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Transcription
00:00Alors, parmi toutes les données récoltées, lesquelles vous ont les plus surpris, interpellés
00:05voire inquiétés ?
00:06Alors, on voit que tous les polluants, les plus de 50 qu'on a mesurés, se retrouvent
00:13dans le corps des wallonnes et des wallons.
00:15Alors, on regarde par exemple l'épiphase, on a mesuré 20 épiphases dans le champ alors
00:21qu'on était concentré entièrement sur des zones à risque liées à des pollutions
00:26particulières.
00:27Maintenant, on se rend compte que toutes les wallonnes et tous les wallons ont l'épiphase,
00:31mais certains, même une proportion importante, ont l'épiphase à des seuils, alors pas
00:36très élevés mais moyens, comme dans d'autres pays européens, dont personne n'est épargné
00:41et on peut dire même que 15% des wallonnes et des wallons sont même à risque liés
00:46à cette concentration sanguine d'épiphase.
00:48On a vu ça aussi pour le plomb, on était quand même étonnés de voir encore des concentrations
00:53en plomb trop élevées, aussi chez quasi 15% de la population wallonne, le plomb qui
00:59peut entraîner à terme des problèmes neurologiques ou des problèmes immunitaires.
01:03Alors, si on regarde encore les autres polluants qu'on a mesurés, on a le cadmium et le mercure
01:10liés à l'alimentation, liés au tabagisme, liés à des pollutions de l'air, etc., qui
01:18sont aussi élevés.
01:20Alors, on est toujours assez comparable aux autres pays européens, donc il n'y a pas
01:24un phénomène wallonne, mais ce n'est pas parce qu'on est comparable qu'il ne faut
01:29rien faire.
01:30C'est quand même des concentrations élevées qui peuvent entraîner des problèmes à terme
01:34sur la santé et donc pour le cadmium et le mercure, on est autour de 5% de l'agglomération
01:39wallonne qui est, je dirais, à des seuils plus à risque pour leur santé.
01:44Votre niveau de pouvoir, quelles sont les mesures que vous pouvez prendre ?
01:47D'abord, c'est sensibiliser.
01:49Grâce à ma casquette santé, en tant que médecin, je pense qu'il faut faire de la
01:53prévention, c'est-à-dire qu'il faut expliquer aux gens, et ce n'est pas facile parce que
01:57c'est assez technique, de comprendre quelles sont nos sources de contamination, et c'est
02:02l'alimentation, ça peut être l'eau, ça peut être l'air, ça peut être nos produits
02:07ménagers, etc.
02:08Donc, les sources de contamination, elles sont multiples et donc il faut que les gens
02:12comprennent qu'ils doivent limiter leur exposition parce qu'il n'y a aucune raison d'avoir
02:16ces polluants dans nos organismes, il n'y a aucune raison, il n'y a aucun bienfait
02:19physiologique.
02:20Donc, il faut diminuer notre exposition et la plus grande source, c'est l'alimentation.
02:24Je prends le mercure, les poissons, les poissons qui sont riches en mercure et donc, voilà,
02:32il faut alterner son alimentation.
02:34Je prends, par exemple, l'épiphase, il n'y a pas que l'eau-distribution, parce que l'eau-distribution
02:39maintenant qui est tout à fait sous contrôle ne représente peut-être que 5 à 10 % de
02:45son apport en épiphase.
02:46Donc, la grande source, c'est l'alimentation et puis après, c'est vos vêtements et autres.
02:50Mais c'est bien l'alimentation et donc, il faut que les gens, je dirais, varient leurs
02:55sources d'alimentation, c'est-à-dire ne se limitent pas à une origine de leurs légumes,
03:01de leurs fruits et varient leurs sources parce qu'il peut y avoir des concentrations particulières
03:04à un moment donné et puis de toute manière, on ne va pas systématiquement.
03:08Donc, vraiment, le message, il n'y a pas une inquiétude particulière, on n'est plus
03:12fait comparable aux autres pays européens, mais il faut diminuer l'exposition, c'est
03:17un travail comportemental de chacun et puis c'est une responsabilité politique, en l'occurrence
03:22la mienne, de pouvoir diminuer à terme que ces produits soient moins utilisés.
03:26On parle beaucoup d'éducation, de sensibilisation, mais pour le reste, pour fermer le robinet
03:32de certaines substances, on va dire, là, vous êtes dans l'attente et ce sont d'autres
03:37niveaux de pouvoir qui doivent prendre des décisions.
03:39Bien sûr, ce sont soit d'autres ministres dans mon gouvernement, ici à l'Agence Walloon,
03:44soit d'autres niveaux de pouvoir, en l'occurrence au niveau fédéral puisque c'est eux qui
03:47permettent l'utilisation des produits ou qui peuvent les interdire au niveau national.
03:54Donc, ça, c'est toute la concertation qu'on doit avoir en conférences interministérielles
03:59santé ou environnement, donc il faut convaincre mes collègues et donc, moi, ma porte d'entrée
04:06pour les convaincre, c'est la santé.
04:07Clairement, c'est le risque de cancer, c'est le risque de maladies neurodégénératives,
04:12etc., qui sont réelles et qui sont documentées dans la littérature scientifique.
04:17On sait très bien qu'à terme, toute une série de ces substances vont entraîner
04:20des dégénérescences cellulaires ou des maladies chroniques.
04:25Et donc, ça, c'est ma porte d'entrée pour les convaincre, pas pour faire du chantage,
04:29mais parce que je pense que, qu'on soit ministre de l'économie ou autre, on est
04:34quand même sensible à la dimension santé, d'abord santé pour la population, mais
04:37aussi santé pour soi, pour ses enfants, etc.

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