• il y a 1 heure
[#LeCanapéRouge] Aurélien Marcel MINTSA MI NGUEMA, Magistrat Financier et expert des questions des finances internationales


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00:00GABON MEDIATIME
00:16Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, bienvenue sur le canapé rouge de Gabon Mediatime,
00:21votre rendez-vous incontournable pour analyser et décrypter les grands enjeux politiques, économiques et sociaux du Gabon.
00:28Aujourd'hui, nous avons l'honneur de recevoir Aurélien Marcel Nitsaminguema, magistrat financier,
00:34expert international en finances et administrations publiques, ancien directeur général du budget et des finances publiques.
00:42Monsieur Aurélien Nitsaminguema est également diplômé de l'École nationale d'administration de France,
00:48promotion Aimé Césaire, diplômé de Sciences Po en économie et en administration publique,
00:53diplômé en droit économie et gestion de l'Université de Strasbourg, formé à l'expertise comptable,
00:59doctorant en droit public spécialité finances publiques à l'Université de Strasbourg,
01:04titulaire d'un diplôme supérieur de gestion et de comptabilité à l'INTEC Paris et d'un master 2 en contrôle et audits.
01:13Alors que le débat du France-EFA suscite de vives discussions au sein de la sphère intellectuelle et économique,
01:21notre invité s'est récemment illustré à travers un exposé à l'Université Omar Bongo,
01:27en animant une conférence autour de cette monnaie communautaire.
01:32Lors de cette intervention, il a analysé les limites structurelles du France-EFA,
01:38son impact sur la zone CEMAC et proposé des prises de réformes, notamment l'idée de dualité monétaire,
01:48qui associerait une monnaie nationale et une monnaie communautaire arrimées à un panier de devises internationales.
01:57Quels sont les véritables enjeux du France-EFA pour le Gabon et l'Afrique centrale ?
02:03Une réforme monétaire est-elle nécessaire et réalisable ?
02:06Quelles perspectives pour une économie financière des États de la zone CEMAC seront les principales questions
02:12que nous allons aborder au cours de cette interview ?
02:16Aurélien Marcel Nintaminguema, bonsoir et merci d'avoir accepté notre invitation.
02:20Bonsoir M. l'État, merci de me recevoir dans vos studios.
02:25D'accord. Comme il est de tradition, sur le canapé rouge de Gabon Media Time,
02:29la première question que je vais vous poser est celle de savoir comment vous vous portez en cette période de transition politique au Gabon.
02:39Comment je me porte ? Sur le plan de la santé, je me porte bien, bien que tout homme debout est un malade qui s'ignore.
02:50Par rapport à la transition politique, je suis un être optimiste, puisque j'ai une totale confiance aux autorités de la transition
03:02et cette conscience est renforcée depuis le lendemain du 30 août par les différentes actions menées par celles-ci.
03:13C'est en toute sérénité que nous abordons cette phase décisive de la transition qui va arriver le 12 avril.
03:26D'accord. Alors nous sommes ici ce soir pour évoquer la question du franc CFA.
03:34Certains disent que c'est une monnaie coloniale, héritée justement de l'ancien colon qu'est la France.
03:44Alors quelle définition peut-on aujourd'hui donner du franc CFA ?
03:50Le franc CFA, monnaie coloniale, hier, avant-hier, ce n'est pas inexact de le dire.
03:57Aujourd'hui, est-il encore une monnaie coloniale ?
04:02Tel est le fruit des différentes analyses qui sont faites à ce sujet.
04:06Monnaie coloniale a bien des égards parce que le franc CFA, créé le 26 décembre 1945,
04:15signifiait fin des colonies françaises d'Afrique.
04:19On ne peut donc pas dire que ce soit faux que d'affirmer que c'est une monnaie coloniale à sa création.
04:27Aujourd'hui, le franc CFA est géré par la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest
04:33et géré par la Banque centrale des États de l'Afrique centrale à certains points, à certains niveaux.
04:41C'est bien une monnaie qui est la nôtre.
04:45D'accord. Lors de votre conférence à l'université Omar Bongo, vous avez rappelé que le franc CFA repose sur quatre caractéristiques majeures.
04:54La parité fixe avec l'euro, la convertibilité illimitée, la libre transférabilité et la centralisation des réserves de change.
05:06Pourquoi ces éléments sont-ils aujourd'hui perçus comme un frein au développement des économies des zones CFA ?
05:14Parlons d'une autre zone qu'est la zone CMA.
05:17Merci M. Descartes. Avant de répondre à cette question, je voudrais revenir sur le deuxième point de votre première interrogation,
05:24à savoir, c'est quoi le franc CFA ?
05:29Le franc CFA, je le disais tantôt, a été créé le 26 décembre 1945 et s'intégrait dans ce que l'on appelait la zone franc, elle-même créée en 1939.
05:41Ce franc CFA a connu une évolution au fil de l'histoire, tant et si bien que certains pays qui étaient membres de ces différents organes,
05:51UMOA, CEMAC, sont sortis de ceux-ci, tandis que d'autres sont entrés.
05:58Bien avant, la zone franc a enregistré des départs, notamment en 1954, après les accords de Paris, les pays du Mékong francophone.
06:06Vietnam, Laos, Cambodge sont sortis de la zone franc. Ils ont été suivis en cela par les pays du Maghreb, la Tunisie en 1956, le Maroc en 1959 et l'Algérie en 1962, après les accords d'Évian.
06:20Pour nos pays subsahariens, le débat du franc CFA s'est posé en effet à partir des indépendances.
06:27En 1958, c'est coutouré après le nom du général de Gaulle pour demeurer dans la communauté.
06:37Il est sorti du franc CFA au début des années 1960, après le nom de 1958.
06:43Au Mali, le président Modibo Keïta n'a pas pu faire adhérer à l'Assemblée nationale la ratification du franc CFA, après qu'il eut lui-même à la signer.
06:56Au Togo, la question du franc CFA s'est également posée avec le président Silvanus Olympio,
07:01qui avait déjà mis en branle les mécanismes pour une création d'une monnaie nationale togolaise.
07:08Il fut malheureusement assassiné le 13 janvier 1963.
07:12Par la suite, deux pays, la Mauritanie en 1972 et Madagascar en 1973, vont également quitter la zone CFA.
07:21En 1984, le Mali, qui n'était pas entré en 1962, interdit finalement la zone.
07:28En 1985, nous enregistrons l'arrivée de la Guinée équatoriale, très symbolique,
07:33parce que c'est un pays qui ne faisait pas partie de ce que l'on appelait dans le vocabulaire commun l'AOF et l'AEF.
07:42Nous enregistrons l'arrivée de la Guinée équatoriale et bien plus tard celle de la Guinée-Bissau en 1997.
07:48C'est-à-dire que certains pays sont sortis du front CFA, ne sont jamais revenus.
07:53D'autres, qui n'étaient pas là au départ, sont arrivés.
07:57D'autres encore ne sont jamais rentrés dans le front CFA.
08:01Ceci étant dit, monsieur Descartes, le front CFA a effectivement quatre caractéristiques principales.
08:09La parité fixe, la libre transférabilité des capitaux,
08:15la convertibilité limitée en euros et la centralisation des réserves de change.
08:20En allant point par point, s'agissant de la parité fixe, cela ne me pose pas fondamentalement un problème.
08:29Parlez d'une monnaie qui soit en parité fixe.
08:33Près de 50% des monnaies internationales, des monnaies des pays affiliés au FMI, sont en parité fixe avec d'autres monnaies,
08:45notamment le dollar et l'euro.
08:49Cela n'est pas en soi un problème.
08:52C'est peut-être un problème, moi qui ai eu l'opportunité d'être dans la sphère des institutions de Bretton Woods,
09:02où j'ai pu rencontrer des élites de ces organisations.
09:07Le front CFA est une question gênante de la parité fixe, plus globalement,
09:12parce qu'en réalité, le prix est un instrument de rarité relative.
09:19Or, le taux de change est un prix.
09:22Le fait que l'on ait une monnaie qui soit en parité fixe,
09:26dénie au mécanisme du marché de fixer le niveau de taux de change.
09:31Donc, c'est plus un débat à ce niveau théorique qu'autre chose.
09:35S'agissant de la libre transférabilité des capitaux, il y a, à mon sens, un problème.
09:40C'est pourquoi vous voyez certains pays, la Guinée équatoriale a subi au milieu des années 2010,
09:4650% de la richesse créée ressort du pays,
09:51parce que le front CFA ne constitue pas un bouclier pour la sauvegarde des richesses en interne,
10:00à travers cette caractéristique.
10:02S'agissant de la convertibilité illimitée, il dit ainsi, a priori, il n'y a pas de problème,
10:11sauf que cette convertibilité illimitée est conditionnée à la centralisation des réserves de change
10:18et à la couverture de l'émission monétaire.
10:22Et comme je l'avais déjà dit à l'Université Omar Bongo il y a quelques jours,
10:27cela obère considérablement les possibilités de crédit au sein de la zone.
10:33Nous y reviendrons certainement dans les prochaines questions que vous aurez à poser.
10:38Oui, mais pourquoi ces éléments sont-ils aujourd'hui perçus comme un frein au développement économique
10:44des États classés maintenant ?
10:46Je le disais, tous ne me posent pas de problème, notamment la parité fixe,
10:51qui concourt peu ou prou à la stabilité de la zone monétaire.
10:56En revanche, les trois autres sont discutables, notamment la centralisation des réserves de change.
11:02L'Assemblée comprenait bien que lorsque nous avons une obligation de faire un dépôt de 50 % de nos réserves,
11:13cela limite les possibilités de crédit au sein de la zone. Comment ?
11:19Puisque les crédits nourrissent les importations.
11:25Vous avez une entreprise, on va prendre un exemple qui est dans le BTP.
11:31Elle veut acheter un caterpillar. Elle ne l'achètera pas au Gabon.
11:37Si elle a accès au crédit, elle va solliciter l'importation du caterpillar.
11:44Donc, elle va toucher aux réserves de change communautaires.
11:48Et si plusieurs entreprises ont la même tendance, on aura une forte demande de réserves pour supporter les importations.
12:00Cela peut amener les États à ne pas pouvoir réunir la quantité de réserves nécessaire pour répondre aux caractéristiques du Franc CFA,
12:09à savoir 50 % des réserves qui doivent être déposées dans le compte des opérations.
12:16C'est en cela clairement que nous avons une limite en termes de financement de nos économies.
12:23Le Franc CFA, à mon avis, pose problème.
12:26C'est pourquoi il est convenable, comme cela a été obtenu par nos frères de l'Afrique de l'Ouest,
12:32de voir les mécanismes qui peuvent nous amener à faire sauter ce verrou de centralisation de réserves de change,
12:45de même que ce verrou de couverture de l'émission monétaire.
12:48D'autant qu'historiquement, nous avons souvent couvert notre monnaie à environ 90 %.
12:56A des moments, nous sommes arrivés à 110-120 % de couverture de l'émission monétaire,
13:03c'est-à-dire bien plus que les régimes monétaires les plus arides qu'on appelle les currency balls.
13:10D'accord.
13:11Vous avez mentionné un ratio crédit-PIB particulièrement bas en zone CEMAC, autour de 20 %,
13:19alors qu'il atteint les 160 % en Afrique du Sud et plus de 300 % aux États-Unis.
13:26Dans quelle mesure la centralisation des réserves de change freine-t-elle réellement l'accès au crédit ?
13:32Pour être un peu plus…
13:33On évoque des thématiques techniques pour que ceux qui nous regardent puissent comprendre.
13:38Non, c'est ce que l'on disait tout à l'heure, M. Descartes.
13:41Effectivement, je confirme ces chiffres.
13:44Du fait de la centralisation des réserves de change, nous avons un ratio crédit sur PIB très faible.
13:51Il est de l'ordre de 20 %, environ.
13:55Parfois, il est même en dessous de 18 % chez nous.
14:00En Afrique du Sud, il tourne autour de 160 %.
14:05Dans l'Union européenne, il est bien au-delà de 100 %.
14:08Aux États-Unis, effectivement, il explose.
14:11Il est au-delà de 300 %.
14:14Les raisons de ce que l'on pourrait appeler, en termes techniques, le rationnement de crédit,
14:20sont à lire effectivement sur le plan théorique à travers le modèle de Stiglitz et Weiss de 1981.
14:27C'est-à-dire que dans la zone, les banques, ne connaissant pas bien les demandeurs de crédit,
14:35sont frileuses à leur accorder les dix crédits.
14:39On n'a pas l'adressage des villes, généralement.
14:42On ne connaît pas réellement où M. Descartes pourrait se trouver à Libreville.
14:47Donc, si on obtient un crédit à M. Descartes, on n'a pas toute l'information sur lui.
14:52Les risques de non remboursement sont élevés.
14:56Il y a ce modèle. C'est un modèle économique.
14:59Mais surtout chez nous, il y a un modèle lié au franc CFA, notamment à la centralisation des réserves de change.
15:06C'est que lorsque l'on obtient les crédits, il y a un risque, comme je le disais tantôt,
15:11puisque les crédits vont nourrir les importations.
15:14Et pour importer, il faut les réserves.
15:16Donc, si nous donnons, par exemple, beaucoup de crédits aux agents qui ont besoin de financement,
15:23les entreprises, les ménages,
15:25ceux-ci peuvent utiliser cette masse monétaire pour des importations,
15:30ce qui va diminuer le niveau des réserves.
15:34Or, nous avons l'obligation d'avoir 50 % de nos réserves au niveau de la banque centrale.
15:41Donc, au lieu de favoriser l'octroi des crédits,
15:44notre monnaie a comme priorité la centralisation des réserves de change
15:50pour garder le niveau souhaitable par les traités.
15:55Également, pour limiter et endiguer le niveau d'inflation.
16:00Or, toutes les études économétiques démontrent qu'en Afrique centrale,
16:06nous avons besoin d'un niveau d'inflation de l'ordre de 8 %, 9 %, voire 10 %,
16:12une inflation à deux chiffres.
16:14L'inflation est concomitante à la croissance.
16:18Pas toujours, il y a des phénomènes de stagflation,
16:21mais nous ne pouvons pas avoir de croissance avec des taux d'inflation de 1 %.
16:26C'est un niveau d'inflation appauvissant.
16:30Nous avons besoin, pour une croissance, d'un niveau d'inflation un peu plus élevé.
16:36C'est pourquoi nous devons sortir de certains éléments des traités,
16:41notamment des critères de convergence.
16:44Nous ne pouvons pas, dans une zone où le chômage des jeunes est très élevé,
16:49où le taux d'accroissement naturel pour le Gabon est de 2,4 points par an,
16:54nous ne pouvons pas accepter d'avoir une inflation,
16:58d'avoir une institution monétaire qui ait pour seul rôle la maîtrise de l'inflation.
17:05Il faudrait que l'institution monétaire accompagne les états de la sous-région
17:09au niveau de la croissance économique.
17:12Vous souhaitez des réformes et des perspectives.
17:17Vous proposez une solution audacieuse, la mise en place d'une dualité monétaire
17:22avec une monnaie nationale et une monnaie communautaire,
17:25arrimée à un panier de dévises.
17:27Qu'entendez-vous par dualité monétaire,
17:30et concrètement, comment ce système fonctionne-t-il
17:34et quels en seraient les bénéfices pour les économies de la zone CEMAC ?
17:40Je voudrais revenir sur ce que je disais tout à l'heure.
17:45Nous avons une banque centrale qui ne concourt pas à la croissance des états.
17:53Nous devons sortir de ce paradigme.
17:56L'ancien directeur général du budget des finances publiques que je suis
18:00ne peut pas cracher sur les possibilités antérieures
18:08qui permettaient à chaque état d'avoir des avances
18:11au trésor de l'ordre de 20% des recettes fiscales de l'année 1-1.
18:16Qu'est-ce que cela veut dire ?
18:18Au cours d'une année, si vous avez réalisé 1 500, 2 000 milliards de francs séparatifs
18:25de recettes fiscales, recettes douanières, impôts de porte,
18:30recettes de la direction générale des impôts,
18:34vous avez réalisé 1 500, 2 000 milliards,
18:38la banque centrale vous octroie au titre d'avance 20% de cela,
18:43c'est-à-dire 300 milliards, 400 milliards selon le travail réalisé.
18:48Ce qui est même un outil d'incitation à une action fiscale beaucoup plus renforcée.
18:55Cela permet aux états de ne pas aller sur les marchés financiers
18:59où ils vont s'endetter à des taux de 6,5% en termes d'obligations.
19:07Ce n'est pas une situation viable.
19:10Nous devons avoir une banque centrale qui concourt à la croissance économique des états.
19:16400 milliards pour le budget de l'état dans le cadre de la loi de finances initiales,
19:22c'est très important.
19:24Ensuite, par rapport à votre question liée à la dualité monétaire,
19:34il s'agit simplement de deux niveaux de monnaie.
19:38Nous avons une monnaie nationale, nous préconisons une monnaie nationale
19:42qui aura pouvoir libératoire et co-légal ici au Gabon.
19:47Les autres pays de la sous-région auraient également leur monnaie.
19:52Cela va permettre que nous ayons un tissu industriel.
19:56Pour ceux qui ont déjà été dans des pays comme le Maroc,
19:58ils ont bien vu que la monnaie marocaine ne sortant pas,
20:02cela amène les Marocains à consommer local.
20:05Puisque nous devons consommer local, la demande de produits locaux augmente.
20:10L'offre devant s'ajuster à la demande, il s'en suit une mise en œuvre des industries locales
20:18en vue d'arriver l'offre à la demande.
20:21C'est ce que nous préconisons.
20:23La monnaie nationale, qui ne sera uniquement utilisable que sur le plan national,
20:30va nous permettre de consommer, d'augmenter la consommation des agences économiques sur le plan local,
20:38donc d'avoir un tissu industriel embryonnaire,
20:42ce qui nécessitera de prendre des mesures protectionnistes.
20:46Il ne faudrait pas en avoir peur.
20:49Maintenant, puisqu'à court terme, nous n'aurons pas nécessairement les produits manufacturés,
20:54nous devons avoir une possibilité d'importation.
20:58Cette possibilité d'importation se fera via la monnaie commune,
21:03qui cette fois-ci ne se limiterait plus, selon notre proposition,
21:07au pays de la CEMAP, mais également au pays de la CAC.
21:11Nous visons bien entendu l'Angola, la RDC, le Sao Tome et le Principe
21:17pour des caractéristiques propres à ces différents pays.
21:21Pour parler de l'Angola et de la RDC,
21:24ce sont des pays qui ont quasiment les mêmes caractéristiques que les six pays de la CEMAP
21:29en termes de potentiel économique.
21:32Ce sont des pays qui également sont fortement arrivés à une insertion primaire au commerce international.
21:40C'est-à-dire que l'essentiel de leur exportation est constitué des matières premières,
21:50le pétrole pour l'Angola, l'air, les mines pour la RDC.
21:55Est-ce qu'il n'y a pas un risque en pratique ?
21:58Pour ceux qui connaissent un peu la RDC,
22:01on va voir qu'il y a deux monnaies qui ont finalement cours,
22:04puisqu'il y a le dollar et puis les francs congolais.
22:07Est-ce qu'on ne craint pas qu'au final, dans le tissu économique, il y ait deux monnaies qui se chevauchent ?
22:16Deux monnaies qui se chevauchent, chacune aura son rôle.
22:21Le rôle de la monnaie nationale, c'est la consommation interne,
22:26avec des mécanismes propres, notamment des mécanismes protectionnistes.
22:31Maintenant, le rôle de la monnaie commune,
22:34c'est de nous mettre en relation avec le monde extérieur,
22:38afin de pouvoir importer les produits que nous ne pourrons en aucun cas,
22:43à court terme, voire à moyen terme, avoir chez nous.
22:46C'est cela le rôle de la monnaie commune.
22:48Maintenant, le problème de superposition de la monnaie nationale
22:53et de la monnaie que l'on pourrait appeler internationale en RDC
22:59sont bien hauts que ceux que vous évoquez.
23:02Mais il faudrait beaucoup de temps pour l'expliquer.
23:05Mais la question sécuritaire n'est pas étrangère à cette situation.
23:12L'idée d'une réforme du franc CFA est souvent confrontée à des résistances,
23:19notamment de la part des institutions financières internationales
23:22et de certaines élites locales.
23:25Quels sont, selon vous, les principaux freins politiques et économiques
23:29à une telle transformation monétaire ?
23:33Je crois que sortir du franc CFA, avoir une monnaie nationale,
23:39avoir une monnaie communautaire, ressemble à un saut vers l'inconnu pour certains.
23:45C'est pourquoi ils sont frileux.
23:48Mais nos chefs d'État, nos aînés, nos papas,
23:52ils n'ont eu de cesse de poser le problème.
23:54Le président Sassou, président de l'organisation de l'unité africaine
23:58au milieu des années 80, avait déjà posé le problème.
24:03En vue du règlement de la dette publique,
24:06le président Theodoro Bianchema de la Guinée équatoriale
24:10pose sans cesse le problème.
24:12Il nous revient, nous, élites de la région,
24:15de soutenir nos chefs d'État,
24:18leur proposer des outils importants, scientifiques,
24:24des analyses concrètes pouvant nous amener
24:28à arriver à une réforme véritable du franc CFA.
24:33Nos chefs d'État n'attendent que nous,
24:36et je le pense sincèrement,
24:38c'est pourquoi ça a été tout un symbole
24:41de tenir cette conférence à l'université
24:44pour que les universitaires s'approprient la question du franc CFA,
24:49pour que la question du franc CFA ne soit pas une question des activistes,
24:55pour que la question du franc CFA soit proposée
24:59comme un outil véritable pour la gouvernance publique,
25:03et cela mérite d'être porté,
25:06il serait loisir que cela soit porté par les universitaires,
25:10par les élites de la sous-région,
25:12des économistes, des anthropologues, des sociologues,
25:16parce que je le rappelais à l'occasion,
25:19la monnaie est un fait social total.
25:21Il est bien vrai que lorsqu'on parle de monnaie,
25:24on pense d'emblée aux trois caractéristiques déclinées par Aristote,
25:28instrument d'échange, unité de compte, unité de réserve de valeur,
25:32mais c'est bien au-delà la monnaie.
25:34André Orléan et Michel Aglietta en font d'ailleurs un instrument de lien social.
25:41Donc il faudrait que tout le monde se mette ensemble
25:44pour trouver des solutions,
25:48des préconisations à formuler à nos chefs d'État,
25:51afin que ce soit très bien outillé
25:54pour défendre les positions majoritaires des Africains.
26:00Et nous le constatons sur les réseaux sociaux.
26:02La question du franc CFA en tant que maintien n'est pas majoritaire.
26:07D'accord.
26:08Certains pays de la CDAO ont amorcé cette transition vers l'éco.
26:12Une monnaie est censée remplacer le franc CFA à terme.
26:15Est-ce que dans la zone Sénat,
26:17on peut s'attendre à un scénario identique
26:19sous le contexte économique et politique ?
26:23Les contextes économiques et politiques sont différents.
26:25Nous l'appelons de tous nos voeux, M. Léca.
26:28Nous appelons cette réforme de tous nos voeux.
26:30Que l'on s'arrive sur l'action déjà enclenchée
26:36par nos frères de l'Afrique de l'Ouest,
26:38qui aujourd'hui ne sont plus liés à la centralisation des réserves de changes
26:42au niveau du compte d'opération.
26:44C'est bien parce que très tôt,
26:46ils ont posé la question du franc CFA.
26:48Ils y ont réfléchi dès 1980 aux accords de l'Écosse.
26:52Je le souviens également au cours de la conférence.
26:55Il faut bien comprendre,
26:57l'Afrique de l'Ouest, c'est deux grandes zones.
27:01Vous avez la zone UMOA,
27:03et vous avez la zone sinon UMOA.
27:06C'est ce qui constitue la CDAO.
27:09Au niveau de la zone UMOA,
27:12le géant, c'est la Côte d'Ivoire.
27:14Au niveau de la zone non UMOA,
27:17le géant, c'est le Nigeria.
27:19Le Nigeria a connu plusieurs crises institutionnelles
27:24liées au coup d'État.
27:26Lorsque le président Babangida
27:29décide d'organiser des élections en 1993,
27:34celle-ci tourne mal
27:36puisque Michouda Biola, arrivé vainqueur,
27:40n'est pas investi président de la République.
27:43L'élection est annulée.
27:45Le Nigeria demeure en instabilité politique
27:49avec la prise de pouvoir de Samy Abacha.
27:53Lorsque celui-ci décède et que le Nigeria,
27:55après l'élection de Lussegumo Basanjo,
27:57revient à l'ordre constitutionnel en 1999,
28:00l'autre géant, la Côte d'Ivoire,
28:02est en crise avec le coup d'État du 24 décembre 1999
28:09du général Robert Gay.
28:11Cette crise va perdurer du 19 septembre 2002
28:14jusqu'au 11 avril 2011
28:17lorsque est arrêté le président Laurent Gbagbo.
28:20Cela ne leur a pas permis d'aller plus loin
28:23dans la réflexion sur l'offense.
28:25Ce n'est pas plus que les deux géants
28:27étaient pendant près de trente ans
28:29en instabilité politique.
28:31Néanmoins, en 1980,
28:33ils avaient déjà posé les jalons
28:35sur comment devraient s'appeler leurs monnaies,
28:37l'éco.
28:39Où est-ce que la banque,
28:41devant émettre cette monnaie,
28:43devrait être située ?
28:45Ils avaient même pensé déjà
28:47à la ZMAO, la zone monétaire ouest africaine,
28:50à la MAO, l'agence monétaire ouest africaine.
28:53Donc, il faut suivre cette démarche.
28:57La question monétaire est une question
28:59pas très aisée.
29:01Elle n'est pas très aisée
29:03parce que l'économie réelle
29:05c'est quelque chose d'assez simple.
29:07La production, la répartition,
29:09la consommation des biens et des services rares
29:11c'est quelque chose d'assez simple.
29:13Lorsqu'on intègre l'outil monétaire,
29:15l'économie ou la science économique
29:17devient quelque chose d'assez compliqué.
29:20C'est peut-être pourquoi le débat
29:22a longtemps été tenu
29:25à l'écart des grandes messes
29:27internationales, sous-régionales.
29:29Mais il est bien temps
29:31que les élites de la sous-région
29:33puissent s'arrimer aux sentiers
29:35déjà ouverts
29:37par l'élite ouest africaine
29:39pour que nous également
29:41arrivions à une réforme
29:43de cette monnaie française.
29:45Vous appelez de tous vos voeux
29:47l'intervention ou l'appropriation
29:49de ce débat par les élites.
29:51Mais quel rôle doivent jouer les États
29:53et les banques centrales
29:55dans cette évolution monétaire ?
29:59Merci, M. Léca.
30:01Les banques centrales,
30:03selon la configuration actuelle,
30:05sont indépendantes des États.
30:07Je recuse
30:11cet état de fait.
30:13Les banques centrales doivent
30:15être au service des États
30:17puisque ce sont elles qui émettent
30:19la monnaie qui a cours légal
30:21et pouvoir libératoire au sein
30:23de l'économie des États.
30:25Elles n'ont pas à être indépendantes
30:27des États. C'est une analyse hors-sol
30:29dans le contexte africain.
30:33Quel rôle doivent-elles jouer ?
30:35Elles doivent comprendre
30:37qu'elles ont nécessairement
30:39le devoir
30:41d'accompagner les États
30:43sur le sentier de la croissance.
30:45En économie, il y a ce que l'on appelle
30:47la loi d'Okun. Arthur Okun,
30:49un économiste, a fait une analyse
30:51en établissant une relation
30:53entre la croissance économique
30:55et le niveau de chômage.
30:57Selon les analyses
30:59macroéconomiques,
31:01pour que nous ayons un point de chômage
31:03en moins dans nos économies,
31:05il nous faut trois points
31:07de croissance économique.
31:09Il nous faut trois points de croissance
31:11économique. Cela ne pourra pas
31:13se faire si nous avons une banque centrale
31:15indépendante des États.
31:17Mais pour que nos dirigeants présidents,
31:19pour que nos chefs de gouvernement
31:21puissent porter
31:23la réforme de la banque centrale,
31:25pour qu'elle revienne
31:27à ce qu'elle était
31:29au départ et à ce qu'elle devrait,
31:31c'est-à-dire accompagner les États,
31:33il faut que nous,
31:35élites de la sous-région,
31:37puissions présenter
31:39aux chefs d'État, aux chefs
31:41de gouvernement,
31:43des analyses
31:45opératoires
31:47pour que la banque centrale
31:49puisse faire sa nuit.
31:51D'accord.
31:53Alors, vous avez insisté
31:55sur le fait que le débat
31:57sur le franc CFA ne devrait
31:59pas être uniquement
32:01porté par la rue.
32:03Également, puisque vous avez dit
32:05que c'est une question d'activistes,
32:07mais ce que je veux dire
32:09aujourd'hui dans les administrations,
32:11parmi
32:13les élites, la question
32:15fait déjà débat
32:17dans votre entourage.
32:19Au-delà de la conférence
32:21que vous avez faite à l'université, vous sentez une appropriation
32:23déjà de l'élite.
32:25Non, il est trop tôt, M. Léca, de sentir
32:27l'appropriation, moins d'une semaine après.
32:29Je ne doute pas, à ce moment-là,
32:31que nous avons des
32:33personnes bien formées,
32:35nous avons des gabonais compétents,
32:37qui peuvent très rapidement s'approprier
32:39la question, pour peu
32:41qu'ils en soient conscients.
32:43C'est une question,
32:45je le disais, d'entrée
32:47de jeu, qui est
32:49portée, qui est analysée à l'international.
32:51J'ai eu la chance
32:53d'être avec des prix Nobel d'économie.
32:55J'ai eu la chance d'être avec les premiers
32:57responsables des institutions de Bretton Woods.
32:59C'est une question qui est
33:01connue de ceux-ci.
33:03Il faudrait
33:05que nous, nous puissions
33:07sortir de notre
33:09mutisme sur la question.
33:11Nous, en Afrique centrale,
33:13que nos études soient
33:15connues, soient rendues publiques,
33:17qu'elles servent aux dirigeants,
33:19parce que, je vous réaffirme,
33:21nos dirigeants, ce sont des
33:23personnes éclairées. Ils comprennent
33:25la question.
33:27Mais comme tout dirigeant,
33:29toute question d'une telle ampleur
33:31doit avoir une portée
33:33populaire, légitime,
33:35et avoir également
33:37des arguments scientifiques,
33:39afin de les opposer
33:41à toute personne qui viendrait
33:43en contradiction.
33:45Le président Thomas Sankara,
33:47qui n'avait pas
33:49Amani Diouri,
33:51Nianci Beyadéma,
33:53il n'avait pas l'armature économique,
33:55l'armature scientifique,
33:57pour défendre
33:59la sortie du France-EFAP.
34:01Mais ils ont également posé le problème.
34:03Cela a été
34:05porté par la suite, par les
34:07élites de leur région. C'est ce qui a
34:09permis l'africanisation
34:11des cadres au niveau
34:13des banques centrales, BCAO, BAC.
34:15C'est ce qui a permis
34:17l'installation en Afrique
34:19des banques centrales, BCAO
34:21à Dakar, BAC
34:23à Yaoundé. Parce que, dites-vous bien
34:25qu'au début des années 70,
34:27nos
34:29France-EFAP, les banques centrales, étaient
34:31à Paris, rue du Colisée,
34:33dans le 8e arrondissement.
34:35C'est parce que les élites
34:37ouest-africaines se sont appropriées
34:39la question du France-EFAP, que leurs
34:41dirigeants ont été amenés à poser
34:43le problème devant les autorités
34:45françaises. Il nous revient de
34:47suivre le même chemin, et que demain,
34:49nous sortions de la centralisation des réserves de chambre,
34:51que nous améliorions notre tissu
34:53industriel, que nous apportions
34:55une bouffée d'oxygène à notre économie,
34:57que nous permettions à nos entreprises d'avoir
34:59du crédit et de développer leur
35:01PMU, ce qui
35:03serait un gage d'emploi pour la jeunesse
35:05et bien pour tout
35:07ce capital
35:09oisif qui est
35:11à foison au sein de la
35:13sous-région. Vous le dites vous-même
35:15que ce serait un saut
35:17dans le néant, un saut dans le vide
35:19que de
35:21changer
35:23tout de suite
35:25cette stabilité, ou ce semblant de
35:27stabilité économique
35:29et financière.
35:31Comment garantir justement
35:33une transition métisée
35:35sans risque majeur pour
35:37les populations d'abord?
35:39Je n'ai pas dit que ce serait
35:41un saut dans le vide.
35:43Je l'ai dit pour éviter un saut.
35:45Pour éviter une aventure,
35:47il faut que nous réfléchissions.
35:49Moi,
35:51j'ai fait des propositions.
35:53Je n'ai pas nécessairement raison,
35:55mais
35:57j'appelle la contradiction.
35:59Je voudrais que les élites
36:01de la sous-région se mettent ensemble
36:03pour que nous trouvions une solution
36:05optimale que nous aurons
36:07à proposer à nos chefs d'État
36:09qui comprennent bien
36:11le problème, mais ils nous attendent.
36:13Ils comprennent
36:15le problème, nos chefs d'État.
36:19Que nous nous mettions ensemble, que nous trouvions
36:21une solution optimale, que nous la proposions
36:23à nos chefs d'État, que ces chefs d'État
36:25portent la chose maintenant
36:27pour des réformes
36:29vertueuses en vue
36:31de l'amélioration
36:33de la situation de nos économies.
36:37Pour tout vous dire,
36:39cela peut s'organiser
36:41en sept ans,
36:43six ans, sept ans.
36:45Il faudrait que nous nous mettions
36:47au travail.
36:49Il faudrait que nous nous mettions au travail.
36:51Il faut,
36:53je l'ai rappelé tout à l'heure,
36:55avec la zone
36:57ouest-africaine. Il faut
36:59que nous nous retrouvions, que l'on définisse
37:01la monnaie
37:03communautaire, quel sera son nom,
37:05où est-ce qu'elle sera
37:07émise, la sécurité
37:09qui doit entourer l'émission
37:11de cette monnaie,
37:13les différents outils à mettre en lieu.
37:15Je prends pour
37:17le canal
37:19des mécanismes de transition
37:21de politique monétaire, moi je prends
37:23pour le canal court et le
37:25canal long développé par
37:27Bernanke et Blinder. Je prends
37:29pour cela qu'on doit
37:31mettre en place une monnaie qui puisse
37:33permettre d'irriguer l'économie
37:35via le crédit. L'économie
37:37se nourrit du crédit.
37:39Un pays qui n'a pas de crédit
37:41ne peut pas se développer.
37:43Il faudrait bien que l'on le comprenne.
37:47Alors, est-ce qu'on peut s'attendre à ce
37:49que l'expert que vous êtes
37:51s'en battant le pèlera
37:53pour renouveller l'expérience de l'Université
37:55Omar Mongo, peut-être à l'Université
37:57Mariana Guabi,
37:59à Brazzaville et peut-être à Yaoundé
38:01pour essayer d'expliquer à d'autres experts
38:03de la question comme vous
38:05le bien-fondé de vos arguments ?
38:07En tout état de cause,
38:09Monsieur l'État, je n'aménagerai
38:11aucun effort pour faire
38:13prospérer une réforme
38:15du franc CFA.
38:17Je n'aménagerai
38:19aucun effort. C'est pourquoi
38:21je suis présent chez vous aujourd'hui.
38:23Je peux être présent demain
38:25à un autre endroit. C'est une question
38:27qui ne doit pas également
38:29rester dans la théorie
38:31économique. Il faut que
38:33réellement, c'est pourquoi vous aurez remarqué
38:35que je ne suis pas attaché
38:37aux limites symboliques
38:39du franc CFA.
38:41Alors qu'il y en a.
38:43Le franc CFA, en réalité, c'est peut-être une prétention
38:45que je fais en parlant
38:47de quelque chose à laquelle
38:49je ne suis pas attaché.
38:51Le franc CFA, normalement, a pour ancêtre
38:53la Banque
38:55du Sénégal
38:57qui, elle-même, venait à la suite
38:59de l'indemnisation
39:01des esclavagistes.
39:03Lorsqu'en avril 1948,
39:07l'esclavage est aboli,
39:09les esclavagistes sont
39:11indemnisés parce que
39:13les Noirs avaient été considérés
39:15comme des biens meuves,
39:17comme une marchandise.
39:19Il fallait donc indemniser
39:21leurs maîtres. Ils furent indemnisés
39:23et cinq ans plus tard, ils ont
39:25créé la Banque du Sénégal
39:27qui deviendra
39:29en 1901 la Banque des Etats
39:31de l'Afrique de l'Ouest avant qu'elle ne devienne
39:33la Banque centrale en 59
39:35des Etats de l'Afrique de l'Ouest.
39:37Le franc CFA a cette
39:39antériorité négative.
39:41Le franc CFA,
39:43on l'a dit tout à l'heure,
39:45c'est l'offrant des colonies françaises d'Afrique
39:47pour des pays
39:49attachés à leur indépendance.
39:51Cela ne peut pas faire bien.
39:53Je ne suis pas attaché à cette limite symbolique.
39:55Je suis plus
39:57attaché aux caractéristiques
39:59du franc CFA qui,
40:01si elles sont démantelées, permettraient
40:03aux Gabonais de vivre mieux.
40:05Si on ne centralise
40:07plus autant de
40:09réserves de change,
40:11on va augmenter
40:13la masse monétaire au sein
40:15de l'économie, on va
40:17octroyer plus de crédits
40:19aux agences économiques, on aura
40:21plus d'emplois, on aura
40:23un PIB beaucoup
40:25plus élevé puisque c'est la somme des valeurs
40:27ajoutées des unités de production.
40:29Or, si elles sont nombreuses à avoir de crédits,
40:31à faire des investissements de capacité,
40:33nul doute que nos Etats,
40:35nos économies se porteraient mieux.
40:37Donc, je suis davantage
40:39attaché à cela.
40:41Nous arrivons au terme
40:43de cette interview.
40:45Est-ce que tu avais un mot de fin,
40:47une feuille de route, un propos
40:49à l'endroit des décideurs
40:51institutionnels,
40:53universitaires sur cette question
40:55du franc CFA ?
40:57Davantage à l'endroit
41:01de l'élite,
41:03de la sous-région. Vous comprenez bien
41:05que je ne peux pas interpeller
41:07les chefs d'Etat et de gouvernement.
41:09J'ai un message à l'endroit
41:11de l'élite de la sous-région.
41:13Et nous avons une élite bien formée
41:15aujourd'hui. 65 ans après
41:17nos indépendants, nous sommes capables
41:19de gérer pleinement
41:21notre monnaie. Il ne faudrait
41:23pas que nous ayons peur
41:25de faire ce saut.
41:27Nous sommes capables de faire
41:29des propositions réalistes,
41:31opératoires à nos dirigeants
41:33pour que ceci
41:35nous assure une réforme
41:37de la monnaie
41:39unique de la sous-région.
41:41C'est pourquoi j'interpelle
41:43mes frères pour leur dire, mettons-nous
41:45ensemble, organisons des
41:47colloques, organisons des
41:49séminaires, organisons des conférences.
41:51Mettons-nous ensemble pour une proposition
41:53optimale du franc CFA.
41:55Et c'est à ce titre,
41:57me semble-t-il, que nous mettons fin
41:59à ces difficultés,
42:01à ces écueils qui émaillent
42:03cette monnaie, qui nous
42:05assure chaque jour
42:07nos échanges
42:09avec les différents
42:11acteurs, les différents agences
42:13économiques.
42:15M. Bintzaminghema, merci pour cet échange.
42:17Alors que la question
42:19de la souveraineté monétaire reste un enjeu
42:21central pour les États de la CEMAC,
42:23nous suivrons avec intérêt
42:25l'évolution des réflexions
42:27et des initiatives sur cette thématique
42:29que vous auriez à mettre en oeuvre.
42:31Merci d'avoir été notre invité
42:33sur le canapé rouge de Gabon-Médiathèque.
42:35Nous espérons vous revoir
42:37très prochainement pour
42:39approfondir
42:41ces questions et suivre
42:43l'évolution de la situation. Merci.
42:45C'est moi qui vous remercie, M. Descartes.

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