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Ian Brossat, sénateur de Paris et co-président du groupe communiste au Conseil de Paris, invité d'ici Paris Île-de-France le 18 mars 2025.

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00:008h15, que faut-il faire pour ne plus voir d'enfants sans-abri dans les rues franciliennes ?
00:05On vous pose la question ce matin. Appelez-nous au 01 42 30 10 10.
00:09Une résolution arrive demain au Sénat, portée par notre invité de ce matin.
00:13Il est sénateur communiste et conseiller de Paris.
00:15Bonjour Yann Brossard. Bonjour.
00:17Tout d'abord, votre réaction sur l'évacuation ce matin de la gaieté lérée
00:21qui nécessitait plus de 400 mineurs isolés à vivre depuis trois mois
00:25dans des conditions précaires voire dangereuses.
00:27Comment a-t-on pu laisser la situation s'aggraver à ce point ?
00:31Tout simplement parce que l'État n'a pas été capable de proposer
00:34des solutions d'hébergement concrètes.
00:36Ma crainte, c'est que ce soit une opération pour rien.
00:39Parce que quand vous menez une opération d'évacuation,
00:42que derrière vous proposez des solutions d'hébergement pérennes, ça marche très bien.
00:45Sauf que là, en réalité, c'est une opération d'évacuation sèche,
00:49pas de solution d'hébergement à la clé, donc je vous l'annonce d'ores et déjà,
00:53dans les semaines qui viennent, il y aura une autre occupation de ce type
00:57et on aura ensuite une autre évacuation de ce type.
01:00Et donc on rentre dans un cercle infernal
01:03qui ne débouche sur rien de concret, rien de positif.
01:06Et donc aujourd'hui, je regrette que l'État n'ait pas pris ses responsabilités
01:09en mettant en place des solutions d'hébergement.
01:11Donc ce n'est pas la faute de la mairie, mais bien de l'État, selon vous ?
01:14Non, puisque effectivement, ce sont des jeunes qui ont été déclarés majeurs.
01:17Ce ne sont pas des mineurs isolés, ils ont été déclarés majeurs
01:20et ils contestent cette décision et aujourd'hui, ils considèrent qu'eux sont mineurs.
01:25Enfin, en première instance, ils ont été déclarés majeurs.
01:28Dès lors qu'ils ont été déclarés majeurs, c'est une responsabilité de l'État,
01:31les textes de loi sont très clairs là-dessus.
01:33Venons-en à cette résolution sur le sans-abrisme des enfants.
01:36Combien d'enfants à la rue aujourd'hui en France ?
01:38Est-ce qu'on a un chiffre pour l'île de France ?
01:40Oui, les derniers chiffres de l'UNICEF montrent qu'on a environ 2000 enfants
01:44qui, tous les soirs, dorment à la rue.
01:46C'est un chiffre qui a doublé depuis 4 ans
01:48et pour ce qui concerne Paris, on est autour de 400.
01:51Donc c'est un chiffre qui est extrêmement important.
01:54On n'a jamais connu dans notre pays, qui est pourtant la sixième puissance économique du monde,
01:59autant d'enfants qui dorment dehors dans des conditions extrêmement précaires
02:03avec beaucoup de conséquences sur leur santé, sur leur capacité à aller à l'école.
02:08Et c'est donc pour cela que j'ai déposé cette proposition de résolution au Sénat.
02:12Mais qu'est-ce que ça va changer ? Est-ce que ça a une portée comme un texte de loi ?
02:15Moi, je souhaite deux choses.
02:16D'abord, qu'on prenne conscience de cette situation.
02:18C'est une réalité dont on parle trop peu, alors qu'elle est absolument scandaleuse.
02:23Et puis ensuite, effectivement, interpeller le gouvernement
02:26pour que des solutions concrètes soient mises en œuvre.
02:29Si cette proposition de résolution est adoptée,
02:32mon objectif, c'est que le gouvernement crée dans les semaines, dans les mois qui viennent,
02:36des places d'hébergement nécessaires, des logements
02:39qui permettent qu'on n'ait plus cette situation,
02:41qu'on n'ait plus des gamins qui vont à l'école en ayant passé la nuit dehors.
02:45On ne peut pas s'habituer à ça.
02:47Parce qu'on parle des places d'hébergement d'urgence,
02:49mais il faut aussi des solutions pérennes pour régler le problème à long terme.
02:52Bien sûr. Hier encore, je discutais avec des parents à la goutte d'or.
02:58Finalement, ils ont eu une solution d'hébergement
03:01après avoir passé des nuits soit dans une église,
03:04soit dans les urgences d'un hôpital.
03:06Maintenant, ils sont dans un gymnase.
03:08Très bien, un gymnase.
03:09Mais enfin, un gymnase, ça ne peut pas durer des semaines, ça ne peut pas durer des mois.
03:13Il y a du bruit, il y a des gamins qui n'arrivent pas à dormir.
03:15Donc oui, bien sûr, on a besoin de solutions pérennes.
03:18Ça passe par de l'hébergement dur, de l'hébergement solide,
03:21avec des chambres individuelles.
03:23Et ça passe surtout, vous l'avez très justement dit, par du logement.
03:27Parce que c'est quand même ça qui permet de se projeter dans l'avenir
03:30d'une manière un peu stabilisée.
03:31Réquisitionner les bureaux vides, par exemple ?
03:33Oui, bien sûr, c'est vrai.
03:34Quand on voit la masse de bureaux vides qu'on a,
03:37je pense en particulier à la Défense.
03:39Il y a encore une étude qui vient de sortir là-dessus.
03:41Oui, bien sûr, il faudrait pouvoir les mobiliser pour héberger des gens.
03:45Vous savez, dans une ville comme Paris,
03:47on a 3 000 logements qui sont vides depuis plus de 5 ans,
03:50et on a 3 000 personnes qui dorment dehors tous les soirs.
03:53Donc évidemment que quand on voit cette situation-là,
03:55quand on rapproche ces deux chiffres-là,
03:57ça pose la question de la réquisition.
03:59J'ai d'ailleurs déposé une autre proposition de loi
04:01visant à ce que les villes aient la possibilité de réquisitionner les bâtiments vacants.
04:06Aujourd'hui, c'est à la main du préfet.
04:07Moi, je souhaite que les villes puissent le faire.
04:09Mais pourtant, Yann Brossail, il y a eu ce plan logement,
04:12doublé d'ailleurs pendant le quinquennat.
04:13Vous ne voyez pas les effets ?
04:15Non, moi, ce que je vois, c'est que malheureusement,
04:17dans un pays où les besoins de logement explosent,
04:20on a de moins en moins de logements qui se construisent.
04:24Et c'est la raison pour laquelle je souhaite vraiment que le gouvernement se bouge.
04:28Je pense quand même que sur un sujet comme celui-là,
04:30notamment sur la question des enfants,
04:32on devrait être capable de se rassembler au-delà de tous les clivages politiques traditionnels,
04:37parce qu'on touche à notre humanité même.
04:39Et donc, il est temps qu'on se bouge.
04:41Yann Brossail, vous êtes conseiller de Paris
04:43et candidat à la municipale de 2026.
04:46Vous n'avez pas peur de voir la gauche perdre avec toutes ses candidatures ?
04:49En tout cas, moi, ce que je souhaite, c'est qu'à la fin, on finisse rassemblés.
04:52Les différents partis politiques de gauche sont en train de choisir leur candidat.
04:55Mais je souhaite qu'à la fin, on ait effectivement une union, un rassemblement.
05:00Derrière vous ?
05:01Oui, parce que je pense que je suis le plus capé,
05:04le plus capable de mener la gauche et les écologistes au combat.
05:08Parce que j'ai toujours montré,
05:10notamment quand j'étais adjoint à la maire de Paris en charge du logement,
05:13que j'étais capable de défendre les valeurs de Paris.
05:15Et donc oui, j'ai envie qu'on y aille, qu'on y aille unis,
05:18et qu'on y aille pour gagner, pour préserver les valeurs de Paris.
05:22On parlait des enfants à la rue, on est quand même dans une situation inhumaine.
05:26Si on souhaite préserver nos valeurs,
05:28on a besoin d'aller au combat, unis, rassemblés, et j'ai envie de le faire.
05:31Vous pourriez vous ranger derrière Emmanuel Grégoire, par exemple ?
05:33David Béliard, c'est possible ?
05:34D'abord, pour l'instant, vous parlez de candidats
05:36qui n'ont pas encore été désignés par leur parti.
05:38Moi, ce que je souhaite, c'est que les différents partis
05:41puissent choisir leur chef de file,
05:43et que nous puissions nous retrouver rassemblés,
05:46que nous puissions avoir des discussions dès le mois de septembre,
05:49pour nous organiser de telle sorte qu'on présente un visage uni
05:53aux électrices et aux électeurs parisiens.
05:558h20 sur votre radio locale, ici Paris, Île-de-France.
05:57Croyez-vous en une loi pour mettre fin aux enfants sans abri dans la rue ?
06:00Que faut-il faire selon vous ? Est-ce qu'un texte suffira ?
06:02N'hésitez pas à réagir au 01 42 30 10 10.
06:05Agnès est avec nous, Agnès de Paris.
06:07Bonjour Agnès, et vous Agnès, évidemment, vous trouvez ça scandaleux,
06:10les enfants livrés à eux-mêmes comme ça dans la rue ?
06:12Ecoutez, je voudrais d'abord dire à monsieur le sénateur
06:17que je me félicite de son discours qui est très humain, tout simplement.
06:20Nous ne sommes pas en Afrique, dans un pays sous-développé.
06:23Moi, j'ai vécu en Équateur où la pauvreté,
06:26vous savez, je trouve ça vraiment incroyable
06:30que des enfants dorment dehors
06:33et puis ils ne sont pas à l'abri des pourvoyeurs de drogue
06:36qui après les engagent, vous savez tout ce qui se passe dans Paris.
06:40Il y a énormément de plus en plus de violences
06:43et ils vont perdre leur repère de plus en plus
06:46et je trouve que c'est même un devoir de chacun
06:50d'essayer de faire quelque chose.
06:52Vous savez, j'habite Paris 17ème, le beau 17ème,
06:55j'ai une vue sur Paris magnifique,
06:57mais dès qu'on sort, même une brasserie,
06:59on voit les gens indifférents,
07:01on voit des gens dormir dehors, se chauffer contre les grilles.
07:04Le monde devient indifférent déjà, d'une chose.
07:08Donc, c'est les gens qui ont le pouvoir de faire des lois
07:12et de faire quelque chose d'humain,
07:15surtout au rapport aux logements vides,
07:17il y en a plein partout des logements vides.
07:19Moi, je vis dans un logement social,
07:21il est arrivé que des fois,
07:23un logement reste vide deux ans, même plus.
07:26Des fois, il y a des logements vides partout,
07:28des logements sociaux aussi.
07:30Ça peut être effectivement l'une des solutions.
07:32Merci beaucoup en tout cas Agnès
07:34pour votre réaction ce matin au 01.42.3010.
07:36Et Yann Brossin, sénateur communiste de Paris,
07:38ce que dit Agnès aussi,
07:40c'est le risque de tomber parfois dans la violence
07:42ou la drogue quand on est à la rue.
07:44C'est certain, parce qu'on est la proie
07:46à tous les trafics.
07:48Et donc, vous savez, on parle beaucoup,
07:50j'entends souvent les ministres du logement
07:52parler du coût du logement,
07:54mais on ne parle pas suffisamment du coût du mal-logement.
07:56Le coût du mal-logement, le coût pour la société
07:58de laisser des gens dormir dehors.
08:00On parle d'enfants,
08:02mais ça a des conséquences sur leur santé,
08:04ça a des conséquences sur leur éducation,
08:06ça a des conséquences y compris en termes de délinquance,
08:08parce qu'on est effectivement la proie
08:10à toutes sortes de trafics.
08:12Et donc, en réalité, ça coûterait sans doute
08:14moins cher de loger les gens correctement
08:16parce que ça éviterait des conséquences
08:18dramatiques derrière.
08:20Et je suis très touché par ce qu'a dit Agnès
08:22et j'aimerais vraiment qu'on ait une prise
08:24de conscience globale, une fois de plus,
08:26au-delà des clivages politiques traditionnels
08:28sur cette question-là.
08:30La résolution arrive donc demain au Sénat.
08:32Merci à vous.

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