L'Institut Joinet de Bayonne, spécialisée dans la justice et la démocratie, va diriger la commission d'enquête indépendante demandée par la congrégation religieuses des frères de Betharram.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00L'Institut Louis Jouanet, qui oeuvre pour la justice et la démocratie aux Pays-Basques, va diriger la commission d'enquête indépendante sur les violences de Bétharame.
00:08Magali Bess, directrice de cet institut, est l'invité d'ici matin. C'est votre invité, Odile Fort.
00:12Bonjour Magali Bess. Bonjour. Une commission d'enquête indépendante, c'est quoi ?
00:17Alors une commission d'enquête indépendante, ça peut avoir plusieurs sens. Ici, on aura trois objectifs principaux.
00:24Comprendre qu'est-ce qui s'est passé à Bétharame, quelle est l'étendue des violences,
00:27quelles sont les causes du déni, de la durée des violences.
00:32Deuxième fonction, réparer.
00:34Donc, réparer matériellement, réparer symboliquement, individuellement et collectivement pour les personnes victimes de violences sexuelles et de violences physiques.
00:42Et un troisième objectif qui sera prévenir, pour l'avenir, la répétition de ce type de violences.
00:47Mais il existe déjà une commission de reconnaissance et de réparation ?
00:51La commission de reconnaissance et réparation qui est présidée par Antoine Garapon, elle a pour fonction de faire de la réparation individuelle,
00:59qui est pas seulement, mais beaucoup, une réparation financière et elle est
01:03exclusivement destinée aux victimes de violences sexuelles commises par les religieux et donc elle exclut, de fait, beaucoup de victimes de Bétharame.
01:10Et à Bétharame, il n'y avait pas que les religieux qui occasionnaient des violences sur les enfants, mais aussi des laïcs ?
01:16C'est ça, il y avait également des laïcs qui étaient impliqués dans ces violences et qui ne sont pas, pour l'instant, inclus dans le mandat de la commission reconnaissance et réparation.
01:24Et il y a également toute la question des nombreuses victimes de violences physiques qui, elles aussi, sont exclues du mandat de cette commission.
01:31Combien de membres et qui sera membre de cette commission ?
01:34Alors, je ne peux pas encore vous donner le nombre de commissaires.
01:38On peut parler, il y aura évidemment un président qui est Jean-Pierre Macias, on aura des personnalités qui seront des personnalités garantes
01:46des autorités morales qui viendront aussi attester la qualité du travail réalisé.
01:50On aura des commissaires qui seront des juristes, des psychologues, des historiens, c'est ça, tout à fait des historiens, des sociologues et qui viendront réaliser le travail.
02:00Et puis en complément, on aura des représentants, évidemment des victimes, et des enquêteurs qui aideront les commissaires dans leur travail.
02:08Il existe des commissions de ce type dans d'autres affaires, d'autres dossiers ?
02:13Nous, on s'est inspiré de ce qu'on connaît, c'est-à-dire les commissions Vérité qui travaillent notamment sur les crimes de masse en réalité
02:22et qui ont cette fonction de vérité, comme leur nom l'indique, mais aussi de réparation et de non-répétition.
02:28Bétharame, c'est un crime de masse ?
02:30Bétharame, c'est un crime de masse et les violences sexuelles en France, de manière générale, sont un crime de masse, qu'elles soient faites aux enfants ou aux femmes.
02:36On n'oublie pas les hommes, mais la plupart des violences sexuelles concernent les enfants ou les femmes.
02:40Et oui, on a affaire à un crime de masse à la fois par l'ampleur, 160.000 enfants par an, plus de 250.000 femmes victimes de tentatives ou de viols ou d'agressions sexuelles chaque année,
02:49avec une impunité, c'est-à-dire 6.300 condamnations par an.
02:53Donc on voit bien que le rapport entre les condamnations et le nombre de violences montre qu'on a un système qui protège les auteurs de violences sexuelles.
03:02Bétharame, nous en sommes à 175 victimes qui ont déposé plainte. Il y a sans doute des victimes qui n'ont pas déposé plainte.
03:09C'est le but aussi de cette commission de recueillir ces victimes, de recueillir leurs paroles ?
03:14Tout à fait. On sait très bien que c'est jamais l'intégralité des victimes qui va déposer plainte.
03:18Le dépôt de plainte, ça peut tout à fait être une solution, mais ça doit rester un choix aussi personnel de chaque victime.
03:24L'objectif, ce n'est pas de remplacer les procédures judiciaires.
03:28On pourra tout à fait déposer plainte et aller devant la commission d'enquête indépendante.
03:32Et on pourra aussi choisir de n'aller que devant la commission d'enquête indépendante si on n'a pas envie de déposer plainte.
03:37Donc l'objectif, c'est de s'ouvrir à toutes les victimes, qu'elles soient de violences sexuelles ou de violences physiques, qui auront envie de venir parler à cette commission.
03:44Ici Pays Basque, il est 8h20. Magali Bess, la directrice de l'Institut Jouanet, est notre invitée ce matin.
03:49On parle de cette commission d'enquête indépendante sur les violences de Bétharame.
03:53On n'a pas dénombré le nombre d'internes. Les sévices, c'était des années 50 jusqu'aux années 2000.
04:00Donc il y a un grand nombre d'internes. Vous les avez dénombrées, cette masse-là, avec un potentiel de victimes qui ne se sont pas déclarées ?
04:09Ça fera justement partie du travail de la commission. C'est un travail de longue année.
04:13On sait que dans les années 80, il y avait environ 500 élèves par an avec 400 internes.
04:17Donc c'est un nombre potentiellement très élevé. Mais ce sera le travail de la commission d'enquête indépendante.
04:22Comment allez-vous faire ? Combien de temps vous donnez-vous pour accueillir tout le monde ?
04:26Le rapport devra être publié dans un délai d'un an, à compter du démarrage des travaux.
04:31Les commanditaires, ce sont les frères de la congrégation de Bétharame.
04:35C'est eux qui vont tout financer, y compris les voyages des historiens aux archives à Rome, puisqu'ils se sont engagés à vous ouvrir les archives.
04:44Comment être indépendant de ce commanditaire ?
04:48L'indépendance, ce n'est pas parce qu'on met à disposition un budget.
04:52C'est normal que ce soit la congrégation de Bétharame qui finance, puisque ça fait partie des solutions qu'elle a choisies pour assumer sa responsabilité.
04:59Mais ça n'empêche en rien, en fait, l'indépendance, la congrégation de Bétharame ne sera pas juste l'opportunité des dépenses.
05:06La SIAZ était aussi une commission d'indépendance qui a aussi été financée par l'Église.
05:10Donc l'indépendance, elle est garantie d'abord par les commissaires, leur compétence et leur volonté d'indépendance.
05:16Et là-dessus, nous, on a été extrêmement clair, s'il n'y a pas d'indépendance, de toute façon, on arrêtera ce travail.
05:23Depuis quelques semaines, depuis quelques mois, on ne le sait pas, mais vous êtes en lien avec cette congrégation de Bétharame.
05:29Pourquoi ? C'est vous qui êtes entrés en lien avec eux ou c'est eux qui sont entrés en lien avec vous ?
05:34Le lien s'est fait par le biais d'amis basques communs qui connaissaient des victimes et des auteurs à Bétharame.
05:40Ce sont des personnes qui sont catholiques et qui ont été aussi très choquées de ce qu'ils découvraient sur Bétharame et qui nous ont mis en relation.
05:48Et comme la congrégation était déjà dans une démarche de reconnaissance de responsabilité et souhaitait engager un dialogue avec les victimes,
05:55on a accepté de les accompagner dans ce processus de dialogue, évidemment en travaillant à la fois avec la congrégation et le collectif des victimes.
06:03Merci beaucoup Magali Bess. On rappelle qu'aujourd'hui, l'Education nationale mandate une inspection au Boramo, qui est le nom actuel de l'établissement de Bétharame.
06:14La réactrice doit faire un point presse cet après-midi, on en saura un peu plus.
06:18Et Alain Esquerre, le porte-parole des victimes, l'un des porte-parole des victimes de Bétharame, sera reçu également par la ministre ou ses services jeudi 20 mars.
06:27Ça, ça vous réjouit, toutes ces annonces ?
06:31Oui, c'est important et c'est important aussi de comprendre que la commission d'enquête indépendante, elle va travailler en complémentarité avec tous ces mécanismes,
06:37que ce soit la justice pénale, la commission reconnaissance et réparation, le travail de la commission parlementaire ou le travail de l'inspection du ministère de l'éducation nationale.
06:46Elle va pouvoir s'appuyer aussi sur tous ces travaux et on ne sera pas trop nombreux, en fait, pour répondre aux attentes nombreuses et bien normales de toutes les victimes.
06:55Merci Magali Bess et bon courage.
06:57Merci beaucoup.
06:58Merci d'être venu, on vous retrouve sur l'application ici, évidemment, pour pouvoir réécouter cette interview et toutes les autres, d'ailleurs tous les invités sont évidemment sur l'appli.