• il y a 2 semaines
Invités cette semaine :
- Constance Le Grip, députée EPR des Hauts de Seine,
- Ian Brossat, sénateur communiste de Paris.

Parlement Hebdo est au coeur de l'actualité politique pour vous faire vivre cette année parlementaire inédite.
Chaque vendredi c'est le tour d´horizon complet d'une semaine au Parlement. Kathia Gilder (LCP-Assemblée nationale) et Alexandre Poussart (Public Sénat) passent en revue les événements et les discussions en séance ou en commission.
Cette saison, une nouvelle formule : un débat entre un député et un sénateur sur les grands sujets qui rythment la vie du Parlement.

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Transcription
00:00– Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
00:09– Bonjour à tous, très heureux de vous retrouver
00:11pour un nouveau numéro de Parlement hebdo,
00:13l'émission qui revient sur les temps forts de la semaine au Parlement.
00:15– Et comme chaque semaine, nous vous proposons un débat
00:17entre un député et un sénateur, aujourd'hui Constance Legrippe.
00:20Bonjour, vous êtes députée Ensemble pour la République des Hauts-de-Seine,
00:24ancienne Eurodéputée et vous débattez avec Yann Brossat.
00:27– Bonjour, sénateur communiste de Paris, on parle de l'Ukraine.
00:31– Oui, un débat cette semaine consacré à la guerre en Ukraine,
00:34alors que Vladimir Poutine, le président russe,
00:36est favorable à un cessez-le-feu sous réserve.
00:38L'Assemblée nationale, de son côté, a voté mercredi
00:41une résolution symbolique de soutien à l'Ukraine,
00:44mais ce texte n'a pas fait l'unanimité.
00:47Et puis, comment financer le réarmement de notre défense ?
00:50Faut-il augmenter les impôts, réduire les dépenses publiques
00:53ou encore demander aux Français de travailler plus longtemps ?
00:55Les solutions sont multiples, mais les avis divergent au Parlement.
01:00– Mais d'abord, on va réécouter Vladimir Poutine,
01:02le président russe, qui s'est dit favorable à un cessez-le-feu,
01:06mais sous conditions.
01:08– Nous sommes d'accord avec les propositions visant à mettre fin aux hostilités,
01:14mais nous pensons que cet arrêt doit être un arrêt qui mène à une paix durable
01:19et qui s'attaque aux causes profondes de cette crise.
01:22– Précisons que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky,
01:25a mis en garde, contre, je cite,
01:26les paroles manipulatrices de Vladimir Poutine.
01:29Constance Legrip, cet accord de principe de Vladimir Poutine
01:32pour une trêve de 30 jours sous condition,
01:35est-ce que pour vous, c'est déjà un petit, un premier pas vers la paix ?
01:40– Je ne suis pas très sûre d'entendre dans les propos récents de Vladimir Poutine
01:46un accord constructif, positif, sincère, en faveur d'un cessez-le-feu.
01:54Je pense qu'il a compris que la pression américaine étant là,
01:59il fallait qu'il se livre à quelques déclarations d'intention,
02:02mais qui sont somme toute assez vagues, assez floues,
02:06et il insiste tellement sur les conditions,
02:08que je n'hésiterai pas à qualifier de dictates,
02:11que je mets vraiment en doute la sincérité de l'accord de principe.
02:16– Je reprends vos mots, donné par Vladimir Poutine,
02:19à mon avis, il cherche à gagner du temps,
02:20il cherche à gagner du temps pour continuer et intensifier
02:24un certain nombre d'opérations militaires,
02:26il continue à bombarder, il continue à pilonner,
02:30donc non, je ne vois pas là de choses très, très encourageantes,
02:34même s'effectivement il n'a pas à claquer la porte au nez des négociateurs,
02:40je reste extrêmement sceptique.
02:41– Yann Brossat, ce n'est pas un premier signal vers la paix,
02:44cet accord sous réserve, avec beaucoup de réserve de Vladimir Poutine
02:47pour une cessation des combats ?
02:49– Aller vers une perspective de cesser le feu,
02:51en soi, c'est évidemment une perspective positive,
02:54et je pense que de ce point de vue-là, tout le monde s'en réjouirait,
02:58tout le monde se réjouirait du fait que le bruit des armes cesse,
03:01simplement, effectivement, lorsqu'on entend le contenu
03:04des propos de Vladimir Poutine,
03:05il y a de quoi entretenir un certain nombre de doutes,
03:08et il ne faudrait pas que cette perspective de cesser le feu
03:12se fasse au prix d'une humiliation de l'Ukraine,
03:14et d'un non-respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
03:17Or, si ce cesser le feu se faisait au prix de ce que Vladimir Poutine dit,
03:23aux conditions qu'il pose dans son intervention d'hier,
03:27ce serait inévitablement le cas.
03:29Ce que je regrette, c'est que dans ces discussions,
03:31l'Union européenne est quand même sacrément marginalisée,
03:34sans doute parce qu'elle n'a pas été capable
03:36de mener ce type d'offensive diplomatique.
03:38Et donc, ce que je souhaite, c'est que nous puissions travailler
03:41à la fois à un cesser le feu, qui, une fois de plus,
03:44respecte la souveraineté de l'Ukraine,
03:47et que dans le même temps, nous puissions tracer
03:49des perspectives de paix durable,
03:50pas simplement un cesser le feu de quelques semaines,
03:53mais une perspective de paix.
03:54Aujourd'hui, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on n'y est pas.
03:57– Vous regrettez l'absence de l'Union européenne
04:00dans les négociations, on a l'impression que l'Europe n'est…
04:03– Alors, on est tout au début du commencement de l'amorce de négociations,
04:07même s'il y a eu cette rencontre assez spectaculaire à Jeddah.
04:11L'histoire mettra certainement un certain nombre de choses au clair,
04:15peut-être que ça prendra un petit peu de temps,
04:16mais peut-être que l'histoire retiendra que la proposition de cesser le feu,
04:22qui a été conjointement travaillée, écrite, élaborée
04:25par le Royaume-Uni et la France,
04:28que le président Macron était venu présenter
04:31dans le bureau ovale du président américain à Washington
04:35il y a une quinzaine de jours, qui a été repris, endossé
04:38par la partie ukrainienne, par Zelensky, aura servi de base
04:42à ce qui est le début de commencement d'une amorce d'accord,
04:46en tout cas telle qu'elle a été présentée à Jeddah par les négociateurs.
04:51Donc il y a eu ce travail européen, sous l'égide du Royaume-Uni et de la France,
04:56d'ailleurs soutenu par les autres pays de l'Union européenne,
04:59qui est quand même la trame à partir de laquelle
05:01on essaie de déployer des conditions normales,
05:05je dirais loyales, de discussions et de négociations.
05:08– Alors dans ce contexte à l'Assemblée nationale,
05:10les députés ont adopté une proposition de résolution de soutien à l'Ukraine,
05:14mais ce texte n'a pas fait l'unanimité.
05:16La question des avoirs russes, je l'ai, a également divisé.
05:20Les explications d'Elsa Mondingava.
05:24– Pour 288, contre 54, l'Assemblée nationale a adopté.
05:32– Un soutien indéfectible à l'Ukraine,
05:34très largement adopté, mais loin de faire l'unanimité.
05:38Dans l'hémicycle, ce mercredi, débats houleux,
05:40notamment entre le Rassemblement national et les soutiens du gouvernement.
05:44– Puisque je vois sur ces bancs quelques vattes en guerre,
05:47moi je vous encouragerais à envisager d'échanger vos mocassins à pampilles
05:52et vos vestons croisés contre des Rangers et des gilets pare-balles.
05:56– Les seuls vattes en guerre qui existent, ils sont au Kremlin,
05:59ils sont à Moscou, ce sont vos amis,
06:01vous les avez soutenus pendant des décennies.
06:03– Dans la proposition de résolution qui appelle à renforcer le soutien à l'Ukraine,
06:08deux points ont fait plus spécifiquement débat.
06:11La référence à l'adhésion du pays à l'Union européenne,
06:14que le texte propose dans sa version amendée, d'accompagner.
06:18– Nous, nous avons le droit, et c'est notre souveraineté aussi,
06:21de dire que nous ne voulons pas, au sein de l'Union européenne,
06:25d'un pays où le SMIC est à 200 euros.
06:27– Autre divergence sur la question des avoirs russes
06:30et la possibilité de les utiliser pour aider l'Ukraine.
06:34– Mais je pense qu'il faut y aller quoi, il faut y aller,
06:36on va pas aller leur prendre, on va leur dire qu'on va le faire,
06:38et ils viendront négocier, voilà.
06:40– Les insoumis et les communistes ont voté contre,
06:43l'ERN et l'UDR se sont abstenus, le reste des groupes a voté pour.
06:48Un débat dans l'hémicycle qui illustre les divisions
06:50de la classe politique française en matière de politique internationale.
06:55– Yann Brossat, vos collègues, les députés communistes,
06:57ont voté contre cette résolution de soutien à l'Ukraine,
06:59pourquoi ce refus au moment où l'Ukraine a plus que jamais besoin
07:03du soutien de la France et des Européens ?
07:05– Pour une raison assez simple, c'est que nous sommes des gens sérieux
07:07et donc nous lisons ce que nous sommes amenés à voter.
07:10Et en l'occurrence, il y a deux choses très différentes.
07:13Il y a la nécessité d'un soutien financier, militaire,
07:16diplomatique à l'Ukraine, je l'ai dit tout à l'heure,
07:19il n'y a aucun sujet pour nous là-dessus et nous serons toujours
07:21au rendez-vous de ce point de vue-là.
07:22Simplement, dans cette résolution, il y a d'autres choses qui sont dites
07:26et notamment la perspective d'une entrée de l'Ukraine au sein de l'Union européenne.
07:31Et donc, lorsqu'on envisage l'entrée d'un pays supplémentaire
07:34dans l'Union européenne, il faut en mesurer les conséquences
07:37et notamment les conséquences pour les travailleurs français.
07:40Effectivement, ça a été dit dans le cadre du débat à l'Assemblée nationale,
07:44ça pose la question du dumping social.
07:46Quand vous faites entrer dans l'UE, un pays qui a un salaire minimum de 200 euros,
07:50200 euros, ça a inévitablement des conséquences,
07:53ça conduit au fait qu'on tire tout le monde vers le bas et qu'on dira
07:57aux travailleurs français, si vous n'acceptez pas des efforts supplémentaires,
08:00on délocalisera votre entreprise vers l'Ukraine.
08:03D'ailleurs, c'est déjà le cas, on l'a vécu avec la Pologne,
08:06on l'a vécu avec la Roumanie, on le vit en ce moment même,
08:09où on continue à avoir des usines qui partent vers ces pays-là.
08:12Je rajouterais une chose, en Pologne, en Roumanie,
08:15le salaire minimum, il est à 800 euros.
08:17Imaginez ce qui se passera demain avec un pays dont le salaire minimum
08:20est à 200 euros, c'est-à-dire 4 fois moins que la Roumanie et que la Pologne.
08:25Donc, qu'on apporte notre soutien diplomatique, financier,
08:28militaire à l'Ukraine, 1000 fois oui.
08:30Qu'on fasse entrer l'Ukraine dans l'Union européenne, c'est un autre débat.
08:33Constance Legri, vous étiez l'oratrice principale pour votre groupe
08:36lors de ce débat à l'Assemblée nationale, il y a eu beaucoup de tumultes,
08:39la question ukrainienne a divisé certains groupes,
08:43même si la proposition de résolution a été votée.
08:45Est-ce que vous entendez les réserves émises par le sénateur Yann Brossat ?
08:49Est-ce que vous comprenez qu'il n'y ait pas eu d'union nationale
08:52lors de ce débat à l'Assemblée ?
08:54Je les entends et je les écoute, comme je les ai entendues et écoutées
08:58mercredi soir dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
09:01D'ailleurs, formulée dans des termes à peu près équivalents,
09:04s'agissant de la perspective d'une adhésion future, un jour,
09:09de l'Ukraine à l'Union européenne, à peu près dans les mêmes termes,
09:11tant par la France insoumise, les communistes
09:14que les députés du Rassemblement national.
09:15Je suis obligée de le constater, cette alinea parmi les quelques 65-66 alineas
09:21que comptait la proposition de résolution européenne
09:23a été particulièrement mise en avant, un peu comme prétexte,
09:25en tout cas chez certains, particulièrement au sein du groupe du Rassemblement national,
09:29pour ne pas adhérer à la proposition de résolution.
09:33Moi, je veux être extrêmement claire et puis dire très très calmement
09:37que pour nous, effectivement, la perspective européenne
09:42doit être donnée à l'Ukraine, qui est d'ailleurs officiellement
09:45un candidat à l'entrée dans l'Union européenne
09:48et c'est une candidature que notre pays, la France, soutient et accompagne.
09:54Maintenant, un certain nombre de choses doivent être précisées.
09:56Je rappelle que les critères d'adhésion pour entrer un jour dans l'Union européenne
10:01sont assez strictes, les procédures de négociation et d'accomplissement
10:06critère par critère d'un certain nombre d'objectifs en matière d'état de droit,
10:10en matière de liberté publique et individuelle,
10:14en matière de lutte contre la corruption, en matière économique et sociale, etc.
10:18sont extrêmement longs, extrêmement exigeants.
10:21Je prends, pour exemple, l'une des dernières adhésions que nous avons eues à connaître,
10:24la Croatie. La Croatie, petit pays, entre guillemets,
10:26par sa taille géographique et son poids économique, a mis 10 ans.
10:30Donc, on est quand même dans un processus très très long.
10:32Simplement apporter une perspective européenne à l'Ukraine est quelque chose
10:35qui me semble très important pour assurer la stabilité, la sécurité de notre continent.
10:40– Justement, on va revenir sur les questions sécuritaires,
10:43car il y a ce débat sur la nécessité de se réarmer, réarmer l'Europe, réarmer la France,
10:47face à la menace russe.
10:49Sian Brossat, est-ce qu'on peut faire la paix à Vladimir Poutine
10:51sans garantir notre sécurité et sans se réarmer ?
10:54– Non, bien sûr qu'il y a besoin de se réarmer.
10:56– Plus de dépenses militaires ?
10:57– Moi, je n'ai aucun problème là-dessus.
10:58Évidemment qu'il y a besoin que la France,
11:01que les pays de l'Union Européenne de manière générale, puissent être autonomes.
11:05Et a fortiori, en voyant aujourd'hui l'attitude nouvelle des États-Unis,
11:09il y a besoin d'une autonomie stratégique des pays de l'Union Européenne,
11:13de l'Union Européenne de manière générale.
11:15Là-dessus, une fois de plus, il n'y a pas de débat.
11:17– Donc les communistes ont pour une hausse des dépenses militaires ?
11:19– Simplement, ça soulève deux questions.
11:21La première question, c'est notre capacité à disposer d'une industrie militaire.
11:27Nous-mêmes, qui fasse que nous ne soyons pas dépendants,
11:29de ce point de vue-là, des États-Unis.
11:31Quand vous voyez que, au sein des gens,
11:32j'entends parler tous les matins d'Europe de la Défense,
11:34quand vous voyez qu'aujourd'hui, 60% des dépenses militaires
11:38des pays de l'Union Européenne vont vers l'achat d'armes
11:43qui viennent de pays extérieurs à l'Union Européenne,
11:46et notamment des États-Unis, ça pose une question redoutable.
11:49C'est-à-dire quand même, excusez-moi de relever ce paradoxe,
11:52qu'on nous explique qu'il va falloir se protéger des États-Unis
11:55en achetant des armes aux Américains.
11:57Donc, ça pose la question de notre souveraineté industrielle.
12:00Dans un moment, bien sûr qu'on a besoin d'avoir des dépenses militaires
12:06qui nous permettent de garantir notre sécurité.
12:08Il y a besoin aussi, je le redis, que nous puissions acheter français.
12:13Et pour que nous puissions acheter français,
12:15cela suppose que nous préservions notre industrie.
12:17Et je le dis à un moment où notre industrie est proprement dépecée,
12:22notamment dans le domaine industriel.
12:23Quand vous voyez qu'on est en train de lâcher une entreprise comme Vancorex,
12:27qui est pourtant indispensable pour produire le carburant de nos missiles,
12:31ça pose une question redoutable.
12:32On peut faire de grandes phrases, une fois de plus, sur notre souveraineté.
12:35Si dans le même temps, on laisse filer notre industrie,
12:38et notamment celle qui est indispensable pour pouvoir nous réarmer,
12:42ça renvoie à une contradiction majeure dans le discours du Président de la République.
12:48– Je crois qu'il n'y a aucune contradiction,
12:50et au contraire beaucoup de cohérence, de constance et d'opiniâtreté
12:53dans les choix stratégiques et industriels faits par la France,
12:58et notamment à travers deux lois de programmation militaire.
13:01Depuis le premier quinquennat d'Emmanuel Macron,
13:03il y a clairement un engagement très fort, très clair de notre pays
13:08pour aller vers plus d'armement, plus de budget consacré à nos armées,
13:14et l'identification de toutes les formes de menaces.
13:18Les objectifs de la dernière loi de programmation militaire votée par le Parlement,
13:23que mon groupe ainsi que tous les groupes du Bloc central ont voté,
13:27et très clairement indiqué, autonomie stratégique, réarmement, augmentation du budget.
13:35Cette dernière loi de programmation militaire,
13:37413 milliards d'euros pour nos armées d'ici 2030,
13:42cette année 50,5 milliards d'euros pour la Défense.
13:46– Presque une économie de guerre en fait.
13:48– En tout cas, un effort budgétaire consenti par le Parlement,
13:55par nos compatriotes absolument considérable,
13:57et d'autres pays font également depuis plusieurs années
14:01des pas en avant substantiels, qu'il y a encore beaucoup à faire,
14:04et c'est tout l'objet de la mobilisation européenne
14:07à laquelle le Président de la République ne cesse d'appeler,
14:10et ce je dirais, autonomie stratégique européenne,
14:12vous l'avez dit, souveraineté,
14:14vous l'avez dit depuis son discours de la Sorbonne de 2017.
14:18– Alors dans le débat de l'Assemblée nationale,
14:19il y a également des divisions sur la question des avoirs russes,
14:22les avoirs russes gelés par l'Union Européenne
14:24depuis l'invasion de l'Ukraine,
14:27210 milliards d'euros d'avoirs de la Banque Centrale de Russie
14:31qui sont dans les banques européennes,
14:33Yann Brossat, est-ce qu'il faut les utiliser ?
14:35– Moi sur le principe, j'y suis favorable, ils sont déjà gelés,
14:38les intérêts de ces avoirs sont aujourd'hui utilisés
14:41pour l'effort financier vis-à-vis de l'Ukraine,
14:44tout ça ne me pose aucun problème,
14:45qu'on puisse les confisquer,
14:47sur le principe, une fois de plus,
14:48il n'y ait aucune espèce d'hostilité,
14:50très honnêtement, je préfère qu'on finance cet effort de guerre,
14:54cet effort de réarmement en utilisant ces avoirs
14:56plutôt que de demander des efforts supplémentaires aux Français.
14:59– Les intérêts de ces avoirs, c'est 3 milliards d'euros par an.
15:02– Vous avez raison, simplement, ce que je relève aujourd'hui,
15:08c'est que ce sont les ministres eux-mêmes,
15:10en l'occurrence M. Haddad et M. Bompard,
15:14qui expliquent que c'est une perspective qui est impossible,
15:17ils disent qu'on n'a pas aujourd'hui la possibilité de confisquer ces avoirs.
15:21M. Lombard, vous avez raison, ministre de l'économie,
15:25c'est eux qui le disent, donc ce que je trouve,
15:29pour être tout à fait sincère, un peu terrible,
15:34c'est que sur un débat sérieux comme celui-là,
15:37on se retrouve à un niveau de politique aérien un peu minable,
15:40avec le président du groupe macroniste M. Attal,
15:44qui monte au créneau pour dire qu'on va confisquer ces avoirs,
15:47qui fait d'une certaine manière de la surenchère,
15:49et des ministres macronistes, et un président de la République,
15:52qui dit que ce n'est pas possible, excusez-moi, accordez vos violons,
15:55parce que je ne comprends plus bien
15:57quelle est la position du camp présidentiel sur ce sujet,
16:00et ce n'est pas un sujet mineur.
16:01– Alors moi, je tiens simplement à remettre un peu les choses en perspective,
16:04je suis un parlementaire très attaché à ce que le Parlement,
16:09alors on peut parler de diplomatie parlementaire,
16:11on peut parler de résolution, on peut parler d'expression politique
16:15à travers les votes des résolutions, par exemple, que nous portons,
16:19et donc, en tant que parlementaire,
16:21effectivement, j'ai porté la parole du groupe Ensemble pour la République,
16:25et la position de Gabriel Attal,
16:27pour appeler à ce que, effectivement, on soit sérieusement envisagé,
16:30explorer toutes les pistes possibles
16:32pour aller vers cette confiscation des avoirs russes.
16:35Je l'ai, j'observe qu'au sein du Parlement européen,
16:38le sujet est également abordé depuis plusieurs semaines maintenant,
16:42qu'une résolution, tout récemment, à Strasbourg,
16:45mercredi, a également été votée très largement
16:48pour appeler à cette confiscation.
16:50– Et pourquoi le gouvernement français ne vous suit pas ?
16:52– Alors, à ce stade, j'entends la porte-parole du gouvernement Sophie Prima,
16:58qui a dit encore tout récemment qu'effectivement,
17:00il y avait une réflexion qui était engagée à Bercy,
17:03plusieurs pistes peuvent être explorées,
17:06très franchement, c'est un peu technique,
17:08mais enfin, il peut y avoir le collatéral.
17:10– Mais c'est juste des pistes pour le moment, il n'y a pas de décision.
17:12– La prise de décision, elle sera prise au moment opportun.
17:14Nous souhaitons effectivement, nous,
17:16porter cette proposition dans le débat.
17:18Le Président de la République, dans son adresse au français le 5 mars,
17:22a appelé l'ensemble des familles politiques à faire des propositions,
17:24notamment pour financer à la fois l'effort militaire,
17:28l'effort d'accompagnement que nous devons poursuivre et amplifier.
17:32– Mais il y a eu de la résistance ukrainienne.
17:34Alors, j'entends très bien toutes les réserves qui sont émises par les uns et par les autres.
17:38Nous pensons qu'il y a,
17:40et d'ailleurs c'est actuellement une réflexion qui est menée de manière accélérée,
17:44partout en Europe, tant la pression politique et parlementaire se fait jour
17:48dans de nombreux pays européens.
17:50D'ailleurs, certains exécutifs européens ont déjà fait connaître
17:54qu'ils commençaient à envisager sérieusement ce sujet.
17:56Je pense que non seulement il y a des pistes techniques, juridiques,
18:00à mettre en œuvre assez rapidement,
18:02pour un nouveau collatéral, pour un nouvel emprunt,
18:04un nouveau prêt très important à l'Ukraine, etc.
18:06Et puis surtout, il faut envoyer des messages forts.
18:10Il faut envoyer également des messages forts à la Russie,
18:14y compris le jour où il y aura de vraies négociations.
18:18Ça fait partie des leviers de pouvoir et de pression
18:22que nous pouvons brandir face à l'agresseur russe.
18:26Et c'est à l'agresseur de payer, c'est à l'agresseur de payer.
18:30Il y a une réaction rapide.
18:32Excusez-moi, mais je ne pense pas que nous puissions être perçus
18:34à l'échelle internationale, y compris par la Russie,
18:38comme des gens sérieux, dès lors que vous avez
18:40un président de la République qui dit une chose
18:42et les députés qui le soutiennent qui disent autre chose.
18:44Tout ça nous décrédibilise plutôt qu'autre chose.
18:46Et je voyais d'ailleurs un député de chez vous, je crois,
18:50à l'Assemblée nationale, on le voyait dans la vidéo tout à l'heure,
18:52qui disait, nous allons le dire mais nous n'allons pas le faire.
18:54Enfin, excusez-moi.
18:56Quand vous voulez mettre la pression sur un chef d'État,
18:58à fortiori sur Vladimir Poutine,
19:00on ne dit pas des choses pareilles.
19:02Et on décrédibilise la parole des parlementaires
19:04et la parole du pays qu'on représente.
19:06On joue notre rôle en tant que parlementaires.
19:08On joue notre rôle.
19:10Au-delà de ce débat sur les capitaux russes gelés,
19:13c'est la question du financement de notre défense qui se pose.
19:16Faut-il créer un nouvel impôt, réduire nos dépenses publiques
19:19ou demander aux Français de travailler plus longtemps ?
19:22Les sénateurs sont divisés sur les moyens pour trouver cet argent.
19:29Emmanuel Macron l'avait promis dans son allocution aux Français,
19:33l'effort de défense sera financé sans augmenter les impôts.
19:37Irréaliste pour la droite au regard de l'État des finances publiques.
19:41Pas de dettes, pas d'impôts, pas de remise en cause des dépenses sociales.
19:45C'est intenable. Nous devons la vérité aux Français.
19:48Donc nous devons avoir du courage pour réformer.
19:50L'effort de guerre ne devra pas se faire non plus
19:53sur le dos de la transition énergétique, rappellent les écologistes,
19:57alors que nos importations d'hydrocarbures russes aident Vladimir Poutine
20:01dans sa guerre d'agression en Ukraine.
20:03Il faut donc d'abord taxer les riches, affirme Mélanie Vogel.
20:07Demandez aux Français de payer des chars avec leur service public et leur retraite
20:11pendant que des super-riches achètent des yachts grâce aux impôts qu'ils ne payent pas.
20:15C'est impossible. Si vous faites ça, vous minerez l'indispensable soutien citoyen
20:20à l'effort de guerre, mais vous jetterez par centaines de milliers
20:23des électeurs dans les bras de ceux qui préfèrent se soumettre à Poutine.
20:27Les socialistes, quant à eux, mettent une proposition sur la table,
20:31lancer un nouveau livret d'épargne dédié à la défense nationale
20:35sur le modèle du livret A, une idée a priori écartée par le gouvernement.
20:40Nous sommes favorables, avec une proposition de loi qui a été portée par Rachid Temal,
20:44à la création d'un livret souveraineté-défense spécifique
20:48où les Français les plus volontaires pourraient contribuer à l'effort national.
20:51Je ne suis pas sûr qu'un livret dédié soit une solution,
20:55puisqu'il y a déjà beaucoup d'outils d'épargne qui existent,
20:58et c'est surtout cette épargne que nous souhaitons mobiliser,
21:00afin que les Françaises et les Français participent à cet effort.
21:04Pour mobiliser l'épargne privée, Eric Lombard a annoncé qu'il réunira
21:08les acteurs de la finance et les industriels de défense à Bercy jeudi prochain.
21:13Yann Brossat, on est dans un contexte économique assez compliqué pour la France,
21:17une économie qui tourne au ralenti. On a déjà un niveau de prélèvement obligatoire
21:20assez élevé. Est-ce que l'idée d'un nouvel impôt, d'une nouvelle taxe pour la défense,
21:24ce serait une bonne idée ?
21:25C'est le cœur du débat. Enfin, on y vient. Qui paye ?
21:27Parce que c'est évidemment très heureux de dire tous les matins
21:30qu'on va dépenser des centaines de milliards d'euros supplémentaires
21:33pour nos dépenses militaires, mais à un moment donné,
21:35il faut aborder le cœur du sujet. Et en l'occurrence,
21:37ça pose une question fondamentale, qui est la question de la justice fiscale.
21:40Je vous le dis très honnêtement, pour nous, l'idée même
21:43qu'on puisse demander des efforts supplémentaires aux travailleurs
21:46de notre pays qui n'en peuvent déjà plus, aux Français qui sont déjà privés
21:49de services publics, avec un hôpital qui est dans une situation pathétique,
21:53des fermetures de classes pour la rentrée scolaire dans notre école publique
21:56qui sont massives, l'idée qu'on puisse sacrifier le service public
21:59ou demander des efforts supplémentaires au monde du travail,
22:02c'est hors de question. Et donc, inévitablement,
22:04il faudra se poser la question de la justice fiscale dans un pays
22:07qui, je le rappelle quand même, a vu des entreprises du CAC 40
22:10verser 100 milliards d'euros à leurs actionnaires en 2024.
22:13Donc, s'il y a de l'argent à prendre pour financer nos efforts militaires,
22:17c'est de ce côté-là qu'il faut regarder.
22:18Constance Legrippe, il faut bien financer cet effort de défense.
22:23Qui va payer ? C'est toute la question.
22:25Emmanuel Macron ne veut pas de hausse d'impôts.
22:27Mais alors, pourquoi pas un effort des plus riches, comme suggère Yann Brossat ?
22:32Le président de la République a raison de dire que la hausse d'impôts,
22:35la fuite en avant fiscale, toujours plus de taxes,
22:38toujours plus de prélèvements obligatoires,
22:39n'est absolument pas ce qu'il faut faire.
22:42Et moi, je ne suis pas favorable à la création d'une taxe ukraine.
22:46Je crois que ce n'est pas du tout ainsi que l'on pourrait continuer
22:49à rassembler et à mobiliser nos compatriotes
22:53dans le soutien essentiel à l'Ukraine.
22:56Là aussi, il y a actuellement une réflexion qui est menée
22:59à très très grande vitesse.
23:01En France, comme en Europe, au sein du Parlement européen,
23:05comme au sein des institutions européennes,
23:06parce que plusieurs possibilités existent.
23:08Effectivement, celle qui a également été mise en avant il y a plusieurs mois déjà
23:13de cela à l'Assemblée nationale également, par exemple,
23:15par un collègue du groupe Horizon, Christophe Plassard,
23:18d'un livret d'épargne dédié.
23:20Il peut y avoir effectivement une plus grande mobilisation
23:23de l'épargne privée à travers le comportement d'un certain nombre d'acteurs.
23:28C'est ce à quoi va s'employer Eric Lombard quand il va…
23:31Mais aussi une contribution de ceux qui peuvent.
23:32De ceux qui peuvent.
23:33Donc, il y a un certain nombre de produits d'épargne qui existent.
23:35On peut imaginer qu'il y ait effectivement un fléchage,
23:38parce qu'on le sait, dans les produits d'épargne tels qu'ils existent,
23:41pour des raisons diverses et variées,
23:43quelquefois de responsabilité sociale et environnementale.
23:46Le fléchage vers l'industrie d'armement n'est pas possible.
23:49Donc là, il y a des assouplissements certainement à mener.
23:51Il y a également le sujet d'obligations européennes
23:55qui revient sérieusement sur la table, les Eurobonds.
23:58Il y a quelque chose comme les centaines de milliards dont vous parlez.
24:00Ce n'est pas au niveau franco-français.
24:02C'est au niveau de l'ensemble de notre continent
24:05et au niveau de l'ensemble des pays européens.
24:07Et donc, il y a une réflexion qui est menée aussi
24:09à travers un emprunt européen commun,
24:13à travers l'émission d'obligations européennes,
24:16à travers une plus grande implication de la BEI par exemple,
24:19de l'assouplissement aussi d'un certain nombre de critères.
24:22Tout cela est sur la table et clairement, la taxe ukraine, non.
24:27– On va finir par un mot sur la réforme des retraites,
24:30car au même moment de ce débat
24:32sur un effort supplémentaire de dépenses militaires,
24:34il y a une concertation, un conclave entre les partenaires sociaux
24:37et entre les syndicats et le patronat
24:39sur l'amélioration de la réforme de la retraite à 64 ans.
24:42Le Medef dit, actuellement, ça devient dérisoire d'avoir ce débat,
24:46il faut même penser à demander aux Français de travailler plus longtemps.
24:49Qu'est-ce que vous leur répondez ?
24:50– Je leur réponds que c'est honteux
24:51et qu'il y a dans cette instrumentalisation
24:54de la période que nous traversons quelque chose de répugnant.
24:57D'ailleurs, le Medef disait exactement la même chose,
24:59quel que soit le contexte.
25:01Un jour, c'est parce qu'il y a l'endettement de la France,
25:03ensuite, c'est parce qu'il y a la perspective d'une guerre.
25:07Toutes les occasions sont bonnes pour refuser
25:11ce que les Français ont dit par leur vote,
25:13par leur vote, c'est-à-dire revenir sur la réforme Borne
25:17qui a imposé la retraite à 64 ans.
25:19– Les Français vont devoir travailler plus longtemps en amont, Constance de Gris ?
25:23– En tout cas, j'ai toujours eu la même position,
25:25quel que soient les contextes, quels que soient les sujets,
25:27quels que soient les moments, quels que soient les échanges électoraux.
25:31Nous ne pouvons pas baisser l'âge légal du départ à la retraite.
25:35Je pense que quand on regarde le monde,
25:37quand on regarde l'âge légal du départ à la retraite
25:39dans la totalité des pays européens autour de nous,
25:42ça n'est pas 60 ou 60 ans.
25:44– Vous l'avez porté à 64 ans, vous n'avez pas dit aux Français
25:46qu'il y aurait une close de revoyure pour augmenter encore.
25:48– Et c'est la fin de ce débat.
25:49On finit par un mot sur l'opération Une jonquille contre le cancer
25:52menée par l'institut Curie pour faire un don de 5 euros,
25:56envoyer le mot espoir au 92002
25:59ou alors sur le site unejonquillecontrelecancer.fr.
26:02Merci à vous de nous avoir suivis et à la semaine prochaine.
26:05– Ciao, ciao, à bientôt.
26:07– Sous-titrage ST' 501

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