Olivier Sarrabeyrouse, maire de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), invité d'ici Paris Île-de-France, le 19 mars 2025.
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00:008h15 sur votre radio locale, ici Paris Île-de-France, journée spéciale trafic de drogue en Île-de-France sur votre radio locale.
00:07Avez-vous un point de deal près de chez vous ? Pensez-vous qu'il faut sanctionner encore davantage les consommateurs ?
00:11Appelez-nous au 01 42 30 10 10, des opérations de police ont lieu comme hier soir à Noisy-le-Sec.
00:17On reçoit justement le maire de cette commune de Seine-Saint-Denis.
00:20Bonjour Olivier Sarabé-Rose, vous le voyez vous le trafic de drogue dans votre commune, comment ça se concrétise ?
00:29Alors le trafic de drogue dans notre commune à Noisy-le-Sec, comme dans beaucoup de communes de Seine-Saint-Denis et de France,
00:34puisque maintenant ce trafic se répand, y compris dans les villes de province, se concrétise par des spots,
00:39comme vous l'avez dit, on en a à peu près 8 nous sur notre ville, avec des niveaux différents,
00:46mais une présence souvent de jeunes dans des quartiers, dans des hôtes d'immeubles, et des consommateurs qui viennent régulièrement acheter.
00:54Et pourtant vous n'avez pas de commissariat à proprement parler ?
00:57Non, c'est une bataille que je mène depuis que nous sommes élus, avec mon élu Serein Ayami, élu à la sécurité,
01:02et puis de l'ensemble de ma majorité, parce que sur une ville de 46 000 habitants en Seine-Saint-Denis aujourd'hui,
01:08nous n'avons pas de commissariat de plein exercice.
01:11Nous avons un commissariat, nous avons des effectifs, mais les subdivisionnaires de Bobigny,
01:15ça signifie par exemple que nous avons moins de moyens, que nous n'avons pas de BAC,
01:20et que caractéristique, en 2006 nous avions 150 policiers nationaux, pour une population d'environ 39 000 habitants,
01:30aujourd'hui 46 000 habitants, et nous avons 83 effectifs de police nationale.
01:34Donc c'est caractéristique de difficultés que nous pouvons rencontrer,
01:38c'est pour ça qu'une présence policière est importante, y compris pour le trafic de stupéfiants.
01:43Alors il y a les cigarettes qui se vendent sous le manteau, et un phénomène dont on parle le moins, c'est le trafic de médicaments.
01:49Oui, c'est-à-dire que le trafic de vente à la sauvette de cigarettes est apparu il y a quelques années,
01:54il se développe bien sûr dans nos villes, nous en Seine-Saint-Denis,
01:58d'ailleurs nous nous sommes associés à plusieurs villes pour visibiliser ce trafic,
02:02y compris il commence à prendre de l'ampleur en province,
02:05et ce trafic de vente de cigarettes est annexe,
02:10il y a des activités annexes qui véritablement détériorent la vie des Nénozens et des habitantes,
02:20et à côté de ce trafic de cigarettes, il y a du trafic de médicaments qui sont des psychotropes,
02:27et qui sont des médicaments pas chers, mais qui dégradent radicalement à la fois la santé et le comportement des gens.
02:33Opération de police, hier soir à Noisy-le-Sec, un peu particulière,
02:37en présence du préfet, du procureur de la République,
02:40est-ce qu'il y a une volonté de faire peur à la fois aux dealers, mais aussi aux consommateurs ?
02:44Alors le problème, autant la loi peut sanctionner un consommateur de stupéfiants,
02:51autant la loi ne peut pas sanctionner un acheteur de cigarettes,
02:55y compris de psychotropes, donc c'est compliqué de s'attaquer aux consommateurs,
03:00et aujourd'hui comme c'est un phénomène relativement récent,
03:03il est aussi compliqué de s'attaquer au trafic dans sa structure même,
03:07parce que les vendeurs sont des personnes en grande précarité,
03:10et les acheteurs sont des acheteurs qui ne peuvent pas s'acheter un paquet de cigarettes à 12 euros,
03:14et donc en situation de paupérisation également.
03:17Vous appelez à durcir la loi, à multiplier les contrôles, à sanctionner les consommateurs ?
03:23J'appelle à trouver des solutions qui peuvent nous satisfaire, nous bien sûr, les élus et les habitants,
03:30je n'ai pas la mesure miracle, mais en effet s'attaquer au trafic là où il a lieu, c'est important,
03:37et des opérations comme hier, je remercie le préfet de Seine-Saint-Denis,
03:40le directeur départemental de la sécurité et le procureur qui se sont rejoints à cette opération,
03:45qui mettent des moyens, donc il y a ces moyens de terrain qui sont importants,
03:49et ça ne doit pas être des coups de pub et des coups médiatiques
03:53tels que ça a pu l'être sur les opérations place net,
03:55il doit y en avoir, c'est ce que je demande quotidiennement,
03:58mais il doit y avoir aussi des mesures à la fois de prévention
04:01et des mesures qui s'attaquent réellement à la tête du trafic,
04:05parce qu'on n'en parle pas beaucoup pour l'instant, mais on va en parler beaucoup dans quelques années.
04:08Bilan de l'opération d'hier soir ?
04:10Je crois que c'est à peu près 8 personnes mises en garde à vue,
04:14plusieurs dizaines de paquets saisis de paquets de cigarettes,
04:17y compris des médicaments et aussi des trucs à chiquer.
04:238h20 sur votre radio locale ici Paris, Île-de-France,
04:25est-ce que vous vous êtes confronté à ces trafics de drogue dans votre quotidien ?
04:28Est-ce que les consommateurs sont responsables ?
04:29On parle narcotrafic aujourd'hui lors de cette journée spéciale ici Paris,
04:33sur Ici Paris, Île-de-France.
04:340142 30 10 10, on a d'ailleurs la réaction de Hélène,
04:37qui nous appelle d'Annière-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine.
04:39Bonjour à vous Hélène, alors vous vous êtes confrontée au quotidien à ces problèmes-là ?
04:43Oui, disons que confrontée de loin.
04:49Oui.
04:50Parce que comme j'ai dit, moi j'étais un gendarme en force figurée au niveau de mes enfants.
04:58J'ai pas eu besoin d'avoir la… comment ?
05:01Quand vous avez un parent, parce qu'ils ont l'âge de mes enfants maintenant,
05:05un parent dont l'enfant emmène 5000 francs sur la table,
05:09qui n'a rien dit, vous avez tout compris.
05:13Mais vous le voyez ce trafic de drogue, vous le voyez vous ?
05:17On l'a vu, on l'a vu monsieur.
05:21Parce que maintenant, là je suis dans le quartier Nord,
05:26ils doivent se cacher, ils n'y sont même plus.
05:29C'est le trafic, parce que je crois qu'on a quand même monsieur Achiman
05:34qui a fait le nécessaire, notre maire.
05:37Très bien, merci Hélène, merci beaucoup pour votre réaction ce matin.
05:40Hélène d'Annière-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine, n'hésitez pas à réagir.
05:42Vous aussi au 01.40.10.10.
05:44Olivier Sarabéro, maire de Noisy, le sait, qu'on entendait notre auditrice.
05:47Est-ce qu'il faut punir les familles des jeunes délinquants ?
05:51Est-ce qu'il faut durcir à ce niveau-là ?
05:53Je ne sais pas si c'est la bonne solution,
05:55parce qu'on a tendance à s'attaquer en effet aux petits dealers,
05:58aux petits trafics, aux familles des trafiquants.
06:01Donc en rien je cautionne les familles qui cautionneraient le trafic de leurs enfants.
06:10En rien simplement, on a tendance à s'attaquer à ces gens-là
06:13et à ne pas s'attaquer aux têtes de trafic.
06:15Parce que c'est toujours une question de moyens.
06:18On a réduit les moyens des douanes,
06:20on a réduit les moyens des services fiscaux
06:22qui peuvent contrôler véritablement ceux qui bénéficient réellement
06:25sur des grosses sommes de ce trafic,
06:27et on s'attaque aux familles.
06:28Donc je trouve que ce n'est pas la bonne solution,
06:31même s'il y a des mesures à prendre d'accompagnement plutôt
06:34des familles, des jeunes qui trafiquent.
06:37Surtout que maintenant ça se passe en ligne, sur les plateformes,
06:39comme WhatsApp, Signal, qu'est-ce qu'on peut faire contre ça ?
06:42C'est très compliqué.
06:43Moi je n'ai pas la solution,
06:44parce que ce que je vis ce n'est pas ce qui se passe sur les plateformes,
06:46c'est ce qui se passe en pied d'immeubles,
06:48et sur mes quartiers.
06:50Donc c'est là qu'on doit trouver les solutions,
06:53à la fois de prévention d'accompagnement et de sanctions,
06:55parce qu'il n'y a pas de volonté de laxisme de ma part.
06:59On a souvent attribué aux maires de gauche une forme de laxisme.
07:03Moi depuis que je suis élu, je m'attaque à cette question de la sécurité.
07:07D'ailleurs avec Fabien Roussel et quelques maires de France,
07:09nous nous sommes attaqués à ce sujet.
07:11Mais s'attaquer aux familles,
07:13je pense que c'est cacher le véritable problème
07:17de ceux qui bénéficient de manière très lucrative de ce trafic.
07:21Et vous avez des remontées de riverains qui sont exaspérés ?
07:24Oui, bien sûr.
07:25Mais vous savez, malheureusement,
07:27dans notre ville comme dans d'autres villes,
07:29nous nous sommes aussi un peu habitués à ce trafic de stupéfiants.
07:33Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas s'y attaquer de manière plus importante.
07:36Mais ce qui est nouveau et ce qui mine plus le quotidien des habitants dans ma ville,
07:40c'est le trafic de ventes de cigarettes et de médicaments psychotropiques.
07:44C'est quoi les différences en termes de nuisances ?
07:46Ils sont plus nombreux, ils sont moins sanctionnés
07:49parce que la vente de cigarettes, ce n'est pas de la vente de cannabis.
07:52Et il y a tous ces actes, si l'on peut dire,
07:56connexes de squats, de vols à l'arraché,
08:00de désagréments de la vie quotidienne.
08:03Et c'est pour ça que l'opération hier s'est appelée
08:05Retour à la sécurité quotidienne.
08:07C'est un petit peu la volonté du préfet
08:09parce que ça mine davantage le quotidien des gens dans leur globalité.
08:12Le trafic de cigarettes, c'est énorme.
08:15Merci Olivier Sarabé-Rose, maire de Noisy-le-Sec,
08:17d'avoir été notre invité ce matin.
08:19Bonne journée à vous.