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00:00Ce soir, entre visites d'infrastructures, d'entreprises et réunions avec les élus locaux,
00:05Ami Parkour, il passe par nos studios pour répondre à vos questions.
00:09Hélène Battigny.
00:10Bonjour Monsieur le Ministre, merci d'être à notre micro ce matin.
00:14Votre première journée hier dans l'île a été consacrée en partie à l'approvisionnement énergétique de l'île,
00:21avec d'abord le dossier sur la concession de gaz à Ajaccio, on verra que ça concerne aussi Bastia.
00:27Vous vous êtes engagé d'ici l'été, mais en attendant, il y a ce déficit d'engie qui s'accumule.
00:33L'État prendra sa part, vous l'avez dit, est-ce qu'il pourra tout absorber pour une transition comme prévu d'ici 2038 ?
00:41C'est l'objet des discussions qui vont avoir lieu sous l'égide du préfet avec la collectivité.
00:45Rappelez qu'on est dans une situation juridique un peu étrange parce que depuis 1994, il n'y a plus de concession de gaz.
00:52En réalité, la concession est échue, donc il faut déjà régler ce problème juridique.
00:56Puis il faut aussi saisir l'occasion pour sortir du gaz.
00:59Pourquoi ? Parce que le GPL en Corse n'est en réalité pas très adapté compte tenu de la douceur du climat.
01:04Et donc, on s'engage de manière très coordonnée avec les collectivités, avec à la fois la commune de Bastia et celle d'Ajaccio,
01:13sur cette idée de sortir des DSP.
01:15On a laissé traîner, mais est-ce qu'on va accompagner les ménages aussi ?
01:19Bien sûr, ça fait partie des discussions.
01:22On a besoin d'un accompagnement social parce qu'on sait qu'il y a beaucoup de ménages modestes
01:25qui ne peuvent pas forcément assumer la hausse des prix de l'énergie.
01:30Et donc, dans les discussions, et d'ailleurs Elisabeth Borne en 2023 avait pris des engagements à ce sujet,
01:36il y aura un accompagnement social.
01:38Mais tout ça, il faut en discuter.
01:39Il faut en discuter à l'aune de ce que sont les capacités financières d'Ajaccio et de Bastia.
01:44Il faut en discuter à l'aune de ce que sont les contraintes budgétaires de l'État aussi.
01:47Mais moi, l'engagement que j'ai pris hier, que je vais reprendre ce matin devant les élus de Bastia,
01:53c'est d'atterrir sur cette négociation dans les tout prochains mois, j'espère à la fin de l'été.
01:58Ce qui coûte cher aussi, c'est le passage au biocarburant, dans les centrales électriques notamment.
02:03Vous vous en êtes rendu compte hier en visitant le chantier du Récan.
02:07Là aussi, il faut optimiser les coûts.
02:10Est-ce que c'est le cas sur le choix du Colza ?
02:12Déjà, rappelez ce que c'est que ce chantier.
02:14Ce chantier, c'est une formidable occasion d'assumer la transition écologique.
02:18On passe de la centrale du Valls, qui fonctionnait au fioul, à la centrale du Récan,
02:21qui va effectivement utiliser des biocarburants, notamment à base de Colza.
02:25C'est un gros investissement, c'est 800 millions d'euros, la construction du Récan,
02:29et qui est principalement financée par l'État.
02:32Et ça, c'est quelque chose qui va produire différents effets.
02:35D'abord, beaucoup moins d'émissions, pour la santé publique, c'est évidemment essentiel.
02:40Du point de vue de l'empreinte environnementale, c'est un acquis qui est considérable également.
02:45Et puis, ça va créer aussi des emplois.
02:47Donc, je pense qu'il faut d'abord assumer cette transition,
02:49et ensuite, effectivement, se poser la question du modèle économique.
02:53Les biocarburants, ça peut coûter cher,
02:56mais en réalité, si on se projette à 10 ans, 15 ans, 20 ans,
02:59eh bien, il y a des modèles économiques qui permettent de rendre ça tout à fait rentable.
03:03Un élu que vous connaissez bien, Jean-Charles Orsucci,
03:06en doute tout de même, tout comme le dimensionnement de la centrale,
03:09il a soulevé sur notre antenne récemment.
03:11Enfin, ce sont surtout les syndicats localement qui s'en inquiètent.
03:15Est-ce qu'ils ont raison au regard de la montée en puissance des ENR ?
03:19Vous avez aussi évoqué l'engagement sur la PPE globale.
03:22Il faut une stratégie globale, vous avez raison.
03:24La programmation pluriannuelle de l'énergie, c'est cette stratégie globale.
03:27C'est de combien d'électricité, d'énergie, on aura besoin à 5 ans, 10 ans, 15 ans ?
03:33Et quelles sont les capacités qu'on met en face pour répondre à ces besoins ?
03:36Tant que la demande augmente.
03:37Évidemment, la demande augmente.
03:38Et pour revenir sur ce point, la centrale du Rue Comte aura la même capacité,
03:43à peu près 130 mégawatts que celle du Vaadio.
03:45Mais à côté de ça, évidemment, il y a d'autres projets
03:48qui vont permettre d'augmenter la capacité énergétique en Corse.
03:50Et certains vont être sécurisés juridiquement
03:53par la publication de cette programmation pluriannuelle de l'énergie, la PPE.
03:57Et là aussi, j'ai pris un engagement, c'est que cette publication,
04:00c'est un décret, intervienne dans les tout prochains mois,
04:03je pense, d'ici la fin du premier semestre.
04:04Et elle permettra donc de mettre en place des projets comme la steppe de Saint-Paul qui est très entendue ?
04:08Tout à fait, ça fait partie des projets qui sont effectivement mentionnés et contenus dans cette PPE.
04:13À cet horizon donc 2028 ?
04:15Tout à fait.
04:16Ce sont des opportunités, tous ces chantiers, pour la Corse, pour une île sous-industrialisée ?
04:21Je m'attaque à votre autre partie de portefeuille.
04:25Mais vous savez, je pense que la Corse n'a pas d'histoire industrielle, c'est vrai.
04:29Mais je pense que la Corse a un potentiel et une page à écrire avec l'industrie.
04:33J'ai visité hier une véritable pépite, j'ai presque envie de dire un fleuron industriel
04:38qui est Corse Composite, qui travaille dans l'aéronautique
04:41et qui est un sous-traitant direct d'Airbus et de Boeing.
04:43Aujourd'hui, je vais aussi visiter Aqua Robotics à Bastia,
04:47qui fait des robots d'ailleurs en lien avec la transition écologique.
04:52Et puis également dans l'agroalimentaire, j'aurai l'occasion de visiter de très belles entreprises.
04:55Donc il y a en réalité un potentiel.
04:57Maintenant, il faut avoir la vision de ce potentiel, il faut l'assumer.
05:02Vous savez, aujourd'hui, l'industrie, c'est d'abord l'innovation.
05:05Et qui dit innovation dit talent, dit compétence.
05:07La Corse a la capacité d'attirer parce qu'elle propose un cadre de vie,
05:11parce qu'elle propose une chaleur, pas simplement climatique d'ailleurs,
05:14que n'ont pas d'autres territoires qui, je pense, la rendent très attractive.
05:19Et ça, dans la guerre mondiale pour l'innovation, c'est quelque chose qu'il faut valoriser.
05:24Donc moi, je pense qu'il y a un potentiel pour l'industrie.
05:26Et évidemment, ce potentiel, il se double de la transition énergétique.
05:30Si on arrive à mener de front la transition énergétique,
05:33et bien on créera, et l'industrialisation, on créera des filières industrielles,
05:36notamment dans les ENR.
05:37Hier, je discutais avec des entrepreneurs à la CCI de Bastia,
05:41qui sont très engagés dans le photovoltaïque, dans le recyclage.
05:44Et ça, ça crée des emplois industriels.
05:46Dans la guerre tout court aussi, on a une opportunité,
05:49finalement, une épingle à tirer du jeu.
05:51Vous parliez de Corse Composite.
05:53Je n'aime pas trop parler d'opportunité à propos de la guerre.
05:56Ce que l'on doit faire, et ce que nous sommes en train de faire collectivement,
05:58c'est de se tenir prêt à augmenter notre effort de défense et de dissuasion.
06:02Et effectivement, ça implique de monter en charge, de monter en volume,
06:05de produire plus dans un certain nombre de filières industrielles comme la défense.
06:09Vous avez cité Corse Composite, qui a une activité civile,
06:12mais aussi une partie d'activité au service de la défense.
06:16Évidemment que ça, ça crée de la demande, ça crée de la commande.
06:19Et ça, je dois le dire, la France est prête à assumer cela.
06:23Nous sommes le pays qui est le mieux positionné en Europe
06:25sur les industries de défense, sur ce qu'on appelle la base industrielle et technologique de défense.
06:30Et donc, nous allons maintenant devoir monter en volume.
06:32Est-ce que ça implique des renoncements, M. le ministre ?
06:34Parce qu'on a souvent dit, il faut une bonne guerre.
06:36Mais en matière de transition écologique, par exemple ?
06:38Non, je ne pense pas.
06:39Je pense que les objectifs sont tout à fait compatibles.
06:41Ils doivent nous obliger à faire des choix,
06:43avoir le souci de l'efficacité des dépenses publiques.
06:47Quelles sont, au fond, les sources d'énergie ?
06:49Quels sont les engagements qui vont produire la meilleure efficacité
06:53en termes de mégawattheures produites, par exemple ?
06:56Ça, c'est ça qu'on doit avoir systématiquement en tête.
06:58Mais à partir du moment où on est rigoureux, on évalue les choses,
07:01je pense que les engagements que nous avons pris pour la transition écologique,
07:04au niveau national et évidemment en Corse,
07:06ils vont se poursuivre et ils sont tout à fait compatibles
07:09avec l'idée de renforcer notre base industrielle et notamment dans la défense.
07:12Dans votre portefeuille, il y a également l'aspect connectivité.
07:15Vous l'avez illustré hier en vous rendant à l'inauguration d'un nœud de raccordement à la fibre,
07:21mais également d'un pylône 4G.
07:23Premièrement, cette fibre dans le rural isolé que l'on connaît en Corse,
07:27quel intérêt peut-elle avoir sans un statut particulier,
07:31notamment pour les industries, pour les entreprises ?
07:32Elle a d'abord l'intérêt de redonner au territoire une attractivité.
07:37La fibre, ça signifie que vous pouvez travailler depuis les villages de montagne,
07:41ça signifie que vous n'avez plus aucun problème de connectivité,
07:44ça signifie que vous pouvez télécharger des choses très importantes
07:47sans avoir de difficultés techniques.
07:49Et ça, on le sait, nous sommes tous aujourd'hui un petit peu,
07:54j'ai envie de dire, assujettis à nos outils numériques.
07:57C'est très important et le maire d'Evisa hier le disait au moment où nous avons inauguré
08:01ce nœud de raccordement optique, il y a de l'espoir derrière cette infrastructure.
08:05Oui, pas uniquement pour regarder Netflix.
08:07Exactement, l'espoir de maintenir ou de faire revenir des jeunes,
08:11des gens qui travaillent dans les villages de montagne.
08:13Ça, je pense que c'est un élément très important.
08:15Évidemment, ça vaut aussi pour la téléphonie mobile.
08:18Moi, en 2017, je suis passé en Corse pendant la campagne du président Macron
08:22et on avait discuté avec des élus qui nous disaient que le principal problème,
08:25c'est que quand on passe le virage à la sortie du village,
08:28on ne peut plus envoyer un SMS.
08:29Ça, ça a changé.
08:30Aujourd'hui, il y a de la 4G partout en Corse,
08:32en tout cas dans les zones où il y a de la population.
08:35Et je pense que c'est l'effort de l'État, des opérateurs, des collectivités locales,
08:40un effort collectif qui a réussi à permettre, qui a permis d'atteindre ces objectifs.
08:43Justement, monsieur le ministre, c'est pas encore, en tout cas c'est perfectible.
08:47Un député de la Corse le demandait il y a encore peu de temps.
08:50L'objectif de l'État, c'est d'éliminer toutes les zones blanches d'ici 2026, l'année prochaine.
08:55Et en Corse, la question de la démographie et du surcoût lié à la topographie aussi
08:59mériterait d'être prise en charge à un plus fort niveau,
09:02notamment par l'État et pour réellement éradiquer ces zones blanches.
09:05Aujourd'hui, les routes territoriales dont vous parliez ne sont pas assez fréquentées
09:09compte tenu de la démographie, en tout cas, huit mois de l'année.
09:12Est-ce qu'aujourd'hui, ça va changer ?
09:15Vous savez, quand vous prenez des décisions d'investissement dans ce type d'infrastructure,
09:18vous avez plusieurs paramètres, vous avez la démographie, vous avez la dynamique,
09:22c'est-à-dire quelle est la démographie aujourd'hui, quelle sera la démographie demain.
09:25Vous devez vous projeter aussi dans cette réflexion-là.
09:28C'est une réflexion qui honnêtement s'est faite de manière très coopérative
09:33entre les opérateurs, l'État, les collectivités, qui jusqu'à présent a permis de faire progresser.
09:38Moi, je considère qu'on doit continuer la réflexion jusqu'au dernier kilomètre,
09:41au sens propre, au sens figuré, pour améliorer autant qu'il est possible les infrastructures.
09:46On est, au fond, à la fin de ce New Deal mobile qui a permis d'améliorer la couverture
09:53de téléphonie mobile en France et en Corse.
09:55Il y a encore quelques efforts à faire, mais moi, je suis assez confiant sur le fait
09:58qu'on sera très proche des 100%.
10:01On n'est jamais à 100% sur la couverture, il faut bien se le dire, mais on en sera très proche.
10:04Vous allez pouvoir tester par vous-même, notamment cet après-midi.
10:07Vous continuez votre visite en Corse du côté d'Auritz, de Linguitset, dans le rural.
10:11On y reviendra dans nos journaux demain.
10:13Merci beaucoup, Monsieur le Ministre, d'avoir été notre invité ce matin.
10:16Merci à vous.

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