"Ce que j'ai essayé de faire avec le film, c'est de nous apporter une humanité qu'on nous a souvent volé."
Donner une autre image de la banlieue, c'est l'ambition du film "Banlieusards" de Leïla Sy et KERY JAMES. Brut a rencontré le rappeur. Voici son message.
Donner une autre image de la banlieue, c'est l'ambition du film "Banlieusards" de Leïla Sy et KERY JAMES. Brut a rencontré le rappeur. Voici son message.
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Court métrageTranscription
00:00En fait, le cinéma français a tellement mis de côté une partie de la population
00:06qu'il reste beaucoup de belles histoires à raconter.
00:11Et mon ambition à moi, en faisant des films, en écrivant des films,
00:17c'est d'essayer de créer une sorte de patrimoine
00:22pour le cinéma, entre guillemets, pas de banlieue,
00:26des histoires qui se passent en banlieue
00:31et des histoires dans lesquelles on se reconnaît à nous.
00:36Il ne faut pas attendre des autres qui nous mettent en lumière,
00:41c'est à nous de le faire.
00:51Ce que j'ai essayé de faire avec le film,
00:53c'est de nous apporter une humanité qu'on nous a souvent volée.
00:58La plupart des jeunes de la banlieue sont des étudiants qui veulent s'en sortir,
01:04ou des travailleurs.
01:05Il reste une minorité qui a cédé à l'illicite,
01:10mais ça reste une minorité.
01:12De toute façon, la rue, ce n'est pas fait pour tout le monde.
01:16Tout le monde n'est pas capable d'être violent, de se battre.
01:22Il n'y a pas une population en particulier qui aurait cette violence dans le sang.
01:28Ce sont des choix que les gens font dû à une situation de précarité,
01:34et aussi parce que c'est un choix qui pense être un choix facile,
01:39mais qui en réalité n'est jamais le bon choix.
01:43Des fois, on me traite avec un certain respect
01:49parce que je suis Kerry James.
01:52Il m'arrive parfois d'être dans des endroits
01:54où on ne me reconnaît pas en tant que Kerry James,
01:57et on me voit simplement comme un noir parmi les autres.
02:01Et là, je vois que les choses sont encore difficiles.
02:06On a beaucoup de choses à faire,
02:09donc on a beau avoir de l'argent,
02:16dans cette société, en France, on ne devient pas un blanc pour autant.
02:23Il y a toujours un moment où on peut être ramené à notre réalité,
02:29à notre couleur, à notre origine.
02:33Des fois, c'est très violent,
02:38mais en même temps, ça peut faire du bien,
02:41parce que ça peut nous permettre de ne pas oublier
02:46ceux qui n'ont pas, entre guillemets, réussi.
02:52Leur désir de nous maintenir la tête sous l'eau,
02:54transcende ma motivation, nourrit mon ambition.
02:58Banlieusards et fiers de l'être, on n'est pas condamnés à l'échec.
03:08Sous-titrage Société Radio-Canada