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00:008h moins le quart, ce mercredi 26 février, Yann Lastenet, comment lutter contre les déserts médicaux ?
00:06C'est une question qui inquiète les professionnels de santé comme les patients que nous sommes depuis plusieurs années en Sarthe
00:12où le nombre de généralistes ne cesse de diminuer, question centrale au cœur d'une conférence ce soir au Mans
00:18organisée par le Cercle Montesquieu et au cours de laquelle vous allez intervenir Arnaud Chéron, bonjour
00:24Vous êtes professeur d'économie à l'université du Mans, pourquoi d'abord un économiste intervient-il sur des questions de santé ?
00:30Alors effectivement je suis spécialiste en évaluation des politiques publiques et parmi les politiques publiques il y a les questions de santé publiques
00:36qui sont au cœur de mes travaux et j'ai aussi l'occasion de collaborer avec la faculté de santé d'Angers dans le cadre de la commune
00:43Fédération Le Mans-Angers où nous travaillons avec le doyen de la fac de santé sur l'évaluation des problématiques de santé publique sur le territoire
00:50Quel constat vous dressez ? On parlait de la baisse du nombre de médecins généralistes, elle est réelle, elle est importante ces dernières années en Sarthe ?
00:59Elle est réelle et notre constat est même un petit peu plus alarmant que ce que ne laissent penser les premiers chiffres, les chiffres classiques qui sont souvent mis en évidence
01:07à savoir le nombre de consultations en moyenne par an par habitant, en Sarthe on est autour de 3, là où c'est 4 en Maine-et-Loire et 4,5 à Paris
01:16et nous ce que l'on met en évidence c'est que si on regarde un autre indicateur à savoir la proportion de médecins qui acceptent des nouveaux patients
01:24et bien l'hétérogénéité, l'inégalité territoriale est encore plus flagrante, pour donner quelques chiffres très rapides
01:31en Sarthe on est à moins de 10% de médecins qui acceptent des nouveaux patients, là où on est à plus de 50% voire près de 60% sur Paris
01:38Pourquoi cette telle différence entre Paris et la Sarthe ?
01:41Il y a véritablement, comme vous le disiez, le problème de déclin de la démographie médicale
01:46On est passé de 390 médecins à peu près il y a une quinzaine d'années à 300 à peu près aujourd'hui, médecins libéraux, généralistes
01:55Effectivement ça c'est le constat, il y a aussi une problématique de temps de travail, les nouvelles générations travaillent un petit peu moins
02:03il y a aussi une féminisation de la profession parmi les médecins généralistes
02:06où là aussi un temps de travail qui en moyenne est sensiblement plus faible, de l'ordre de 25% plus faible parmi les femmes que chez les hommes
02:14donc effectivement ceci combiné avec une demande de soins qui progresse sur le territoire avec le vieillissement de la population
02:21qui est particulièrement marqué en Sarthe et avec un niveau d'éducation moyen aussi qui est un petit peu plus faible qu'à Paris
02:28tout ça fait qu'il y a un déséquilibre, une tension sur le système de soins qui est encore plus marquante
02:33Il n'y a pas que la population en général qui vieillit, les médecins généralistes aussi, ça veut dire que déjà les médecins présents prennent 10% seulement de nouveaux patients
02:44moins de 10% des médecins prennent des nouveaux patients, ça risque de se compliquer encore ces prochaines années ?
02:50Oui comme je vous disais, même s'il y a une progression comme avec les réformes du numerus clausus qui laissent présager une augmentation du nombre d'étudiants en médecine
03:00les effets ne se feront sentir qu'à très long terme et donc véritablement il faut penser à d'autres leviers à court terme pour essayer de solutionner en tout cas en partie la tension qui existe sur le système
03:10Alors c'est justement sur ce sur quoi vous travaillez, quels sont ces leviers, quels leviers vous avez identifiés ?
03:16Alors nous on travaille sur deux types de leviers, le levier de la téléconsultation parce que ce que l'on observe c'est que les territoires qui pour le coup sont relativement bien dotés
03:27comme à Paris par exemple, la pratique de la téléconsultation est plus importante que sur un territoire comme en Sarthe où il y a moins d'un tiers des médecins qui font de la téléconsulte alors qu'on est à près de 80% sur Paris
03:37donc là pour des patients à faible risque, pour des pathologies dont le périmètre est à définir par les médecins de déployer la téléconsultation, de faire en sorte de rapprocher la demande et l'offre de soins, ça semble être un des premiers leviers
03:52C'est ce que j'allais vous dire, les médecins une partie en tout cas est réticent à l'utilisation de la téléconsultation, en tout cas pas dans tous les cas, pas pour toutes les pathologies parce que ça ne remplace pas non plus un examen on va dire en cabinet
04:05Oui tout à fait, donc là évidemment c'est charge aux médecins de délimiter précisément le périmètre de ce qui peut être pris en charge en première intention sur la téléconsultation
04:14mais sur un patient de moins de 25 ans qui a une douleur à la gorge, des maux de gorge, ça peut s'envisager comme une manière de sortir de la file active du médecin pour libérer du temps médical sur des territoires où il y a une forte tension comme on l'évoquait
04:31Alors ça c'est le premier levier, il y en a un deuxième que vous avez identifié ?
04:34Le deuxième levier c'est un levier sur lequel on travaille avec le CHU d'Angers justement, on cherche à évaluer les IPA, les infirmiers de pratique avancée ou les infirmières de pratique avancée
04:44où là il y a une délégation de tâches entre le médecin généraliste et l'infirmière ou l'infirmier et un parcours de soins coordonné comme ça qui permet par exemple sur des pathologies chroniques des patients qui sont en infection longue durée
04:57et bien que sur les trois cas de suivi qui doivent être assurés dans l'année, la moitié ou les deux tiers sont assurés par l'IPA et à la moindre alerte on rebascule sur le médecin généraliste
05:07Alors ça ce sont deux solutions qui ont été évoquées mais il y a des freins, on l'a dit, idéologiques mais aussi financiers et vous travaillez là-dessus d'ailleurs
05:14Evidemment il y a la question du modèle économique de toutes ces consultations qui est importante parce que ce n'est pas la même chose de faire une téléconsultation pour quelqu'un qui a une petite rhino que pour prendre en charge un patient qui pour le coup est polypathologique
05:28et donc que ce soit la téléconsultation, les consultations présentielles classiques ou les consultations assurées par les IPA, il y a véritablement là une différenciation qui doit être faite
05:39et donc d'essayer de tarifer au mieux pour que les médecins s'y retrouvent, les infirmiers et les patients également
05:46Voilà, un vaste débat, beaucoup de choses encore à faire, on en discute ce soir au sein d'une conférence organisée au musée Jean-Claude Boulard au Mans
05:57C'est à partir de 18h30, conférence, je le précise, organisée par le cercle de réflexion Mantesquieu et qui va associer notamment des économistes mais aussi des médecins pour en discuter
06:10Merci beaucoup Arnaud Cheron, professeur d'économie à l'université du Mans, bonne journée

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