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00:00Quand on se retrouve avec le défunt, la maîtresse et la femme dans la même pièce, c'est un peu compliqué.
00:07Oups, la mouette !
00:11Salut l'étudiant, c'est Alix, j'ai 20 ans et je vais vous parler de mon métier un peu spécial.
00:15Je suis transporteur funéraire spécialisé dans le médico-légal.
00:18Ça consiste à aller au lieu de décès avec un médecin légiste qui déclare la mort, très souvent une mort dite suspecte.
00:24Et il y a deux cas de figure.
00:26Le médecin arrive à savoir quelle est la circonstance de la mort, donc une mort naturelle.
00:30Ou alors, on a un doute, on se demande qu'est-ce qui peut se passer, on n'est pas sûr.
00:33Et à ce moment-là, le médecin légiste, sur le certificat de décès, va mettre un obstacle à la levée du corps.
00:37Et à ce moment-là, nous, on intervient.
00:39On peut retrouver quelqu'un dans la forêt, il peut y avoir une personne qui est décédée depuis très longtemps.
00:42Un mois, deux mois, voire même plus, des fois même une année, ça peut arriver.
00:45Ça peut être un meurtre camouflé en suicide.
00:47Mon parcours scolaire est assez court, parce que j'ai arrêté l'école tôt, à 15 ans.
00:51Dès le brevet, j'avais arrêté.
00:53Il y a eu une annonce sur Internet qui demandait un agent funéraire, plus communément appelé porteur et chauffeur.
00:59J'ai ensuite évolué en tant que maître de cérémonie.
01:01On accompagne les familles lors de la cérémonie, donc lors de la mise en bière, quand on met le corps dans le cercueil.
01:06Et jusqu'à l'enterrement, l'inhumation.
01:08Ça faisait très peur, comme beaucoup de gens qui commencent le funéraire.
01:11Mais finalement, tout s'est fait très naturellement.
01:13J'ai eu pas mal de facilité à comprendre les familles, à discuter avec elles.
01:16On se rend compte que le métier sert réellement à quelque chose.
01:19Quand on a des familles qui viennent nous voir, qui nous disent merci pour cet accompagnement.
01:23À force de faire souvent la même chose, on a envie d'évoluer.
01:26Il y avait une société qui était intéressante, qui était spécialisée dans le médico-légal, qui m'intéressait.
01:30J'ai directement sauté dedans, me disant que ce serait une nouvelle expérience.
01:33Comme j'ai commencé le funéraire, d'ailleurs.
01:35Puis finalement, on en tombe rapidement amoureux.
01:37Mon rapport à la mort, c'est vrai qu'il est vachement changé.
01:39Parce que quand on côtoie quotidiennement, c'est pas quelque chose qui est normalement naturel,
01:43mais qui pour nous, qui travaillons dedans, le devient.
01:45On se met un voile, parce qu'on n'a pas le choix.
01:47En termes de qualité, il y a besoin déjà d'avoir un certain côté neutre.
01:50Avoir de l'empathie, mais pas trop, parce qu'on a besoin d'une certaine distance.
01:53Même les familles ont besoin de distance.
01:55Aussi, un côté un peu physique. Il y a de tous les gabarits qui existent.
01:58Il faut aussi de la rigueur, parce que quand on arrive sur des scènes où il y a un risque de meurtre,
02:03il ne faut surtout pas marcher n'importe où.
02:05Le rôle dans la société, il est essentiel.
02:07Parce que s'il n'y a pas de personnes qui travaillent dans le funéraire,
02:09il y a énormément de maladies qui existaient au Moyen-Âge.
02:11Style la peste, ce genre de choses, ça réapparaîtra sûr et certain.
02:15Aussi, à répondre aux questions des gens, parce qu'on retrouve aussi des personnes disparues.
02:19Quand les familles se posent la question de ce qui s'est passé,
02:22c'est important pour un deuil de savoir la vérité.
02:24Sans vérité, on ne peut pas savoir le deuil, on est toujours dans le doute.
02:27Et dans le doute, c'est impossible de finir son deuil, on ne peut pas.
02:30Que ce soit policier, pompier, SAMU, personne ne doit transporter un corps.
02:34Il faut que ce soit des gens agréés pour transporter un corps.
02:36La première fois que j'ai vu une personne décédée, c'était le premier jour,
02:39et la chambre funéraire entière, la salle en elle-même, est réfrigérée.
02:42Quand on rentre à l'intérieur, c'est vrai que, pour le coup, je n'en ai pas vu un, mais une trentaine.
02:47C'est surtout l'appréhension qui fait peur.
02:49On se dit, qu'est-ce qui va m'arriver ? Est-ce que je vais y arriver ?
02:53Est-ce que ça sent ? Est-ce que ça va être vraiment comme dans les films ?
02:56Finalement, quand on le voit, on se dit, en fait, c'est tout.
02:59C'est souvent ça.
03:00Quand on rentre dans un cadre de métier qui est comme le mien,
03:03on s'attend à ce qu'on va voir, on s'attend à voir des choses compliquées.
03:06Malgré ce côté dramatique et tristesse,
03:08on sait quand même tout de même avoir une part d'humour,
03:10et on sait rire à certains moments.
03:12Des fois, on n'a pas trop de chose.
03:13Merci de m'avoir écouté.
03:14Salut les étudiants.