L'édition 2025 du Salon de l'agriculture ouvre ce samedi 22 février à Paris. Le président de la République est présent pour l'inauguration de l'événement, après une ouverture chaotique en 2024.
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00:00— Et priorité au direct, Emmanuel Macron, qui s'exprime après son entretien avec les syndicats agricoles en direct du Salon de la Béculture.
00:05— ...dans les chambres, qui ne nous avait pas échappé et qui a créé beaucoup de tensions. Et je pense que c'était surtout un moment qui était difficile
00:13pour les exposants et les exploitants qui étaient là. Donc nous sommes à un moment après ces élections dans les chambres, et surtout après beaucoup
00:22d'évolutions qui ont été faites, qui est en effet totalement différent. Je voulais simplement, avec la ministre, avant d'aller ouvrir le Salon
00:29aux côtés du Premier ministre du Maroc, puisque le Maroc est l'invité d'honneur de celui-ci, vous dire à quel point nous sommes mobilisés
00:36derrière nos agriculteurs et à quel point on est mobilisés derrière l'agriculture française. Nous avons besoin de produire.
00:44On a besoin de produire pour nourrir. Et c'est véritablement ce que le gouvernement, moi-même, nous poussons.
00:50Cette semaine, un texte de loi important a fini son parcours législatif, qui va permettre justement de donner une orientation, de construire
00:59les instruments pour les jeunes qui auront à s'installer et pour les transitions. Et c'était un engagement que j'avais pris. Et on le sait,
01:06parce que nous avons un grand renouvellement des générations qui est là, devant nous, puisqu'on a presque la moitié de la profession
01:12qui partira à la retraite dans les années qui viennent. Maintenant, la conviction qui est la nôtre, c'est qu'en effet, il faut produire,
01:19assumer de produire, produire pour nourrir, pour nourrir les Français et les Européens, et pour aussi exporter, parce que notre agriculture,
01:26nos industries agroalimentaires sont aussi d'abord des pouvoirs d'emploi, de richesse et des vrais leviers de notre exportation.
01:35Ensuite, ce que nous défendons, c'est que l'agriculture, au fond, et nos agriculteurs ne peuvent pas être la variable d'ajustement,
01:42ni la variable d'ajustement du pouvoir d'achat, disant que c'est toujours les prix agricoles qu'on devrait baisser. Non, on défend ces prix.
01:49Les réformes successives et celles encore passées dans le budget vont dans ce sens, ni la variable d'ajustement des accords agricoles.
01:56Et c'est aussi pour ça que nous nous sommes opposés au Mercosur, tel qu'il a été signé.
01:59— Justement, où en êtes-vous avec Ursula von der Leyen ? — Toujours en même endroit, parce que nous n'avons pas eu de plus de visibilité.
02:05Et je pense que ces accords, dans la mesure où il n'y a pas ce qu'on appelle les clauses miroirs, qui, en fait, protègent de la concurrence déloyale,
02:10et ce qu'on appelle les clauses de sauvegarde, qui permettent, quand un marché est déstabilisé, de le stopper, on ne l'a pas dans ce texte.
02:17Donc c'est un mauvais texte, tel qu'il a été signé. Et donc on fera tout pour qu'il ne suive pas son chemin, pour protéger
02:23cette souveraineté alimentaire française et européenne. On est à un moment de géopolitique extrêmement tendu.
02:28Demain, rien ne nous dit que l'alimentation ne deviendra pas une arme. Et donc notre responsabilité, c'est de produire sur notre sol
02:37ce qui nous permet de nous nourrir et de nourrir nos enfants. — Est-ce que vous assurez d'une minorité de blocage sur le Mercosur ?
02:42— Eh bien, c'est ce à quoi nous travaillons. On travaille à ce qu'il n'y ait pas de scission de l'accord. On travaille à ce qu'il y ait
02:46une minorité de blocage et à convaincre tous nos partenaires, parce que je pense que nos arguments sont les mêmes dans tous les pays d'Europe,
02:52qu'il faut en effet défendre cette capacité à produire européenne. Ah oui, on ne s'est jamais garantis des choses abandonnées.
02:57— L'an dernier, vous aviez fait une promesse qui avait fait beaucoup parler, qui était l'idée de prix plancher sur les produits agricoles.
03:02Ça a été abandonné depuis... — Non, pas du tout. J'avais dit on lance ce travail. Donc il y a un travail qui a été fait par des parlementaires.
03:08Le rapport a été suivi. On en a parlé d'ailleurs avec les syndicats. Maintenant, il arrive au ministère. Et donc c'est tout le travail de réforme
03:16de la structuration des prix. Donc là, on a des lois, ce qu'on a appelées égalimes, qui ont fonctionné, parce qu'elles ont produit des résultats.
03:22Elles ont mieux protégé les prix agricoles. Est-ce que c'est suffisant ? Non, parce qu'il y a – on le voit bien – des négociations qui ne se passent pas
03:30dans un climat apaisé, malheureusement. La ministre a eu des mots très clairs sur ce sujet. Et qu'on doit protéger des producteurs qui sont en nombre
03:38beaucoup plus petit que les distributeurs. Donc l'important, en fond, ce qu'on veut – je vais le dire de manière très simple –, c'est qu'on ne puisse pas vendre
03:45des produits en dessous de leur coût de production. Et donc on ne les vende pas à perte pour le producteur. Ça me semble légitime.
03:54— Le syndicat Jeunes agriculteurs demande un plan de défense de l'agriculture. Que leur avez-vous répondu ce matin ? Et plus largement,
04:01quelle est votre vision que vous aimeriez partager aux jeunes générations d'agriculteurs qui s'installent ?
04:05— Alors d'abord, il y a une loi – ils ont beaucoup contribué, beaucoup porté – qui est là et qui donne une orientation pour l'avenir agricole,
04:12l'installation, la transmission. Ensuite, on aura l'occasion dans les semaines qui viennent d'exposer justement ce qui est le plan d'avenir,
04:19parce que plus que défense, c'est un plan d'avenir. Notre agriculture, elle est dans une transition de ses modes de production.
04:25Nous sommes dans une transition climatique. On le voit dans beaucoup de territoires. On est dans une transition aussi des usages,
04:31du rapport à l'alimentation. C'est une transition géopolitique. Et donc tout ça va nous contraindre, si je puis dire,
04:38qu'elle nous amène à redonner un cap à notre agriculture, surtout avant des mois suivants qui nous conduiront à négocier la prochaine PAC.
04:47— M. le Président, est-ce que vous appelez au calme cette année ?
04:51— En général, j'appelle au calme, oui. J'appelle au dialogue respectueux, au respect des uns avec les autres, à la considération.
04:59Et moi, on est beaucoup pour nos agriculteurs. Et on sait qu'il y en a beaucoup qui sont en situation difficile et qui ont une souffrance
05:06qui est là dans certains territoires, dans certaines filières. Il y en a d'autres qui réussissent bien. Et on va continuer – je le dis aussi –
05:11pour les jeunes qui veulent s'installer. Il y a de l'avenir dans notre agriculture. Mais je pense que le calme, en effet, c'est la bonne réponse.
05:17— M. le Président, vous parlez sur l'apparition du Maroc.
05:20— On est très heureux et très fiers d'avoir le Maroc qui est sur notre salon en invité d'honneur, qui est très présent avec un stand magnifique.
05:27Le Premier ministre, d'ailleurs, est là. Et je m'en félicite. Et c'était une décision que Sa Majesté le Roi m'avait confirmée lors de la visite d'État.
05:35Et c'est une grande fierté pour notre salon de l'agriculture, pour nos agriculteurs aussi, d'avoir ce partenariat très fort.
05:40— Certaines associations écologistes considèrent que le projet de loi agricole fait passer l'agriculture devant l'écologie. Est-ce qu'ils ont raison ?
05:51— Non, mais je pense qu'il faut... Enfin, vous savez, on va pas faire passer l'un devant l'autre. On gère aujourd'hui une transition.
05:58Mais il n'y a pas grand-chose qui passera devant notre capacité à produire et à nous alimenter, parce que tous parmi vous ici, vous allez demain...
06:06Pardon, dès ce midi, je pense, ce soir, demain, vous nourrir. Et donc il faut faire attention, parce qu'à trop contraindre nos agriculteurs,
06:15qu'est-ce qu'on fait ? On perd de la capacité à produire notre alimentation chez nous et du coup à importer d'autres pays, parfois voisins,
06:24qui font exactement ce qu'on interdit dans notre propre pays. C'est ça, la concurrence déloyale. C'est là où il y a un énervement.
06:29C'est des situations qu'on est en train de corriger. C'est ce qu'on bouge. Donc il faut produire. Il faut produire pour nourrir et pour avoir
06:36cette autonomie alimentaire et puis pour exporter. Après, nous sommes tout à fait conscients de nos obligations, justement, sur le plan écologique.
06:44Et plus largement, en fait, on a des obligations de santé humaine, on a des obligations écologiques. Et il y a un immense travail qui est lancé
06:52depuis plusieurs années de transition. Et il faut que vous vous représentiez que nos agriculteurs, ils ont engagé une des transitions les plus ambitieuses.
06:59Il y a un énorme travail qui a déjà été fait. Plus de 90% des produits phyto qui étaient les plus dangereux, on les a sortis. On est aujourd'hui en train,
07:07à chaque fois qu'il y a un substitut, de pouvoir bouger les choses. Simplement, on ne peut pas laisser les gens sans solution. On ne peut pas laisser les gens
07:13sans pouvoir faire leur travail. On ne peut pas laisser les gens sans pouvoir nous nourrir. Donc c'est assez logique. On essaie de mettre du bon sens
07:20dans ce qui est une transition qui va prendre plusieurs années et qu'il faut accompagner.
07:24— Avec la guerre commerciale qui se profile face à Donald Trump, est-ce que ce ne serait pas judicieux de renforcer le CETA et de le ratifier avec le Canada ?
07:30C'est pour la télévision canadienne. — Bienvenue à nos amis canadiens. Moi, j'ai défendu le CETA parce que le CETA, il y a, justement, des équivalents de
07:37close miroir, il y a des mesures de sauvegarde et il y a surtout l'adhésion à une même vision de l'avenir. Et donc moi, je suis favorable à la ratification du CETA.
07:47Aujourd'hui, comme vous le savez, il est appliqué comme s'il était ratifié. On est dans la période provisoire. Et d'ailleurs, je le dis parce qu'ici,
07:52on a eu parfois ce débat. C'est un accord qui est bon pour notre agriculture, c'est-à-dire qu'on y gagne. C'est-à-dire regardez nos fromagers,
08:00nos laitiers, etc., ils exportent. Là où il y avait des craintes terribles, on disait on va être envahis, ça va être terrible. Non, parce que c'est un accord
08:08bien négocié. Donc ce qui montre que les accords de commerce, quand ils sont bien négociés et qu'il y a une concurrence loyale qui est préservée,
08:15ils sont bons aussi pour nos agriculteurs.
08:17— Et si on devait faire front face à Donald Trump et la guerre commerciale ?
08:20— Alors moi, je ne veux pas rentrer dans une logique guerrière. Donc je ne vais pas à Washington demain dans cette logique. Et j'espère plutôt le convaincre
08:26que c'est l'intérêt y compris des États-Unis de ne pas le faire. Mais ce qui est sûr, c'est qu'on travaille main dans la main avec le Canada,
08:32le Premier ministre Trudeau. Et donc il faut une Europe unie, une Europe forte, une Europe qui défende les intérêts des Européens et de ses producteurs
08:39et qui avance avec des partenaires de confiance, le Canada en est un.
08:42— M. le Président, M. le Président, merci beaucoup. — On va maintenant aller ouvrir le salon. Merci beaucoup.