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00:00Je suis avec Xenia Federovar qui publie chez Fayard
00:06« Banni, liberté d'expression sous conditions ».
00:10Je vous remercie, bonjour, et je vous remercie Xenia d'être avec nous.
00:15Je vous sens un peu tendue et je vous comprends.
00:18Et je vous comprends pourquoi ? Parce que je vous ai reçu la semaine dernière sur CNews
00:24et c'est vrai que le fait même de donner la parole à quelqu'un qui défend le point de vue russe,
00:31ce que je peux comprendre, puisque vous êtes russe, je le comprends.
00:35De la même manière que si je recevais l'ambassadeur de Russie,
00:39il aurait une position forcément qui défend la Russie.
00:43Mais les médias, d'ailleurs vous ne serez pas invité sans doute dans d'autres médias,
00:50les médias nous avons été attaqués, j'ai été attaqué notamment par le journal Le Monde deux fois,
00:55parce qu'on vous a simplement donné la parole.
00:58Alors pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté en ce début d'interview,
01:03vous recevoir ce n'est pas dire que Vladimir Poutine est un démocrate.
01:09Vous recevoir ce n'est pas souligner que lorsqu'on s'oppose à Vladimir Poutine,
01:16ça peut se terminer mal et qu'Alexei Navalny a payé de sa vie.
01:21Vous recevoir ce n'est pas défendre la Russie, loin de là, ce n'est pas cela.
01:27Vous recevoir c'est simplement entendre le point de vue russe que vous incarnez.
01:33Si tant est Xenia que vous acceptiez ce que je dis là, c'est que vous défendez le point de vue russe.
01:40Déjà, merci beaucoup de m'avoir invitée une deuxième fois après notre échange sur CNews.
01:46Je dois préciser que je ne suis pas la porte-parole de l'ambassade de la Russie,
01:50je n'ai ni les compétences ni l'information nécessaire pour défendre la position officielle de la Russie.
01:57Mais moi je suis russe, comme vous avez dit,
02:00et moi j'ai un point de vue qui est différent et souvent différent du point de vue officiel,
02:05de la narrative officielle des médias en France aujourd'hui, aussi sur le conflit en Ukraine.
02:12Mais comme je suis russe, il y a absolument une façon de discrédibiliser,
02:18de discréditer mes mots par les médias français et ça m'étonne.
02:22Moi j'écris un livre, Bani, où je parle des libertés d'expression,
02:26où je parle des années que j'ai vécues en tant que dirigeante de médias avec les journalistes français.
02:33Mais en fait je suis attaquée toujours pour les mêmes choses,
02:36les conflits en Ukraine, Alexei Navalny, il n'y a pas de liberté en Russie,
02:42à la liberté d'expression en Russie, etc.
02:44Moi je ne vous attaque pas personnellement, je rappelle le régime russe à travers ces exemples.
02:51Je rappelle par exemple qu'une chaîne avait été fermée en Russie au moment du commencement de la guerre,
02:55que cette chaîne s'appelait DODGE,
02:57et qu'effectivement il ne fait pas bon être en opposition à Vladimir Poutine.
03:03Ce n'est pas vous personnellement que j'attaque, bien évidemment.
03:06Non mais bien sûr, je comprends que vous êtes un peu aussi obligé de répéter les mêmes phrases pour montrer...
03:12Je ne suis pas obligé, je fais simplement mon métier, d'ailleurs je suis obligé de rien.
03:16Pour ne pas être attaqué, pour vous donner les paroles en russe, etc.
03:19Je ne le fais pas non plus dans cet esprit-là, soyez-en certains.
03:23De la même manière, ce matin j'ai parlé de Georges Escou, le dirigeant roumain qui se présente à l'élection présidentielle,
03:29j'ai rappelé simplement que cet homme, qui est arrivé certes en tête au premier tour,
03:34dit que les Américains ne sont jamais allés sur la Lune.
03:38Donc je fais simplement mon métier de rapporter et d'éclairer les informations.
03:44Vous savez, j'ai écouté un petit peu juste avant de venir ici,
03:47j'ai écouté votre échange avec vos invités sur les conflits en Ukraine,
03:50et j'ai entendu la voix du général Trankan, je pense que c'est son nom.
03:55Le général Trankan, oui.
03:56Exactement, ce monsieur était souvent sur le plateau de RT France à l'époque,
04:01et en fait il a changé son discours très vite, et maintenant c'est la voix de propagande ukrainienne sur LCI.
04:08Je voulais juste dire qu'en fait il y a plein de personnes, des experts, qui relaient un point de vue de l'Ukraine,
04:15après il n'y en a pas beaucoup qui relaient des points de vue différents.
04:18Il y a eu un monsieur qui s'appelle Alexandre Makagonov,
04:22c'était un porte-parole de l'ambassade de la Russie,
04:24qui était en VT à l'époque sur les plateaux des chaînes françaises,
04:29mais à ma connaissance, son accréditation n'était pas renouvelée par Kiev d'Orsay,
04:34donc il a probablement pu...
04:36Alors pour monsieur Trankan, il disait sans doute ça avant l'invasion aussi de la Russie.
04:39Alors il y a des choses qu'on... d'ailleurs avec beaucoup de clarté, vous l'écrivez,
04:44et donc je vais vous poser la question, parce que les auditeurs peut-être se posent,
04:48vous écrivez dans la dernière partie de ce livre, je le rappelle,
04:52« Banni, liberté d'expression sous conditions »
04:55Xenia Federova chez Fayer, vous dites « pensez-vous toujours que je suis une espionne,
04:59un agent du Kremlin, venu de Moscou pour déstabiliser la France ?
05:03J'espère que non, et je veux croire que beaucoup parmi mes lecteurs
05:07savent depuis longtemps que la France ne m'a pas attendu pour aller mal.
05:11C'est vrai que beaucoup de gens imaginent que vous soyez un agent russe,
05:17pour dire les choses clairement.
05:19Oui, il y a les gens avec l'imagination assez riches,
05:23je pense que ça vient des années où il y a eu une guerre froide et l'Union soviétique,
05:28mais vous savez, pas tous les Russes absolument sont des espions,
05:32et ça me fait sourire.
05:34Après je vois aussi les attaques de certains fact-checkers qui utilisent cette narrative.
05:39Je regarde mon page Wikipédia qui est échangée,
05:42après j'ai annoncé que j'ai publié un livre chez Fayer,
05:45je suis devenu encore une fois un agent du Kremlin.
05:48C'est une façon d'essayer de mettre les étiquettes sur les gens,
05:52pour les décrédibiliser, et pour décrédibiliser leurs mots.
05:56Je pense que c'est dommage, mais je suis sûre que les Français,
06:00ils ne sont pas naïfs, ils comprennent que ce n'est pas noir et blanc.
06:05Beaucoup de Français ont une inquiétude sexuelle d'abord pour la France,
06:08mais également pour l'attitude de Vladimir Poutine.
06:10Ils considèrent que c'est Vladimir Poutine l'agresseur,
06:13ils considèrent d'ailleurs, c'est factuel,
06:15que c'est Vladimir Poutine qui a agressé l'Ukraine,
06:18qui a déclaré la guerre à l'Ukraine, et qu'il ne s'arrêtera pas là.
06:21Notamment avec la Moldavie et les pays baltes.
06:24Est-ce que c'est votre sentiment ?
06:25Vous savez, moi j'ai vu beaucoup de réactions après le discours d'Emmanuel Macron,
06:30qui a annoncé que la Russie c'est une menace existentielle pour la France.
06:36Mais moi, je vais vous citer le mot de Philippe Dévilliers,
06:40qui a dit, je pense que c'était le vendredi derrière,
06:43qui dit que la Russie n'est pas une menace.
06:45Moi je suis d'accord avec lui, je pense que c'est une façon de communiquer la peur parmi les Français.
06:50Je ne suis pas sûre c'est quoi l'objectif,
06:53parce que si l'objectif de créer une Europe avec son propre système de sécurité,
06:59très bien, je pense que Vladimir Poutine à l'époque a dit
07:03que l'Europe a besoin de son propre système de sécurité, dehors l'OTAN.
07:07Mais si c'est pour créer la peur et pour oublier peut-être le problème
07:13qui sont là en France aujourd'hui,
07:15pour diriger l'attention des Français et le faire peur,
07:19je pense que c'est assez inquiétant.
07:21Alors quand je dis qu'on vous invite pour donner un avis, un point de vue russe,
07:26je vais vous poser directement la question.
07:29Je considère, nous considérons que l'Ukraine a été agressée par la Russie,
07:34est-ce que c'est votre analyse de la situation ?
07:37Encore une fois, je ne suis pas la porte-parole de Vladimir Poutine,
07:41mais en tant que journaliste, en tant que russe,
07:43je peux vous dire qu'en 2022, la Russie a lancé une opération militaire,
07:48mais il faut regarder les choses en contexte,
07:51il ne faut pas oublier les enragissements de l'OTAN pendant 30 ans,
07:55il ne faut pas oublier la guerre civile en Ukraine
07:58et les bombardements au Donbass pendant 8 ans,
08:01il ne faut pas oublier qu'en 2022, il y a eu les échanges entre l'Ukraine et la Russie,
08:08les deux pays étaient très prêts à signer un accord de paix,
08:12en fait ce n'était pas signé parce qu'il y a eu une termination des côtés de Boris Johnson,
08:16et il ne faut pas oublier les accords de Minsk,
08:19où je pense que c'est François Hollande et Angela Merkel
08:23qui ont confirmé qu'en fait ces accords n'étaient jamais pris au sérieux
08:27et c'était juste pour gagner du temps,
08:29donc il faut regarder le grand contexte de cette guerre
08:32pour comprendre en fait d'où ça vient.
08:35Est-ce que ma réponse va vous convaincre ?
08:37Elle ne va pas peut-être précisément au fond de ce que vous pensez,
08:42et j'aimerais qu'au-delà des éléments que vous venez de nous donner,
08:47vous pouviez précisément dire votre analyse de ce que vous appelez
08:52la réponse militaire de Vladimir Poutine.
08:55Je pense que j'ai dit ça déjà la dernière fois qu'on a échangé sur le plateau de ce news,
09:00c'est évidemment que cette situation n'est pas commencée en 2022.
09:05À mon avis, il y a eu beaucoup de raisons pour la Russie de réagir finalement.
09:12Ce que je trouve triste, c'est qu'en fait à ces moments où la guerre continue,
09:19il y a les vies des Ukrainiens et des Russes qui sont en danger,
09:24et il y a une façon de résistance du côté de l'Union Européenne
09:28pour signer cet accord de paix qui est proposé par Donald Trump.
09:31Donc mon point de vue c'est ça en fait, je ne suis pas pour la guerre,
09:35je pense que personne n'est pour la guerre,
09:37tout le monde est contre la guerre,
09:39mais il faut aussi parler franc et aussi aller à l'information complète.
09:44Je pense que ça, ça nous manque.
09:46Xenia Fedorova est avec nous, il est 12h44, vous êtes sur Europe 1,
09:51et je rappelle que vous étiez présidente et directrice de l'information de la société RT France,
09:55dont le siège social se situe à Paris, puisque aujourd'hui cette chaîne a été fermée.
10:00Nous sommes d'accord ?
10:01Oui, c'était Boulogne-Bilancourt, on avait nos studios juste à côté de TF1,
10:06c'était une chaîne qui était installée avec la licence de CSA,
10:12l'ARCOM, à l'époque CSA, avec les journalistes français, avec les cartes de presse.
10:17Et vous avez été fermée ?
10:19Oui, on était interdit par l'Union Européenne en 2022,
10:22juste après le début du conflit en Ukraine.
10:25Vous n'avez pas été fermée par Emmanuel Macron ?
10:27En fait Emmanuel Macron a plusieurs reprises discriminé les journalistes de RT France
10:33pour dire qu'ils ne sont pas des journalistes.
10:35On n'était pas accepté dans l'Elysée, dans les salles de presse de l'Elysée,
10:41le ministère des Affaires étrangères.
10:43C'était hyper compliqué pour les journalistes de RT France,
10:46même depuis le lancement avant la guerre en Ukraine.
10:49Je pense que la guerre en Ukraine, et je parle de ça dans mon livre,
10:52c'était un bon prétexte pour finalement fermer, interdire notre chaîne.
10:56Xenia Federova, vous vivez où aujourd'hui ?
10:59À Paris.
11:00Et pourquoi vous ne vivez pas à Moscou ?
11:02J'aime beaucoup Moscou et je reviens de temps en temps,
11:05mais comme j'avais les projets à faire en France,
11:08je me suis dit, bon, je reste, je vais écrire mon livre.
11:10Et vous savez, je fais une fois par semaine,
11:13je participe dans une émission internationale sur CNews.
11:17Je me suis dit, je vais essayer de faire mes projets,
11:20de parler un petit peu de la situation que j'ai vécue.
11:22Et c'est très important pour moi de le faire,
11:26parce que partir juste après la fermeture de RT France,
11:31je n'avais pas la force de continuer comme rien n'est passé.
11:34C'était vraiment très traumatisant, pas seulement pour moi,
11:37mais pour tous les journalistes qui ont perdu leur job.
11:39Et quand je regarde aujourd'hui ce qui se passe avec les journalistes des C8,
11:43ça me brise le cœur, parce que j'en ai déjà vu.
11:46Vous savez, les derniers messages qui étaient diffusés,
11:49ça me fait penser à nos journalistes, à nous,
11:51qui ont perdu leur job,
11:53par une décision politique et purement politique,
11:56sans aucune base légale, en fait.
11:58Parce que l'ARCOM n'a jamais trouvé un moyen et une façon de nous sanctionner.
12:02Donc c'était fait par l'Union Européenne.
12:05Et moi, je ne me suis pas sentie à l'aise de continuer comme rien n'est passé.
12:10Donc j'ai pris une décision de rester, de faire mes projets,
12:13de quitter la groupe RT.
12:15Et je sais qu'ils ont relancé leur chaîne en français depuis Moscou,
12:19mais moi je ne fais plus partie.
12:21Vous parlez également des gilets jaunes dans ce livre,
12:24vous parlez de la situation en France, c'est très intéressant.
12:26On peut saluer la qualité de votre français,
12:28que je trouve tout à fait sidérant, pour tout vous dire,
12:31de parler aussi bien le français comme vous le maniez,
12:34puisque ce n'est pas votre langue natale.
12:36Est-ce que vous connaissez personnellement Vladimir Poutine ?
12:39Est-ce que vous l'avez interrogé ?
12:40Je l'ai vu, je pense que c'était en anniversaire de notre chaîne à Moscou.
12:46Il est venu et il a serré les mains à plaisir.
12:49Mais vous ne l'avez jamais interrogé ?
12:50Si, je l'ai interviewé à Paris.
12:52Et il est en courte, toute petite courte interview,
12:55où je lui ai demandé aussi la question sur la liberté d'expression,
12:58et c'est disponible sur mon Instagram toujours, je ne vais pas effacer.
13:01Eh bien je vous remercie grandement.
13:03Ce qui est important toujours, c'est de faire entendre d'autres voix,
13:08et avec la mise en perspective que nous avons faite,
13:12ici bien sûr, comme on l'a fait l'autre jour sur CNews,
13:15bannie, liberté d'expression sous condition,
13:19Xenia Federova, ce qui nous vaut d'être attaqué,
13:22samedi dans un premier papier du monde,
13:24aujourd'hui dans un deuxième papier du monde,
13:26mais nous faisons simplement notre travail
13:29de faire entendre d'autres voix,
13:32et de toujours chérir la liberté d'expression.
13:37Merci beaucoup Xenia Federova, il est 12h48.

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