"L'ensemble des forces armées représentent plus de 44 000 réservistes aujourd'hui", estime le général Jean-Pierre Gesnot, commandant de la gendarmerie pour les réserves et la jeunesse, alors que le sujet de la défense nationale est au cœur de l'actualité.
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00:00La défense n'est pas qu'une question d'argent, mais aussi d'engagement de la population, d'effectifs, comme le rappelle ces jours-ci le ministre des armées.
00:09Est-ce qu'on a besoin d'accélérer sur le durcissement de nos réserves ? La réponse est oui.
00:13On a besoin d'une réserve professionnelle, on a une multiplication des sollicitations des forces armées françaises, sur le territoire national comme à l'étranger, qui est très très importante.
00:23Alors les français sont-ils prêts à s'engager ? Bonjour Général Jean-Pierre Gesneau, commandant de la gendarmerie pour les réserves et la jeunesse.
00:31Il y a des besoins pour les quatre corps de l'armée, pour la gendarmerie également. On les chiffre à combien au total ?
00:38Je vois que l'ensemble des armées, les forces armées représentent à peu près 40 000 réservistes aujourd'hui.
00:46En ce qui concerne la gendarmerie, nous sommes presque 37 000 en ce début d'année 2025.
00:52Ce qui est insuffisant ? On a toujours besoin de plus de réservistes.
00:55Les missions qui leur sont confiées, en tout cas en gendarmerie, sont pratiquement les mêmes que celles qu'on confie aux militaires d'active, à l'exception des missions liées au maintien de l'ordre, qui sont des missions très spécifiques et qu'on ne peut pas remplir en réservistes.
01:07Vous dites qu'on en a toujours besoin, mais là on vit une période qui n'est pas comme les autres. On en a plus besoin depuis maintenant quelques semaines, quelques mois ?
01:14Effectivement, on peut imaginer que si la situation continue de se dégrader, si malheureusement des actions d'origine de déstabilisation venaient à avoir lieu sur le territoire national, on pourrait engager la réserve sur des missions de défense opérationnelle du territoire,
01:30qui pourraient nous amener à exercer, nous les réservistes de la gendarmerie, d'autres missions que celles qui leur sont confiées habituellement, qui sont essentiellement des missions de sécurité publique.
01:41Très concrètement, c'est quoi par exemple ?
01:43Il s'agirait pour nous de protéger les installations d'importance vitale du pays, celles qui permettent à la vie économique de continuer de fonctionner de manière normale.
01:54On assurerait cette protection en lien avec les armées, dans un cadre juridique particulier qui serait celui de la défense opérationnelle du territoire,
02:01et qui nous amènerait, en ce qui concerne la gendarmerie, à effectuer de la recherche du renseignement dans la profondeur autour de ces installations d'importance vitale, dont nous assurerions la surveillance et la défense en lien avec les forces armées.
02:14Ça demande quel type de qualification ?
02:17Il s'agirait pour nous d'être présents, d'assurer une présence, de contrôler des missions qu'on fait de manière habituelle.
02:25Donc il y a le contact ?
02:27Le contact, la présence, contrôler des personnes, contrôler des véhicules.
02:32Il s'agirait pour nous de donner un tour beaucoup plus axé à la recherche du renseignement pour préserver la sécurité de ces installations d'importance vitale,
02:41et pour permettre au pays de continuer à fonctionner de manière normale.
02:44On voit aujourd'hui combien la Russie a essayé, dans un premier temps, de perturber le bon fonctionnement de l'Ukraine, avant d'en arriver à cette agréation armée.
02:54Donc on a toujours cette phase de déstabilisation qui peut effectivement être amenée à intervenir.
03:00Les réservistes sont de vrais gendarmes en l'occurrence ?
03:03Les réservistes sont des gendarmes, quelque part, à temps partiel.
03:07Une partie d'entre eux sont des anciens militaires de l'arme, à peu près 40%,
03:10et puis d'autres sont des fonctionnaires, des étudiants, des employés, des chefs d'entreprise,
03:16que nous recrutons, que nous formons.
03:19Une préparation militaire de gendarmerie, qui est la phase de formation, une quinzaine de jours.
03:23On les forme au maniement de l'arme, puisqu'ils seront armés,
03:27et puis on va leur confier un certain nombre de missions en lien avec les militaires d'actives.
03:31Ils sont payés ?
03:32Ils sont payés, effectivement. Ils sont payés en fonction de leur grade.
03:35Au début, on démarre sur des sommes qui ne sont pas très importantes.
03:40On ne s'engage pas dans la réserve uniquement pour des motifs financiers.
03:43Je pense que c'est surtout la volonté de s'engager qui est à mettre en exergue.
03:47Après, on peut faire une carrière.
03:49J'ai des réservistes qu'on a recrutés, qui ont aujourd'hui 15, 17, 20 ans de réserve.
03:54Justement, la volonté de s'engager.
03:56On a posé la question à un certain nombre de jeunes ce matin sur France Info.
03:59Écoutez l'un d'eux, il s'appelle Robin.
04:01S'il y a des appels à volontaires, où on sent qu'il y a vraiment besoin de réservistes,
04:06je pense que ça ne me dérangerait pas de le faire si j'ai le temps.
04:08C'est vrai qu'au vu des tensions qu'il y a actuellement, peut-être que ça pourrait se justifier.
04:12Est-ce que les tensions qu'il y a actuellement génèrent un afflux de candidatures ?
04:18C'est un peu tôt pour le dire. Nous, on a quand même habituellement beaucoup de candidats.
04:23On effectue notre recrutement au niveau régional.
04:25Aujourd'hui, chaque région de Gendarmerie compte à peu près 500, 600 candidats à traiter.
04:30C'est un flux constant de recrutement.
04:33L'an dernier, on a recruté 3200 réservistes en Gendarmerie.
04:35C'est un nombre très important.
04:37Je vous pose la question parce qu'on lit un certain nombre de chiffres.
04:39Quand on parle des armées, par exemple, on entendait le ministre tout à l'heure
04:43qui avait un objectif de 52 000 réservistes, qui compte à peu près 40 000 actuellement.
04:49Vous, c'est 36 000 aujourd'hui. Vous voulez monter à 50 000 ?
04:52Notre objectif, c'est de se rapprocher le plus rapidement possible des 50 000.
04:55Ça veut dire 100 000 au total, armées, Gendarmerie, 100 000 réservistes sur le territoire ?
04:59Tout à fait.
05:00C'est possible, ça ?
05:01C'est en tout cas l'objectif qu'avec les armées, on s'est fixé.
05:05Mais pour remplir à la fois les missions du quotidien
05:08et celles qu'on pourrait remplir dans le cadre de la défense opérationnelle du territoire,
05:11ce ne sera pas trop.
05:12Mais c'est possible, c'est vraiment nécessaire aujourd'hui,
05:15dans ce contexte qu'a décrit le président de la République la semaine dernière ?
05:18En tout cas, s'y préparer, c'est le devoir qui nous incombe.
05:22Nous, on a pour mission de se préparer à des situations potentiellement dégradées
05:28et commencer à faire ce recrutement massif,
05:30et en tout cas le poursuivre en ce qui nous concerne,
05:32c'est quelque chose d'important et d'essentiel pour nous.
05:34Merci beaucoup, en tout cas, Général Jean-Pierre Gesneau, d'avoir été avec nous.