Christophe Plassard, député Horizons de Charente-Maritime et rapporteur spécial du budget de la défense
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00:00Bonsoir à toutes et à tous, comment financer l'effort de défense ? On s'en parle beaucoup
00:07sur France Info aujourd'hui, après ces tables rondes ce matin au ministère des Finances,
00:12les annonces des ministres de l'économie, des armées, des investisseurs aussi.
00:16Bonsoir Christophe Plassart.
00:17Bonsoir.
00:18Vous êtes député au horizon de Charente-Maritime, rapporteur spécial du budget de la défense,
00:22vous avez signé un rapport sur l'économie de guerre également, je voudrais votre regard
00:26sur ces annonces.
00:27C'est intéressant parce que le rapport a déjà deux ans, c'était 2023, et ce qu'on
00:31avait souligné c'est la difficulté pour les entreprises, ce qu'on appelle la BITD,
00:36base industrielle et technologique de défense, à se financer.
00:38Alors il y a deux sujets, il y a les financements en fonds propres et les financements en crédit,
00:42et donc le fait de réunir les deux écosystèmes qui parfois ne se parlent pas ou se parlent
00:47mal étaient de toute façon, investisseurs d'un côté, industriels de l'autre, étaient
00:52de toute façon un signe positif.
00:53Et notamment les PME, les entreprises de taille intermédiaire de ce secteur-là.
00:58C'est un secteur qui a la particularité d'avoir quelques grosses entreprises que
01:01l'on connaît, Dassault, Thalès, etc., mais qui ont un chapelet, j'allais dire, de sous-traitants
01:06et c'est plus de 4000, 4500 entreprises, donc c'est surtout des petites entreprises.
01:10Je voudrais qu'on parle de ce qui concerne les particuliers, les Français vont pouvoir
01:14contribuer à ce financement via un nouveau fonds lancé par BPI France, l'objectif c'est
01:19collecter 450 millions d'euros, le ticket d'entrée minimum 500 euros, des fonds bloqués
01:24pendant quelques années, au moins 5 ans, est-ce que vous pensez qu'il va y avoir un
01:28élan, cette cible de 450 millions va être atteinte ?
01:31Alors c'est un signal positif, 500 euros c'est à la fois peu et beaucoup, c'est peu par
01:37rapport à ce que sont les tickets d'entrée habituellement dans ce genre d'outils, et
01:41donc c'est très bien d'avoir réussi à proposer un produit qui soit bien en dessous
01:45des seuils habituels et ce qui va permettre, j'espère, une adhésion large.
01:49Après il y a aussi, on en parlera peut-être après, le projet que nous on porte de livret
01:55qui permettrait à tout un chacun qui est en dessous de ce seuil de 500 et qui peut
01:59avoir besoin de plus de volatilité de pouvoir aussi accompagner cet effort.
02:02On va s'en parler dans un instant de ce livret, mais évidemment tout ça est sur la base
02:05du volontariat, est-ce que vous pensez qu'il va y avoir un élan chez les Français, une
02:09envie de contribuer à cet effort-là via ce fonds-là ?
02:13Compte tenu de la conjoncture actuellement, les sondages se multiplient, on sait de toute
02:17façon que l'armée en général a une cote de confiance très élevée chez les Français
02:22et que la volonté, en tout cas dans ce qui est exprimé aujourd'hui, d'investir,
02:25elle est relativement large.
02:27Un autre signal qu'évoquait Sébastien Lecornu ce matin, au ministère aujourd'hui, des
02:32gens appellent pour pouvoir intégrer les réserves citoyennes ou des gens appellent
02:35pour savoir qu'est-ce qu'ils peuvent faire pour aider l'effort qu'on est en train
02:38de construire.
02:39Donc a priori, en tout cas, il y a une appétence pour la situation.
02:42Il y a des coups de fil au ministère désarmé, vous aviez signé avec d'autres députés
02:46une tribune.
02:47Vous appelez toujours à la création d'un livret spécifique des fonds et souverainetés.
02:51Tout à fait.
02:52Ce qui a été présenté ce matin est un peu sur le haut du spectre au niveau des investisseurs,
02:58des investisseurs institutionnels.
02:59Avec ce que vous avez évoqué, on descend avec un seuil d'accès plus bas mais on
03:03continue de le penser et on a eu le soutien ce matin, c'est agréable du ministre de
03:09continuer nos travaux.
03:10On est sept parlementaires à avoir signé, de tous bords politiques, des deux chambres,
03:14Sénat et Assemblée Nationale, à vouloir porter pour avoir quelque chose qui soit populaire,
03:19accessible un peu sur le modèle du livret, toujours de façon volontaire.
03:23Il est hors de question de venir capter des fonds sans l'accord des Français et d'aller
03:29chercher quelque chose de symbolique qui va même au-delà de l'investissement et
03:32au-delà de l'outil financier mais qui est aussi une façon d'exprimer son patriotisme.
03:36On a demandé sur France Info à des Français ce qu'ils pensent de ce produit qui est
03:40créé via BPI France, il y a des pour, il y a des contre et il y a ceux qui disent oui
03:44mais si c'est transparent, je veux savoir où part cet argent.
03:47Vous entendez cet argument-là ?
03:49Bien sûr et c'est tout à fait normal.
03:50En plus de ça, il faut déjà faire une distinction entre ce qu'est le budget de la nation
03:54et donc l'effort qu'il y aura à faire.
03:56On attend des propositions de la part du gouvernement pour éventuellement aller au-delà de la
04:00loi de programmation militaire actuelle.
04:01Ça c'est vraiment les dépenses de l'État, c'est les commandes.
04:04Mais après, l'argent dont on parle c'est de l'épargne, c'est donc investir dans des
04:07entreprises qui sont d'ailleurs la plupart du temps duales, c'est-à-dire qu'elles travaillent
04:10pour la défense mais aussi pour le civil et on sait très très bien que ces industries
04:14s'auto-alimentent.
04:15Un euro investi dans l'atome militaire, c'est aujourd'hui des compétences pour demain redévelopper
04:20des nouvelles centrales.
04:21Un euro militaire investi dans l'intelligence artificielle aujourd'hui, c'est ce qui permettra
04:27de déployer les outils grand public demain.
04:29L'internet que l'on utilise tous les jours aujourd'hui est au départ un outil militaire.
04:33Vous citiez Sébastien Lecornu, le ministre des armées, lui ce matin à Bercy a dit
04:37produire des armes, ce n'est pas sale.
04:39Il y a une vision qui est en train d'évoluer.
04:41Alors il y a deux choses, il y a déjà le mot défense.
04:44Aujourd'hui, l'effort d'équipement, l'effort d'armement, c'est un effort de défense, on
04:49n'est pas dans une posture d'attaque, c'est absolument pas le sujet et c'est pas quand
04:55on parle d'économie de guerre par exemple, c'est pas la France en guerre, c'est la France
04:58qui soutient un pays qui est en guerre, qui est celui qui est notamment l'Ukraine.
05:01Donc aujourd'hui, ce n'est pas sale ou pas sale et puis l'industrie de la défense, ce
05:06n'est pas que les armes, c'est le satellite, c'est la cybersécurité, c'est l'intelligence
05:11artificielle.
05:12Donc on a souvent tendance dans les médias, lorsqu'on fait un article sur la défense,
05:15de mettre une palette avec des bombes.
05:17Mais le champ de l'industrie de la défense, il est bien plus large qu'uniquement les
05:22munitions, même si c'est un champ important.
05:24La caisse des dépôts fait évoluer sa doctrine d'investissement pour intégrer plus
05:27facilement les entreprises de défense.
05:30Vous avez l'impression, sur ces questions-là, qu'il y a des lignes qui bougent ?
05:33Bien évidemment. La conférence de ce matin en est une preuve.
05:37Les sommes annoncées, ce que va mettre la caisse des dépôts ou même ce qu'a évoqué
05:43BPI, a ce qu'on appelle un effet de levier parce qu'on sait que dans la finance, lorsque
05:47l'on met 10, en tout cas dans ces industries-là, on a enfin un effet de levier de fois 7.
05:53Donc aujourd'hui, il a été estimé entre 2-3 milliards, à peu près, le besoin en
05:56fonds propres des entreprises. Et normalement, ce que met l'État, pour montrer patte
06:01blanche, pour montrer la confiance qu'il a dans cette industrie, devrait pouvoir, par
06:06effet de levier, combler et assouvir le besoin en fonds propres des entreprises.
06:10On a parlé de plusieurs investisseurs.
06:11Quel rôle, selon vous, les banques ont-elles à jouer ?
06:16Elles accompagnent. En France, les banques font partie de l'écosystème de l'entreprise
06:21pour se développer, que ce soit le besoin en fonds de roulement lorsqu'une entreprise
06:25augmente son activité, que ce soit pour s'équiper.
06:27Si les quantités augmentent, il faudra investir dans des bâtiments, investir dans des
06:31machines. Tout ça nécessite du financement et du finissement du financement bancaire.
06:35Et il n'y a pas de frilosité ?
06:36Le ministre des Finances évoquait certains investisseurs privés qui font parfois preuve
06:40de frilosité.
06:41C'est ce qui émanait de mon rapport, mais également d'autres rapports faits par les
06:45parlementaires qui ont co-signé cette tribune.
06:48Il y avait des frilosités.
06:49Et la meilleure des preuves, c'est que ce matin, on nous évoquait l'évolution des
06:54conditions générales d'investissement des banques.
06:56Et si aujourd'hui, ces conditions évoluent, c'est bien qu'il y a quelques années, quand
06:59on l'évoquait, quand on le pointait du doigt, il y avait bien un écart entre ce qui va se
07:04faire aujourd'hui et demain et ce qui se faisait hier.
07:06Donc, oui, effectivement, il y avait des frilosités qui ne sont pas d'ailleurs toujours
07:10des choses que les banques génèrent, mais qu'elles subissent, je pense, aux critères
07:13ESG. Et là, il y a un alignement qui semble plus positif.
07:16Merci beaucoup, Christophe Plassard.
07:18Vous êtes député horizon de Charente-Maritime.
07:20Je rappelle que vous êtes rapporteur spécial du budget de la Défense et vous étiez l'invité.
07:23Écoute France Info.