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00:00Bonjour Elisabeth Borne, et bienvenue à la grande interview sur CNews Europe 1.
00:06Ancienne Première Ministre, bien sûr, vous avez incarné la réforme des retraites, on va en parler, la réforme Borne d'ailleurs,
00:12dont il est beaucoup question en ce moment.
00:14Vous êtes actuellement la Ministre de l'Education Nationale, il y a beaucoup de sujets à aborder avec vous ce matin et tout d'abord.
00:19Le gouvernement va donc soutenir, Elisabeth Borne, la proposition de loi telle qu'elle est sortie du Sénat,
00:24pour interdire le voile dans les compétitions sportives.
00:27Sur le fond, je dis bien sur le fond, François Bayot a donc tranché en faveur de Gérald Darmanin et de Bruno Rotailleau.
00:33Est-ce que ce matin, vous êtes désormais rangé derrière leurs lignes ?
00:37Alors je vous remercie de me donner l'occasion de rétablir les faits.
00:42Il n'y a pas eu de débat sur la ligne lors de cette réunion parce que tous les ministres étaient favorables
00:49à l'interdiction des signes religieux dans les compétitions sportives.
00:54Comme ça a été relaté par certains de vos confrères, si François Bayot a convoqué cette réunion,
01:01c'était pour rappeler la nécessité, l'exigence de solidarité gouvernementale
01:06et donc qu'on ne s'en prend pas à ses collègues par médias interposés.
01:10Vous voulez dire que la Ministre des Sports et vous-même, Madame Borne,
01:14vous étiez sur la même ligne que Gérald Darmanin et Bruno Rotailleau.
01:17Je rappelle que vous avez estimé que les règlements intérieurs imposés par les fédérations sportives
01:21étaient suffisants pour proscrire les signes religieux,
01:24donc pas besoin de soutenir cette proposition de loi.
01:27Je voudrais dire très clairement que sur ces questions, je n'ai aucune leçon à recevoir de personne.
01:36Et si vous écoutez mes propos lundi dernier, je dis très clairement qu'il y a de l'antrisme dans le sport
01:43et que ça appelle à la plus grande vigilance.
01:46Puis je voudrais aussi rappeler qu'au printemps 2023,
01:49je suis la première à avoir défendu le règlement de la Fédération française de foot
01:55qui était attaqué devant le Conseil d'État,
01:58qui lui a donné raison sur la possibilité d'interdire les signes religieux dans les compétitions sportives.
02:06Donc la ligne, elle, est claire.
02:08Interdiction de tout signe religieux dans les compétitions sportives des fédérations.
02:13Peut-être dire que, voyez, quand on a ce débat sur qu'est-ce qu'on fait dans les compétitions sportives,
02:18je pense qu'on doit aussi se poser la question en amont.
02:21Quand on a des femmes ou des jeunes filles qui vous disent
02:26« Mon père, mon frère, voire mon fils m'oblige à porter le voile »,
02:32je pense que c'est un problème et que les ministres en charge,
02:36tout comme les parlementaires, devraient s'emparer de cette question
02:39« Comment on protège ces femmes et ces jeunes filles ? »
02:42On va en parler. J'entends vos propos clairs ce matin.
02:45Mais alors pourquoi Gérald Darmanin vous a-t-il accusé ?
02:48En tous les cas, pointez du doigt votre naïveté, Mme Horne, à vous et à la ministre des Sports.
02:54Je pense que les ministres qui étaient dans mon gouvernement à l'époque
02:59doivent savoir que sur ces sujets, je n'ai aucune naïveté
03:03et que je pense qu'effectivement, il faut être extrêmement vigilant sur ces questions d'antrisme.
03:08Pour la ministre que vous êtes, pour la citoyenne que vous êtes,
03:11pour la femme que vous êtes, pour la féministe affirmée que vous êtes,
03:14que représente le voile ? Est-ce que c'est un symbole de l'asservissement de la femme
03:18ou c'est un simple vêtement ?
03:20Alors, je sais qu'on est dans une époque où il faudrait que les choses soient noires ou blanches.
03:26Je pense que c'est plus compliqué que pour certaines femmes,
03:30c'est la traduction de convictions religieuses.
03:34Et je le disais, quand on impose le port du voile à une femme, à une jeune fille, ça, ça me choque.
03:40Moi, je me demande toujours, Madame la Ministre, parce que la France n'est pas une île,
03:44comment ce débat et ses réponses sont perçues, par exemple, par les Iraniennes qui nous écoutent
03:48et qui, elles, se battent pour ne pas pouvoir le porter ?
03:51Oui, mais bien sûr. Moi, je pense qu'aucune femme ne doit se voir imposer le port du voile.
03:57Mais pour vous, ce n'est pas forcément un signe de soumission, d'inégalité ?
04:02Vous savez, vous en avez certaines qui font ce choix.
04:05Je pense que ce dont on doit s'occuper, c'est de s'assurer qu'aucune femme ne subit des pressions pour porter le voile.
04:12Le voile est interdit, bien sûr, à l'école, Élisabeth Borne, par la loi.
04:16L'Abaïa et le camis par circulaire, de Gabriel Attal, continuent de cet antrisme dans le sport et à l'école, vous en conviendrez.
04:23Est-ce qu'il faut aller plus loin, comme l'a préconisé, il y a quelques temps, Bruno Rotaillot,
04:27affirmant que c'était son avis personnel et étendre l'interdiction aux accompagnatrices de sortie scolaire.
04:32Il a parlé de l'école hors les murs, vous n'étiez pas d'accord.
04:35Est-ce qu'aujourd'hui, eu égard à la situation, vous avez changé d'avis ?
04:39Alors, d'abord, vous avez raison de rappeler que l'école publique est protégée par la loi de 2004
04:46qui proscrit tout signe religieux ostentatoire, donc dans ces écoles, collèges, lycées, publics.
04:53Mais vous savez, je pense que c'est important aussi de se rappeler de ce qu'est la laïcité dans notre pays.
04:59C'est la liberté de croire ou de ne pas croire avec un principe de neutralité de l'État,
05:05des services publics et de ses agents, et on protège à l'école publique les enfants,
05:11parce qu'on est à un moment...
05:13Qui a oublié ?
05:14Qui a oublié que c'était la laïcité ?
05:16Je dis ça parce que moi, j'ai assisté à un débat assez étonnant au Sénat
05:21à propos d'une proposition de loi du sénateur Laffont
05:24où certains voulaient imposer la laïcité dans les établissements privés sous contrat,
05:29dont je rappelle qu'ils sont à 96 % catholiques.
05:32Pour enlever quoi ? Un crucifix ?
05:34Je pense qu'à un moment donné, on finit par perdre aussi nos repères.
05:38Donc c'est un équilibre, la laïcité, entre la liberté de croire ou de ne pas croire
05:45et puis des limites qui sont posées par, précisément, cette exigence de neutralité,
05:53par la nécessité de protéger la liberté de conscience et de protéger les élèves contre des pressions,
05:59et puis quand il y a des raisons d'ordre public.
06:01Et je pense que c'est important de garder ce cadre.
06:03Mais il y a plus un antrisme islamiste que catholique, je crois qu'on est tous d'accord.
06:06Oui, mais vous voyez, je pense qu'il faut garder ce cadre.
06:09Donc non pour les accompagnatrices.
06:11Non, je pense que, je vous dis, les agents du service public, les élèves dans les écoles publiques.
06:16Avant de revenir à l'école, Elisabeth, une question d'actualité, autre chose,
06:21sur la réforme des retraites, la réforme que vous aviez portée, c'était au tour,
06:24c'est au tour d'ailleurs de la CGT maintenant de quitter la table négociation
06:28et de claquer la porte depuis que François Bayrou a plié le jeu et affirmé
06:32qu'il n'y aura pas de retour à l'âge légal de 62 ans.
06:35Le conclave, il est mort, il est enterré, on peut lui apporter une couronne de fleurs.
06:39Je pense que les discussions se poursuivent, heureusement,
06:42entre certains syndicats et certaines organisations patronales.
06:46C'est un tête-à-tête alors.
06:47Je pense qu'on a raison de faire confiance aux partenaires sociaux
06:50dont certains ont dit qu'ils avaient des propositions d'amélioration de la réforme.
06:54Par contre, le cadre, il a été fixé dès le départ.
06:57Il faut assurer, assurer l'équilibre du système de retraite.
07:01Donc ceux qui voudraient abroger la réforme qui a été portée avec la Bolivier-Dussopt,
07:08qu'on a portée en 2023, je pense qu'ils ne disent pas la vérité aux Français.
07:13On ne peut pas abroger cette réforme et revenir à 62 ans,
07:17sachant que si on abroge la réforme, on abroge aussi les nombreux avantages,
07:21les 7 milliards d'euros davantage, la revalorisation des plus petites pensions,
07:25le fait de pouvoir partir plus tôt pour ceux qui ont commencé à travailler tôt,
07:29pour ceux qui sont dans des métiers pénibles.
07:31Donc voilà, je pense que le cadre est clair.
07:33Donc revenir à 62 ans, c'est mentir aux Français ?
07:35Prétendre qu'on peut abroger purement et simplement cette réforme
07:38alors que la Cour des comptes nous a redit que le système n'est pas à l'équilibre
07:43et que sa pérennité nécessite qu'il soit à l'équilibre,
07:47je pense que ça n'est pas dire la vérité aux Français.
07:49Vous savez, nous on écoute ce qu'avait dit le Premier ministre,
07:51il s'était engagé à ce que les négociations soient sans totem et sans tabou.
07:54Sous réserve d'assurer l'équilibre de la réforme.
07:56Mais il n'était pas évoqué explicitement que le retour à 62 ans était impossible.
08:01Est-ce que le conclave, pour le dire clairement Madame Born,
08:03ce n'était pas le prix en fait pour ne pas être censuré
08:06et finalement c'était un scalpe qui a été donné pour ne pas être censuré à la fin au socialisme ?
08:12Moi j'entends un certain nombre d'organisations syndicales,
08:15par exemple la CLTT qui dit qu'elle a des propositions pour améliorer la réforme.
08:20Vous savez que 4 Français sur 10, dans le cadre de cette réforme,
08:24n'ont pas à attendre 64 ans pour partir à la retraite.
08:27Si on a des améliorations possibles pour ceux qui ont des carrières difficiles,
08:32des métiers pénibles, je pense que c'est des choses qu'il faut regarder.
08:35On poursuit notre grande interview sur CNews et Europe 1 avec vous Elisabeth Born.
08:39On va revenir à l'école, à l'insécurité autour et dans les établissements scolaires.
08:43Ce lundi, un élève du lycée d'Alfortville a été hospitalisé après avoir été attaqué au couteau dans l'enceinte même de l'établissement.
08:51Vous avez évidemment immédiatement condamné l'agression,
08:54réaffirmé l'urgence d'instaurer des contrôles renforcés à l'entrée des écoles.
08:58Honnêtement, face à un tel fléau, est-ce que ce n'est pas une mesure gadget ?
09:02Est-ce que le problème n'est pas plus profond ?
09:05Alors, il y a un problème de montée de la violence dans toute la société chez des jeunes de plus en plus jeunes.
09:11Donc, il faut qu'on s'attaque à ces sujets-là.
09:14Moi, je pense que c'est important qu'on puisse avoir des fouilles aléatoires
09:19avec l'appui de la police et de la justice à l'entrée de certains établissements, dans certaines circonstances,
09:26pour dissuader les élèves de venir dans les collèges, dans les lycées, avec des armes blanches.
09:33Je crois qu'il faut évidemment que l'école reste un lieu où on est protégé.
09:38Ça, c'était une phrase qu'on pouvait peut-être dire dans le passé des grands pédopsychiatres comme Maurice Bergé,
09:43mais aussi de grands magistrats comme Béatrice Brugère,
09:46tous deux spécialistes, madame Born, de la violence des mineurs.
09:49Ils parlent de continuum. Autrement dit, on ne devient pas violent à l'adolescence.
09:53Ça commence parfois aux primaires.
09:55Comment, selon vous, on peut inculquer le respect de la loi et de l'autorité dès le plus jeune âge ?
10:01Est-ce que vous en faites une priorité dans votre ministère ?
10:04Je pense que c'est comme vous le dites.
10:06On voit qu'on a de la violence chez des jeunes, de plus en plus jeunes,
10:10et je crois qu'il faut réagir, je suis convaincue qu'il faut réagir dès les premiers signaux.
10:16Dès qu'on a un jeune qui a un comportement où il peut perturber la classe,
10:21où il ne respecte pas le professeur, et pour ça, il faut qu'on fasse bloc.
10:28Et je suis convaincue qu'il faut qu'on agisse.
10:31Bien sûr, l'école, les parents, les maires, qui ont aussi la capacité de faire des rappels à l'ordre,
10:37la justice, la police, les départements.
10:40Les parents qui sont parfois eux-mêmes le problème.
10:42Certains parents qui peuvent effectivement ne pas respecter les professeurs.
10:46Mais vous voyez, je pense qu'il faut vraiment qu'on fasse bloc pour apporter des réponses,
10:50redonner un cadre le plus tôt possible quand on a des jeunes qui ont perdu leurs repères
10:55et qui peuvent commettre des actes violents, de la violence verbale, de la violence physique, au sein des écoles.
11:01Fut un temps, vous l'avez connu et je l'ai connu,
11:03où les cours d'éducation morale et civique inculquaient quand même le respect de cette autorité.
11:07Certains disent que c'était l'école d'avant, l'école conservatrice, disent-ils.
11:11Mais quand même, il y avait un respect de l'instituteur, de l'école comme lieu de savoir.
11:15Est-ce que vous reconnaissez, Madame Borne, aujourd'hui avec le recul,
11:17l'échec de certaines politiques éducatives qui ont abandonné les sanctions, les strades également ?
11:23Moi, ce que je peux vous dire, c'est qu'aujourd'hui comme hier,
11:27on doit effectivement inculquer, comme vous dites aux jeunes, le respect de l'autorité.
11:33On doit aussi transmettre le goût du savoir, le goût de l'effort aussi,
11:41et je pense que c'est la responsabilité de l'école.
11:44Ça veut dire que quand l'autorité du professeur n'est pas respectée,
11:48quand des enseignements sont contestés, quand il y a de la violence dans les établissements,
11:54moi, je serai toujours aux côtés des enseignants pour les soutenir.
11:58La première incartade, c'est un conseil de discipline.
12:03Je l'ai dit, je pense notamment, quand on a des armes blanches dans un établissement,
12:07ça doit être automatiquement un conseil de discipline.
12:10Ce qui est incroyable, c'est que ça ne l'était pas.
12:12Ça l'était souvent, généralement.
12:14Non, je le demande, parce que je pense qu'il ne faut nier même pas à réfléchir.
12:18Quand on a une arme blanche dans un établissement,
12:20il doit y avoir un passage devant un conseil de discipline.
12:22Parlons du niveau à présent, Mme Elisabeth Borne.
12:25Des groupes de niveau étaient prévus.
12:26Vous avez préféré le terme « groupe de besoin ».
12:29Je ne sais pas si on a encore le luxe de jouer sur les mots
12:32quand le niveau de nos élèves, malheureusement, est aussi bas dans les matières fondamentales.
12:36Pourquoi être revenu ou avoir détricoté le choc des savoirs de Gabriel Attal ?
12:43Je voudrais rappeler que quand Gabriel Attal a présenté son choc des savoirs,
12:47j'étais Premier ministre.
12:49Donc, j'ai nécessairement validé les orientations qui sont portées.
12:54Le changement de nom s'est fait avant que j'arrive dans ce ministère.
12:59Évidemment, je pense que cette exigence de relever le niveau des élèves
13:05est absolument essentielle et c'est naturellement ce que je continue à porter.
13:10Moi, je ne peux pas accepter que la place de la France dans les classements internationaux se dégrade.
13:16Et donc, à la fois donner à chaque élève les capacités de réussir et remonter le niveau,
13:22c'est vraiment ce que je porte.
13:24Vous avez fait de l'éducation sexuelle à l'école une priorité.
13:27Nous allons en parler, Elisabeth Borne.
13:28Mais d'abord, suite aux révélations sur les violences sexuelles à Notre-Dame de Bétarame,
13:32vous avez annoncé un renforcement des contrôles
13:34et une remontée désormais systématique d'effets de violence dans l'enseignement privé sous contrat.
13:39Tout devrait être effectif, je suppose, rapidement.
13:42Vous nous direz quelle échéance.
13:43Vous allez recevoir tout à l'heure M. Esquerre, qui est le lanceur d'alerte dans cette affaire.
13:49Qu'est-ce que vous allez prévoir très rapidement ?
13:51Ma priorité, je le redis, c'est faire réussir chaque élève et relever le niveau.
13:57On pourra reparler de l'éducation à la vie affective relationnelle et à la sexualité.
14:02Mais sur la prévention des violences,
14:06moi, j'ai présenté un plan qui est Brisons le silence, agissons ensemble
14:11et qui repose sur trois piliers.
14:14Signaler, mieux recueillir la parole des élèves et contrôler.
14:19Et je pense que c'est très important que,
14:21quel que soit le statut de l'établissement, privé ou public,
14:25on ait cette même exigence.
14:27Pas de différence de statut, évidemment.
14:28Il n'y a pas un organisme de contrôle pour le privé et pas forcément pour le public.
14:33C'est la même exigence pour chacun.
14:35Faire remonter systématiquement les faits de violences.
14:38Il y a une application qui existe dans le public
14:41qui doit se déployer dans le privé pour les faits de violences.
14:45C'est aussi recueillir la parole des élèves.
14:49Et avec, par exemple, des questionnaires systématiques
14:51tous les trimestres pour les élèves en internat.
14:54Et puis, c'est des contrôles, plus de contrôles.
14:57Les moyens que j'ai pu affecter,
14:59en complément de ce que ma prédécesseure avait d'ores et déjà décidé.
15:02Je pense que c'est important que dans aucun établissement,
15:07qu'il soit public, qu'il soit privé,
15:09il n'y ait des violences sur les élèves.
15:11Pour le contrôle, est-ce qu'il ne faudrait pas un organisme totalement indépendant ?
15:14Vous savez, les inspecteurs qui interviennent,
15:17appuyés par l'Inspection Générale.
15:20Je souhaite qu'on ait une mission d'appui permanente de l'Inspection Générale
15:25pour former, pour superviser les contrôles,
15:28pour intervenir dans les situations les plus difficiles.
15:31Je note qu'avant la question, vous avez répété, Elisabeth Borne,
15:34que votre priorité, c'est évidemment le savoir,
15:37l'apprentissage des matières fondamentales.
15:39Malgré tout, vous avez fait de l'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle,
15:42une priorité.
15:44Et normalement, ça devrait commencer à la rentrée pour septembre.
15:48Et je cite, dès l'âge de 3 ans, avec deux axes,
15:51apprendre qu'on peut accepter et refuser,
15:54et puis distinguer les assignations de rôle, évidemment,
15:57notamment dans les cours d'école.
16:00À 3 ans, madame la ministre, qu'est-ce qu'on peut accepter ou refuser ?
16:03Je pense que c'est important, très jeune,
16:06de dire aux enfants qu'on doit respecter leur intimité,
16:11qu'on doit respecter leur corps.
16:13Vous savez, il y a 160 000 agressions sexuelles sur des mineurs chaque année,
16:20et souvent dans le cadre familial,
16:23donc apprendre que certains comportements d'adultes ne sont pas normaux
16:29et qu'il faut pouvoir s'adresser à une personne de confiance,
16:32libérer la parole des enfants, ça me semble important.
16:35Ce qui m'a choquée, c'est à 3 ans, accepter ou refuser ?
16:38À 3 ans, on a la capacité de comprendre qu'on peut accepter ou refuser ?
16:44À 3 ans, on doit apprendre à un enfant
16:49que certains comportements doivent être refusés
16:52et qu'il faut se confier à une personne de confiance.
16:55Le ministère de l'Éducation nationale que vous représentez
16:58se fixe beaucoup de priorités,
17:00l'éducation à la sexualité, l'intelligence artificielle.
17:03Qu'en est-il plus prosaïquement, Elisabeth Band,
17:05de l'apprentissage à lire, à écrire, à compter et à raisonner ?
17:09Comment on continue à ouvrir, très honnêtement,
17:11autant de chantiers lorsqu'on n'est pas capable de garantir
17:14que 100 % des élèves de CM2 ont acquis les fondamentaux aujourd'hui ?
17:18La priorité, c'est l'acquisition des fondamentaux.
17:21Ce dont on vient de parler depuis ces dernières minutes,
17:25c'est aussi qu'on attend de l'école
17:27qu'elle apprenne à respecter l'autorité,
17:29qu'on apprenne les valeurs de la République.
17:32Ces comportements citoyens, je pense que c'est aussi
17:35une des responsabilités de l'école.
17:37Intéressant, vous employez le mot citoyen.
17:39Face à la Commission éducation et culture de l'Assemblée nationale,
17:42vous avez déclaré que votre première priorité pour l'école
17:44est de former des citoyens. Pourquoi ?
17:46Je pense qu'on allait tenir les deux volets.
17:50Vous voyez à la fois l'acquisition des savoirs fondamentaux
17:54et puis aussi, dans un monde qui est compliqué,
17:57où il peut y avoir des remises en cause,
17:59y compris de certaines vérités,
18:01former des citoyens libres, éclairés, responsables,
18:05qui connaissent les règles de notre société et qui les respectent.
18:08Je pense que c'est important.
18:10Plutôt que la citoyenneté, vous avez incité sur des êtres libres
18:13de s'émanciper de toute doctrine politique
18:15et quelle que soit la définition de la citoyenneté.
18:17C'est finalement l'école de Jean Zé, de Camus et de Jules Ferry.
18:20Je pense qu'elle est plus que jamais nécessaire.
18:22Vous voyez, à l'heure des réseaux sociaux,
18:24des chaînes d'information continue,
18:25former des citoyens libres, je pense que c'est important.
18:28Nous sommes restés la plupart des grands-enfants,
18:30vous êtes d'accord.
18:31Elisabeth Borne adapte des contes comme La Belle et la Bête,
18:34un conte qui a été modernisé, adapté.
18:36Vous me direz d'ailleurs pourquoi il faudrait les moderniser,
18:38les adapter, ces contes magnifiques.
18:40Mais ça a été le cas avec le dessinateur Jules,
18:43que vous avez préfacé, je crois.
18:45C'est bien ça ?
18:46Non, je n'ai finalement pas préfacé.
18:48Pourquoi c'est la question ?
18:50Parce que ce conte, en tous les cas,
18:52cette version a été jugée trop adulte.
18:55On y voit la bête boire, ivre,
18:58chanter les lacs du Connemara,
19:00avoir un comportement qui n'est pas peut-être adapté
19:03à de jeunes enfants.
19:04Mais pour Jules, il estime que le problème n'est pas celui-là.
19:07Il estime qu'il a été censuré parce qu'il aurait,
19:10je mets des guillemets,
19:11grand remplacé les princesses blondes
19:13par des méditerranéennes.
19:15Alors, qu'est-ce qui vous a posé véritablement problème ?
19:17Vous savez, ce dont on est en train de parler,
19:19c'est un livre qui est remis chaque année
19:22à des élèves de 10 ans
19:24pour leur lecture pendant l'été en famille,
19:28sans accompagnement pédagogique.
19:30Donc, Jules a beaucoup de talent,
19:32il manie l'ironie, le second degré,
19:34mais sans accompagnement pédagogique,
19:36je pense que ça n'est pas effectivement adapté.
19:39Mais c'est un très beau livre
19:41qui pourra être utilisé dans un autre cadre.
19:43Mais pas dans cette version.
19:44Qu'est-ce que vous reprochez ?
19:45Qu'est-ce qu'il a caricaturé ?
19:46Qu'est-ce qui n'allait pas ?
19:47Vous savez, il y a beaucoup de second degré,
19:49il y a beaucoup d'ironie,
19:51et je le redis, il s'agit d'élèves de 10 ans
19:54pour une lecture en famille,
19:56sans décodage d'un second degré de l'ironie.
19:59Moi, je souhaite que les élèves
20:01puissent passer des bonnes vacances
20:03avec des messages simples,
20:05et sans doute dans le cadre de l'école.
20:07Est-ce qu'il n'y avait pas un problème religieux également,
20:09de perception religieuse,
20:10puisqu'apparemment, on y voit,
20:12je ne sais pas si c'est la bête qui mangerait du porc
20:15alors qu'il est supposé être de confession musulmane,
20:17ou qui boit,
20:18est-ce que cela aussi aurait pu,
20:20de votre point de vue, je ne sais pas,
20:21heurter les...
20:22Non, je pense que c'est, vous savez,
20:24c'est une réécriture moderne,
20:27effectivement,
20:28où on a un père de famille
20:30qui arrive d'Algérie,
20:33qui doit commettre des fraudes,
20:37qui se fait contrôler par les policiers,
20:40qui peut arriver quand même.
20:42Vous voyez cette réinterprétation ?
20:44Peut-être que dans un cadre avec des professeurs,
20:47on peut expliquer ce second degré,
20:49mais je vous dis,
20:50c'est un livre qui a vocation à être lu en vacances,
20:52avec sa famille,
20:54et sans ce décodage de ce second degré,
20:56qui est sans doute bien dans un cadre,
20:58mais pas pour le livre de vacances.
21:00Donc les 800 000 exemplaires poubelles,
21:01bon, ce n'est pas grave.
21:03Il y aura un autre...
21:04Ils ont été dépensés.
21:05Non, l'argent n'a pas été dépensé,
21:06les livres n'ont pas été tirés,
21:07et c'est certainement un ouvrage intéressant,
21:10mais pas pour ce cadre pédagogique.
21:12Madame la ministre, pour terminer,
21:13et si on gardait les versions originales,
21:15les vrais classiques ?
21:16On n'aurait pas ces problèmes-là
21:17de modernisation, d'adaptation,
21:19d'explication, de pédagogie ?
21:21Les élèves, ils pourront lire l'Odyssée.
21:23Je pense que c'est une très belle histoire
21:25qui mérite d'être connue par tous nos élèves.
21:27Merci Elisabeth Borne.
21:28C'était votre grande interview.
21:29Bonne journée à vous et à bientôt.
21:31Merci Elisabeth Borne.
21:32Merci Sonia Mabrouk.
21:33Allez, à suivre sur...

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