"Être un homme ne t'empêche pas d'être une victime."
Avec #MeTooGay, la parole des hommes victimes de violences sexuelles aussi s'est libérée. Maxime Haes raconte.
Avec #MeTooGay, la parole des hommes victimes de violences sexuelles aussi s'est libérée. Maxime Haes raconte.
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00:00Quand « Me Too Gay » est sorti, ça m'a permis de tweeter sur mon vécu aussi,
00:04qui n'est pas forcément un vécu traumatisant ni violent,
00:07mais qui quand même révèle pas mal de la violence décomplexée
00:11et acceptée dans le milieu gay, un peu dans le milieu hétérosexuel aussi, carrément.
00:15Il a fallu aussi que les mecs comprennent qu'ils pouvaient, en tant que victime,
00:19témoigner en tant que victime et dénoncer en tant que victime.
00:22Et qu'être un homme ne t'empêche absolument pas, en fait, d'être une victime.
00:26Le sujet ici, c'est qu'il y a un système et un phénomène qui est vraiment majoritairement masculin,
00:33qui produit des violences sexuelles et qui les reproduit sur les femmes et sur les hommes.
00:38Mais c'est à majorité masculine.
00:41Et c'est ça dont il est question.
00:43Quand on dit 96% des viols sont commis par des hommes,
00:47c'est pas un chiffre, c'est une statistique officielle du ministère de l'Intérieur.
00:50Il ne faut pas qu'on oublie, on est dans un système qui est quand même très machiste,
00:53qui est quand même très...
00:55La masculinité toxique, tout ça, c'est très vrai.
00:58Le fait qu'un homme, un homme avec un grand H,
01:01un homme, ça ne pleure pas, un homme, ce n'est pas une victime, un homme...
01:04Voilà, donc tout ça, tu l'intègres quand tu es un mec,
01:07quand tu grandis en tant que mec et que tu es un mec, tu l'intègres.
01:10Tu te construis avec cette espèce de paradigme
01:13où l'homme, il est fort, il est puissant et il ferme sa gueule et il ne pleure pas,
01:17il n'est pas triste, il n'est jamais triste.
01:18Ou s'il est triste, personne ne le voit.
01:22C'est pareil pour les violences.
01:23S'il subit quelque chose de fondamentalement pas bien,
01:26il va se taire parce qu'il va fermer sa gueule, parce que c'est un homme,
01:28un homme, ça ne dénonce pas, un homme, ce n'est pas une poucave, un homme, ce n'est pas...
01:30Tu vois, c'est toute une construction de masculinité toxique de merde.
01:34Parce que par défaut, on part du principe que tu es hétérosexuel
01:37et de base, c'est toi qui dois prévenir les autres, dire attention,
01:42attention, je ne suis pas hétérosexuel, je suis différent.
01:44Ça, ça nous silence pas mal.
01:46Et après, tu as toute l'homophobie.
01:47Et en plus, si tu es victime de violences sexuelles,
01:49là, du coup, c'est encore compliqué.
01:51Et en plus, derrière, tu vois, chez les LGBT, tu as souvent ce côté où
01:56quand tu es gay, bon, tu es gay, OK,
01:59mais tu es actif, donc tu gardes un peu cette espèce de masculinité,
02:04tu gardes un peu cette espèce de masculinité en disant
02:06tu es actif, c'est toi qui fais l'homme.
02:08Et quand tu es passif, c'est toi qui fais la femme.
02:09Donc, du coup, tu perds un peu cette masculinité.
02:11Tu es dans l'inconscient collectif.
02:13C'est un peu ça. Et ça, c'est très de l'homophobie intériorisée.
02:16Mais ça aussi, pas mal, ça va quand même te silencier aussi
02:20si tu es victime de quelque chose.
02:21Parce qu'en plus, si tu es passif et que tu es victime d'un viol,
02:24tu vas te dire, bon,
02:26est-ce que c'est vraiment un viol ?
02:27Parce que c'est quand même...
02:28Est-ce que ce n'est pas un peu ma place aussi d'être passif ?
02:31Et bon, des fois, ça fait un peu mal.
02:33Non, ce n'est pas ta place.
02:34Tu n'as pas un rapport sexuel qui ne doit pas faire mal du tout.
02:37Si ça fait mal, c'est qu'il y a eu un problème et il faut en parler.
02:39Mais tu vois, dans l'inconscient collectif,
02:41tu as vraiment un vrai système patriarcal dont nous, les mecs,
02:46on est construit dessus.
02:47Je veux dire, ce n'est pas parce qu'on est LGBT
02:49qu'on vit dans une bulle qui n'est pas du tout...
02:52qui exite tout ce qui est endoctrinement et déterminisme sociétal, patriarcal.
02:57Non, non.
02:57Moi, je pense que pour vraiment lutter contre ce schéma patriarcal,
03:00il faut qu'on développe un autre schéma.
03:03Et l'autre schéma, c'est de développer des schémas
03:05où les identités, elles sont plurielles, elles sont diverses
03:09parce que c'est la réalité.
03:10La réalité aujourd'hui, c'est que tu as 10 000 identités,
03:13tu as 10 000 identités sexuelles, 10 000 identités de genre.
03:16Et c'est tant mieux, mais c'est surtout normal
03:19parce que c'est ça, la réalité.
03:21Tu veux la masquer ? OK.
03:22Mais tu mets juste la réalité sous le tapis.
03:26Le problème, c'est qu'à un moment donné, ton tapis, il déborde.