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En embarquant dans l'Airbus A320 de la compagnie Germanwings, à l'aéroport de Barcelone, à destination de Düsseldorf, passagers et membres d'équipage ne savaient pas, en ce 24 mars 2015 au matin, qu'ils se dirigeaient vers la mort. Aucun ne savait, sauf un, Andreas Lubitz, le copilote qui, dans un effroyable acte suicidaire, allait ôter la vie à 149 personnes innocentes et captives de la folie dépressive d'un seul homme. Ce dernier devait délibérément projeter l'avion contre une paroi du massif des Trois-Evêchés, dans la commune de Prads-Haute-Bléone (Alpes-de-Haute-Provence).
Dans son édition du dimanche 23 mars 2025, La Provence consacrera six pages à cet effroyable drame. Dix ans plus tard, et alors qu'une cérémonie commémorative sera organisée le lundi 24 mars au Vernet, commune limitrophe de Prads où une stèle a été érigée sur l'aire qui avait servi de base logistique, nous sommes notamment retournés sur les lieux mêmes du crash, au-dessus du Col de Mariaud. Arrivés sur les lieux les premiers, nos journalistes détachés, ce 24 mars 2015, pour couvrir la tragédie apporteront leurs témoignages, de même qu'une randonneuse dignoise présente à proximité de la zone, au moment même où l'A320 s'est écrasé. Montserrat, une Barcelonaise, veuve de Christian Driessens, décédé dans ce crash, s'est également confiée à La Provence.
D'autres thèmes enrichiront notre dossier complet. Comment un village tourne la page et se reconstruit après un tel drame ? Dans les compagnies aériennes, quelles leçons ont été tirées du geste fou et horrible de Lubitz ?
En plus des six pages publiées dans le journal du dimanche 23 mars 2025, des vidéos, avec des témoignages très forts, complèteront notre traitement des " Dix ans de la Germanwings " sur notre plateforme numérique Laprovence.com

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Transcription
00:00Cet avion a passé la crête et tout de suite un énorme champignon de fumée,
00:04mais aucun bruit, aucun bruit.
00:08Ce n'est pas le matériel qui m'impressionne,
00:11c'est ce qu'on peut voir,
00:13ce qu'on peut voir des êtres humains qui sont disloqués.
00:22On parlait...
00:24Excusez-moi.
00:27On parlait d'un papa qui arrive avec un ours en peluche de sa fille.
00:36Voilà, c'est une image qui m'a profondément marqué.
00:39C'est un papa qui arrive avec un ours en peluche de sa fille.
00:44C'est un papa qui arrive avec un ours en peluche de sa fille.
00:46C'est un papa qui arrive avec un ours en peluche de sa fille.
00:48C'est un papa qui arrive avec un ours en peluche de sa fille.
00:55Ce n'était pas très bon, on avait eu l'idée géniale de partir en montagne vers le col Mario.
01:00Comme j'avais un problème au talon, j'étais un peu en retrait.
01:04C'est là que j'ai vu l'avion, vraiment juste sur ma tête,
01:07passer la crête, juste la crête.
01:09Moi, j'avais 10h40 à ma montre et à 41, il était tombé.
01:14Je me suis dit, mais qu'est-ce qu'il fait là ?
01:15J'ai bien compris que cet avion n'était pas à sa place.
01:19Donc j'ai dit, s'il ne s'accroche pas là, il va finir dans l'estroc, tout derrière et puis c'est tout.
01:24Ce n'était pas possible autrement.
01:26Vers 10h30, j'ai eu un appel téléphonique du centre 15
01:32qui me demandait si je n'avais pas vu passer un avion au-dessus de Prasse.
01:40Parce que l'avion était soi-disant sorti des radars et tout le monde recherchait l'avion.
01:47Donc je lui ai dit que non.
01:48Alors sur le coup, j'ai pensé que c'était un planeur parce qu'on a l'habitude de voir des planeurs.
01:53Et puis j'ai reçu, peut-être une minute après, je vois le même numéro qui s'affiche.
02:00Et le gars me dit, on recherche un A320 qui s'est perdu dans les Trois-Évêchés.
02:07Alors là, bien entendu, comme l'a dit la presse, le ciel m'est tombé sur la tête.
02:13Je suis parti avec mon véhicule personnel sur Seine-les-Alpes.
02:16Et à l'arrivée, on m'a orienté vers la piscine de Seine-les-Alpes où on avait installé le PC.
02:21À mon arrivée, j'ai appris que le médecin-chef, le docteur Petitjean,
02:25le médecin-colonel Petitjean, était déjà sur zone dans l'hélicoptère de la gendarmerie.
02:30Donc je n'ai eu aucune consigne de sa part.
02:33Si ce n'est qu'il avait laissé au PC comme consigne que je me débrouille
02:39pour organiser le système de secours médical.
02:42On a appris dans la soirée ou le lendemain matin qu'il y avait 150 personnes.
02:48Après, les choses se sont décantées petit à petit.
02:52Et on a pris la mesure de la situation.
02:55L'interprétation la plus plausible, la plus vraisemblable pour nous,
02:58est que le copilote, par une abstention volontaire,
03:08a refusé d'ouvrir la porte de la cabine de pilotage au commandant de bord.
03:19Et a actionné le bouton commandant la perte d'altitude.
03:25Il a donc actionné ce bouton commandant la perte d'altitude
03:28pour une raison qui aujourd'hui nous ignorons totalement.
03:32Mais qui peut s'analyser comme une volonté de détruire cet avion.
03:36Le 26 au matin, on apprend que le copilote était un suicidaire.
03:42Alors là, c'est la chape de plomb.
03:49On n'a pas appris de suite.
03:51Et ça, ça nous met profondément mal à l'aise.
03:57Pourquoi ici ? Dans quelles conditions ? On se pose plein de questions.
04:01C'est toujours émotivement très dur quand même à gérer
04:05parce que 150 victimes en un seul choc, c'est quand même important.
04:11Mais nous étions dans l'action, donc ce qui comptait c'était de gérer le présent,
04:18de gérer ce qui a été émotionnellement difficile.
04:20Ça n'a pas été les victimes parce que nous n'en avons quasiment point vu.
04:23Ça a été les familles.
04:25On avait quand même un geste de sympathie, un geste appuyé sur l'épaule.
04:31Et eux également étaient bizarrement très chaleureux avec nous.
04:38Humainement, c'était intense.
04:42Il y a plein de détails qui vous reviennent.
04:45Vous voyez, il y a un détail qui reste extrêmement douloureux,
04:53mais pathétique aussi à la fois, c'est qu'à un moment donné devant l'astelle,
05:00j'entends parler une femme et elle parlait seule.
05:06Sur le coup, j'ai cru qu'elle parlait seule.
05:10Elle parlait à son petit, qu'elle était enceinte.
05:15Donc, elle parlait à son enfant.
05:18Elle avait perdu le mari.
05:19Vous voyez, ça vous remue les tripes.
05:22Ce type-là, le copilote, pour moi, c'est une personne indigne.
05:29Ce n'est pas des choses qu'on...
05:31Parce que ça laisse des traces.
05:34Lui, peut-être, il a été, malgré la mauvaise presse qu'on lui a fait,
05:39il a été perturbé, d'accord,
05:44mais moi, je n'ai même pas un soupçon de pardon pour lui.
05:53Je ne peux pas, c'est hors de moi, je ne peux pas.

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