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Le film "Lire Lolita à Téhéran" sort en salles ce mercredi 26 mars.

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00:00L'invité du 9-10
00:13Une danse et un chant que l'on voit, que l'on entend en lire Lolita à Téhéran, le film
00:19auquel vous serez à l'affiche à partir de demain. Golshif Tehfarani, bonjour et bienvenue sur RTL.
00:24On est très heureux de vous recevoir avec Amandine, on va vous le dire tout de suite, on a adoré ce film.
00:28Vous y incarnez une professeure à l'université de Téhéran, ça commence en
00:321979, au moment de la révolution, vous êtes confronté à un régime de plus en plus oppressif et vous, vous êtes prof donc et vous
00:39partagez avec vos étudiantes la passion de la littérature occidentale qui est interdite par le régime islamique.
00:46Ce film c'est à la fois un témoignage, ça nous plonge dans une époque, c'est aussi un acte militant.
00:51Qu'est-ce qui vous a décidé à le faire ce film ? Pourquoi vous avez dit tiens celui-là je vais le faire ?
00:55En fait, j'ai complètement décidé le contraire, j'ai décidé de ne pas le faire.
00:59C'est raté. Oui, parce que je voulais pas faire, en fait, j'ai jamais fait des films qui sont liés à l'Iran.
01:06Vous êtes iranienne, je le dis pour nos auditeurs. Exactement, imaginez, moi je suis pas iranienne mais je ne fais pas les films iraniennes.
01:13J'ai un problème. Vous avez quitté votre pays il y a 15 ans pour la France.
01:18Et vous aviez dit jamais je ne ferai de film sur tout ça. Oui, justement, en fait, je voulais sortir de cette case de
01:24l'Iran au Moyen-Orient, spécialement je suis allée aux Etats-Unis et tous les rôles qu'ils me proposaient, c'était les rôles de la terroriste, des machins, vraiment
01:32d'archétype américain.
01:35Je sais pas, parce que pour eux, spécialement Moyen-Orient, ça représente seulement le terrorisme et l'accès de diables.
01:43Pourquoi alors que vous pensez non, vous dites oui ? Pourquoi vous dites je ne veux pas faire ça, du coup je le fais quand même ?
01:48Parce que, en fait, quand j'ai dit oui, parce que j'ai travaillé avec Eran, notre réalisateur, déjà, je connaissais son travail,
01:54mais j'étais sûre qu'il ne va pas pouvoir monter le film.
01:57J'étais sûre que personne ne va donner l'argent pour ce film. Et finalement, il a réussi à monter le film et là, j'étais un peu coincée en fait, c'est vrai.
02:09Non, en fait, finalement, je me suis dit, oui, il y a quelque chose dans ce film que peut-être je comprends pas parce que je suis complètement
02:16désassociée à cause de la peine et la douleur que j'ai vécu de cet exil.
02:20Et non, parce que j'ai retrouvé aussi mes compatriotes
02:25de l'exil, Zahar,
02:27Amir Ebrahimi, Minan, c'était une réunion en amour.
02:31C'était très beau.
02:32Il y avait quelque chose de l'intime à aller rechercher chez vous, de votre histoire personnelle ? Vous avez quitté, Amandine le disait, l'Iran.
02:37Est-ce qu'à un moment, c'est un appel qui est plus fort que ces convictions, que ces envies, que ces envies d'Hollywood ? Vous avez tourné à
02:43Hollywood, vous avez tourné partout dans le monde, dans différents types de films. Est-ce que là, il y a une petite voix en vous qui vous a dit
02:48j'ai un truc à régler ?
02:51En fait, même si je voulais pas le régler, c'était réglé. Ça veut dire que même en parlant en farci,
02:58moi, je galère des fois quand je joue en français, parce que je fais des erreurs tout le temps, il y a des accents, il y a des
03:04machins, ou même en anglais. Et en farci, j'avais la plus peur.
03:09La veille, je me disais comment, demain, je vais parler en farci devant la caméra ?
03:15Tant que je travaillais en Iran, j'ai fait 25 films en Iran avant que j'ai quitté l'Iran.
03:20Et oui, il y avait beaucoup de choses qui a été guérie, parce que c'était comme une thérapie
03:24de faire ce film. On a vécu les choses du moment de la guerre,
03:28début de la révolution. Quand on était toutes petites, ou même pas nées, là, je jouais mes parents.
03:34Et nous tous, on a vécu quelque chose
03:38d'un autre angle, je peux dire.
03:40Portez le voile aussi ?
03:43Encore oui, bien sûr, porter le voile.
03:46C'était aussi...
03:48C'est drôle, vous dites ça, parce que quand on portait le voile, on disait
03:52ça sent tellement génial, parce que c'était comme les mémoires qu'on vivait d'Iran et de notre enfance, et même si c'est horrible...
04:00Pendant le tournage, vous voulez dire ?
04:02Et quand on disait...
04:04En fait, c'était nostalgique de porter le voile.
04:07C'est vraiment les contradictions, c'est dur à expliquer.
04:11Alors que dans le film, c'est un poids considérable, le voile, c'est le symbole de tout ce qui ne va pas, de l'oppression.
04:17C'est un sujet qui est de plus en plus sensible chez nous en France, un sujet qui fait débat.
04:21Certains veulent le faire disparaître, l'interdire,
04:24notamment chez les femmes qui font du sport.
04:25Quel regard vous portez sur ces femmes, en France, qui disent moi je veux porter le voile ? Est-ce qu'elles sont vraiment libres ?
04:32Ça, je crois, de point de vue d'une Iranienne, nous, on est vraiment
04:38les gens dans ce monde qu'on a vécu
04:42la fin de cette idée de l'Etat et la religion qui se mélangent, et le danger de ça.
04:50Alors nous, on n'a pas un regard d'objectif, ça veut dire qu'on le déteste
04:54juste profondément, depuis qu'on a quatre, en cinq, en six ans, juste on le déteste profondément.
05:01Vous les comprenez, ces jeunes filles, souvent en France, qui portent le voile, vous leur dites les filles, vous vous trompez.
05:06Oui, en même temps, je pense que ça c'est des actes d'opposition.
05:11Ça veut dire que si en Iran, de ne pas porter le voile, c'est un acte d'opposition,
05:15peut-être en Occident, de le porter, ça devient un acte d'opposition, parce que les gens, peut-être, ils ne se sentent pas
05:21écoutés, ils ne se sentent pas entendus. Et là, ils forcent quelque chose pour se révéler contre
05:28parce que c'est interdit.
05:30Moi, je trouve, c'est vraiment, c'est un peu ça, c'est des actes de l'opposition, après, au niveau de sociologie et tout ça,
05:38ça, je ne suis pas un expert de parler.
05:40Il y a une phrase qui est répétée plusieurs reprises dans le film,
05:43l'Islam n'est pas l'État.
05:45C'est répété à plusieurs reprises.
05:47Oui, parce que c'est ça le problème, en Iran, c'est qu'ils ont mélangé la religion, ce qui est très personnel,
05:53avec l'État.
05:54Ça doit rester à la maison, là, en Isle.
05:56Ça doit rester dans le cœur, c'est ce qu'elle dit. La religion, c'est quelque chose de très personnel, il peut très bien être
06:01pratiqué dans le cœur et dans la maison des gens, même pas dans la maison, moi, je pense, ça doit être dans le cœur.
06:07Et peut-être, c'est ça aussi, de
06:10porter le voile, peut-être, je ne sais pas, de toute façon, on n'est pas très objectif de pouvoir parler de cette histoire, vraiment.
06:17Le film, vous l'avez tourné à Rome, et pourtant, vraiment, quand on le voit, on a l'impression qu'on est à Téhéran.
06:23Est-ce que vous, vous avez réussi, pendant le tondage, à vous dire, je suis de retour dans mon pays d'origine,
06:28un de mes pays d'origine, parce que vous êtes aussi française, mais est-ce que
06:32ça a été difficile de se projeter à Téhéran, en étant à Rome, ou est-ce que vous êtes complètement rentrée dedans ?
06:38On ne rentre pas vraiment dedans, parce que Rome ne peut jamais être Téhéran. Téhéran, c'est irréplicable.
06:45Mais on dit qu'on fait des compromis, ça veut dire que pour raconter une histoire, on est obligé de
06:50faire des compromis pour pouvoir, justement, raconter l'histoire. Mais en même temps,
06:54le Téhéran, on le trouvait entre nous, les filles. On a fêté la Nouvelle An, on était à Villa Medici tout le temps.
07:01On a passé la Nouvelle An, le Noujouz, à Villa Medici, qui est la France, qui est aussi notre pays.
07:07Est-ce que vous le savez, que vous êtes un modèle pour beaucoup ?
07:10On a reçu beaucoup de messages, quand on a annoncé qu'on vous recevait ce matin, un message notamment de Clochette sur Instagram, je vais vous le lire.
07:17Magnifique call shifter, je crois que cette femme est de la même lignée que Simone Veil ou Elisabeth Ballinter.
07:23La résistance, je suis admirative, et c'est une merveilleuse actrice.
07:28Oh, Clochette !
07:30Écoutez, vous exagérez un peu !
07:34Est-ce que c'est lourd à porter, ça ? Est-ce que vous sentez quand même qu'il y a beaucoup de femmes, et d'hommes d'ailleurs,
07:38qui comptent sur vous pour porter ce message, pour avoir un combat qui est aussi un combat politique, qui n'est pas que cinématographique ?
07:44Vous en avez conscience ou pas ? Et est-ce que ça vous plaît ?
07:46Moi, c'est ce que je sens, c'est pas lourd. Je vous dis pourquoi. Par exemple, hier je suis allée acheter des journaux qui sortent
07:52avec ma tête, pour donner à mes parents.
07:54Je peux aussi garder moi-même. Et il y avait une femme qui s'appelle Najma, qui était dans les kiosques de journaux.
08:02Elle était algérienne.
08:04Et elle m'a parlé de ça, les combats de femmes. Elle a dit, c'est tellement horrible que les gens
08:10ne comprennent pas, c'est terrible le mélange de la religion et l'Etat et tout ça.
08:14Et vous êtes ci, vous êtes ça. Mais c'est ce que je sens à ce moment, c'est qu'on est tous unis. En fait, c'est pas moi.
08:20C'est juste une cercle des femmes qui
08:23donnent la main. Et je suis parmi de toutes ces femmes. Je sens pas quelque chose de séparé.
08:29Quand on a annoncé votre venue sur RTL ce matin, on a reçu beaucoup de messages. Donc il y a eu Clochette, il y en a eu plein d'autres.
08:34Et puis il y a
08:34Armad, qui est un exilé iranien comme vous. Il tient le Magic Bogoss à Caen. C'est un kebab, c'est le kebab d'Aurel San.
08:39Et je sais que vous avez travaillé avec Aurel San. Et il a tenu à vous envoyer ce petit message. Écoutez-le.
08:43Bonjour madame Golshifty, moi je me présente, je suis Armad du Magic Bogoss, le fameux kebab dont Aurel San parle.
08:52Écoutez, on est iranien comme vous. Et puis je voulais vraiment vous souhaiter la bonne année.
08:58Vous êtes une star dans la famille. Très grande star. Tout le monde vous adore. Continuez comme ça, vous êtes génial.
09:08Ça doit être périlleux que tout le monde vous aime comme ça, non ?
09:12Non, mais comme ça me touche tellement, en même temps que je sens proche. Je sens que lui, il est un star. Armad, c'est un star.
09:22C'est pour ça qu'il me voit comme un star. Sinon, ce n'est pas moi du tout, c'est nous-mêmes, c'est la collective. Vraiment.
09:28Vous aimez les kebabs ?
09:30Non, c'est une vraie question. Parce que du coup, à mon avis, vous n'allez pas le payer si vous allez chez lui.
09:34Oui, c'est vrai.
09:36Justement, vous restez avec nous, Golshifty et Faraly. Alex Vizorek, qui vient de vous poser cette question gastronomique essentielle, nous rejoint dans un instant.
09:42Il lui a posé beaucoup de questions, celle-là pas encore.

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