Depuis 3 ans, la famille de Louise, porteuse de trisomie 21, se bat pour qu'elle puisse aller à l'école. Cette année encore, la rentrée a été compliquée.
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00:00Alors il est 8h25, jour de la rentrée, Louise est contente, on se prépare à partir et
00:10hier à 23h, on a appris par mail que son AVS était absente aujourd'hui et on ne sait
00:22pas qui ni s'il y aura quelqu'un pour accompagner Louise aujourd'hui et après, voilà ! Encore
00:29une rentrée avec un peu de souci ! C'est important que Louise aille à l'école maternelle
00:52comme les autres et qu'on commence par ça, par essayer ça ! On ne savait pas qu'il
01:00y aurait encore des problèmes après ! Depuis ces deux années, Louise a continué l'école
01:06avec les autres à temps plein et même s'il y a eu des moments pour nous de découragement,
01:13de doute même, je suis vraiment contente qu'on n'ait pas lâché et que Louise continue
01:20l'école dite ordinaire parce qu'elle a fait d'énormes progrès, non seulement
01:25nous on le voit mais ses institutrices, ses AVS l'ont vu aussi, la voie évoluée, elle
01:33est vraiment tirée vers le haut par les autres enfants. L'année dernière qui était sa
01:37première année dans une nouvelle école, au début elle devait être un peu stressée,
01:40elle tirait un peu les cheveux, un peu trop. Les autres ont fini par comprendre aussi pourquoi
01:45elles le faisaient, c'est exactement ça l'inclusion, c'est-à-dire que tout le monde a fini par
01:49s'adapter, un elle a arrêté de tirer les cheveux assez rapidement parce qu'elle a compris
01:53que ça n'allait pas aller, c'était sa façon à elle d'attirer l'attention mais que ça
01:57n'allait pas être quelque chose de positif pour les autres donc elle a arrêté de le
02:00faire et puis les autres ont compris, les autres enfants ont compris pourquoi elles
02:03le faisaient.
02:19Il y a sûrement des gens qui pensent qu'elle n'a pas sa place à l'école, il y en a même
02:28qui le disent ou je le lis sur les réseaux sociaux, on dit est-ce qu'elle ne serait
02:32pas mieux avec des enfants comme elle, est-ce que ça ne va pas être trop violent l'école.
02:37Parmi les choses que j'appréhendais le plus quand Louise est rentrée à l'école, il
02:41y avait les réactions des autres enfants, j'avais peur des moqueries, j'avais peur
02:48qu'elles ne se fassent pas d'amis, j'avais peur que la différence se creuse trop entre
02:53elles et les autres et je me trompais, maintenant je peux le dire, au bout de deux ans d'école,
02:58je me trompais énormément.
03:00Quand Louise était en petite section, pour la première fois, on a reçu pour elle une
03:06invitation à un anniversaire et ça m'a prise par surprise et j'ai été très très émue
03:14et voilà, c'était le premier anniversaire de notre petite-fille, comme les autres, invitée
03:20comme les autres, avec les cadeaux, les ballons, c'était un très très beau moment.
03:32Cet été, on est partis en famille, tous les quatre en vacances dans un camping, dans
03:37un village vacances qui proposait notamment un mini club pour les enfants de 3 à 11 ans
03:44et quand j'y suis allée pour inscrire Louise, j'y suis allée avec elle, j'avais envoyé
03:49un mail deux mois auparavant pour savoir si son handicap ne posait pas de problème, on
03:54m'avait jamais répondu.
03:55J'y vais et je demande à la personne si je peux inscrire Louise, je lui précise qu'elle
04:01est porteuse d'un handicap et puis je veux dire, cette dame voit Louise, elle a un handicap
04:04visible, d'abord elle me dit « oui oui, pas de problème » et puis en l'espace de deux
04:08minutes, j'ai vu tout changer dans sa tête, qu'elle commençait à me dire « en fait
04:15ça va être compliqué parce que votre fille n'est pas propre et puis si jamais elle se
04:21met en danger et puis on n'a pas assez d'animateurs » et puis je ne sais pas, je l'ai vu avoir
04:26peur, paniquer et faire plus ou moins machine arrière pour finir par me dire « non non,
04:31je préfère vous dire non, on ne va pas pouvoir accueillir votre fille, non, ce n'est pas
04:36possible ».
04:37En fait sur le coup, je ne réagis pas, c'est-à-dire que vous le prenez, c'est vraiment la larme
04:42qui coule derrière que personne ne voit mais qui vous fait super mal et vous essayez de
04:47garder, je crois avoir dit « bon, c'est pas grave, on va s'arranger etc. » et puis quelques
04:53minutes après, vraiment sur le chemin qui ramenait jusqu'à notre bungalow, en fait
04:57le truc il se rumine à l'intérieur, il se transforme en colère, en injustice en fait,
05:04et vous vous dites « c'est injuste, c'est pas normal, c'est pas comme ça qu'on devrait,
05:08ça devrait se passer, je ne devrais pas avoir en permanence à justifier qu'on puisse faire
05:12des choses avec Louise parce qu'elle a un handicap.
05:34Le message que je veux passer, que j'essaie de faire passer depuis que Louise est née
05:43ou depuis qu'elle a 4 mois en tout cas, c'est d'avoir un regard différent sur le handicap,
05:50un regard qui n'est pas limitant.
05:51J'aimerais que toutes celles qui ont un jour comme moi avant, en fait, eu un regard en
05:56disant « celle-là, elle ne pourra pas faire ci » ou « lui, tu as vu, il a une tête bizarre
06:00ou il a l'air bête » ou si tous les gens comme moi qui ont eu cette pensée un jour
06:06pouvaient juste se dire « et si en fait c'était mon regard qui empêchait les gens de pleinement
06:13devenir ce qu'ils sont ? »