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Deux anciens pensionnaires de la communauté traditionaliste de Riaumont (Pas-de-Calais) témoignent des violences physiques et sexuelles dont ils disent avoir été victimes sur place quand ils étaient enfants.
Transcription
00:00Ça s'est passé en plusieurs étapes, au début il me faisait que le fou était, le
00:08flagellé, lui d'essayer de m'embrasser s'il est là et comme pénitent ce juge faisait
00:12le fou et le reste quoi.
00:14Donc ça s'est passé 3-4 fois, peut-être 5, et puis après il y a eu ce viol qui a...
01:31J'essaie depuis des siècles à l'oublier, je n'y arrive pas, donc voilà quoi.
01:36Il m'a assez pourri la vie et il continuera de m'apporir.
01:40C'est encore une personne qui court en espérant qu'il n'agresse pas d'autres enfants quoi.
01:46C'est ça qui est dramatique, qu'il puisse souffrir le plus quoi, c'est le savoir dehors
01:54et qu'il peut encore éventuellement faire ce qu'il veut quoi.
02:30L'un des religieux, un bon jour, je ne sais pas pourquoi, a pété un plomb sur moi, m'a
02:48jeté à terre, m'a donné des coups de pompe dans la tronche, ça m'avait le mien temps
02:51de m'en perforer.
02:52Donc ça, c'était au tout début de ma sixième là-bas.
02:56Après donc, je ne compte pas les gifles, les coups de pieds aux fesses, ce qu'on veut,
03:04parce que ça, je n'ai pas pu les compter, qu'ils se sont excusés, jamais, et simplement
03:10un « je m'excuse ». Ça aurait fait beaucoup de choses, ça aurait peut-être changé notre
03:15opinion pour certains, on se serait peut-être calmé, mais là non en fait, ils sont complètement
03:19dans le déni.
03:20Il les faisait travailler à bâtir leur patrimoine là, nuit et jour, et surtout, c'était l'occasion
03:35de punitions interminables.
03:38Par exemple, quelqu'un, un gamin qui était un petit peu genre 12-13 ans, un petit peu
03:44résistant à l'autorité du père Revé, il devait casser une dalle de béton jusqu'à
03:493h du matin, tant qu'il n'avait pas cassé toute la dalle de béton à la pioche, tout
03:54seul, dans la nuit, il n'était pas autorisé à se coucher.
03:58Ce sont des faits de violences physiques, humiliations, actes de torture et de barbarie,
04:04violences sexuelles, viols, agressions sexuelles, etc., ce sont ça en fait les faits qui sont
04:08reprochés dans l'institution, avec un certain nombre de victimes qui ont osé prendre la
04:12parole, mais combien n'ont même pas pu et combien ne sont même plus là aujourd'hui.
04:19Chez certains enfants, la violence était présente, donc il fallait bien, et du côté
04:36de leurs camarades, et du côté des encadrants, gérer cette violence, parfois la canaliser.
04:49Mais ce qui est insupportable pour nous, c'est d'entendre dire que la violence était
04:58institutionnalisée.
05:00Loin de nous de nier qu'il y ait eu des abus, des souffrances, des choses qui n'auraient
05:12pas dû se produire, nous pouvons en avoir une responsabilité, on est prêts à la porter,
05:20mais on ne veut porter que ce dont on est vraiment responsable.
05:25Il y a toujours un anachronisme, et puis les choses ont évolué, c'est vrai qu'on
05:42est plus sensible aujourd'hui aux droits de l'enfant, et c'est très bien, mais on
05:47ne peut pas reprocher à l'époque des choses que tout le monde faisait, c'était même
05:52plus sévère que dans les familles, que dans les écoles, c'est ça qui est absurde.

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