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Jean-Michel Mis, ancien député de la Loire et président de la société de conseil Via Publica est dans 7 minutes Chrono. Il partage son analyse du récent Sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle, initié par le Président de la République, et discutera de la position que la France entend adopter dans le domaine de l'IA. Une occasion unique d'entendre un spécialiste local réagir aux enjeux nationaux et internationaux de l'intelligence artificielle.

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00:00Bonjour à tous, bienvenue, 7 minutes chrono chaque jour sur TL7, la parole aux personnalités
00:19du département de la Loire.
00:20Nous avons beaucoup parlé IA il y a quelques jours, intelligence artificielle, à l'occasion
00:24du sommet qui s'est tenu à Paris, pour booster une intelligence artificielle à la française,
00:30Jean-Michel Misse participait à ce grand sommet, Jean-Michel Misse, ancien député
00:35de la deuxième circonscription de la Loire en 2017 jusqu'à 2022, aujourd'hui président
00:40du cabinet de conseil via Publica, Jean-Michel Misse, bonjour.
00:43Bonjour, c'est le maqueur céleste.
00:44Retiré des affaires politiques depuis 2022, mais pas tellement puisque vous êtes aujourd'hui
00:49consultant en affaires publiques et relations institutionnelles, qu'est-ce que vous faites
00:53aujourd'hui Jean-Michel Misse, qu'êtes-vous devenu ?
00:55C'est vrai que je ne suis pas si éloigné que ça, puisque je travaille beaucoup avec
00:59des acteurs publics institutionnels ou élus, donc je reste en contact on va dire de la
01:06sphère publique, c'était un peu la volonté de ce cabinet, c'était de créer une zone
01:11qui permet à la sphère publique et à la sphère privée de se parler, les entreprises
01:14et le gouvernement ou les autorités publiques d'une manière générale, donc c'est ce
01:18que je fais, alors je suis évidemment beaucoup là où les enjeux de pouvoir se font les
01:23plus difficiles, donc à Paris souvent, mais voilà.
01:28Toujours un oeil sur le terrain, sur ce qu'il se passe dans votre ancienne circonscription ?
01:31J'ai toujours un oeil assez attentif à ce qu'il se passe à Saint-Etienne, d'abord
01:34parce que j'y vis et donc tout ce qui s'y passe ne peut me laisser indifférent.
01:38Jean-Michel Misse, lorsque vous étiez député, vous étiez membre de la commission cybersécurité
01:43souveraineté numérique, on sait que vous étiez spécialisé notamment dans la cybersécurité,
01:47dans les blockchains etc, le fait que la France veuille reprendre le lead en matière d'IA,
01:52c'est forcément une bonne nouvelle pour vous, pour assurer la souveraineté numérique
01:55il faut investir dans les IA ?
01:57Je pense que c'est vraiment les deux piliers, aujourd'hui on est une société où dans
02:00nos activités d'ailleurs privées comme professionnels, nous sommes toutes et toutes
02:05soumis parfois à des injonctions numériques lorsqu'on est obligé de faire des déclarations
02:10en ligne et de toute manière on a besoin d'avoir des usages numériques donc ça c'est
02:15quasiment indispensable aujourd'hui, c'est extrêmement difficile et ça pose des questions
02:18d'ailleurs d'électronisme et puis pour les assurer dans les meilleures conditions
02:22on doit avoir un pilier de cybersécurité, protection des données, c'est pas parce
02:27que c'est dans le cloud que c'est nulle part, c'est quand même hébergé dans des
02:30data centers, il y a tout un tas d'infrastructures qui permettent à tout un chacun d'accéder
02:34à ces données et donc il est évident qu'on doit, comme on ferme la porte de sa maison
02:40avec une serrure, faire en sorte de veiller à la protection de ces données.
02:43On peut sécuriser une intelligence artificielle avec un monde de plus en plus tourné sur
02:46l'IA, est-ce que c'est sécurisable ?
02:48La vraie difficulté pour une IA c'est que contrairement à d'autres outils qu'on peut
02:52avoir, on est essentiellement sur des modèles extrêmement larges en termes de données
02:57donc qu'on utilise finalement sans savoir comment ça fonctionne, c'est un peu la nouveauté
03:02de cette révolution industrielle, c'est qu'avant quand vous avez la maîtrise de l'outil,
03:05vous aviez à peu près la maîtrise de son fonctionnement, quand vous servez d'une perceuse
03:09vous savez à peu près comment elle fonctionne, pour une IA c'est totalement différent,
03:13vous avez un résultat auquel il faut faire confiance d'une certaine manière puisque
03:17vous n'avez pas le choix de décortiquer la manière dont il est construit et c'est là
03:20toute la difficulté de l'IA et donc il faut à la fois être vigilant, ne pas être hostile
03:25évidemment parce que c'est une évolution qui est de plus en plus intégrée dans tous
03:29les outils qu'on utilise, quel que soit le métier qu'on exerce.
03:32De toute façon être contre c'est pas possible aujourd'hui.
03:36C'est comme être contre l'électricité ou quelque chose d'aussi général que cela,
03:40ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas être attentif, prudent et continuer à exercer
03:44une forme d'esprit critique par rapport à ce qu'on nous propose.
03:46La stratégie française est-elle la bonne d'après vous, de ce que vous avez vu au
03:50sommet de la semaine dernière ?
03:51Parce que si on veut être à l'échelle, l'intérêt de ce sommet c'était de réunir
03:55justement sur deux jours l'ensemble des acteurs de la planète qui ont un rôle majeur sur
04:00ces écosystèmes, pour l'instant ils sont encore une fois anglo-saxons et essentiellement
04:05américains ou chinois, donc on a intérêt à être présent parce que de toute manière
04:10le monde qui se construit se fera avec ce type d'outils et donc on a plutôt intérêt
04:15à être partie prenante et au meilleur niveau, donc c'était l'intérêt de ce sommet,
04:18de montrer qu'on a des vrais talents, on a des vrais talents en recherche, on a des
04:21vrais talents scientifiques, il faut qu'on en fasse des outils industriels.
04:24Quelles sont les opportunités que cela peut représenter le développement d'une IA
04:28à la française, d'une force française de l'intelligence artificielle ?
04:31Ce qui est extrêmement important de comprendre c'est qu'aujourd'hui les IA sont entraînées
04:35avec des milliards et des milliards de données, essentiellement provenant de sources d'ailleurs
04:39dont on se demande comment elles ont été parfois captées.
04:42On aura énormément de procès je pense dans les années qui viennent parce que ces entreprises
04:46ont essayé de capter le maximum d'informations sans trop se préoccuper des mois d'automne.
04:50Oui on est d'accord, les RGPD etc. ça n'existe plus.
04:52Les RGPD sont complètement assis dessus, donc ce n'est pas leur préoccupation, c'est
04:56d'avoir de la donnée.
04:57Cette donnée elle est essentiellement anglo-saxonne pour une grande partie d'entre elles et donc
05:01je pense qu'il y a un vrai enjeu qui est d'abord culturel.
05:04C'est-à-dire qu'il y a un biais, étant donné que toutes les informations sont plutôt
05:07à l'extérieur de la France, il y a un biais de l'intelligence artificielle ?
05:10Totalement, on a un biais qui est un biais culturel.
05:12On a des informations, et d'ailleurs quand on cherche à avoir des informations plus
05:16locales sur des personnalités plus françaises ou européennes, on voit bien tout de suite
05:20les limites du système où jusqu'à présent, parce que les choses évoluent très vite,
05:24mais jusqu'à présent on avait quand même peu de données et donc on a un prisme culturel,
05:28un biais cognitif comme on dit, qui fait qu'on a intérêt à avoir des EAs à la française
05:32pour conserver nos particularismes en termes de terroirs, de cultures, de langues, de traditions
05:37d'éducation, et puis une certaine vision aussi parfois de la compréhension qu'on a,
05:42notamment sur les enjeux éthiques ou les enjeux de laïcité par exemple.
05:46Je suis toujours bluffé, moi, quand on parle d'EAs et de ces sommets internationaux comme
05:50celui organisé à Paris l'an dernier, on a l'impression qu'il y a une fracture numérique
05:52qui va être encore plus grande aujourd'hui, parce que tout un pan de la population ne
05:56comprend pas vraiment ce qu'il se passe et ce qu'est l'intelligence artificielle.
05:59Il faut se méfier de ça, vous aviez parlé de l'électronisme au début de cette émission,
06:02il faut vraiment arriver à concerner le plus de monde possible, c'est-à-dire que dans
06:05nos usages à tous, même les plus simples, l'IA peut avoir son mot à dire, il faut
06:09arriver à communiquer, à développer, à démocratiser l'outil.
06:12C'est un nouveau langage l'IA finalement, c'est une manière d'interagir avec un outil
06:16qui paraît simple, parce qu'on le questionne de manière simple, aujourd'hui on écrit
06:20des promptes, mais on peut déjà dicter, et la tendance c'est plutôt d'aller vers
06:25une communication orale avec des agents conversationnels avec lesquels on va interagir comme on le
06:31fait en ce moment sur ce plateau.
06:33Le vrai danger c'est de se dire finalement, je parle à un ami, non vous ne parlez pas
06:37à un ami, vous parlez à un outil qui a été éduqué, qui a été formé, qui a été construit
06:43selon un modèle économique, et il faut en avoir conscience parce que je crois que c'est
06:47un vrai enjeu, un enjeu de société avant d'être un enjeu de technologie d'ailleurs.
06:50Est-ce que l'IA peut faire partie des prochains grands points programmatiques des élections
06:54municipales, départementales, nationales ?
06:57C'est un enjeu qui finalement va être implémenté dans toutes les politiques publiques.
07:02Ça peut permettre d'améliorer une des certes de lignes de bus en ayant de meilleures informations,
07:08en permettant finalement de donner une information plus personnalisée à chaque usager.
07:13Donc on voit bien qu'il n'y a pas de limite au cas d'usage de l'IA.
07:16Le vrai danger c'est d'avoir la maîtrise des données qui servent à construire ces
07:19IA, faire en sorte que les entreprises qui seront à même de développer ces solutions
07:24et de proposer de nouveaux usages soient quand même encadrées, régulées, et qu'on puisse
07:29savoir au plus près des territoires qui elles sont.
07:32C'est un enjeu de proximité, de démocratie.
07:35C'est finalement une réinterprétation de la démocratie locale à travers le numérique.
07:39Il ne faut pas que ces sujets nous échappent.
07:41Donc oui, ce seront des enjeux électoraux clairement, je pense, pour les années qui
07:45viennent pour la plupart des décideurs publics.
07:47Merci beaucoup Jean-Michel Mise.
07:49Ces 7 minutes sont déjà terminées.
07:50Pour parler d'un sujet aussi vaste que l'intelligence artificielle, c'est bien court, mais moi
07:54je crois que nous aurons réussi à défricher un petit peu ce que peut-être l'IA à la française.
07:59Merci Jean-Michel Mise d'être venu nous voir aujourd'hui.
08:00Je rappelle que vous êtes président du cabinet de Conseil Via Republica.
08:04Merci de nous avoir suivis.
08:05On se retrouve demain, même heure, sur TLC.
08:07A demain.

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