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00:00Vous avez la parole ce matin. C'était quoi la mafia italo-grenobloise dans les années 80 ?
00:05Est-ce que cela vous pesait ? Est-ce que c'était vraiment différent de la guerre des gangs ?
00:09Aujourd'hui, on fait appel à vos souvenirs. Appelez-nous au 04 76 46 45 45 et on en parle avec votre invité Théo.
00:15Oui Yannick, Biancheri, bonjour.
00:17Bonjour.
00:18Merci d'être en ligne avec nous ce matin, patron en isère du syndicat de police Allianz.
00:23Merci d'être avec nous pour revenir sur cette histoire du grand manditisme à Grenoble
00:27et après la fusillade qui a eu lieu hier sur l'autoroute A41.
00:32Est-ce que vous avez été surpris de voir le nom de Jean-Pierre Maldera ?
00:36Puisqu'il s'agit de lui et c'est la victime.
00:38Est-ce que vous avez été surpris de revoir cette figure du grand manditisme ressortir hier ?
00:43Alors carrément oui, oui. Parce que vous savez, je suis arrivé sur Grenoble dans les années 2000
00:50et le parrain, la mafia italo-grenobloise en nous en parlait dès qu'on sortait d'école
00:56et qu'on arrivait à Grenoble, on nous montre des photos de ce qui se passait
00:59et notamment de la famille Maldera, de ce qui se passait dans le trafic, dans la mafia italo-grenobloise.
01:05Mais depuis les années 2000, le nom Maldera, à part quand son frère a disparu,
01:10on n'entendait plus trop parler. Donc oui, surpris.
01:14Après, comme votre sujet c'est sur la mafia italo-grenobloise,
01:18on a eu hier un choc générationnel dans le banditisme.
01:24Il avait 71 ans, Jean-Pierre Maldera.
01:27Il avait 71 ans et puis la mafia italo-grenobloise, si je peux dire comme cela,
01:33avait un certain respect ou du moins un code.
01:37Quand ils faisaient des règlements de comptes, ils évitaient de voir des dommages collatéraux
01:41ou de faire des victimes innocentes. Quand les policiers venaient les interpeller,
01:45quand ils reconnaissaient être attrapés, ils tendaient leur poignet.
01:48Ok, vous m'avez attrapé, emmenez-moi au commissariat.
01:50J'ai joué, j'ai perdu.
01:52Maintenant, aujourd'hui, pour touer n'importe quoi,
01:54comme vous voulez interpeller une personne,
01:56pour n'importe quel crime ou délit,
01:58ils seraient prêts à violenter, à tuer du policier pour éviter la police.
02:02Pour des règlements de comptes comme hier, par exemple,
02:05ils n'hésitent pas à tirer sur une autoroute en pleine journée.
02:10Qu'importe s'ils peuvent toucher un autre véhicule,
02:12que le véhicule percute une voiture avec une famille dedans et qui tue une famille,
02:15il n'y a plus de règles, il n'y a plus de lois.
02:17On est monté dans l'escalade.
02:19C'est vraiment le choc des générations dans le grand banditisme.
02:21C'est peut-être l'une des différences entre la guerre des gangs aujourd'hui
02:26et cette mafia Italo-Grenobloise dans les années 80.
02:29D'ailleurs, ce matin, on sollicite vos souvenirs
02:32sur cette mafia Italo-Grenobloise et ses années 80, Mathieu.
02:35Tout à fait, ses souvenirs.
02:36On va en discuter avec Albert, qui nous appelle.
02:39Bonjour, Albert.
02:40Oui, bonjour.
02:41Alors, Albert, justement, vous avez même plus que des souvenirs,
02:44parce que c'est quelque chose qui est proche de vous,
02:47ce qui s'est passé hier.
02:48J'ai beaucoup fréquenté, et voilà, c'est des gens...
02:51La famille Maldera, en l'occurrence.
02:53Tout à fait.
02:54C'est des gens, on leur donnait leur chemise, pas de souci.
02:58C'est-à-dire ?
02:59Ils ne faisaient pas d'éclaboussures, rien.
03:01Il fallait savoir qui trafiquait,
03:04et c'est bien après qu'on l'a reçu, c'est tout.
03:07Ça veut dire qu'ils travaillaient à côté,
03:09ils étaient intégrés dans la société civile pleinement, Albert ?
03:12Absolument.
03:13Vous les avez connus, vous, dans quel cadre ?
03:16Au travail ?
03:18Voilà, exactement.
03:19D'accord, ok, ok.
03:21C'était des gens avec qui vous viviez au quotidien, c'est ça ?
03:24Oui.
03:25Et quand vous l'avez appris,
03:29quand ils se sont fait arrêter, quand il y a eu tout ça ?
03:32J'ai appris matin par la radio.
03:36Mais le fait que vous ayez appris qu'ils étaient dans le grand banditisme,
03:39dans la mafia, etc., ça vous l'aviez appris après ?
03:42Oui, mais il n'y a plus personne dans le circuit,
03:44il y a longtemps qu'ils étaient sortis de ça.
03:46Ils se faisaient discrets à l'époque.
03:51Merci d'avoir appelé ce matin.
03:54Et si comme Albert, vous voulez partager,
03:56alors si vous avez aussi des liens,
03:58ou même si vous étiez dans tout ça, on peut en parler,
04:00mais juste des souvenirs aussi de cette époque,
04:02parce que c'était quand même aussi quelque chose de très marquant
04:05comme on en a parlé avec notre invité.
04:07On a pas mal de réactions
04:08et des partages de souvenirs aussi sur notre page Facebook, Soazic.
04:11Oui, alors d'abord sur le changement de méthode
04:13entre la mafia d'avant et celle d'aujourd'hui, si on peut dire.
04:18On a Corinne qui nous dit
04:20les tueurs ne prennent plus la précaution de se cacher
04:23pour accomplir leur mission.
04:26Colette et Olga qui sont très choqués du règlement de compte d'hier
04:29qui aurait effectivement pu faire des victimes collatérales.
04:32Et puis on a Yvan qui nous dit
04:34moi j'étais ado à la fin des années 70,
04:36je me rappelle avoir regardé le film
04:38« Les filles de Grenoble » au dossier de l'écran.
04:41C'est là que j'ai appris cette histoire de grand banditisme
04:43et de réseaux de trafic de prostituées sur Grenoble, etc.
04:48Lui, il vivait à Lyon dans une cité
04:51mais il ne ressentait pas vraiment l'insécurité
04:53qu'on peut ressentir aujourd'hui.
04:55Le grand banditisme et son histoire aussi
04:57de cette mafia italo-grenobloise,
04:59on en parle au Standard ce matin
05:01et avec notre invité Yannick Biancheri,
05:03patron du syndicat de police Alliance en Isère.
05:05Quand vous entendez ces témoignages
05:08qui parlent aussi de personnes
05:09qui sont totalement insérées dans la société civile,
05:12ça vous étonne Yannick Biancheri ?
05:14Ça m'étonne, oui et non.
05:17Vous savez, comme je vous ai dit,
05:18on n'en entendait plus parler depuis les années 2000.
05:20Mais car on a fait partie de cette mafia,
05:23de ce grand banditisme,
05:25une fois qu'on a mis le pied dedans
05:28pour en sortir, on n'en sort pas tout le temps,
05:30enfin tout à fait, ou jamais.
05:31On n'arrive pas à en sortir.
05:32Donc est-ce qu'il était encore dans les trafics
05:35ou plus du tout depuis les années 2000,
05:37c'est l'enquête qui devra le déterminer.
05:38On ne peut pas vous le dire encore, c'est trop tôt.
05:40Mais oui, c'est compliqué.
05:42J'ai envie de vous faire un parallèle aussi,
05:44entre 1980, 1990, 2000 et maintenant.
05:48Qu'est-ce qui s'est passé ?
05:49Est-ce qu'on a donné suffisamment les moyens
05:51depuis toutes ces années
05:52pour assurer la tranquillité des grenoblois ?
05:54Clairement, quand on voit la situation de Grenoble
05:56maintenant, clairement non.
05:58Je pense que ça fait quand même 30 ans, 40 ans
06:01qu'il se passe des faits assez graves à Grenoble
06:03et on n'arrête pas de monter dans l'escalade
06:06et pourtant on est proche des montagnes
06:07mais on n'arrive jamais à trouver le sommet
06:08en termes de banditisme et de grand banditisme.
06:10Maintenant, il faut donner les moyens
06:12pour arrêter tout ça.
06:13Sinon, il y aura des victimes
06:14et plus en plus de victimes collatérales
06:16et des innocents.
06:17On va y venir dans un instant,
06:18effectivement, sur la question des moyens
06:20parce que le ministre de l'Intérieur
06:22était sur Grenoble il n'y a pas très longtemps
06:24et il a mis sur la table la question des moyens.
06:25On va y venir.
06:26Je vous propose d'abord, Yannick Biancheri,
06:28d'entendre Jacques Dalleste.
06:30C'est l'ancien procureur général de Grenoble
06:32qui a réagi sur l'antenne d'Icizer
06:35après la mort de Jean-Pierre Maldera.
06:37Écoutez.
06:38La vengeance est un plat qui se mange froid
06:40et la rancune peut être tenace
06:42et ça rend difficile le travail
06:44des enquêteurs et des magistrats
06:46sachant que c'est un milieu
06:48où on ne parle pas
06:49et on ne peut jamais être certain
06:51qu'un individu qui a un passé judiciaire lourd
06:53ait définitivement quitté
06:55le monde de la grande criminalité.
06:57C'est d'ailleurs assez peu fréquent
06:59mais ça peut arriver
07:01et là, c'est aussi une question
07:04La vengeance est un plat qui se mange froid
07:06dit Jacques Dalleste.
07:08Est-ce qu'il faut craindre, Yannick Biancheri,
07:10est-ce qu'il faut craindre des représailles
07:12à nouveau après cette mort de Jean-Pierre Maldera ?
07:14Est-ce que le clan Maldera
07:16vous semble encore actif ?
07:17Vous disiez plutôt non.
07:19Oui, plutôt non.
07:20Mais après, encore une fois,
07:22on a eu ses débuts.
07:23Le nom Maldera ressort maintenant
07:25pratiquement 20 ans après.
07:26Est-ce qu'il avait encore des liens ?
07:28Est-ce qu'il avait des contacts proches
07:30pour organiser une vengeance encore ?
07:33Voilà, encore une fois,
07:34ça sera vraiment l'enquête qui va le déterminer.
07:40Monsieur Dalleste dit un peu ce que j'ai dit.
07:42Quand on aime pied dans le banditisme,
07:44on n'en sort jamais.
07:45C'est compliqué.
07:46Sur le mode opératoire,
07:48mettons effectivement la question des moyens
07:50sur la table.
07:51On a eu une fusillade à Kalachnikov
07:53sur l'autoroute en pleine journée
07:55puis une circulation à contresens
07:57visiblement de la voiture
07:59responsable de la mort de Jean-Pierre Maldera.
08:02On a une extrême violence effectivement.
08:04Est-ce que les moyens sont mis ?
08:06Bruno Retailleau a annoncé
08:08il y a un mois le renfort
08:10de 16 policiers nationaux.
08:12Est-ce que c'est à la hauteur des besoins
08:14aujourd'hui, Yannick Bianchieri ?
08:19Yannick Bianchieri,
08:20est-ce que vous êtes toujours avec nous ?
08:22Ah, ça vient de couper, excusez-moi.
08:24C'est bon, on vous a retrouvé, tout va bien.
08:26Je disais, Bruno Retailleau a annoncé des renforts,
08:2816 policiers nationaux supplémentaires.
08:30Est-ce que c'est à la hauteur des besoins,
08:32M. Bianchieri ?
08:34Mais bien sûr que non.
08:36Il nous manque 70 policiers
08:38pour être au seuil où on avait déjà été.
08:40Clairement, non.
08:42On a eu 16 renforts d'effectifs.
08:44Vous les avez déjà eus ?
08:46Non, on va les avoir.
08:48Ils ont été annoncés, mais c'est du concret.
08:50On devrait les avoir en juin, juillet, septembre.
08:52Ces effectifs-là vont prendre d'autres missions
08:54qui vont décharger un peu la police nationale.
08:56Mais clairement, on n'est pas à un niveau.
08:58On n'est pas à un niveau pour assurer
09:00la sécurité de tous les grenoblois,
09:02quand on voit tous les faits qui se passent à Grenoble.
09:04Regardez, je ne vais pas vous faire
09:06des citations à la Jacques Prévert
09:08de tout ce qui s'est passé à Grenoble,
09:10mais on a eu une grenade dans un bar,
09:12on a été attaqué à Kalachnikov d'un fourgon blindé,
09:14on a été tiré devant des bars,
09:16on a des règlements de code devant des écoles,
09:18etc.
09:20Clairement, on est sous-dimensionnés.
09:22Et je ne vous parle pas de l'implication de la mairie.
09:24La mairie ne veut pas armer sa police municipale
09:26et la police municipale ne peut pas venir
09:28nous aider à aller dans ces quartiers,
09:30assurer la sécurité dans ces quartiers.
09:32En même temps, quand on voit des malfaiteurs
09:34qui tirent à la Kalachnikov sur l'autoroute,
09:36la police municipale,
09:38c'est compliqué face à ça.
09:40Déjà, si vous ne les armez pas,
09:42c'est sûr que c'est très compliqué.
09:44Après, je ne vous parle pas de ce fait-là,
09:46je vous parle en général.
09:48S'ils font des règlements à la Kalachnikov,
09:50c'est qu'il y a des Kalachnikovs qui traînent,
09:52il y a des trafics d'armes, il y a des trafics de drogue,
09:54donc si on ne nous donne pas les moyens
09:56de juguler tout ça, on laisse rentrer la drogue,
09:58les armes et tout dans ces quartiers-là.
10:00Après, ils n'hésitent plus à s'en servir.
10:02Ça veut dire qu'il faut quoi comme type de policier ?
10:04Il faut des enquêteurs pour
10:06dénouer ces situations-là ?
10:08Il faut des policiers de terrain ?
10:10On est clairement en gingembre,
10:12il nous faut des effectifs pour combler
10:14tous les services.
10:16L'investigation, ils sont noyés.
10:18On a des collègues qui ont 300-400 dossiers
10:20par personne. Comment voulez-vous qu'ils s'en sortent ?
10:22Et on a des effectifs sur la voie publique
10:24qui sont trop nombreux, ils ont déjà du mal en intervention
10:26à pouvoir assurer leur propre sécurité.
10:28Donc voilà, vous savez,
10:30il faut arriver à jubiler dans ces quartiers
10:32le flux des trafics. Avoir aussi
10:34une justice qui passe de manière ferme,
10:36parce que si à chaque fois on a des
10:38interpellations et que la justice ne passe pas de manière ferme,
10:40les policiers, à la fin, ils seront dégoûtés
10:42et c'est compliqué pour eux de travailler.
10:44Donc il faut vraiment tous les acteurs
10:46de la sécurité qui se mettent en place. Police, justice
10:48et la mairie. Mais encore,
10:50il faut vraiment arrêter de comparer
10:52Grenoble à Marseille en disant que
10:54Grenoble est un petit Marseille.
10:56Non, non, j'invite que dire que
10:58Marseille est un grand Grenoble.
11:00On focalise et on voit que
11:02on parle plus de Grenoble que d'autres villes en France.
11:04Et on entend votre inquiétude. Merci beaucoup Yannick Biancheri,
11:06patron du syndicat Alliance Police en Isère.
11:08Belle journée, merci.