Diagnostiquée bipolaire il y a un an, après sept années d’errance médicale, Léa a décidé de prendre le contrepied de la vie bien rangée que les médecins préconisaient, et s’est risquée tout en haut du Pic Lénine, au Kirghizistan. En août 2024, elle embarque pour 18 jours à l'assaut du sommet du Pic Lénine, au Kirghizistan, situé à 7.134 mètres d'altitude. « C'était un véritable défi parce que moins d'un an avant, en octobre 2023, j'avais tenté de gravir l'Island peak, à 6.165 mètres, dans l'Himalaya, mais ça ne s'était pas du tout bien passée », se remémore-t-elle.
➡️ Notre article complet : https://www.20minutes.fr/sante/4142791-20250318-sante-mentale-malgre-bipolarite-lea-partie-ascension-pic-lenine-7-134-metres-altitude
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00:00En fait, moi, pendant cette année, je ne comprenais pas.
00:03J'avais beaucoup de moments de détresse et d'envie de mourir et d'envie d'en finir,
00:11mais je ne sentais pas qu'il y avait des solutions.
00:14Bonjour 20 minutes, je m'appelle Léa Vigier et je viens de sortir un documentaire
00:19sur l'ascension d'un sommet à 7000 mètres malgré ma maladie mentale, la bipolarité.
00:25Il y a 7 ans, alors qu'elle travaille au lancement d'un business en Afrique,
00:29Léa tombe en dépression.
00:31Logiquement, elle pense tout de suite à un burn-out.
00:34Elle consulte alors un psychiatre qui lui confirme le diagnostic dépressif
00:38et repart avec un traitement médicamenteux.
00:40Sauf que, loin de régler le problème, chaque année,
00:43les symptômes dépressifs refont surface avec des down très prononcés.
00:47Je ne me rendais pas compte en fait de mes hauts et mes bas.
00:49En fait, mes hauts, je pensais que c'était la moi normale,
00:52c'était la super Léa et je m'aimais comme ça et j'avais envie d'être comme ça tout le temps.
00:58Et mes bas, c'était ce que je ne voulais pas être.
01:01Donc, pour moi, il y avait soit la Léa normale, soit la Léa en dépression.
01:05Au bout de 4 ans, j'ai deux de mes meilleures amies qui m'ont dit
01:10« Mais Léa, en fait, toi, t'adores la Léa qui est en forme,
01:15qui a énormément d'énergie, qui a plein de projets.
01:17Mais nous, on ne l'aime pas spécialement parce qu'on ne peut pas parler avec toi. »
01:22Et là, ça a commencé à être un petit déclic.
01:25Et donc, à ce moment-là, j'ai une de mes amies qui est médecin,
01:28qui m'a dit « Mais attends, mais essaye de comprendre
01:30qu'est-ce qui se passait avant que tu tombes en dépression. »
01:33Et c'est vrai qu'à chaque fois, j'étais dans un haut avec « je ne dormais pas »,
01:38« je travaillais énormément », « je me lançais toujours dans des nouveaux projets ».
01:43J'avais le sentiment d'être Jésus ou alors d'être quelqu'un qui a des super pouvoirs.
01:50Et mon cerveau qui marchait vraiment très vite.
01:52À ce moment-là, Léa commence à comprendre que quelque chose ne va pas,
01:56que ce qu'elle pensait être une dépression chronique n'en est pas une.
01:59Son médecin avance alors la possibilité d'une bipolarité,
02:02mais sans pour autant poser de diagnostic.
02:05Pour moi, ça a été un gros choc.
02:07Parce que moi, je voyais la bipolarité comme une maladie mentale grave.
02:14Mais surtout, je voyais, si je suis bipolaire, c'est que je suis folle.
02:18Donc, je vais finir en hôpital psychiatrique.
02:20Je n'aurai pas d'amoureux, je n'aurai pas d'enfant.
02:23Et j'aurai une vie super triste et sans personne autour de moi qui m'aime.
02:28L'année dernière, j'ai changé de psychiatre.
02:30Et là, cette psychiatre m'a posé un diagnostic.
02:33Et à partir de ce moment-là, c'était le soulagement, la révélation.
02:38Pour éviter au maximum les variations entre phase descendante et phase ascendante,
02:43les médecins conseillent à Léa une vie stable, calme et routinière.
02:47À l'opposé des grandes expéditions qu'elle aime mener à l'assaut de sommets montagneux.
02:52Léa tente donc, dans un premier temps, d'appliquer les recommandations du corps médical.
02:57Mais s'aperçoit très vite que cette vie qu'elle n'a pas choisie la précipite dans les abîmes.
03:01Ça a été la désillusion d'abord.
03:03Je me suis dit, bon ben voilà, je vais en finir.
03:06Je regardais différentes manières de me suicider.
03:09Ou alors de trouver une manière en Suisse de faire des fins de vie,
03:14d'assister dans le cas de maladies mentales graves.
03:17Je l'ai vraiment gardé pour moi, je n'en ai pas parlé,
03:20parce que je ne voulais pas qu'on m'en empêche.
03:22Vraiment, je me sentais limite soulagée.
03:24Parce que je me disais, bon ben je vais arrêter de souffrir.
03:28Heureusement, Léa est toujours suivie par sa psychiatre,
03:31à qui elle décide de confier ses projets mortifères.
03:33En fait, je lui ai dit, bon ben voilà, vous m'avez confirmé le diagnostic.
03:38Je sais quel type de vie il faut que normalement j'aie.
03:41Sauf que ce n'est pas le type de vie dont j'ai besoin.
03:44Moi, j'ai besoin de vivre des aventures.
03:47J'ai besoin d'une vie nomade.
03:49J'ai besoin de mouvement, elle m'a dit.
03:51C'est comme ça que je me sens bien.
03:54Comment on fait ?
03:55Moi, je pense que je vais laisser tomber et puis ce n'est pas grave.
03:58Et elle, elle m'a dit, ben non, on va y arriver.
04:01On va réussir à trouver une solution.
04:03Et là, elle m'a donné cette petite lueur d'espoir.
04:06Après, j'étais à fond et j'étais prête à me battre
04:09et à trouver le bon chemin pour réussir à aller les deux.
04:14Je dois porter 10 kilos, je pense, et j'ai à peine dormi.
04:21Du coup, j'ai l'impression que je vais m'évanouir à chaque pas.
04:24C'est dur.
04:27Grâce à un traitement moins contraignant et au respect de certaines règles,
04:30comme éviter les situations de stress, dormir suffisamment,
04:33faire de la méditation régulièrement et tenir un journal
04:36dans lequel elle inscrit son humeur du moment,
04:38elle réussit l'ascension du Pic Lénine après un premier essai plus compliqué,
04:42un an avant, alors qu'elle n'était pas encore diagnostiquée.
04:46Quand je n'étais pas bien traitée et accompagnée,
04:49j'ai fait une ascension et quand je suis redescendue,
04:51j'ai vécu ma pire dépression.
04:53Une dépression que j'ai vécue seule, ça a été un enfer.
04:57Et en fait, quand j'ai décidé de faire l'ascension du Pic Lénine,
05:01donc au Kyrgyzstan, qui est une ascension à 7134 mètres d'altitude,
05:06mon challenge, c'était d'arriver au sommet et surtout de redescendre et d'être stable.
05:11Pour pouvoir être très flexible, j'avais décidé de prendre un guide
05:16et d'être seule avec le guide parce que je sais que si je suis en groupe,
05:20je vais devoir m'adapter au groupe
05:22et donc je ne vais pas pouvoir m'adapter à mes grosses contraintes
05:25qui sont liées à ma maladie.
05:26J'aime être toujours en dehors de ma zone de confort,
05:30mais toujours dans ma zone de kiff.
05:32La plus grosse victoire, c'est d'avoir atteint le sommet
05:35et puis d'arriver et de me sentir bien, en pleine forme, stable.
05:41J'ai validé le fait que, oui, j'ai une maladie mentale,
05:47mais elle ne me définit pas et je peux vivre la vie que je veux.