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00:00Jusqu'à 21h avec les chroniqueurs du soir, bonsoir Alexandre Malafaille, fondateur du
00:09think-tank Synopia, bonsoir Tugdu Aldoni, bonsoir Pierre, directeur de la rédaction
00:14de Valeurs Actuelles, et pour parler du conflit en Ukraine et aussi du réarmement, l'ambassadeur
00:20de Pologne en France, bonsoir Jan-Emerick Rosztychewski, bonsoir, merci d'être avec
00:25nous, 30 dirigeants de pays européens réunis à Londres avec ce jeudi leurs états-majors,
00:30l'idée était d'un plan de maintien de la paix en cas de cessez-le-feu avec la Russie,
00:35d'ores et déjà le Kremlin a critiqué les plans de militarisation de l'Europe, voilà
00:41ce que dit Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, déjà ce cessez-le-feu entre
00:46Poutine et Zelensky accéléré par Trump, comment est-ce que la Pologne le voit ?
00:50Donc la Pologne, la seule chose que nous souhaitons aussi bien les français, les polonais et tous
00:56les européens, on souhaite que vraiment cette guerre se termine, mais qu'elle se termine sur
01:01la base juste avec la protection de frontières ukrainiennes, que la justice soit rendue au
01:12peuple ukrainien, au pays ukrainien, donc la question est-elle est-ce que nous pouvons
01:17nous imaginer la paix ? Oui bien évidemment, mais paradoxalement on peut se poser la question
01:22est-ce qu'un cannibale peut devenir un végétarien ? C'est une image pour Vladimir Poutine ?
01:29Ça c'est l'image justement de comportement de la Russie actuelle, parce que pour mieux
01:34comprendre ce qui se passe depuis trois ans, en fait depuis beaucoup plus longtemps, nous avons
01:40une dernière guerre de décolonisation, parce que dans la vieille doctrine russe,
01:52l'Ukraine fait toujours la partie de l'Empire. Au moment où l'Ukraine va partir, va se séparer
01:59de la Russie, selon la doctrine russe, la Russie ne sera plus l'Empire, donc aujourd'hui la Russie
02:07souhaite garder cet aspect impérial en menant la guerre contre l'Ukraine, essaye de neutraliser ou
02:14même liquider l'état ukrainien. Donc on se pose la question, est-ce qu'on peut avoir la paix ? Oui
02:20théoriquement oui, mais pratiquement ce sera extrêmement difficile. Alexandre Balafray.
02:25Oui la probabilité que l'Ukraine reste une zone grise pendant de nombreuses années, ce qui a
02:30commencé en 2014 avec la Crimée, est assez probable, mais les relations étant ce qu'elles
02:34sont aujourd'hui avec la Russie, c'est-à-dire entre l'Union Européenne et le Kremlin inexistantes,
02:39comment est-ce que vous pensez qu'on peut se réinviter dans le jeu de la négociation ? Alors
02:47on essaye de le faire, on fait beaucoup de choses à l'échelle de l'Union Européenne avec les Anglais
02:51et les États-majors, mais ça c'est entre nous. Pour l'instant on n'est pas à la table, est-ce
02:56qu'on peut arriver à un moment donné à retourner à la table et à participer à la solution de
03:01sécurité ? Si, je pose ma question un peu plus loin, si Vladimir Poutine le refuse et qui dit qu'à un
03:06moment donné il y a un cessez-le-feu, mais s'il doit y avoir des soldats, c'est pas des soldats
03:09européens, c'est des soldats chinois, sud-africains et brésiliens, on fait quoi M. l'Ambassadeur ?
03:17Non vous savez votre question est très compliquée, on peut dire même complexe, parce que pour l'instant
03:25il n'y a pas de vraie négociation. Pour l'instant il y a de certains gestes qui sont faits par les
03:31États-Unis, certaines réponses ou des réponses faites par les Russes, les Ukrainiens sont invités
03:37ni sont pas invités, donc on ne connaît pas très bien le statut de l'Ukraine et comment cette
03:41négociation se déroule. Bon d'abord la position de la Pologne est telle qu'on ne peut pas décider
03:48de la situation de l'avenir d'Ukraine sans parler avec l'Ukraine de façon directe. Donc c'est l'Ukraine
03:55qui, c'est le président ukrainien, c'est le parlement ukrainien qui peuvent prendre des
04:01décisions concernant les territoires, concernant eux-mêmes, c'est pas nous, ni européens, ni
04:06américains et surtout ce ne seront pas des Russes qui vont prendre des décisions concernant le peuple
04:12ukrainien. C'est l'Ukraine qui doit décider et nous comme les européens, nous devons faire absolument
04:18tout pour soutenir l'Ukraine.
04:22Duc Duhaldeny, une question à l'ambassadeur de Pologne.
04:25Ecoutez, vraiment avec tout le respect que je vous dois, j'ai l'impression que les européens vivent en ce moment dans une réalité parallèle.
04:35C'est-à-dire qu'on voit le premier ministre britannique effectivement aujourd'hui parler au nom de plusieurs pays et faire comme s'il avait la main sur les événements.
04:45Moi, je vois que lundi prochain, il y a une réunion entre des Russes et des Américains en Arabie Saoudite qui est devenue l'épicentre de la diplomatie mondiale.
04:54Aujourd'hui, il se passe plus de choses sur le devenir du monde à Riyad qu'à Bruxelles.
04:59On peut le regretter, mais moi je vois juste les choses telles qu'elles sont.
05:03Et une réalité parallèle aussi, et vous, monsieur l'ambassadeur, vous êtes très bien placé pour le savoir,
05:09puisqu'on sait très bien qu'encore en 2025, aucun pays occidental ne peut continuer à vivre sans la protection des Américains.
05:20La Pologne, historiquement et de manière très concrète, a bénéficié, a entretenu, a soyez le protectorat américain.
05:33Alors, évidemment, aujourd'hui il y a les contradictions de Donald Trump, évidemment il y a cette diplomatie erratique à laquelle on assiste tous un peu médusés,
05:41mais comment faire fi de cette réalité-là ?
05:45Donc, ce n'est pas une correction, mais peut-être que j'aimerais bien ajouter une chose que l'Europe, en moins de la Première Guerre Mondiale,
05:54fonctionne et survit grâce à l'aide américaine.
05:59C'est grâce aux Américains, les Européens, les Français, les Britanniques pouvaient gagner la Première Guerre Mondiale.
06:04La même histoire s'est passée avec la Deuxième Guerre Mondiale.
06:07La même histoire s'est passée avec la Guerre Froide.
06:11Donc, on peut dire que depuis plus de un siècle, l'Europe est aidée par les Américains.
06:20Il faut leur rendre hommage pour cette aide et cette protection.
06:24Aujourd'hui, la situation devient beaucoup plus complexe parce que la globalisation, l'ouverture de la Chine et tous les dangers qui se créent dans les régions du Pacifique
06:35créent la situation telle que probablement les Américains ne peuvent pas attacher la même attention au continent européen qu'auparavant.
06:47C'est pourquoi M. Trump nous explique qu'il faut investir plus dans l'armement.
06:56L'Europe doit devenir indépendante en point de vue de ses forces armées.
07:05Nous devons donc donner la réponse parce que l'Europe ne peut pas continuer de voyager sans vivre à la Terre.
07:16On peut appeler ça de nos voeux, mais c'est un changement de paradigme tellement puissant qu'il prendra des années, des décennies.
07:25Aujourd'hui, j'ai l'impression d'avoir des acteurs qui font semblant de nier la réalité
07:32qui est celle que, encore aujourd'hui, la flotte américaine, l'aviation américaine, les batteries américaines sont incommensurablement plus importantes et nombreuses que celles des Européens.
07:48Donc, on est un peu des tigres de papier et qu'on roule des mécaniques artificiellement.
07:54Vous avez beaucoup de raisons, mais comme disait notre premier ministre Donald Tusk, il disait la chose suivante.
08:00Pourquoi 500 millions d'Européens demandent 300 millions d'Américains de nous défendre contre 140 millions de Russes ?
08:12Je pense que notre continent, qui, je vous rappelle, il y a 25 ans avait le même niveau de PIB que les Etats-Unis,
08:20aujourd'hui, on s'est fait doubler, on doit prendre notre responsabilité.
08:23Oui, mais monsieur l'ambassadeur, vous oubliez dans cette équation le nombre d'ogives nucléaires et l'armement américain.
08:31Tuxuel parlait de l'armée américaine. Rien que pour la marine nationale, nous avons un porte-avions en France, on en est très fiers d'ailleurs.
08:38Il sert à beaucoup d'opérations de soutien notamment, mais les Américains en ont 14.
08:43Donc, qu'est-ce que vous voulez faire ?
08:46Aujourd'hui, on n'est pas en train de déclencher la guerre contre les Etats-Unis.
08:50Non, mais c'est un atout l'air, le narratif qu'il y a en ce moment avec toutes ces réunions, une à Londres, une à Bruxelles, au même moment, sur le réarmement de l'Europe.
09:00Et alors, une question aussi, qui vous incombe directement, aujourd'hui, les Américains s'en vont, ils partent de la base de Rammstein en Allemagne,
09:10ils ont quitté la base de Jachoff en Pologne.
09:13Non, ils n'ont pas du tout quitté la base de Jachoff, ils restent tout le temps à Jachoff.
09:17Il y a eu des départs, il y a eu même des articles dans la presse polonaise comme quoi les Américains partaient de Pologne.
09:22Aujourd'hui, je peux vous dire qu'aucun Américain n'a pas quitté la Pologne à part des changements de troupes, qui est tout à fait normal.
09:31Et ça veut dire que vous comptez encore sur eux ?
09:36Nous sommes, vous les Français, nous les Polonais, nous sommes les alliés de l'OTAN.
09:42Et pour l'instant, personne n'imagine pas et personne ne parle pas de la liquidation de l'impact OTAN.
09:48Mais pourquoi est-ce que M. Tusk parle de vouloir avoir l'arme nucléaire ?
09:51Pourquoi est-ce que, tout d'un coup, les Allemands se tournent vers les Français en disant
09:55finalement le parapluie de la dissuasion nucléaire française nous aiderait bien dans des temps incertains ?
10:01Je pense que nous passons à une étape historique différente.
10:07Je disais qu'aujourd'hui, les États-Unis doivent se concentrer de plus en plus...
10:13Sur la Chine ?
10:14Sur la Chine et sur la région asiatique.
10:17Nous devons prendre beaucoup plus de responsabilités pour nous-mêmes et pour l'Europe.
10:22C'est pourquoi l'Europe doit dépenser plus pour faire armement.
10:27Nous devons récréer l'industrie d'armement.
10:31Nous devons créer beaucoup plus de troupes de l'armée parce que nous nous défendons nous-mêmes.
10:37Nous devons devenir aussi un allié fiable pour les États-Unis.
10:41Je sais que c'est une thérapie de choc.
10:44Mais c'est ce qui est en train de se passer.
10:46On avait même demandé aux Français de contribuer à un minimum à 500 euros pour réarmer la France.
10:52De ce point de vue-là, votre pays a plutôt tendance à montrer l'exemple.
10:56Vous avez, depuis un certain nombre d'années, ouvert la voie à la réindustrialisation dans le domaine de l'armement,
11:03à la montée en puissance de votre armée.
11:06Aujourd'hui, vous êtes à plus de 4% du PIB consacré à la défense.
11:104,6%.
11:11Ce qui est assez exceptionnel.
11:12Nous, là où nous pensions comprises, on est à 2%.
11:15Si on enlève les pensions, on est à 1,7%.
11:17Donc ça, ça montre qu'il y a un chemin pour les Polonais de redevenir une vraie nation puissante sur le plan européen,
11:22dans le domaine de la défense.
11:23Ça, c'est bien.
11:24Moi, je reviens quand même à un instant.
11:25Si je peux, je vous en prie, monsieur l'ambassadeur.
11:27Une phrase.
11:28C'est tout vrai tout ce que vous dites.
11:30Mais il faut souligner une chose.
11:32Qu'à part des dépenses de 4,6% du PIB pour l'armement en Pologne,
11:38la Pologne est en train de maintenir la très forte croissance économique,
11:43qui est presque de 4%.
11:47Donc, ça signifie tout simplement qu'on peut renforcer sa propre force militaire pour la défense.
11:56J'aimerais bien souligner, pour la défense.
11:57Et en même temps, on peut maintenir la croissance économique.
12:00Bien joué.
12:01Ce qui est très important et très optimistique pour l'Europe.
12:03On ne va pas vous laisser comme ça au milieu du guet,
12:04parce qu'on a encore beaucoup de questions à vous poser.
12:06Yann-Emerick Lachischewski, 20h28, vous restez avec nous.
12:09Je vous signale que Jacques Vendredou est le service des sports de la rédaction d'Europe 1.
12:12On vous attend chaque vendredi, 21h-22h, pour le studio des légendes.
12:15Et demain, la légende du judo.
12:17Teddy Riner, 7 médailles olympiques, dont 2 médailles d'or au JO de Paris 2024.
12:22Il sera l'invité de Jacques.
12:23Et nous, on se retrouve dans un instant pour parler notamment du réarmement européen.
12:27A tout de suite sur Europe 1.
12:35Toujours avec l'ambassadeur de Pologne en France,
12:38Son Excellence Yann-Emerick Lachischewski.
12:41Je suis avec Tuck Duhal, Denis de Valeurs Actuelles,
12:43et Alexandre Malafaille du think-tank Sinopia.
12:47Je voudrais qu'on écoute le ministre de la Défense, aujourd'hui, Sébastien Lecornu,
12:50qui est allé inaugurer une usine de poudre.
12:53C'est vrai que quand vous interrogez n'importe quel chef d'état-major français aujourd'hui,
12:56il dit que dans un combat de haute intensité, on ne tiendrait pas plus de 10 jours.
13:00Alors on recommence.
13:01On refait tout ce qu'on a décidé de ne plus faire dans les années 90,
13:05quand Francis Fukuyama nous a dit que c'était la fin de l'histoire
13:08et qu'il n'y aurait plus jamais de guerre dans le monde.
13:10Quand en 1994, l'Ukraine rendait son armement nucléaire à la Russie,
13:14eh bien voilà, on refait tout dans l'autre sens.
13:16Écoutez Sébastien Lecornu, qui dit qu'il n'y aura pas d'effort de guerre, mais de défense.
13:21Attention à la sémantique.
13:22Déjà, il n'y a pas d'effort de guerre.
13:23La France n'est pas en guerre, donc je pense qu'il faut qu'on soit rigoureux.
13:26Donc il y a un effort de défense.
13:27Et donc effectivement, ici, Orinco, pour ma troisième visite à Bergerac,
13:32c'est la démonstration même de plusieurs choses.
13:34La remontée en puissance de notre appareil industriel,
13:37notamment dans notre capacité à produire plus de charges modulaires pour faire les obus de 155 mm.
13:42De la relocalisation de quelque chose qui n'aurait jamais dû être délocalisé,
13:46de mon point de vue, qu'est la production de poudre.
13:48Ce qu'on joue derrière, c'est est-ce que la France reste dans les 3 ou 4 premiers pays
13:53dans les 20 ou 30 prochaines années sur le segment armement,
13:57ou est-ce qu'au contraire, on décroche au moment où de grands pays
14:00sont en train de conquérir des parts de marché.
14:01Donc là, on joue aussi la survie du modèle français.
14:04C'est extrêmement inquiétant, ce que dit le ministre de la Défense, Yannick Richelieu-Chichesqui.
14:09On est considéré comme l'armée tactique,
14:12tactiquement, la première armée d'Europe,
14:14parce qu'on a un équipement que vous autres, par exemple,
14:18même si vous avez beaucoup investi jusqu'à présent, n'avez pas,
14:20notamment dans la marine.
14:22Mais là, quand on entend d'un côté les réunions,
14:27encore aujourd'hui à Londres, à Bruxelles,
14:29les dirigeants qui disent qu'il faut réarmer l'Europe,
14:31il faut se mettre tous les ans, il faut refaire l'Europe de la Défense,
14:33qui somme de lait et qui finalement n'a jamais été faite.
14:36Et puis d'un autre côté, vous avez un ministre de la Défense qui est lucide,
14:38qui dit qu'on est en train de faire tout ce qu'on n'aurait jamais dû arrêter.
14:42C'est assez inquiétant, non ?
14:44Qu'est-ce que vous en pensez ?
14:45Je pense que c'est très bien que M. Lecornu a dit ça.
14:48Il est lucide ?
14:50C'est confiant la responsabilité des dirigeants français,
14:53des présidents de la République, des ministres de la Défense.
14:56Ils sont conscients de la situation,
14:58ils sont en train de prendre les décisions qu'il faut.
15:01Non mais vous, vous êtes polonais.
15:03Je rends hommage à votre président, à votre ministre de la Défense,
15:08parce qu'ils font un travail extraordinaire.
15:10Vous êtes polonais, vous avez attaqué en 1939 les Panzers allemands à cheval.
15:13Vous avez ce côté vâte en guerre,
15:17vous avez ce côté extrêmement...
15:19Voilà, on va y arriver, on se serre les coudes,
15:22on est une armée européenne, on va y arriver.
15:24J'entendais Duc Duhaldeny tout à l'heure qui disait...
15:26Il faut se résoudre à la réalité.
15:29Il faut que je fasse un petit commentaire,
15:31parce que, vous savez, c'était des fake news.
15:33La cavalerie polonaise n'a jamais attaqué à cheval les chars allemands.
15:37La cavalerie polonaise s'est battue très très bien,
15:40mais jamais attaqué les chars.
15:42C'est des fake news, vous savez, créées par le Malaparte.
15:44Ça vous dit quelque chose ?
15:46Un grand journaliste italien qui a écrit un livre qui s'appelle Caput,
15:49dans lequel il racontait ce genre d'histoires qui passaient dans l'Histoire.
15:53Mais ça n'a jamais eu...
15:55Donc, elle a attaqué avec des chars.
15:57La Pologne avait de très bons troupes,
15:59qui s'est battue très bien.
16:01Il faut rappeler qu'en 1939,
16:03la Pologne s'est battue pendant un mois
16:05contre l'Allemagne et l'Union Soviétique à la fois.
16:08Bon, mais alors 2025.
16:10Revenons à 2025.
16:12J'ai deux questions, une courte.
16:14Est-ce que vous pensez quand même
16:16qu'on aurait dû continuer à parler au plus haut niveau
16:19à Vladimir Poutine,
16:21pour garder le canal de la négociation ouvert
16:23entre la France, l'Europe et le Kremlin ?
16:25Parce que ça, on l'a fermé,
16:27et aujourd'hui, on en paye le prix.
16:29Vous êtes un diplomate, donc vous savez que...
16:31Bien évidemment, il faut toujours avoir
16:33des canaux de négociation.
16:36Il ne faut jamais les fermer.
16:38Ça, c'est le rôle des diplomates.
16:40Ça, c'est le rôle des différents services.
16:42Parce qu'il faut se battre
16:45pour avoir la paix à la fin.
16:47Et vous savez,
16:49M. Poutine,
16:51il est temporaire.
16:53Peut-être après lui,
16:55il y aura encore quelqu'un qui sera pire que lui.
16:57Ça fait 25 ans qu'on dit qu'il est temporaire.
16:59Mais il n'est pas éternel, en tout cas.
17:01On est d'accord là-dessus.
17:03Je pense que la guerre aujourd'hui
17:05qui est menée par...
17:07Nous ne sommes pas tous.
17:09La guerre qui est menée aujourd'hui
17:11par l'idée
17:13menée par M. Trump,
17:15justement, qu'il essaye
17:17de dissocier la Russie
17:19de différentes...
17:21d'autres puissances asiatiques.
17:23On peut penser tout ce qu'on veut.
17:25Il essaye de faire ça.
17:27Il essaye... Il y a certaines analyses.
17:29Vous pouvez dire
17:31beaucoup plus.
17:33Il essaye de répéter les mêmes manœuvres
17:35que...
17:37Le manœuvre qui était fait
17:39par Kissinger et Nixon
17:41de dissocier
17:43la Chine de la Russie à l'époque.
17:45Aujourd'hui, il essaye de dissocier la Russie
17:47de la Chine. Est-ce que c'est faisable ?
17:49Bon. Moi, je pense que ce sera
17:51extrêmement difficile. D'accord ?
17:53Donc, ils vont se rendre compte qu'avec la Russie
17:55quand même, les règles de négociation
17:57sont complètement différentes.
17:59Bon. Mais je crois toujours
18:01que la Pologne croit toujours
18:03qu'on aura un jour la paix.
18:05On souhaite
18:07réconcilier l'Ukraine. On souhaite que l'Ukraine
18:09devienne une partie
18:11de l'Union
18:13européenne et de l'OTAN.
18:15Il ne faut pas
18:17oublier qu'aujourd'hui, c'est une nation
18:19qui se bat depuis trois ans contre la Russie.
18:21C'est la vraie armée européenne.
18:23Ce sont des gens qui
18:25partagent nos valeurs européennes
18:27et c'est des gens qui nous défendent
18:29actuellement. Et il faut
18:31rendre hommage à l'armée
18:33ukrainienne.
18:35Et absolument, il faut
18:37faire tout pour les aider.
18:39Suc dulduni.
18:41Moi, je voudrais revenir sur le cas de
18:43Sébastien Lecornu qui est quand même
18:45extrêmement intéressant.
18:47Il faut lire dans ses déclarations,
18:49dans ses interviews,
18:51tout le sous-texte qui affleure
18:53quand même assez visiblement.
18:55C'est-à-dire que c'est quelqu'un qui connaît bien
18:57son métier parce que ça fait quand même plusieurs années
18:59qu'il est ministre de la Défense.
19:01Et réserviste. Et en plus,
19:03il est réserviste de la gendarmerie,
19:05si je ne m'abuse, colonel
19:07de son état.
19:09Et il sait très bien que
19:11les militaires, les officiers
19:13notamment, regardent quand même tout ça
19:15avec une certaine gravité. C'est-à-dire que
19:17employer
19:19des déclarations bellicistes
19:21quand on est dans une tribune de l'Assemblée nationale,
19:23ce n'est pas la même chose que
19:25commander une garnison et s'imaginer
19:27se déployer au sol
19:29en Ukraine.
19:31Moi, je note que Sébastien Lecornu, par exemple,
19:33martèle. Parce que
19:35évidemment, ce qu'on retient, c'est
19:37le côté, il accompagne la parole présidentielle,
19:39il est dans le concert aujourd'hui
19:41mainstream,
19:43j'assume un peu l'expression,
19:45qui veut que
19:47l'Europe se mobilise et se réarme
19:49contre les méchants russes pour aider
19:51les gentils ukrainiens. Mais en fait,
19:53Sébastien Lecornu, il dit aussi
19:55et il martèle que les Etats-Unis
19:57demeurent un allié.
19:59Il martèle, et là on vient de l'entendre
20:01à votre antenne, que c'est un effort de défense
20:03et que ce n'est pas un effort
20:05de guerre.
20:07Voilà, tout ça, c'est des choses sérieuses.
20:09Que la Russie, géographiquement,
20:11ça fait quand même partie de l'Europe d'une certaine
20:13manière. Que c'est un grand pays.
20:15Et que demain, là, tout de suite,
20:17personne ne peut
20:19et ne doit souhaiter...
20:21Donc tout ça, c'est le sous-texte de ce que dit Lecornu.
20:23Je pense. Et que, je parle un peu
20:25à sa place, mais il y a quand même une partie des choses
20:27qu'il dit lui-même, donc ça je ne prends pas trop de risques.
20:29Et pour le reste, je suis assez convaincu
20:31et puis les échos qu'on a d'officiers qui
20:33discutent avec lui, vont quand même
20:35dans ce sens, que ce n'est pas parce qu'on veut
20:37la paix en Ukraine, que
20:39il faut vouloir la guerre avec la Russie.
20:41Et je suis désolé de simplifier
20:43les choses et peut-être de les caricaturer,
20:45mais parfois, c'est un peu ce qu'on comprend de certains responsables.
20:47Qu'est-ce que vous en dites, M. l'ambassadeur
20:49de Pologne ?
20:51D'abord,
20:53j'ai le plaisir de connaître
20:55un tout petit peu M. Lecornu,
20:57qui est un très très bon ministre de la défense.
20:59C'est quelqu'un qui, aujourd'hui,
21:01présente une posture
21:03de défenseur de l'Europe.
21:05C'est très important. Le message de
21:07M. Lecornu, comme le message de votre président,
21:09ils sont très clairs. Ce sont des gens qui sont
21:11absolument conscients de la situation.
21:13Et ils savent très bien comment il faut
21:15parler avec les Russes.
21:17Et ils savent très bien,
21:19parce qu'ils ont une petite expérience quand même,
21:21ce qui s'est passé en Afrique,
21:23avec la position française, ce qui se passe
21:25au niveau de la...
21:27de tout l'attaque hybride
21:29qui sont dirigées
21:31par les Russes.
21:33Donc, vous savez,
21:35nous sommes confrontés,
21:37je parle de la Pologne, on est confrontés
21:39sous la base journalière de ce genre d'attaques
21:41hybrides et des attaques
21:43directes qui sont...
21:45Notre frontière Est de la Pologne
21:47est attaquée sous la base journalière.
21:49On a
21:51deux divisions de l'infanterie
21:53qui protègent aujourd'hui la frontière
21:55Est de la Pologne.
21:57Deux divisions, y compris
21:59un division blindée.
22:01Donc, vous voyez...
22:03Il n'y a pas eu d'attaque sur le sol polonais ?
22:05Il y a des centaines d'attaques physiques
22:07sur la frontière. Je vous rappelle...
22:09Sur la frontière ? Mais sur le sol polonais ?
22:11Sur le sol européen.
22:13Il y a les grilles
22:15qui étaient construites sur la frontière
22:17entre la Pologne et la Russie.
22:19Il y a l'autre grille
22:21qui est construite sur la frontière
22:23dans les enclaves de
22:25Kalingrad, Königsberg, Krulévis, ce que vous voulez.
22:27Et des côtés
22:29bélorusses, il y a une action organisée
22:31par les services bélorussiens
22:33justement, une invasion des
22:35migrants, des gens de Syrie
22:37qui attaquent la frontière.
22:39Ça, ça continue ? Absolument.
22:41Je vous rappelle que ce n'est pas
22:43uniquement la frontière
22:45polonaise, c'est la frontière
22:47de l'Union Européenne, c'est la frontière
22:49de l'OTAN. Donc, nous sommes tous
22:51attaqués.
22:53Une dernière question. M. l'Ambassadeur, votre
22:55parti préside actuellement l'Union Européenne
22:57pour six mois, il le fait plutôt avec talent.
22:59Vous êtes au cœur de sujets passionnants et compliqués.
23:01Il y en a un qui se discute en ce moment à Bruxelles,
23:03c'est ces fameux 800 milliards,
23:05cette mobilisation de moyens exceptionnelle pour
23:07refaire un tissu industriel européen
23:09dans le domaine de la défense.
23:11Comment on les utilise ces 800 milliards ?
23:13Je sais que c'est une question courte, mais qui
23:15répond sur une longue peut-être. Et surtout comment on se
23:17coordonne entre nous pour ne pas faire
23:19n'importe quoi, c'est-à-dire ou de saupoudrage
23:21ou dix fois la même
23:23chose et en bout du compte arriver à
23:25l'utiliser, ce qui est déjà arrivé malheureusement
23:27dans plein de plans.
23:29Je ne connais pas tous les détails,
23:31mais en tout cas la Pologne,
23:33depuis le début,
23:35on répète depuis plusieurs
23:37années qu'il faut renforcer
23:39l'armement en échelle européenne
23:41et qu'il faut augmenter
23:43notre cotisation
23:45pour l'armement. C'est pourquoi la
23:47Pologne aujourd'hui a 4,6%.
23:49On souhaite que d'autres pays aussi
23:51contribuent en moyens qui
23:53dépassent, parce qu'il y a des pays
23:55qu'il faut rappeler, il y a des pays qui
23:57même cotisent moins
23:59que 2% aujourd'hui. Je ne parle pas de la France.
24:01La France, c'est un bon élève
24:03de nos temps. Mais
24:05c'est pourquoi il faut
24:07créer des instruments. C'est pourquoi
24:09notre premier ministre des Affaires étrangères, M. Radoslaw Sikorski,
24:11il a proposé de créer les
24:13banques d'armement parce que
24:15il nous faut avoir des instruments
24:17qui, de façon efficace,
24:19pourront absorber les fonds d'un côté
24:21et pourront après
24:23injecter les fonds
24:25dans les différentes branches d'économie
24:27que, tout simplement, l'Europe
24:29devient beaucoup plus forte.
24:31Je pense qu'on ne va pas rentrer trop
24:33dans le détail parce qu'on peut parler
24:35des heures et des heures comment on peut faire ça.
24:37C'est un travail extrêmement
24:39important. Vous savez, on peut faire
24:41je pense que les mappings
24:43déjà faites en tout ce qui concerne
24:45quel pays représente
24:47quel genre
24:49de la discipline d'armement
24:51et on sait
24:53plus ou moins qu'est-ce qu'il faut faire
24:55et quel genre de
24:57start-up, par exemple, il faut développer.
24:59C'est très très important en tout cas.
25:01Merci beaucoup
25:03Yann-Emerick Rostyshevski, l'ambassadeur
25:05de Pologne en France. Merci d'avoir été avec nous
25:07en direct sur Europe 1 Matter 45.
25:09D'autres sujets nous attendent avec
25:11Duc Duhal et avec Alexandre, notamment le dossier
25:13algérien et le cas de Boilem Sansalle.
25:15A tout de suite sur Europe 1 Matter.