Laura Meleiro, bénévole au Secours populaire des Hauts-de-Seine, invitée d'ici Paris Île-de-France, le 6 mars 2025.
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00:008h15, c'est la journée des oubliés de la santé, est-ce qu'il vous arrive de renoncer
00:05à vous soigner faute de budget ? Venez témoigner au 01 42 30 10 10 et à cette occasion le
00:11Secours Populaire organise un grand forum à Nanterre, pour en parler on reçoit une
00:15bénévole dans les Hauts-de-Seine.
00:16Bonjour Laura Mellerot.
00:17Bonjour, merci beaucoup pour votre accueil.
00:19Merci à vous de venir ici dans les studios, la précarité nuit gravement à la santé,
00:24vous, vous avez des bénéficiaires qui ne peuvent plus soigner ?
00:26Oui exactement, il y a des études qui ont démontré que l'espérance de vie diminue
00:29en fonction de la précarité et on a de plus en plus de personnes qui sont en précarité
00:34avec un renoncement aux soins de santé malheureusement du fait d'une précarité d'abord économique
00:38mais qui est plurielle évidemment.
00:39Combien de bénéficiaires dans les Hauts-de-Seine ?
00:41Alors dans les Hauts-de-Seine on a quand même un peu plus de 22 000 personnes, avec une
00:44augmentation.
00:45Depuis quand à peu près l'augmentation ?
00:47Depuis la crise du Covid on a eu une augmentation certaine.
00:49Est-ce que le profil a un peu changé, un public plus précaire, des familles monoparentales
00:53notamment ?
00:54Bien sûr, les premières personnes qui sont accompagnées c'est des personnes qui sont
00:57isolées et en deuxième c'est des familles monoparentales avec beaucoup de femmes avec
01:00enfants.
01:01Et donc comment on peut bénéficier du Secours Populaire, quel est le critère ?
01:04Alors le premier accueil est inconditionnel, donc tout le monde peut venir au Secours Populaire
01:08et le deuxième accueil, puisque malheureusement on a des ressources qui sont limitées en
01:11tant qu'association, donc on a un reste à vivre, c'est-à-dire à la fin du mois qu'est-ce
01:15qu'il nous reste concrètement pour acheter à manger, pour pouvoir faire l'éducation
01:17de nos enfants.
01:18Et de manière globale dans les Hauts-de-Seine c'est tablé à 2,19 euros.
01:23Et vous ce matin vous demandez à ce que ce reste à vivre augmente, ça c'est important ?
01:27On aimerait si on avait plus de ressources évidemment accueillir le plus de personnes
01:30possibles, malheureusement on a des contraintes économiques nous aussi en tant qu'association.
01:34À combien on pourrait l'augmenter ?
01:35J'en ai aucune idée pour le moment, mais on aimerait accueillir le plus de personnes.
01:39C'est ça, c'est le but.
01:40Justement cette journée à Nanterre du coup le forum associatif du Secours Populaire,
01:45c'est l'occasion d'avoir quoi, des tests gratuits, de pouvoir se soigner gratuitement ?
01:48Exactement, donc d'une part on a des partenaires qui viennent gracieusement nous aider pour
01:53faire des tests d'acuité visuelle, donner des lunettes gratuites, des dépistages sur
01:57le VIH par exemple, et puis des informations juridiques sur plein de sujets divers et variés,
02:03et cette année petite nouveauté avec des associations qui aident sur l'emploi également.
02:07Et alors justement c'est bien l'information le sujet parce qu'on a un public assez précaire
02:11qui n'a pas forcément en tête ses droits, et des droits en plus assez intéressants
02:16notamment à l'hôpital.
02:17Oui exactement, notamment sur les passos, mais de manière plus globale on se rend compte
02:21qu'il y a une désinformation des personnes qu'on peut accompagner, qui est due à de
02:25multiples raisons, ça peut être déjà une difficulté d'avoir accès de manière générale
02:31à l'information, il existe beaucoup d'associations qui font des choses très bien, mais on n'est
02:36pas forcément informé, et de manière plus globale on accompagne aussi un public qui
02:41ne maîtrise pas forcément la langue française, et comme tout le monde le jargon administratif
02:45peut être un petit peu compliqué, donc pour un public qui ne parle pas forcément très
02:48bien la langue française, d'autant plus.
02:50Et alors à qui la faute justement ? Qu'est-ce qu'il faudrait faire pour amener plus d'informations ?
02:55Vous, vous faites de votre mieux avec le Secours Populaire, mais qu'est-ce qu'on pourrait faire de mieux ?
02:58Je pense que vraiment c'est l'information, qui est la clé de tout, avec des moyens
03:03donnés aux associations pour continuer à faire ce qu'on fait, et on a le plaisir de le faire.
03:07Un mot sur l'électronisme, c'est le fait de ne pas savoir se servir d'internet justement
03:12pour aller chercher l'information, sauf qu'aujourd'hui il est quasiment obligatoire de passer par
03:16notamment Doctolib pour prendre un rendez-vous.
03:18Exactement, et on a remarqué que notamment pour lutter contre le renoncement aux soins
03:23santé, l'électronisme est un handicap, parce que d'une part pour des publics qui sont plus
03:27âgés, mais de manière globale c'est assez compliqué.
03:30C'est vrai, mais qu'est-ce que vous faites vous justement pour ça ?
03:32Alors nous on avait un conseiller numérique, qui aidait justement le public qu'on accompagne
03:38à leur montrer simplement comment aller sur Doctolib, comment prendre un rendez-vous,
03:42mais il y a aussi un manque de moyens physiques, toutes les personnes qu'on accompagne n'ont
03:46pas forcément d'ordinateur, de téléphone portable, donc il y a une double difficulté
03:49là-dessus.
03:508h19 sur votre radio locale ici Paris, Île-de-France, c'est la journée des oubliés de la santé
03:54et du droit, aujourd'hui organisée par le Secours Populaire à Nanterre et on vous pose
03:58cette question ce matin, avez-vous déjà renoncé à des soins en faute d'argent ? La santé
04:02passe-t-elle au second plan quand on a des difficultés financières ? 0142 30 10 10,
04:06on a d'ailleurs Céline de Chevru qui est avec nous en Seine-et-Marne, Céline vous êtes
04:10auxiliaire de vie à domicile et vous, vous le voyez au quotidien, la santé, ça passe
04:14en dernier.
04:16Oui, alors c'est ça en fait, du coup le problème c'est qu'ils ont beaucoup de, enfin je travaille
04:21particulièrement avec des personnes âgées à domicile, ils ont beaucoup beaucoup de
04:26charges, la mutuelle qui augmente, ils préfèrent limite avoir de l'argent, beaucoup préfèrent
04:31se nourrir que préfèrent passer sur les soins.
04:34Merci Céline en tout cas de votre réaction ce matin au 0142 30 10 10, témoignage concret
04:41évidemment.
04:42Et oui Laura Melléro bénévole au Secours Populaire, ça vous l'entendez ce genre de
04:45témoignage, d'abord il faut manger, ça c'est important avant de se soigner.
04:48Oui exactement, le témoignage est très parlant, c'est ce qu'on entend tous les jours, malheureusement
04:53parce qu'il y a une priorité qui est sur l'alimentaire, ça on l'entend, nous notre
04:57but c'est justement d'étendre et d'essayer de donner accès aux soins à tout le monde.
05:01Et plus qu'avant, on l'entend plus qu'avant vraiment ?
05:03Alors moi avec le recul que j'en ai oui, parce qu'aussi peut-être qu'il y a une démocratisation
05:08sur l'importance de l'accès aux soins, en tout cas on essaye, donc forcément quand
05:11on en parle il y a peut-être une réaction qui va aussi.
05:14Notre auditrice évoquait les personnes âgées, on parlait des enfants à 8h mais il y a bien
05:17les personnes âgées, est-ce qu'on les voit plus nombreuses, est-ce qu'on les voit peut-être
05:21des gens seuls également ?
05:22Alors des gens seuls oui, les personnes âgées je n'ai pas les chiffres donc je ne pourrais
05:26pas vous dire si ça a augmenté par rapport à 2020, mais nous dans le public qu'on accompagne
05:29on voit énormément de personnes âgées oui.
05:31Et comment on fait quand elles restent à domicile, quand elles ne peuvent pas bouger,
05:34elles ne peuvent pas venir chez vous au secours populaire, c'est inquiétant ça ?
05:36C'est toute la difficulté, donc on essaye de mettre en place des dispositifs d'aliver.
05:41Au secours populaire on a mis en place le Solidaribus qui est une camionnette en réalité
05:46qui va vers les personnes qui ne peuvent pas se déplacer ou du moins dans les structures
05:51locales du secours populaire pour leur amener à la fois de l'accessibilité et des informations
05:55via des permanences juridiques.
05:56Il va continuer à tourner ce Solidaribus, on le retrouvera où là prochainement ?
06:00Vers Nanterre, on intervient beaucoup à la structure de Nanterre mais dans toutes les
06:03structures locales du secours populaire des Hauts-de-Seine, pour la fédération du 92 en tout cas.
06:09Vous êtes bénévole au secours populaire, ancienne référente, qu'est-ce qui vous a amené à être bénévole ?
06:16Je suis arrivée au secours populaire par le biais d'un stage de fin d'études et je pense
06:22que le secours populaire est une grande famille et que quand on y met un pied, on a du mal
06:26à l'équiter et avec des valeurs qui sont pour moi indispensables.
06:30Et comment on fait pour rejoindre cette famille ? Si nos auditeurs écoutent et veulent vous rejoindre ?
06:34Il suffit d'aller sur le site du secours populaire, fédération du 92, là où ça vous
06:39arrange en fonction de votre domicile, on vous accueillera avec grand plaisir, des bénévoles
06:43sont dédiées pour vous accueillir et vous expliquer un petit peu quelle est l'association.
06:47Nadia aussi est avec nous pour réagir au 01-42-30-10-10, Nadia de Surenne dans les Hauts-de-Seine.
06:53Vous avez eu des problèmes pendant le Covid, vous n'avez pas été aidée, c'est ça Nadia ?
06:56Nadia ? Il y a un petit décalage, c'est un gros décalage, oui oui c'est ça, on vous écoute Nadia.
07:09Je suis désolée, pourtant je suis dehors, j'essaye de me mettre dehors, ça va mieux ?
07:16Moi j'ai été aidée par personne en fait, parce que mes enfants avaient l'âge adulte,
07:24il y en avait un qui était parti, ça faisait 15 jours, et je peux vous dire que j'ai demandé
07:30même des tickets restaurants, n'importe quoi, aux gens de la Croix-Rouge, ils m'ont dit de m'inscrire,
07:36et il n'y avait pas d'assistante sociale en ce temps-là, même là encore, c'est très dur pour
07:43en avoir une, surtout pour bénéficier même d'un logement, parce que si je voulais j'étais à la
07:49rue, si j'avais pas eu un ami qui m'aurait hébergé, voilà, c'est lamentable de dire que oui,
07:56tout est bien mis en place, c'est fou, parce qu'en plus en tant que femme, pour me soigner,
08:02j'ai pas pu me soigner monsieur, je suis passée sur la table d'opération deux ans après, voilà,
08:08grâce à l'ami qui m'avait hébergé et que j'ai pu faire tout le nécessaire pour me soigner,
08:15j'avais des problèmes génétiques des jambes, j'ai des problèmes cardiovasculaires, voilà,
08:21je prends un cachet tous les jours, si je prends ça je peux mourir, voilà, et quand j'ai eu mon
08:28problème, je vous assurais que je leur disais, voilà, j'ai eu des problèmes avec mon ex-conjoint,
08:34j'en disais il faut le cacher tous les jours dès le matin, ça faisait l'air de dire, parce que j'étais
08:42en garde à vue, vu que ça s'était très très mal passé, le monsieur a porté plainte contre moi,
08:47moi j'ai porté plainte contre lui, ça fait 24 heures en garde à vue, il n'y a aucun médecin
08:52qui s'est renseigné sur moi, sur ce qui m'est arrivé, ou quoi que ce soit, il n'y a qu'à...
08:57Merci Nadia, merci beaucoup pour votre témoignage ce matin au 01 42 30 10 10,
09:02et bon courage à vous bien évidemment. Laura Melléro bénévole au Soco Populaire,
09:06difficile de réagir à ce témoignage fort, on l'entend c'est difficile de soigner,
09:09notamment quand tu es une femme seule avec des enfants assez grands. Oui d'autant plus,
09:13on a une précarité qui est extrême, et c'est très difficile d'entendre des témoignages comme ça,
09:18et j'espère que les choses s'arrangeront en tout cas. Effectivement, nous aussi. Merci
09:22beaucoup Laura Melléro d'avoir été notre invitée bénévole au Soco Populaire,
09:25et donc cette journée à Nanterre aujourd'hui, ouverte à tous, bonne journée.