• il y a 11 heures
Le président français Emmanuel Macron a déclaré mercredi souhaiter de nouveaux investissements dans le domaine de la défense sans augmenter les impôts, ajoutant par ailleurs que se tiendrait un "débat stratégique" sur la protection des alliés de Paris par la "dissuasion"
nucléaire française. Il a effectué ces commentaires dans une allocution télévisée à la nation dans un contexte de préoccupations accrues parmi les Européens à propos de la guerre en Ukraine et du "changement de position" des Etats-Unis.

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00:00...
00:09-"Françaises, Français, mes chers compatriotes,
00:11je m'adresse à vous ce soir en raison de la situation internationale
00:15et de ses conséquences pour notre pays et pour l'Europe,
00:18et cela après plusieurs semaines d'action diplomatique.
00:22Vous êtes, en effet, je le sais, légitimement inquiets
00:25devant les événements historiques en cours
00:28qui bouleversent l'ordre mondial.
00:30La guerre en Ukraine,
00:32qui a entraîné près d'un million de morts et de blessés,
00:35continue avec la même intensité.
00:38Les Etats-Unis d'Amérique, notre allié,
00:40ont changé leur position sur cette guerre,
00:43soutiennent moins l'Ukraine et laissent planer le doute sur la suite.
00:47Dans le même temps, les mêmes Etats-Unis d'Amérique
00:50entendent imposer des tarifs douaniers
00:52aux produits venant d'Europe.
00:55Enfin, le monde continue d'être sans cesse plus brutal
00:59et la menace terroriste ne faiblit pas.
01:02Au total, notre prospérité et notre sécurité
01:06sont devenues plus incertaines,
01:08et il faut bien le dire, nous rentrons dans une nouvelle ère.
01:13La guerre en Ukraine dure maintenant depuis plus de trois ans.
01:17Nous avons, dès le premier jour, décidé de soutenir l'Ukraine
01:20et de sanctionner la Russie, et nous avons bien fait,
01:23car c'est non seulement le peuple ukrainien
01:26qui lutte avec courage pour sa liberté,
01:28mais c'est aussi notre sécurité qui est menacée.
01:31En effet, si un pays peut envahir impunément son voisin en Europe,
01:35alors personne ne peut plus être sûr de rien,
01:37et c'est la loi du plus fort qui s'applique,
01:40et la paix ne peut plus être garantie sur notre continent même.
01:43L'Histoire nous l'a enseigné.
01:46Au-delà de l'Ukraine,
01:48la menace russe est là et touche les pays d'Europe,
01:52nous touche.
01:53La Russie a déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial.
01:56Elle a mobilisé sur notre continent des soldats nord-coréens,
02:00des équipements iraniens,
02:02tout en aidant ces pays à s'armer davantage.
02:06La Russie du président Poutine
02:08viole nos frontières pour assassiner des opposants,
02:11manipule les élections en Roumanie, en Moldavie.
02:13Elle organise des attaques numériques contre nos hôpitaux
02:16pour en bloquer le fonctionnement.
02:19La Russie tente de manipuler nos opinions
02:21avec des mensonges diffusés sur les réseaux sociaux.
02:23Elle teste nos limites.
02:25Elle le fait dans les airs, en mer, dans l'espace
02:28et derrière nos écrans.
02:30Cette agressivité ne semble pas connaître de frontières.
02:35Et la Russie, dans le même temps, continue de se réarmer,
02:38dépensant plus de 40 % de son budget à cette fin.
02:43D'ici 2030,
02:45elle prévoit d'encore accroître son armée,
02:47d'avoir 300 000 soldats supplémentaires,
02:493 000 chars, 300 avions de chasse de plus.
02:53Qui peut donc croire, dans ce contexte,
02:57que la Russie d'aujourd'hui s'arrêtera à l'Ukraine ?
03:00La Russie est devenue, au moment où je vous parle
03:03et pour les années à venir, une menace pour la France
03:06et pour l'Europe.
03:07Je le regrette très profondément.
03:10Et je suis convaincu qu'à long terme,
03:12la paix se fera sur notre continent
03:14avec une Russie redevenue apaisée et pacifique.
03:18Mais la situation que je vous décris est celle-là
03:20et nous devons faire avec.
03:23Alors, face à ce monde de danger,
03:25rester spectateur serait une folie.
03:28Il s'agit, sans plus tarder,
03:30de prendre des décisions pour l'Ukraine,
03:32pour la sécurité des Français, pour la sécurité des Européens.
03:36Pour l'Ukraine, d'abord.
03:38Toutes les initiatives qui aident à la paix
03:40vont dans le bon sens et je veux ce soir les saluer.
03:44Nous devons continuer d'aider les Ukrainiens à résister
03:47jusqu'à ce qu'ils puissent négocier avec la Russie
03:50une paix solide pour eux-mêmes et pour nous tous.
03:54C'est pour cela que le chemin qui mène à la paix
03:56ne peut pas passer par l'abandon de l'Ukraine.
03:58Bien au contraire.
04:00La paix ne peut pas être conclue à n'importe quel prix
04:03et sous le dictateur russe.
04:05La paix ne peut pas être la capitulation de l'Ukraine.
04:08Elle ne peut pas être son effondrement.
04:10Elle ne peut pas davantage se traduire par un cessez-le-feu
04:13qui serait trop fragile.
04:14Et pourquoi ? Parce que là aussi,
04:16nous avons l'expérience du passé.
04:18Nous ne pouvons pas oublier que la Russie a commencé
04:21d'envahir l'Ukraine dès 2014
04:23et que nous avons alors négocié un cessez-le-feu à Minsk
04:26et la même Russie n'a pas respecté ce cessez-le-feu
04:30et nous n'avons pas été capables de maintenir les équilibres
04:34faute de garanties solides.
04:36Aujourd'hui, on ne peut plus croire la Russie sur parole.
04:39L'Ukraine a droit à la paix et la sécurité pour elle-même
04:43et c'est notre intérêt,
04:45c'est l'intérêt de la sécurité du continent européen.
04:48C'est en ce sens que nous travaillons
04:49avec nos amis britanniques, allemands
04:51et plusieurs autres pays européens.
04:54C'est pourquoi vous m'avez vu ces dernières semaines
04:56rassembler plusieurs d'entre eux à Paris,
04:58aller les retrouver il y a quelques jours à Londres
05:00pour consolider les engagements qui sont nécessaires à l'Ukraine.
05:05Une fois la paix signée,
05:07pour que l'Ukraine ne soit pas à nouveau envahie par la Russie,
05:10il nous faut le préparer.
05:12Cela passera à coup sûr par un soutien à l'armée ukrainienne
05:15dans la durée.
05:16Cela passera aussi peut-être par le déploiement
05:18de forces européennes.
05:20Celles-ci n'iraient pas se battre aujourd'hui,
05:22elles n'iraient pas se battre sur la ligne de front,
05:24mais elles seraient là au contraire une fois la paix signée
05:28pour en garantir le plein respect.
05:31Dès la semaine prochaine, nous réunirons à Paris
05:34les chefs d'État-major des pays qui souhaitent prendre
05:36leur responsabilité à cet égard.
05:39C'est ainsi un plan pour une paix solide, durable, vérifiable,
05:46que nous avons préparé avec les Ukrainiens
05:48et plusieurs autres partenaires européens
05:51et que j'ai été défendre aux Etats-Unis
05:53il y a 15 jours et à travers l'Europe.
05:56Et je veux croire que les Etats-Unis resteront à nos côtés.
05:59Mais il nous faut être prêts si tel n'était pas le cas.
06:05Que la paix en Ukraine soit acquise rapidement ou non,
06:08les Etats européens doivent, compte tenu de la menace russe
06:12que je viens de vous décrire, être capables de mieux se défendre
06:16et de dissuader toute nouvelle agression.
06:18Oui, quoi qu'il advienne, il nous faut nous équiper davantage,
06:24hausser notre position de défense,
06:27et cela pour la paix même, pour dissuader.
06:30À ce titre, nous restons attachés à l'OTAN
06:32et à notre partenariat avec les Etats-Unis d'Amérique.
06:36Mais il nous faut faire plus, renforcer notre indépendance
06:39en matière de défense et de sécurité.
06:42L'avenir de l'Europe n'a pas à être tranché à Washington ou à Moscou.
06:46Et oui, la menace revient à l'Est.
06:50Et l'innocence, en quelque sorte, des 30 dernières années,
06:52depuis la chute du mur de Berlin, est désormais révolue.
06:57À Bruxelles demain, lors du Conseil extraordinaire
06:59qui réunira les 27 chefs d'État et de gouvernement
07:02avec la Commission et le président du Conseil,
07:07nous franchirons des pas décisifs.
07:10Plusieurs décisions seront prises que la France proposait
07:12depuis plusieurs années.
07:14Les Etats membres pourront accroître leurs dépenses militaires
07:17sans que cela soit pris en compte dans leur déficit.
07:20Des financements communs massifs seront décidés
07:23pour acheter et produire sur le sol européen
07:26des munitions, des chars, des armes,
07:29des équipements parmi les plus innovants.
07:32J'ai demandé au gouvernement d'être mobilisé
07:34pour que, d'une part, cela renforce nos armées
07:36le plus rapidement possible, et d'autre part,
07:39que cela accélère la réindustrialisation
07:41dans toutes nos régions.
07:43Et je réunirai avec les ministres compétents
07:45et les industriels du secteur dans les prochains jours.
07:49L'Europe de la défense, que nous défendons depuis 8 ans,
07:53devient donc une réalité.
07:56Cela veut dire des pays européens davantage prêts à se défendre
07:59et à se protéger, qui produisent ensemble
08:02les équipements dont ils ont besoin sur leur sol,
08:05qui sont prêts à davantage coopérer,
08:07à réduire leur dépendance à l'égard du reste du monde.
08:10Et c'est une bonne chose.
08:13L'Allemagne, la Pologne, le Danemark,
08:16les Etats baltes et nombre de nos partenaires
08:18ont annoncé des efforts inédits en matière de dépenses militaires.
08:23Alors, dans ce temps de l'action qui s'ouvre enfin,
08:27la France a un statut particulier.
08:29Nous avons l'armée la plus efficace d'Europe.
08:32Et grâce aux choix faits par nos aînés
08:34après la Deuxième Guerre mondiale,
08:36nous sommes dotés de capacités de dissuasion nucléaire.
08:39Ceci nous protège beaucoup plus que nombre de nos voisins.
08:43Et de plus, nous n'avons pas attendu l'invasion de l'Ukraine
08:47pour faire le constat d'un monde inquiétant.
08:50Et à travers les deux lois de programmation militaire
08:52que j'ai décidées et que les parlements successifs ont votées,
08:56nous aurons doublé le budget de nos armées en presque dix ans.
09:01Mais compte tenu de l'évolution des menaces,
09:03de cette accélération que je viens de décrire,
09:07nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires
09:10et des investissements supplémentaires
09:12qui sont désormais devenus indispensables.
09:15J'ai demandé au gouvernement d'y travailler le plus vite possible.
09:18Ce seront de nouveaux investissements
09:20qui exigent de mobiliser des financements privés,
09:24mais aussi des financements publics,
09:27sans que les impôts ne soient augmentés.
09:29Pour cela, il faudra des réformes, des choix, du courage.
09:35Notre dissuasion nucléaire nous protège.
09:37Elle est complète, souveraine, française de bout en bout.
09:42Elle a, depuis 1964, de manière explicite,
09:45toujours joué un rôle dans la préservation
09:48de la paix et de la sécurité en Europe.
09:51Mais répondant à l'appel historique du futur chancelier allemand,
09:56j'ai décidé d'ouvrir le débat stratégique
09:58sur la protection par notre dissuasion
10:01de nos alliés du continent européen.
10:05Quoi qu'il arrive, la décision a toujours été
10:08et restera entre les mains du président de la République,
10:11chef des armées.
10:13Maîtriser notre destin, devenir plus indépendant,
10:17nous devons y œuvrer au plan militaire,
10:19mais aussi au plan économique.
10:22Oui, l'indépendance économique, technologique,
10:24industrielle et financière sont des nécessités.
10:28Nous devons aussi nous préparer à ce que les Etats-Unis
10:32décident de tarifs douaniers sur les marchandises européennes,
10:35comme ils viennent de le confirmer à l'encontre du Canada et du Mexique.
10:39Cette décision incompréhensible,
10:41tant pour l'économie américaine que pour la nôtre,
10:44aura des conséquences sur certaines de nos filières.
10:47Elle accroît la difficulté du moment,
10:50mais elle ne restera pas sans réponse de notre part.
10:54Alors, tout en préparant la riposte avec nos collègues européens,
10:59nous continuerons, comme je l'ai fait voilà 15 jours,
11:01à tout tenter pour convaincre
11:04que cette décision nous ferait du mal à tous.
11:06Et j'espère, oui, convaincre
11:10et en dissuader le président des Etats-Unis d'Amérique.
11:14Au total, le moment exige des décisions sans précédent,
11:18depuis bien des décennies.
11:21Sur notre agriculture, notre recherche, notre industrie,
11:25sur toutes nos politiques publiques,
11:26nous ne pouvons pas avoir les mêmes débats que Naguère.
11:30C'est pourquoi j'ai demandé au Premier ministre et à son gouvernement,
11:34et j'invite toutes les forces politiques, économiques et syndicales du pays,
11:38à leur côté, à faire des propositions à l'aune de ce nouveau contexte.
11:44Les solutions de demain ne pourront être les habitudes d'hier.
11:50Mes chers compatriotes,
11:52face à ces défis et ces changements irréversibles,
11:56il ne faut céder à aucun excès,
12:00ni l'excès des vates en guerre, ni l'excès des défaitistes.
12:03La France ne suivra qu'un cap,
12:07celui de la volonté pour la paix et la liberté,
12:11fidèle en cela à son histoire et à ses principes.
12:15Oui, c'est ce en quoi nous croyons, pour notre sécurité,
12:20mais c'est ce en quoi nous croyons aussi, pour défendre la démocratie,
12:24une certaine idée de la vérité,
12:28une certaine idée d'une recherche libre, du respect dans nos sociétés,
12:33une certaine idée de la liberté d'expression,
12:36qui n'est pas le retour des discours de haine,
12:38au fond, une certaine idée de l'humanisme.
12:41C'est cela ce que nous portons et qui se joue.
12:44Notre Europe possède la force économique, la puissance et les talents
12:49pour être à la hauteur de cette époque.
12:51Et que nous nous comparions aux Etats-Unis d'Amérique
12:53et à force surrie à la Russie, nous en avons les moyens.
12:56Nous devons donc agir en étant unis en Européens
13:00et déterminés à nous protéger.
13:04C'est pourquoi la patrie a besoin de vous, de votre engagement.
13:07Les décisions politiques, les équipements militaires,
13:10les budgets sont une chose,
13:12mais ils ne remplaceront jamais la force d'âme d'une nation.
13:17Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix.
13:22Il ne tient qu'à nous, que nos enfants récoltent demain
13:27les dividendes de nos engagements.
13:30Alors nous ferons face, ensemble.
13:34Vive la République, vive la France.
13:37Sous-titrage Société Radio-Canada

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