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00:00On poursuit notre retour 5 ans en arrière avec la décision d'Emmanuel Macron de confiner la France.
00:05Et oui, c'était il y a 5 ans, on s'en souvient tous et donc, je le disais, Clémence Ledoux, vous travaillez,
00:11vous êtes maître de conférence en sciences politiques à l'Université de Nantes
00:14et vous avez travaillé sur les effets du Covid, notamment sur le métier d'aide à domicile.
00:18Est-ce que, selon vous, cette crise, finalement, a permis de faire avancer un peu leurs conditions de travail
00:24et la cause de ces aides à domicile ?
00:27Alors, il est vrai que cette crise a rendu cette catégorie professionnelle plus visible
00:33dans l'espace public qu'elle ne pouvait l'être jusque-là.
00:36On a vu dans cette catégorie professionnelle qui a assez fragmenté entre des statuts différents,
00:42on a pu voir des augmentations de salaires, notamment dans le secteur associatif,
00:48qui ont été assez importantes.
00:50Mais malheureusement, comme vous le savez, on a eu un phénomène d'inflation
00:54qui a impliqué une forme de rattrapage des augmentations de salaires qui avaient pu être obtenues.
01:01Donc, effectivement, cette profession a été rendue visible dans l'espace public,
01:05mais cinq ans après, finalement, on a l'impression que ce mouvement de reconnaissance s'essouffle d'une certaine façon.
01:14Elles étaient invisibles, on n'a jamais autant parlé d'elles,
01:16et puis finalement, la vie reprend son cours normal quelque part,
01:20et l'invisibilisation pourrait revenir.
01:24Est-ce que c'était d'ailleurs le cas ailleurs en Europe,
01:26ou est-ce que malgré tout, le fait qu'on s'intéresse particulièrement à ces professions,
01:31c'était une spécificité française ?
01:33Alors, on s'aperçoit finalement, en comparant ce qui s'est passé dans d'autres pays,
01:40que la France est un pays dans lequel des mesures de protection
01:44et de reconnaissance de ses salariés ont été mises en place.
01:48Quand on pense, par exemple, à la situation britannique,
01:51où certaines de ces aides à domicile n'avaient pas d'indemnité si elles étaient malades,
01:57donc certaines ont même continué à travailler alors qu'elles étaient malades,
02:01donc les protections ont été très différentes.
02:03Dans certains pays, ce sont essentiellement des femmes qui s'occupent de personnes âgées à domicile,
02:11on pense à l'Italie, ou même à l'Allemagne, ne sont pas déclarées.
02:15Donc évidemment, pour les reconnaître ou les protéger, c'était très difficile.
02:20Et ces aides à domicile, elles intervenaient notamment chez les personnes âgées.
02:24Vous avez travaillé, vous, sur une résidence à Nantes, résidence senior,
02:29avec aussi le regard du coup des résidents,
02:32comment ils ont vécu ce rapport et cette période particulière,
02:35et ce rapport avec leurs aides soignantes.
02:37Tout à fait, donc Marion Gaborio, dans l'équipe Covicare,
02:40a travaillé sur une résidence à service à Nantes,
02:43et donc on s'aperçoit que dans cette résidence,
02:46il y a eu une restriction de l'accès des familles,
02:50qui a été d'ailleurs vécue assez mal par les résidents.
02:55Et on s'aperçoit, on a aussi fait des enquêtes sur d'autres personnes âgées à domicile,
03:00donc évidemment, la situation en EHPAD à domicile, dans les résidences à service, était différente.
03:05Et on s'est aperçus que finalement, les personnes qui avaient déjà perdu leur autonomie
03:11avant la crise sanitaire, ont peut-être moins ressenti les effets du confinement,
03:19alors que les personnes qui n'avaient pas beaucoup perdu leur autonomie,
03:25au contraire, ont beaucoup plus ressenti les effets du confinement.
03:29Ils ont plongé d'un coup, quelque part.
03:30Exactement.
03:31Ils ont plongé d'un coup.
03:32Cinq ans après, quelle conclusion vous tirez de tout ça ?
03:37Les conclusions que l'on peut retirer,
03:41c'est que finalement, dans cette période particulière,
03:45il a été capable de se mobiliser pour ce métier,
03:50avec, on a vu, des échanges qui étaient assez denses au niveau national,
03:54mais aussi à l'échelle départementale.
03:57Et aujourd'hui, il y a une pénurie de main-d'œuvre qui est très importante,
04:02dans ce secteur, j'ai compris, en Loire-Atlantique, à Nantes.
04:05Et donc, on voit bien que ce métier a un besoin de reconnaissance.
04:10Et donc, si jamais on n'arrive pas à davantage le valoriser,
04:14on va se retrouver dans une situation difficile
04:17pour aider les personnes âgées à domicile.
04:20En fait, tout le défi, c'est de ne pas revenir totalement à la situation d'avant Covid,
04:24cinq ans après.
04:25Exactement.
04:26Merci d'être venue ce matin nous expliquer tout ça, Clémence Ledoux.
04:29Je rappelle que vous êtes universitaire à Nantes, maîtresse de conférences en sciences politiques,
04:32et que vous avez donc travaillé dans le cadre de cette étude Covidère
04:35avec d'autres collègues sur les effets du Covid sur notre société,
04:38et plus précisément sur les aides à domicile.
04:41Bonne journée à vous.