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00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Alexis Brézet.
00:03Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05Depuis que François Bayrou a répondu qu'il n'était pas question de revenir à la retraite à 62 ans,
00:10les syndicats claquent l'un après l'autre la porte du fameux conclave.
00:13Pensez-vous Alexis, que le Premier ministre a commis une erreur ?
00:16Bah tactiquement, il aurait sans aucun doute mieux fait de ne pas le dire.
00:21Puisque de toute façon, il avait déjà rectifié le cap du conclave
00:25En précisant que les partenaires sociaux devaient rétablir l'équilibre financier de retraite à l'horizon 2030,
00:31il n'était pas obligé de préciser explicitement, ce qui en vérité est une évidence.
00:37C'est d'ailleurs tout le paradoxe.
00:39On reproche, pas toujours à tort, à François Bayrou son art consommé de l'enfumage.
00:44Mais là, il a été trop clair.
00:46Car sur le fond, il a raison.
00:48Ce serait criminel de revenir aujourd'hui, deux ans après,
00:52sur la réforme borne, difficilement adoptée, au 49-3 on s'en souvient,
00:57notoirement insuffisante, les déficits sont toujours là,
01:00mais enfin, qui a le mérite d'exister.
01:02On ne va pas supprimer maintenant le peu qui a été fait.
01:06On nous parle tous les jours de réarmement, fort bien.
01:08Mais ce réarmement, il va falloir le financer.
01:11Où allons-nous trouver l'argent ?
01:13La dette ?
01:14Mais l'Allemagne, elle, elle peut emprunter.
01:16Mais nous, nous sommes juchés déjà sur un Himalaya de dette.
01:19On ne peut pas monter plus haut.
01:21Madame von der Leyen, dans sa grande bonté, nous y autorise.
01:24Merci à elle, c'est trop aimable.
01:26Mais ce n'est pas le sujet.
01:27La dette, qu'elle soit comptabilisée ou pas,
01:30qu'elle soit financée par un appel à l'épargne des ménages ou sur les marchés,
01:33ça reste de la dette dont il faudra payer les intérêts
01:36et peut-être même un jour la rembourser.
01:38Et c'est ce moment-là,
01:40alors que nous n'avons jamais eu besoin d'autant d'argent,
01:43c'est-à-dire d'activité,
01:44que nous choisirions pour travailler moins longtemps.
01:47Mais c'est une absurdité.
01:49François Bayrou ne l'a peut-être pas dit au meilleur moment,
01:52mais enfin, son crime, c'est qu'il a dit la vérité.
01:56Sans doute Alexis, mais si le conclave s'arrête demain faute de combattants,
01:59pour le Premier ministre, ce sera un échec politique sévère.
02:02Alors bien sûr, c'est ce que diront les journalistes
02:04et ce que penseront un grand nombre de Français.
02:06Mais Dimitri François Bayrou n'est pas en lice
02:08pour remporter le prix de l'homme politique de l'année.
02:10Son objectif n'est pas de battre les records de popularité.
02:13C'est d'ailleurs assez mal parti.
02:15Son principal problème,
02:17je dirais même son unique problème,
02:19c'est de ne pas subir le sort funeste de Michel Barnier
02:22en étant censuré.
02:24François Bayrou n'a jamais cru ni espéré
02:27que son conclave permettrait de corriger vraiment la réforme des retraites,
02:31qui, sur le fond, lui convient d'ailleurs très bien.
02:34Le conclave, c'est le gage qu'il a donné aux socialistes
02:37pour prix de leur neutralité,
02:39afin de ne pas dépendre, pour son budget et pour la suite,
02:42de la seule bonne volonté du Rassemblement national.
02:45Alors, c'est peut-être pas la meilleure idée qu'il eut,
02:47mais maintenant, le risque pour lui,
02:50si le conclave capote totalement,
02:52c'est que les socialistes,
02:53confrontés à l'évidence qu'ils ont été roulés dans la farine
02:56et piqués au vif par les railleries de Jean-Luc Mélenchon sur le thème
02:59« Ah ah, je vous l'avais bien dit »,
03:00et bien qu'ils décident de le censurer.
03:02« Vous pensez que ça va arriver ? »
03:03Pour l'instant, il semble que les choses ne prennent pas ce chemin.
03:06D'abord, parce que le MEDEF et la CFDT, surtout,
03:09ont fait savoir qu'ils n'abandonneraient pas le navire du conclave.
03:13Vaille que vaille, la barque devrait continuer.
03:16Sinon de voguer, du moins de flotter.
03:19Ensuite, parce que les socialistes
03:21sont davantage passionnés par leur congrès
03:24que par leur idée d'en découdre avec François Bayrou à l'Assemblée.
03:27François Hollande ne pense qu'à gagner du temps.
03:30Olivier Faure ne veut pas retomber dans les griffes de Mélenchon.
03:33Bref, pour le Premier ministre, le péril s'éloigne.
03:36Enfin, le péril venu de la gauche.
03:39Car maintenant, c'est à droite que la machine se détraque,
03:41avec les critiques de Laurent Wauquiez,
03:43et les menaces de démission de Bruno Retailleau
03:46ou de celle de Gérald Darmanin.
03:48Mais qu'y faire, Dimitri ?
03:50Tel est le triste sort des centristes,
03:52quand ils ne sont pas assis entre deux chaises,
03:55d'être pris entre deux feux.

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