• il y a 17 heures
Renée Michon est pêcheuse à pied dans la Baie de Somme. Depuis plus de 50 ans, elle y ramasse des coques, des vers ou des plantes comestibles, qu’elle a promues sans relâche dans la région. Rare femme du métier, Reinette est habitée par la Baie, mais à 66 ans, son corps ne suit plus le rythme qu’elle s’est imposé depuis des années. Elle cherche à transmettre son métier, sa façon de travailler, et ses clients à une personne de confiance. Des candidats malheureux ont déjà baissé les bras devant les exigences de Reinette.

Sa rencontre avec Laurent va peut-être tout changer. Lui, a quitté un travail à l’usine pour tenter de se réinventer dans la Baie. La pêche à pied pourrait devenir son nouveau métier. Auprès de Reinette, il apprend à patiemment couper les salicornes, respecter les recoins nourriciers de l’estran, partie du littoral alternativement couverte et découverte par la mer. Mais Reinette a du mal à "lâcher son jardin”. Trouvera-t-elle en Laurent son héritier ? Quatre saisons décisives s’annoncent pour elle. Ses dernières. Car la transmission doit se faire.

#BaiedeSomme #jardinière #jardinage #agriculture #Reinette #Somme #cultiver #mer

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Transcription
00:00...
00:07Mareo, t'as 2h36, Mareeba, 9h57. Je suis pas froide.
00:11...
00:15Non, ça devrait être quand même une bonne journée.
00:18...
00:29Je m'appelle René Michon, plus connu sous le surnom de Renette.
00:34J'ai 66 ans. Je suis ce qu'on appelle une jardinière de la mer.
00:37Mon lieu de travail, voilà, c'est tout autour de moi.
00:41C'est la baie de Somme.
00:43...
00:53...
01:14Avec ce vent-là, j'ai un peu peur que dessous, ça aille bouger,
01:18donc j'ai pas envie de faire le plein dès le matin.
01:21...
01:37Je teste un peu le terrain,
01:39parce qu'il y a eu beaucoup de vent et de pluie,
01:41je préfère m'assurer que le sol est ferme sous mes pieds.
01:45...
01:51On va pas à la mer comme on va sur un marché
01:55ou traverser un terrain de foot.
01:57Au rythme des marées, les terrains, ils changent.
02:00Donc il faut faire très attention.
02:02...
02:06Là, on traverse un endroit où, moi-même,
02:10je me suis fait reprendre plusieurs fois.
02:12Même si on y est passé la veille,
02:14il faut t'attendre.
02:15Non, il faut, parce que la mer, c'est dangereux.
02:18On n'arrête pas l'eau comme on arrête le feu.
02:21...
02:33La baie de Somme, pour moi, c'est particulier.
02:36Disons que j'ai un lien, je dirais, fusionnel.
02:39Ca fait quand même 46 ans que je la reprends dans tous les sens.
02:43Je m'y sens bien et c'est magique.
02:46...
03:00La baie n'est pas riche que de couleurs.
03:03C'est surtout une terre nourricière.
03:05On y ramasse énormément de coquillages, des végétaux,
03:08et particulièrement la salicorne,
03:10qui est quand même une plante très prisée de cette baie
03:13et qui pousse sur les platières, qui se découvre, elle, à marée basse.
03:17...
03:22Quand je suis arrivée en baie de Somme,
03:24c'est vraiment la plante que j'ai découverte
03:26et qui m'a séduite.
03:28...
03:38Je vise toujours une hauteur de 5 à 7 cm,
03:43parce que c'est la partie la plus haute de la plante.
03:47C'est la dernière poussée, donc la plus tendre.
03:52Ca me permet de laisser une bonne hauteur au pied
03:55pour repartir et se multiplier.
03:58Là, on voit, ça a été coupé.
04:00La partie coupée, elle est jaune.
04:02Et on voit, toutes les autres poussent de chaque côté, là.
04:05Quand on la coupe bien, elle repousse assez vite.
04:08Et la repousse est très tendre.
04:11Voilà la hauteur que je choisis, parce que, bon, pour moi, c'est parfait.
04:15En général, je dis toujours que ça reste dans la longueur de la main.
04:19...
04:25Très parfumée, pleine d'iodes.
04:28Vraiment...
04:30la pleine saison pour la saloperie.
04:32...
04:38Disons qu'à 66 ans, j'ai décidé quand même de ralentir sérieusement.
04:43Mais mon souci, c'est que je voudrais vraiment
04:47qu'il y ait du monde qui continue à travailler comme moi,
04:49parce qu'il y a une richesse énorme,
04:51et il y a de quoi vivre dans cette baie, il faut que ça perdure.
04:55Et je me battrai jusqu'au bout,
04:59jusqu'à ce temps que je sorte de la baie.
05:02...
05:17Musique douce
05:20...
05:48C'est pas facile de trouver des bonnes places
05:51avec des feuilles dans autant d'herbes.
05:53...
05:56La baie, c'est pas un jardin, alors forcément, il faut chercher.
05:59...
06:04C'est de la starmaritine que je cherche,
06:07mais pour moi, il me faut quand même une feuille qui fasse une certaine taille.
06:10Tu vois, un peu comme celle-là, mais le problème,
06:13c'est qu'il n'y en a qu'une parmi tant d'autres qui sont trop petites.
06:16Là, il y en a plus.
06:18...
06:30Ce que j'aime bien dans la starmaritine,
06:33c'est que quand tu la manges crue,
06:37t'as un parfum en bouche.
06:39Et c'est la seule plante, quand tu fais un sac de starmaritine,
06:43t'as un parfum quand tu l'ouvres.
06:45...
06:49J'ai toujours goûté les végétaux dans la baie.
06:52D'ailleurs, mon mari m'en traitait de lapin.
06:54Rires
06:55Mais c'est plus fort que moi, il faut que je goûte.
06:58C'est comme ça.
06:59Et c'est vrai que j'ai pas du tout pensé au départ à les commercialiser.
07:02Parce que je me disais que c'était bon,
07:05mais personne n'était demandeur.
07:08Tout le monde les jetait parce que pour eux, c'était nuisible.
07:11C'est vraiment moi qui les ai mis sur le marché.
07:13Je le consommais, je voyais pas pourquoi on pouvait pas l'utiliser autrement.
07:19Donc, tu la cueilles, mais t'essaies toujours de laisser...
07:22Pas une trop grande queue, pour que ce soit présentable dans les assiettes,
07:26que c'est servi comme légume.
07:29Donc, c'est quand même plus joli.
07:32Il y a beaucoup de plantes qu'on n'utilise pas encore,
07:35mais qui sont à utiliser.
07:37Feuille de l'aubionne.
07:38C'est de la famille du pourpied, exactement.
07:41Là, on se casse pas la tête.
07:42Crue comme ça, vous prenez juste la feuille.
07:47Et vous la mangez tout naturellement.
07:49Vous allez sentir, c'est un peu comme la salicande,
07:52ça éclate en bouche un peu.
07:54Le goût, il se diffuse aussitôt dans la bouche.
07:58Et moi, je trouve ça excellent.
08:01C'est l'un des premiers produits
08:03que j'ai apporté à ma famille.
08:05Et moi, je trouve ça excellent.
08:08Ces végétaux-là, ils avaient besoin d'être connus.
08:11Et la meilleure méthode, c'était les chefs.
08:14Musique douce
08:16...
08:31Qu'est-ce qu'on a en produits de beaux ?
08:32Un peu de tout. Tiens.
08:34Salicornes.
08:37Des pompons.
08:38Ah ouais, nickel.
08:41Des astères.
08:42Oui.
08:43Et notre sacre saint, Tobionne.
08:45Elle a vraiment des superbes feuilles, cette année.
08:48Elles sont épanouies. Non, franchement, oui.
08:50Et même, elles ont du corps par rapport à d'habitude.
08:54Ça, c'est de la belle marchandise. On peut pas dire.
08:57C'est vrai.
08:58Je l'ai connue au moment où j'avais un autre restaurant.
09:00Et j'avais du mal à voir les végétaux marins.
09:03Je te remercie. À demain.
09:05Allez, au revoir.
09:06Donc, j'avais des pêcheurs que j'appelais.
09:08Le mec venait me livrer des plumes livrées.
09:11Et j'ai un collègue qui m'a dit,
09:12écoute, moi, j'ai quelqu'un, c'est Reynet.
09:15Et de ce coup-là, j'ai rencontré Reynet.
09:17Ça fait 15 ans qu'on travaille ensemble.
09:22Les salicornes, c'est vraiment important
09:24puisque ça apporte un goût iodé.
09:27Je les coupe vraiment fin,
09:28ce qui permet vraiment d'avoir un goût super.
09:33Ça a un petit goût salé.
09:34Les végétaux marins, on connaissait pas.
09:36Et c'est quelque chose qui est vraiment apporté de chez nous.
09:38C'est quelque chose qui est là, dans la bitsum,
09:40qu'on n'utilisait pas avant.
09:43Là, l'astère,
09:45quand on le goûte comme ça, c'est vraiment salé.
09:50Et des fois, on a même une petite note poivrée dedans.
09:54Les astères, on les fait revenir en friteuse.
09:56Donc, ça va apporter une petite chips, en fait,
09:58sans être salé, sans rien, je veux dire, juste le goût naturel.
10:01Comme des chips de pommes de serre, en fait, non.
10:04À part quelles, ils sont déjà salés.
10:06Même moi, j'aurais pas connu Reynet,
10:07j'en aurais pas avancé autant dans la cuisine, quoi.
10:09Je veux dire, voilà, Reynet, c'est un...
10:12C'est un petit amour pour nous, je veux dire,
10:14elle nous explique tout, elle cueille tout, je veux dire...
10:17Et des fois, Reynet, quand il y a un truc,
10:19elle va me le rapporter, elle va me dire, voilà,
10:21ça se cuisine comme ça, essaye,
10:22et tu vas voir ce que tu vas pouvoir faire avec.
10:24Et ça ressemble vraiment à une chips.
10:27Même le bruit.
10:30Dressage.
10:34Et surtout, il faut servir vraiment bien frais, quoi.
10:37Et ça, c'est top.
10:40Et voilà.
10:41Voilà.
11:11...
11:28I want to taste.
11:29Salut, Corme.
11:33Tous les produits, vous pouvez les manger crus comme cuit,
11:35à ne pas laver.
11:36Vous lavez que quand vous consommez.
11:38Tous sur le bord de la mer.
11:41OK ?
11:43Si vous la lavez à l'auguste, elle va se perdre.
11:45Je fais goûter.
11:46Ah oui ?
11:47Pour que les gens, ils connaissent.
11:49Quand je prends ça à Belgique,
11:51je vais le mettre sur le soleil, ça va être comme ça.
11:54Au four.
11:55Vous les sortez du four, vous sortez l'apéritif et vous dégustez.
11:58Magnifique, hein ?
12:00On ne connaît pas à Belgique, ici.
12:04Eh bien, tant mieux.
12:05Je vais en prendre un de chaque.
12:07OK.
12:08Plus les gens s'intéressent, plus nous, ça nous passionne.
12:11On se dit qu'on ne travaille pas pour rien.
12:13Il y a des gens qui s'intéressent, et puis ils découvrent,
12:17et puis après, ils demandent.
12:18Et l'avantage de cette fête, c'est justement de faire connaître
12:22et que les gens en demandent et l'utilisent.
12:24La sale corne, c'est quoi ?
12:25Celle-ci.
12:27C'est une algue ?
12:28Non, non, non, monsieur.
12:29Alors là, je ne vais pas dire.
12:32Ce sont des végétaux marins.
12:34Des ?
12:35Des végétaux marins.
12:36Je la retiens, parce que là, vous l'avez agacée.
12:38C'est pas méchant.
12:39Mais c'est vrai que tout à l'heure, au restaurant, on vous a servi ça.
12:42C'est ça, la sale corne.
12:43Je suis très fière de ce que fait ma maman.
12:45C'est un métier très dur quand on y va le matin à la frontale
12:48et qu'il fait très froid, quand il fait très chaud
12:51et qu'on est en plein canière, on est penchée.
12:53La position n'est pas du tout agréable.
12:55Je la trouve très forte.
12:56Et elle arrive à mener deux combats de fond,
12:58qui sont le matin, aller ramasser, et l'après-midi, faire la promotion
13:02et en parler avec autant de bienveillance.
13:04Je la peux encore ?
13:06Oui, c'est bien sûr.
13:08Est-ce que vous avez goûté celle-là ?
13:10Ça fait cinq ans qu'elle nous dit qu'elle arrête.
13:12Nous, on n'y croit pas.
13:13À chaque fois, on dit l'année prochaine,
13:15mais je ne l'ai jamais autant entendu dire que, non, cette année-là,
13:18c'était la dernière.
13:19C'est bon, hein ?
13:37Musique sombre
13:40...
13:56On va faire attention de ne pas tout filer,
13:58parce que franchement, elle a bien poussé.
13:59Elle a bien poussé, là.
14:01Elle est belle.
14:02Je trouve même qu'elle pousse mieux avec les eaux de pluie.
14:04C'est pas parce qu'on est dans un estuaire
14:06qu'il faut absolument de l'eau douce.
14:08Si elle n'a que de l'eau salée,
14:10elle ne va pas pousser aussi bien que si elle n'a pas d'eau douce.
14:13Donc il faut cette eau douce pour lui donner ce petit coup de fouet.
14:17Un petit coup de pouce, ouais.
14:19Allez, tiens, on va voir.
14:23Mes enfants, je les ai emmenés avec moi dans l'abbaye,
14:26parce que j'estimais que si je travaillais,
14:27ils pouvaient très bien participer.
14:29Et je n'ai pas créé de vocation chez eux.
14:33Chercher vraiment quelqu'un à qui transmettre...
14:36ma passion.
14:40Il y a Laurent qui est venu, qui s'est présenté chez moi,
14:43me disant qu'il voulait changer totalement de métier
14:46et que le métier de baie l'intéressait.
14:49Puis il avait...
14:50Il vibrait quand il parlait.
14:53Ça ne trompe pas.
14:54Au début, Renette m'avait expliqué
14:58de couper la tenière comme on est là,
15:01sur 4-5 centimètres, pas plus.
15:05On coupe.
15:07De là, hop, on met dans sa main.
15:09On coupe, on met dans sa main.
15:11Alors moi, je ne sais pas pourquoi,
15:13j'étais parti comme ça, totalement à l'envers.
15:15Et puis, en fait, je laissais trop traîner mon doigt,
15:17et puis c'était mon doigt que je coupais.
15:20Donc, par la suite, quand j'ai bien regardé,
15:22j'ai bien vu la façon de mettre mes mains,
15:26et puis après, c'était parti.
15:29Je préférais qu'il en fasse moins, mais qu'il le fasse bien.
15:32Les bouts de doigt dedans, ce n'était pas terrible,
15:33mais bon, à part ça, ça va.
15:37Je connaissais Renette de nom,
15:39mais je ne connaissais pas vraiment ce qu'elle faisait en détail.
15:43Donc, c'est vraiment à notre rencontre qu'on a discuté,
15:45que je me suis aperçu qu'elle travaillait essentiellement
15:47au couteau sur les végétaux.
15:49Et moi, je voulais travailler comme ça,
15:51pas faire des grosses quantités, mais faire de la qualité
15:54pour que le client soit super content.
15:58L'amour d'un métier, c'est vraiment le faire bien,
16:01pour moi, essayer de le faire bien,
16:03et de transmettre ce que tu as fait.
16:05Ça a une valeur.
16:07Et ça, c'est ce que j'ai accepté chez Laurent,
16:11parce que j'aurais vu qu'il faisait ça en Jean-Foutis,
16:13je n'aurais pas été plus loin.
16:14Je ne sais pas quoi c'est, cette technique-là,
16:16mais elle m'a déjà expliqué, la technique de passer ça à la mâchante
16:19pour venir couper.
16:20Donc, en faisant ça, j'ai tendance à couper des pompons avec.
16:24Donc, je suis toujours un peu obligé à retrier dans la main,
16:27plutôt que de venir passer, venir chercher la salicorne et la couper.
16:31Pointe vers le bas, comme ça, on coupe le produit
16:35sans ramener autre chose que la salicorne.
16:39Quand on met bien son couteau pointe en bas,
16:42à travers les autres végétaux, on ramène que ce qu'on veut.
16:45Ouais, j'arrive trop...
16:46Va directement la pointe à la hauteur que tu souhaites.
16:49D'accord.
16:50Recommence.
16:52Encore ?
16:53Oui, parce que...
16:55On sent qu'elle sait former les gens.
16:57On sent qu'elle aime déjà ce qu'elle fait
17:00et elle aime transmettre aussi.
17:01Tu vois ?
17:03Et voilà !
17:04Yes.
17:06Brindille de beau.
17:09Je vais faire payer, mais...
17:11On devrait donner des cours.
17:14Cette relation, oui, elle est pas facile.
17:16C'est pas facile.
17:18C'est pas facile.
17:19Cette relation, oui, elle est particulière.
17:21Mes gamins me disent toujours que j'ai un gamin de plus.
17:24Alors, c'est pas un gamin de plus, c'est quelqu'un que j'ai formé.
17:28Mais ils le ressentent comme ça.
17:29Oui, oui, il y a une complicité.
17:32Et puis, il n'hésite pas à me poser des questions
17:36et le bonheur de partager.
17:37Donc non, oui, oui, c'est bien particulier, tout à fait.
17:40Ça marche.
17:50Je travaillais dans une société
17:51qui fabrique les fenêtres d'autovélux.
17:53J'y ai travaillé pendant 20 ans
17:55et j'avais envie de souffler,
17:57de retrouver un peu de liberté dans mon travail.
18:00Donc je suis parti dans une autre direction,
18:03dans le monde de la pêche à pieds.
18:09Ce qui me plaisait, c'était vraiment être en extérieur,
18:12libre de tout mouvement,
18:14faire ce que j'ai envie, en pleine nature.
18:17Faire ce que j'ai envie, en pleine nature, tranquille.
18:27Salut, Fred.
18:28Ça va ?
18:29Super.
18:30Je t'ai ramené de l'aubionne.
18:33L'aubionne, oui.
18:34J'ai été faire...
18:36Tu l'as fait du coq au côté crottois ?
18:38Cinq vals, ceux-là.
18:39Cinq vals, d'accord.
18:40Ça, c'est coupé au couteau ?
18:41C'est coupé au couteau, oui, pour avoir de la qualité du produit,
18:45pour pouvoir la conserver plus longtemps.
18:47Après, on verra en cuisine comment ils vont la cuisiner.
18:50Soit ils le font en chips, soit on verra ce qu'on en fait avec.
18:53Merci, c'est super.
18:54Salut.
18:57Quand j'ai dit que j'allais quitter la société,
18:59j'ai eu un enfant.
19:02Même dans mes amis, j'ai quelques amis qui m'ont dit,
19:05quand on a su que tu partais, on n'a pas cru en toi.
19:08Et comme j'étais décidé, j'ai dit non, je perds.
19:16Je te ramène tes salicornes.
19:17Hop.
19:21Les feuilles de la dernière fois, t'en penses quoi ?
19:23Nickel.
19:25Elles sont mieux, celles-là ?
19:26Elles se décollent toutes seules, elles sont nickels.
19:29Elles sont belles.
19:30Elles sont belles ?
19:31Oui.
19:32Ça a l'air de lui plaire, je le croise,
19:35on va dire une petite demi-heure par jour.
19:37Donc il bosse, oui.
19:39Ma femme s'est installée l'année dernière.
19:41On a discuté un peu,
19:42si elle pouvait pas intégrer les végétaux de la baie
19:45dans ce qu'elle avait envie de faire.
19:47Donc on a vraiment fait des essais à la maison,
19:50on a fait goûter un peu à la famille,
19:52voir un peu si ça pouvait marcher.
19:55Sans hésiter, elle l'a mis à la carte,
19:58et puis ça marche très, très bien.
19:59Allez, bon courage.
20:01Merci.
20:02Salut.
20:06J'ai travaillé ces produits-là,
20:08parce que Laurent était dans ce métier-là,
20:10sinon je l'aurais peut-être pas forcément inclue dans ma carte, ouais.
20:17Et lui s'est rendu compte
20:18qu'il était mieux comme ça, dans sa peau, en faisant ça,
20:21donc on l'a suivi, hein.
20:26Oui, c'est là, bonjour.
20:28Il a pas de repos, il a pas de vacances, il est...
20:31Alors oui, très fier,
20:32parce que je sais pas si moi, je le ferais.
20:37Et voici.
20:38Et voici. Je vous souhaite un bon appétit.
21:08C'est la folie, la folie.
21:10On se croirait sur un champ de course.
21:15Tout le monde est un peu stressé.
21:17C'est qui va partir au premier ?
21:19Est-ce que je vais tomber sur le bon coin ?
21:21Est-ce que je vais aller au bout ?
21:23C'est le cours, c'est la course, c'est la course.
21:25C'est la course.
21:27C'est l'enjeu, c'est le boulot.
21:29C'est le boulot.
21:30Je pense que c'est de la chance,
21:32parce que le boulot, c'est le boulot.
21:34C'est le boulot.
21:35C'est la course, c'est la course.
21:37Est-ce que je vais faire ma pêche assez vite ?
21:41On va bien y arriver.
21:43Oui, j'ai un petit peu de mal à me repérer quand même.
21:46J'ai toujours l'impression d'être au bon endroit.
21:50On est un peu tous comme ça, parce qu'hier moi j'étais pas du tout bien.
21:54On part directement sur le shipment ?
21:58Au ramassage des coques.
22:00On dépend des décrets, on dépend des autorisations fixées par les affaires maritimes.
22:06Donc il y a un nombre de jours qui est calculé suivant le gisement.
22:10Comme partout, les premiers arrivés ont souvent les meilleurs emplacements.
22:27Allez, bonne marée !
22:36Dans la baie de Somme, c'est primordial cette coque.
22:39C'est un culte.
22:41Je dirais pas que c'est l'emblème, mais c'est tout à fait ça.
22:45Quand on les entend parler de coques, c'est...
22:49Moi je vous parle de la baie, eux avec les coques ils ont tout dit.
22:53On ne vit que pour les coques.
23:06Là je cherche à sortir les coques.
23:10A casser l'avance de façon à ce que ça ne fasse pas un paquet dans ma venette.
23:15C'est plus facile à secouer.
23:19C'est pas une forme de but moi.
23:29Après c'est chacun un peu sa technique.
23:32Ceux qu'on a appris avec les anciens, eux ils tapent directement au niveau des tibias.
23:39Moi je ne sais pas, quand j'ai commencé, j'ai fait ma technique à moi
23:43parce que j'avais tellement mal au rein à l'époque
23:46que j'étais incapable de taper le long des tibias.
23:52Et puis je pense qu'il faut être tombé dedans en petit pour bien faire la technique.
23:57Je suis venue aux coques, c'est un peu par hasard.
24:02Oh là là.
24:04Là, un problème.
24:05Je suis tombée dedans et je suis repartie.
24:09C'est juste que je ne sais pas, je n'ai pas le droit de casser les coques.
24:14Je suis tombée dedans, je suis rentrée, je suis jamais arrivé encore.
24:18Je suis rentrée encore, je suis rentrée encore, je suis rentrée encore.
24:21Je suis rentrée encore, je suis rentrée encore, je suis rentrée encore.
24:24Oh là là, la première journée.
24:29Moi je prenais mon râteau comme si c'était une pioche.
24:32Impossible pour tirer dessus.
24:34On s'est bien foutu de moi.
24:36Ils avaient raison, parce que franchement, la lourdaude...
24:45Je me sentais un petit peu, pas mise à l'écart, mais pas trop à ma place.
24:51Et en fin de compte, j'ai été très surprise, parce qu'ils m'ont accepté assez vite.
24:57Je ne me plaignais pas, j'avais choisi ça, donc il n'y en a pas plein.
25:01Et je crois que c'est cette façon qui leur a plu.
25:21Quand on venait du Bouchard, quand on venait des bassins de chasse, ça faisait un coup.
25:40Mais si tu passais là, tu passais plus tard, ça faisait un coup.
25:43Moi je me rappelle au début qu'on venait, quand j'arrivais ici, j'avais déjà mal au ventre
25:48parce qu'il fallait que je traverse tout ça en vase, ça glissait tellement que je me disais
25:52« Oh punaise, il faut que j'aille jusqu'à là-bas ».
25:54Ce n'est pas par là que tu m'as emmenée crapauter une fois ?
25:57Non, c'est là-bas.
25:58Tu as eu deux heures de route pour faire deux poignées de verre.
26:02Mais l'avantage, Nicole, c'est que tu t'en rappelles maintenant.
26:05Ah oui, j'ai bien fait mon sport ce jour-là.
26:07Je suis rentrée crevée, on avait deux poignées de verre, mais bon, ce n'est pas grave, on avait bien crapatu.
26:11Si ça avait été facile et simple, tu ne t'en souviendrais pas, tu es désolée.
26:14Ça c'est sûr.
26:15Nicole est venue habiter par ici avec son mari.
26:18Et c'est là qu'on a commencé à lire connaissances.
26:22Et puis, de fil en aiguille, on a travaillé tous ensemble.
26:26Elle travaillait avec mon mari, je travaillais avec le sien, comme ça.
26:28Oui, parce qu'on n'avait pas les mêmes centroirs.
26:30C'est vrai.
26:31Et puis, quand on a perdu nos maris, après, on a travaillé pratiquement tout le temps ensemble.
26:35Pas tout le temps, mais souvent ensemble.
26:37Et on a bien rigolé ensemble d'ailleurs, dans les fossés.
26:40Ah oui.
26:43Même l'eau, elle est belle.
26:44Je n'irais pas me baigner, mais elle est belle.
26:49Alors, et voilà pour vous.
26:51Merci bien.
26:52Il n'y a pas de quoi, mesdames.
26:53Eh bien oui, on peut trinquer à cette super saison, purée.
26:57Oui, heureusement qu'on n'attend pas la saison pour boire un coup.
26:59Non.
27:00Ce ne serait pas terrible.
27:01On va te dessécher là.
27:02Oui.
27:04Moi, dans la baie, avant, je travaillais avec mon mari.
27:06Donc moi, s'il y avait un endroit un peu flou, je n'étais pas trop rassurée.
27:11J'avais mon mari.
27:12Après, c'est Renette qui a fait « Maman ».
27:14D'ailleurs, ça faisait rire les gens quand j'étais aux Rodelles.
27:16Parce que quand j'étais de l'autre côté et que je mettais le pied à un truc,
27:18je l'appelais et je disais « Maman, viens me chercher ».
27:20Alors vu ma tête, il devait se dire « Non, ça ne peut pas être sa mère ».
27:25C'est vrai que c'est bon.
27:26Ce sont des périodes qui sont assez difficiles quand on perd quelqu'un.
27:29Et oui, j'ai eu la chance d'avoir Nicole et Daniel qui m'ont prise sous leur aile.
27:36T'as l'air tout sale.
27:38Mais c'est vrai que ça fait du bien.
27:39Ça fait du bien parce que c'est quand même un réconfort et une sécurité.
27:45Parce qu'on n'est pas toujours très aptes, très attentifs dans ces moments-là.
27:51C'est vraiment un secours.
27:53Je dirais que c'est un secours.
28:10J'ai l'impression que t'as des bras de défroi et déjà qu'il faut emmener.
28:13T'as pas sorti de ta formule.
28:14J'ai jamais venu à Dunkerque.
28:18Ça va, pas trop stressé ?
28:20Non, pas trop stressé, je peux pas vous dire.
28:22Mais bon, ça impressionne toujours, c'est normal.
28:24C'est une belle reconnaissance quand même.
28:28Madame Renée Bichoux, pêcheuse à pied,
28:30représentante des pêcheurs à pied au Comité national des pêches
28:33et son parrain Jean-Paul Antoine,
28:35représentante des pêcheurs à pied au Comité national des pêches
28:38et son parrain Jean-Paul Andrieux,
28:40président honoraire de la section d'Orphale Calais du Mérite maritime.
28:45Renée Bichoux, vous êtes née à Caen en 1900,
28:48je ne dirai pas l'année,
28:50mais enfin elle est très jeune encore,
28:52d'une mère pêcheuse et d'un père ouvrier.
28:56En 1988, vous ne travailliez pratiquement qu'en baie de Somme
29:00pour fournir en verre les pêcheurs de Loisir.
29:05Vous décidez alors d'étendre votre activité
29:07par le ramassage des coques,
29:09puis, en plus, des végétaux marins.
29:12En 2015, vous êtes nommée présidente
29:14de l'association des ramasseurs de salicornes.
29:17Vous en êtes la représentante
29:19au Comité national des pêcheurs à pied.
29:21C'est aussi votre plus grand plaisir
29:23de faire partager votre enthousiasme pour ce métier,
29:25si peu connu,
29:27et de faire découvrir les richesses que renferme la baie de Somme.
29:30C'est pour toutes ces activités, cette belle carrière,
29:33qui vous est décernée aujourd'hui,
29:35le mérite maritime de chevalier,
29:37que je vais avoir le plaisir de vous remettre.
29:48En émission, au nom du gouvernement de la République,
29:50nous faisons chevalier du mérite maritime.
30:04...
30:11Regarde, elle sent bien.
30:13T'as vu, c'est un peu...
30:15Avec tout l'investissement qu'elle met dans ce métier,
30:17c'est normal qu'à un moment donné,
30:19on puisse la récompenser de quelque manière que ce soit,
30:22et là, c'est l'une des plus belles manières.
30:25Allez, c'est mérité. Allez, à la suite.
30:27Tiens, allez.
30:29Allez, à toi la prochaine.
30:32Pas tout de suite. Pas tout de suite.
30:35Ça viendra.
30:37Ça porte le bon nom, c'est un mérite.
30:39Il faut le mériter, maintenant.
30:41Voilà, c'est ça.
30:45Allez, après l'effort, le réconfort.
30:47Ouais.
30:49...
31:19Quand on travaille les végétaux,
31:21les 3 quarts du temps, c'est à la belle saison.
31:23Tout est beau, tout est vert, tout est magnifique.
31:26On n'a qu'à ramasser, ça pousse tout seul.
31:28Malheureusement, c'est pas comme ça que ça se passe.
31:30On est les jardiniers de la mer.
31:32C'est exactement ça. On est comme l'agriculteur.
31:34On prépare le terrain l'hiver,
31:36de façon à ce que la végétation puisse, elle, pousser
31:38dès que les beaux jours arrivent.
31:42La voiture ici, c'est un très bon exemple, par contre.
31:45Tu vois la tête de la salicorne ?
31:47On la voit. On voit qu'elle s'est vidée.
31:50Puis ici, on a l'aspartine.
31:52Alors, la plus envahissante de la baie.
31:55Et elle, par contre,
31:57dès qu'elle graine, au mois de juin, juillet,
31:59forcément, s'il y a une petite place de vide, elle s'y met.
32:02Et si on ne fait rien, dans 2 ans,
32:05l'aspartine, elle va tout recouvrir
32:07et tu ne pourras plus faire de salicornes.
32:10Il y a eu une association qui s'est créée, justement,
32:13pour que l'on puisse faire des travaux.
32:15Parce qu'on ne va pas sur le domaine public maritime.
32:17Tiens, aujourd'hui, je veux faire des travaux, je fais des travaux.
32:19Non, ça ne marche pas comme ça.
32:29Firement du département.
32:34Suivant les saisons, on n'a aucune idée
32:37de ce qu'on va pouvoir faire,
32:39ce qu'on va pouvoir labourer, ce qu'on va faucher.
32:42Enfin, c'est assez compliqué.
32:44Justement, j'avais choisi mon métier dans la baie
32:47pour ne pas avoir cet administratif.
32:50Après, il faut savoir ce qu'on veut en tant que présidente.
32:53Je dois assumer quand même, c'est normal.
32:57T'as vu la météo ?
32:59Oui, j'ai bien vu la météo.
33:01Justement, c'est pour ça que là, les gars,
33:03je ne sais pas trop s'ils ont pu descendre ou pas.
33:05Avec le vent, l'eau remontée,
33:07elle est chez les concessions,
33:09donc ce n'est pas la peine.
33:11Et puis, il s'est enfoncé X fois.
33:13Aujourd'hui, il ne descend pas parce qu'il pleut trop.
33:15Et j'espère que demain, il va pouvoir descendre.
33:17D'accord, d'accord, d'accord, d'accord, d'accord, d'accord.
33:19D'accord, d'accord, d'accord, d'accord.
33:21D'accord, d'accord, d'accord.
33:23D'accord, d'accord, d'accord.
33:26Oui, j'espère aussi que ça sera bien
33:28avant qu'il ne soit pas trop tard.
33:37Pour cette année, toutes les zones assurées en rouge,
33:39c'est tous les labos qu'on va faire.
33:41Parce que c'est des zones où c'est que
33:43toutes les salicantes sont complètement envahies par l'aspartine.
33:48Donc ça, c'est cueil du labo, oui.
33:51Là, c'est la météo qui nous coince
33:54pour finir la partie basse en labo.
33:56Ici, on peut passer, c'est ici.
33:58Ici, on a trop d'eau.
33:59Je vous souhaite bon courage
34:01parce qu'apparemment, il en revient une bonne, là, derrière.
34:03C'est Dame Nature qui commande.
34:25C'est toujours très compliqué
34:26parce que quand on prévoit un labour,
34:28s'il y a trop de pluie, c'est pas possible.
34:31Ils s'enfoncent, le labo est mal fait.
34:34Il faut arrêter.
34:35Et puis eux-mêmes, les engins, ils coulent.
34:38Mais bon, on a droit du 1er décembre au 28 février.
34:43Donc il faut s'arranger comme ça, c'est tout.
34:46Il utilise un gyrobroyeur
34:49de façon à casser les anciennes plantes de l'année dernière,
34:53mais comme les graines sont tombées au sol,
34:55de les enfuir légèrement.
34:57On voit bien, quand elle a été travaillée,
34:58la terre, elle est beaucoup plus légère,
34:59beaucoup plus aérée.
35:01Donc forcément, la graine qui s'est retrouvée dessous
35:04va pousser beaucoup plus facilement au printemps.
35:16L'association est primordiale pour les ramasseurs de végétaux.
35:19Sans association, il n'y a plus d'entretien.
35:21Sans entretien, on ne travaille plus.
35:24Ça va tellement vite, l'évolution.
35:26Et l'enjeu, c'est qu'il y a quand même 160 personnes
35:29qui travaillent de cette activité-là,
35:31dont certaines personnes qui n'ont pas d'autres ressources.
35:39La difficulté, c'est que beaucoup de gens
35:41ne viennent pas aux assemblées.
35:43Et on a du mal à faire passer des choses
35:45parce qu'il faut un minimum, il faut un courant.
35:49Merci déjà à tous d'être là.
35:50Je suis ravie d'avoir du monde comme ça,
35:52parce que je ne m'y attendais pas.
35:54Et c'était bien agréable.
35:56On va vous faire le bilan.
35:58On a fait 40 hectares de travaux.
36:01Donc ça fait deux ans maintenant
36:04qu'on demande à faire de la fauche
36:07pour la soude maritime, qui a augmenté partout.
36:10De façon à ce que ça limite
36:12et que la salicante puisse progresser quand même.
36:16Toutes ces études-là ont un impact.
36:19Je ne suis toujours pas à l'aise
36:21pour mener une réunion, franchement.
36:23Moi, je suis une fille de terrain.
36:25Dans un monde masculin comme ça,
36:27des forts parleurs,
36:29des gros bras, il ne faut pas se voler la face.
36:32Ce n'est pas toujours facile d'en imposer.
36:35Cédric, tu sais très bien que si je me bats,
36:37ce n'est pas pour moi, c'est pour tout le monde.
36:39Personnellement, je n'ai personne à m'aider.
36:41Là, c'est du pipo, c'est de la musique
36:43qui est faite pour le timing,
36:45pour ne pas pouvoir faire les travaux.
36:47Déjà, on a notre gueule à fermer.
36:49On doit fermer notre gueule,
36:51parce que c'est eux qui décident
36:53où ils vont pocher, comment ils vont faire,
36:55avec qui, comment, pourquoi.
36:57Maintenant, on se rend bien compte
36:59que le parc naturel marin,
37:01comme c'est un truc de l'État,
37:03nous, on doit se plier à eux.
37:05La baie, elle ne change pas.
37:07Quand tu la prends Google Maps,
37:09elle ne change pas de forme d'année en année.
37:11C'est toujours le même territoire.
37:13C'est toujours le même endroit qu'il y a à faire.
37:15Quand on sera dirigé par des gens
37:17qui ne font pas notre métier,
37:19on n'aura jamais gain de cause.
37:21Ils regardent ce qui rentre dans les poches
37:23et ça ne rentre pas tous les ans,
37:25mais ils ne voient pas le mal qu'on a.
37:27Si l'administration a pris le dessus sur nous,
37:29c'est parce qu'on n'est pas solidaires.
37:31Quand il y a des réunions,
37:33il n'y a pas assez de monde.
37:35Dis-le, je compte sur vous tous.
37:37À la prochaine AG,
37:39t'es le moins là et t'as pas assez de monde.
37:41Telle le dit Cédric,
37:43je compte sur vous tous.
37:45Mais je compte surtout sur des gens motivés.
37:47C'est vrai que c'est important
37:49que vous soyez là et j'en suis ravie,
37:51mais il faut surtout être motivé
37:53parce que notre métier va se perdre autrement.
37:55Si on n'est pas capable
37:57de gérer l'association correctement,
37:59c'est l'État qui prend le relais
38:01et là, on est morts.
38:13Il n'y a pas de solidarité, c'est sûr et certain,
38:15pour la bonne raison qu'on est tous
38:17travailleurs indépendants.
38:19Chaque personne pense qu'en étant
38:21un travailleur indépendant,
38:23tu fais ton business,
38:25les autres n'ont pas besoin de savoir.
38:27C'est pas possible.
38:57Je vais préparer l'ail et tout.
38:59Je mets un peu plus fort
39:01et dès que tu vois que c'est légèrement roux,
39:03tu les poses dessus,
39:05tu recules ta poêle et tu les remues.
39:09Depuis qu'elles ont deux ans,
39:11oui, toutes les vacances, elles sont avec moi.
39:13Il y a la complicité,
39:15il y a...
39:17Puis elle m'apporte aussi,
39:19ça me booste aussi.
39:23C'est bon, sortez les filles.
39:27Elle se débrouille bien en cuisine.
39:29C'est pas un plan.
39:31Salicorne, c'est au menu.
39:33Tu vas mettre deux bonnes cuillères à soupe
39:35de crème fraîche, ton ail,
39:37tu remues tout et tu recouvres.
39:39D'accord ?
39:45Merci.
39:49Merci.
39:53Cheers, darling.
39:57On aime bien venir ici
39:59parce que ça change de chez nous,
40:01comme on n'a pas la mer,
40:03tout ça, ça change.
40:05On y va plusieurs fois par an,
40:07mais...
40:09Chaque vacance, on essaye de venir.
40:11Je sais que ça va pas durer longtemps.
40:13À l'âge qu'elles ont, ça va se terminer de bonheur.
40:15Mais bon.
40:17La grand-mère, hop, au portail.
40:27Là, on va aller dans le 2e fossé.
40:29Parce que là, la mer, elle monte,
40:31mais pas tellement, puisque c'était morteaux.
40:33On va aller voir là-bas.
40:35On verra bien si on en trouve.
40:37Ça les gêne pas de se lever
40:39de très bonne heure le matin pour venir avec moi.
40:41Non, au contraire.
40:43C'est rigolo. D'ailleurs, elles sont connues.
40:45Ça fait un moment qu'on me dit
40:47qu'on n'a pas encore vu les jumelles.
40:49Vous vous retournez et vous descendez
40:51comme ça, en vous appuyant.
40:53Vas-y, plante ton râteau.
40:55Essayez d'aller le plus profond.
40:57Vous prenez une tranche,
40:59vous la dégagez bien.
41:01Il est petit, votre râteau.
41:03Vous prenez une tranche, vous dégagez
41:05et après, vous allez plus en profondeur.
41:07Voilà.
41:09Vas-y, prends les verres.
41:11Bien, regarde.
41:15Tu vois bien les verres qu'il y a,
41:17mais surtout que ça ne retombe pas
41:19dans ta travaille.
41:21Parce que souvent, c'est au pied
41:23de la travaille que tu as des beaux verres.
41:25Puis ça évite de les casser.
41:27Si on tire sur un verre qui est là
41:29et qui s'en va,
41:31souvent, on le casse.
41:33Donc ça ne sert à rien d'avoir un demi-verre
41:35alors qu'avec un peu de patience,
41:37on aurait eu un verre entier.
41:39Ça va, les filles ?
41:41Oui.
41:43C'est mieux ?
41:51Oui.
42:01Comme dirait l'autre,
42:03je suis tombée dans la marmite,
42:05j'avais 9 ans.
42:07Le souci pour ma mère,
42:09c'est qu'on était plusieurs enfants
42:11et j'étais la plus dissipée.
42:13La seule solution pour elle
42:15d'avoir la paix pendant qu'elle travaillait
42:17puisqu'elle faisait le ramassage des verres,
42:19c'était de m'emmener avec elle.
42:23Sur sa mobilette,
42:25je partais avec elle à la mer.
42:29Mais ça ne m'a plus tout de suite.
42:31J'étais grisée par cette liberté.
42:35Quand j'ai voulu un vélo,
42:37on m'a dit pas de souci,
42:39on m'a tendu un croc et une caisse au boulot.
42:43Déjà la regarder, j'étais curieuse.
42:45Mais là, mettre les pieds dans la vase
42:47c'était le bonheur absolu.
42:51Ça va Alizé ?
42:53Oui.
42:55Fatiguants les vacances avec mamie.
42:59Les verres, il faut faire attention
43:01de ne pas prendre plus petit que ça.
43:03Le plus petit à prendre, c'est ça.
43:05Il faut que le pêcheur puisse le mettre
43:07au bout de son hameçon.
43:09Il faut qu'il ait une certaine taille.
43:11Il y a un besoin de transmission.
43:13Même s'ils ne viennent pas faire ce métier,
43:15ils sauront.
43:17Ils sauront dire, ma grand-mère faisait ça,
43:19ou ma mère faisait ça.
43:21Il y a ce petit cachet de fierté quand même.
43:25Ça a des yeux aussi ?
43:27Oui, je l'ai vu tout à l'heure.
43:33Le but, c'était pas de venir
43:35dissiquer des verres dans la mer.
43:37Les pauvres.
43:39Ça occupe, ça nous fait un petit moment avec elle.
43:41On peut discuter,
43:43on peut travailler.
43:45Moi, j'aime bien.
43:47Même si c'est très physique.
43:49La baie, c'est pas tout mou.
43:51Même là, on sent
43:53que le dos s'attire.
43:55Et c'est physique
43:57quand tu t'enfonces dans la vase
43:59et qu'il faut réussir
44:01à se dégager de la vase.
44:03C'est difficile.
44:05Il y en a qui restent coincés.
44:13Allez, ma puce.
44:23Voilà pourquoi je fais pas ce métier.
44:33Laisse-moi faire.
44:43Et du coup...
44:51Ça, c'est ça.
44:53C'est de l'argozée.
44:55C'est pas de la poire.
44:57C'est d'un gout.
44:59Ça, c'est de l'acier.
45:01C'est de l'acier de la poire.
45:05On peut couper des pommes.
45:07Des pommes de 1,7 mètres.
45:09Y a des pommes d'un peu plus de 1,8 mètre.
45:11Donc c'est une baie très vitaminée, on dit qu'elle est plus vitaminée qu'une orange.
45:19Et au goût c'est tonique, c'est très acidulé, ça a du peps.
45:26Avant je me baladais dans la baie, je ne savais même pas où je mettais les pieds.
45:30J'avais plein de choses autour de moi, je ne les voyais même pas.
45:33Et maintenant quand je rentre dans la baie, j'ai un oeil différent.
45:36Je ne fais jamais 30 mètres sans m'arrêter.
45:38Regarder, tiens ça c'est quoi ?
45:40Maintenant les végétaux, je suis toujours à la recherche d'un nouveau truc.
45:44Et puis après, s'il y a possibilité de faire quelque chose avec, je tente.
45:52Alors là, à cette époque, tout a poussé.
45:54Donc on cherche, on fouine, on écarte.
45:57Et on trouve, toujours si on cherche, on trouve.
46:01Donc c'est une partie de travail aussi, de recherche.
46:07Ça c'est de la bête maritime.
46:09Des jolies feuilles.
46:12La bête maritime c'est l'ancêtre de la betterave, qu'on connaît tous.
46:17Or ici ce n'est que des feuilles, il n'y a pas de betterave au pied.
46:21Donc après là, on a un petit côté, une petite amertume.
46:28Donc on va regarder un peu si on peut en trouver une petite quantité.
46:33Je vais essayer de proposer ça à Étienne, voir un peu si ça peut l'intéresser.
46:55On met un peu les devets d'arbousier.
46:57Et on va mettre un fromage frais fermier.
47:03On va mixer ça, on va réassaisonner, on va voir ce que ça donne.
47:10Et ça qui est intéressant, c'est que c'est très fort.
47:13Et du coup, ça va permettre de donner du peps au plat.
47:20Ah oui, c'est puissant.
47:24Et ça va être bien en condiment avec le poisson.
47:27On va venir presser légèrement.
47:31Et on voit qu'il est bien frais parce que la chair se rétracte.
47:35On va laisser colorer deux petites minutes, comme ça.
47:39On va rajouter un petit peu de beurre.
47:41Et quand le beurre commence à devenir un peu noisette, comme ça,
47:45on va mettre nos feuilles dedans.
47:49Voilà, ça crépille, ça change.
47:51Ils sont bien assaisonnés.
47:53On retourne les poissons et nos feuilles en même temps.
47:56Ils commencent à changer de couleur.
47:59Et là, simplement, c'est prêt.
48:02Surtout pas trop cuit.
48:04Et voilà.
48:06Donc là, on va dresser.
48:08On va mettre d'abord notre condiment dans le fond de l'assiette.
48:11On ne va pas en mettre trop parce qu'on a vu que c'était puissant.
48:14Et ensuite, on va venir dresser le beurre.
48:18C'est puissant.
48:20Et ensuite, on va venir dresser le filet de poisson.
48:26Ensuite, nos herbes de lavée.
48:28On va venir mettre le long du poisson, comme ça.
48:34C'est toujours intéressant de voir comment ils utilisent les produits que j'amène.
48:38Ça m'aide, déjà dans mes recherches, dans ce que le restaurant veut faire.
48:44Quand on se lance comme ça et qu'il y a des gens vraiment intéressés,
48:47qu'ils ne butent pas sur un seul produit, c'est encourageant.
48:51Et maintenant, je te propose de goûter.
48:54Oui, avec plaisir.
48:55Je t'en prie. A toi l'honneur.
49:06Le plat est très bon, sincèrement.
49:08Et c'est vrai que l'utilisation des végétaux est vraiment bien équilibrée.
49:14La bête, c'est pareil. La petite sauce avec la moussière derrière.
49:18Juste ce qu'il faut, pas trop. Non, non, c'est vraiment bon.
49:21Dès que c'est disponible, dès que Laurent dit « on y va », il n'y a pas de problème.
49:26Ce ne sont pas des ingrédients qu'on peut trouver dans le commerce de tous les jours.
49:30Et c'est pour ça que c'est bien de travailler avec des gens comme Laurent,
49:33parce qu'on est en dialogue permanent.
49:35En fait, eux, ils sont sur place, les pieds dans la vase.
49:40Et ça, c'est formidable de travailler avec des acteurs comme ça, de la baie.
49:45C'est encore meilleur.
50:04Et sa licorne, elle est où ?
50:06Verte.
50:09C'est mes enfants qui me poussaient un petit peu à ce que je m'arrête.
50:14Non, parce qu'ils pensaient que ce n'était plus tellement adapté à mon âge.
50:20Encore là.
50:22Encore là ? Oh, je suis souvent de surveillance, moi.
50:27Quand les dernières petits-enfants sont arrivés, je me suis dit « bon, peut-être que là,
50:31il faut lever un peu le pied pour pouvoir m'occuper un peu aussi d'eux ».
50:38C'est lourd.
50:40C'est lourd ? Ah, ben oui, hein.
50:42Des corps un peu petits pour porter.
50:54Je pense que j'aime trop ce que je fais. Je crois que c'est ça.
50:57C'est une passion, donc on a du mal à l'arrêter.
51:02Et c'est plus fort que moi, tous les jours, je vais à la baie.
51:04Je vais voir la baie.
51:06J'ai besoin de la sentir. J'ai besoin de m'en imprégner.
51:09Elle a une magie et elle est envoûtante.
51:12Moi, elle m'a envoûtée. Je ne peux pas donner d'autres explications.

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