éviter à la fois des générations d'étudiantes et d'étudiants potentiellement traumatisés
03:52et à la fois aussi pour éviter d'avoir des futurs cadres, managers
03:57qui reproduisent des comportements problématiques et graves,
04:00que ce soit dans les entreprises ou d'ailleurs dans leur vie personnelle.
04:04Je pense que c'est difficile après de promouvoir l'égalité au travail,
04:09l'égalité professionnelle, quand en fait, pendant les années de formation,
04:14on a potentiellement subi beaucoup de sexisme, subi des violences.
04:18La fête, les associations, c'est important.
04:22C'est des temps qui sont des temps forts dans la vie d'un étudiant ou d'une étudiante
04:27qui sont potentiellement créateurs de beaucoup d'opportunités, de rencontres.
04:33Il faut que ces temps-là redeviennent des espaces qui soient sûrs et bienveillants
04:38pour l'ensemble des étudiants et des étudiantes.
04:40L'idée de Safe Campus et l'idée de mettre en place ce dispositif,
04:43ce n'est pas du tout de dire la fête c'est mal, l'alcool,
04:47c'est vraiment de dire on va faire en sorte que ce contexte profite à fond à tout le monde.