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00:00Première lecture, hier l'Assemblée Nationale a approuvé à l'unanimité une proposition de loi visant à rénover le métier d'infirmier
00:06avec la création d'une consultation infirmière et je suis ceux pour en parler ce matin, notre invité Corine Innocenti,
00:13coordinatrice du collectif des infirmiers libéraux en colère.
00:15Corine Innocenti, bonjour.
00:16Bonjour.
00:17Merci d'avoir accepté notre invitation. Cette proposition de loi, cette consultation infirmière, c'est un texte que la profession attendait depuis un certain temps.
00:25C'est exact. On l'attend surtout pour... Elle devrait permettre de donner des ressources et des moyens supplémentaires à nos effectifs qui sont vraiment là actuellement en dégringolade
00:37puisqu'on nous annonçait à 640 000 infirmiers en France et on n'est plus que 565 500.
00:43Donc où sont passés les effectifs ? Eh bien, elles se sont reconverties, elles sont parties ces dames et ces messieurs.
00:49Sur cette consultation, l'idée, c'est de mettre sur le papier ce qu'est la mission, ce que vous faites au quotidien.
00:56Ce qu'on fait réellement sur le terrain, il ne s'agit pas d'aller pallier au manque de médecins, il s'agit simplement de reconnaître les faits,
01:03ce que nos équipes réalisent chaque jour en soutien à la population, c'est-à-dire prévention, éducation, guide pour le parcours de soins,
01:13soutien chez les patients qui sont en dépendance, maintien à domicile, etc.
01:19Dans ce texte, il est question de la possibilité pour les infirmiers et les infirmières de prescrire certains produits dont la liste reste à définir à ce stade.
01:26Est-ce que vous allez accepter de faire des prescriptions, des ordonnances comme les médecins par exemple ?
01:31On fait déjà des ordonnances sur le matériel de pansement, les contentions, la contraception, les patches de nicotine par exemple,
01:39mais on ne va certainement pas accepter d'aller prescrire des molécules qui ont des incidences chez les patients pour toujours engager des responsabilités.
01:48En plus, sans derrière, je veux dire, on n'est pas des médecins, on a nos compétences spécifiques, on arrive à travailler par intelligence
01:56et heureusement, puisqu'on sait pertinemment qu'il manque des moyens au niveau des médecins, il en manque maintenant aussi au niveau des infirmiers,
02:04il manque aussi des lits dans les structures, donc on arrive avec des situations de soins de plus en plus complexes à domicile.
02:10Et est-ce que vous avez le temps d'assurer la part, j'allais dire, humaine de votre profession ?
02:16On a le temps, on va dire qu'on est des marathoniennes du soin aujourd'hui, puisqu'on reste avec des tarifs gelés depuis 2009,
02:24donc il faut, toujours pareil, pour compenser tout ça, augmenter nos visites, augmenter nos journées,
02:30on essaye de faire au mieux, de répondre au mieux aux attentes des patients, mais on travaille quand même un petit peu sous pression avec une certaine fatigue
02:38et il faut savoir qu'on a la moitié des effectifs qui désirent jeter la blouse, donc il y a urgence aujourd'hui à prendre en considération tous ces éléments
02:46pour soutenir la profession et d'autant surtout pour les patients, parce que demain, on se demande qui va aller les soigner à leur chevet, qui ira, qui va continuer.
02:57Ici Paye Basquille, 8h20, Corinne Innocenti, coordinatrice du collectif des infirmiers libéraux en colère, est notre invitée.
03:03Mais est-ce que ce texte pourrait agrandir le champ de vos missions ? Est-ce que vous pourriez être amenée à faire d'autres choses ?
03:09On a entendu parler d'expérimentations qui se font déjà au niveau, on s'aperçoit qu'on a souvent des expertises plutôt nocturnes,
03:17où on pourrait pallier au manque d'effectifs infirmiers et notamment de médecins dans les EHPAD.
03:23On sait qu'on est amené aussi, avec les équipes du SAMU, ça existe déjà, on a une CPTS dans le secteur qui est quand même très bien organisée,
03:34qui nous permet, sur appel du 15, d'aller visiter un patient et de donner un premier avis, mais toujours en coordination avec le médecin.
03:43Il n'y aura pas d'infirmiers sans un soutien derrière.
03:47Il y a certains médecins qui se disent que, vu qu'il y a un manque de médecins, qu'il y a des déserts médicaux,
03:52que finalement peut-être les infirmières pourraient faire office.
03:55Alors nous ce qu'on veut c'est avoir l'accès direct à ce qui est de notre rôle propre.
04:00Qu'est-ce que le rôle propre infirmier ? C'est tout ce qui est la continuité de soins, le rôle de soutien aux patients, prévention.
04:06Il ne s'agit pas d'aller renouveler des ordonnances.
04:09Bien évidemment qu'à domicile, on alerte sur des situations, on est là un petit peu en première ligne.
04:16On est des relais, on arrive à organiser des hospitalisations quand le médecin ne peut pas se déplacer à domicile.
04:22Ils nous font confiance, mais on ne peut pas, je veux dire, prendre leur place comme eux ne pourront pas prendre la nôtre.
04:29Aujourd'hui on assiste surtout à un manque de moyens général qui font perdre des chances à nos patients.
04:36Et on a des familles parfois qui sont en colère parce qu'ils cotisent et n'arrivent pas à accéder à un service normalement.
04:45Ça commence à être tendu, on a des manques, on voit bien avec la polyclinique à Saint-Jean-de-Luz où il y a un manque d'accès.
04:51Nous parfois on a des patients qui nous appellent parce qu'ils n'arrivent pas à accéder et qui nous demandent conseils.
04:57Bon, on essaye de les accompagner du mieux que l'on peut, mais on n'est pas des médecins.
05:01En deux mots, il y a un an vous étiez descendu dans la rue pour dire notre pouvoir d'achat a un problème, nos actes n'ont pas été revalorisés depuis 2009.
05:10On en est à se dire que, comme tout travailleur français, on est tous écrasés.
05:16Le danger pour nous c'est que la victime c'est les patients, la victime c'est la population.
05:21C'est-à-dire que quand il n'y a plus d'accès suffisant aux soins, on a des patients qui font perdre des chances.
05:27On a des fois des situations où on ne va pas pouvoir hospitaliser un patient qui décline parce qu'il n'y aura pas de lit.
05:33Ou on ne va pas pouvoir avoir dans la journée une visite du médecin parce qu'il est overbooké.
05:38Donc on est là à essayer de faire avec nos petits moyens, à essayer d'alerter.
05:43Voilà, ça on le fait.
05:44Une dernière question madame Innocenti, il y a un collectif de soignants qui appelle à une journée morte aujourd'hui pour dénoncer les violences subies par les soignants, les paramédicaux.
05:51Est-ce que c'est une question qui concerne aussi le monde infirmier ?
05:54Mais bien évidemment, on est dans une usine où il manque des bras et des moyens.
05:58Donc qu'est-ce qui se passe quand ça dysfonctionne ?
06:00Les populations sont parfois en colère.
06:03On a des patients qui souffrent de troubles psychiatriques qu'on pouvait suivre à la maison, mais qui sont en faute de moyens.
06:10Quand je vous dis qu'on a des petites séances pour aller donner des traitements à des patients psychiatriques à moins de 3 euros, et vous risquez de vous mettre en danger.
06:17Moi, ça m'est arrivé d'être séquestré par un patient qui était sous tutelle et qui réclamait des ressources.
06:24Et je suis resté très calme.
06:25Mais on a aussi des familles qui poussent colère parce qu'ils se retrouvent avec leurs patients très âgés, dépendants, et qui n'ont pas de solution.
06:33On leur demande de travailler et de s'occuper de leurs aînés.
06:37Donc à un moment donné, cette colère, il la déverse sur qui ?
06:40Sur les gens qui sont en première ligne, sur les soignants.
06:43Merci Corinne Innocenti d'avoir accepté notre invitation.
06:46Merci à vous de nous mettre la profession à l'honneur.
06:48Et on vous retrouve en podcast, en images aussi, sur le site ICI.fr.

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