Zaho de Sagazan, tout le monde l'adore sauf Tanguy si l'on en croit un article du Monde.
Retrouvez « Tanguy Pastureau maltraite l'info » dans La Bande Originale sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/tanguy-pastureau-maltraite-l-info
Retrouvez « Tanguy Pastureau maltraite l'info » dans La Bande Originale sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/tanguy-pastureau-maltraite-l-info
Catégorie
😹
AmusantTranscription
00:00Tanguy Pastureau va nous faire du bien tout de suite !
00:05Tanguy Pastureau !
00:06Tanguy, jeudi, j'ai joué à Besançon, ville de l'horlogerie, j'ai commencé avec un quart d'heure de retard, j'ai cru que j'allais me faire lapider à coup de montre swatch.
00:13Besançon qui a été cité par Jules César dans ses mémoires, donc c'est toujours chargé émotionnellement de se produire dans une ville riche en histoire.
00:20Mais comme en général dans la loge on voit les affiches de ceux qui ont joué avant Patrick Bosseux ou Aldelaf,
00:25bon, c'est à ça que j'analyse le truc.
00:27Parce qu'autant César, si je me compare, voilà, je vais plus partir sur la terrine
00:30pour chiens, je veux dire, le matin quand je me lève, c'est à ça que je ressemble,
00:33en moins carré.
00:34Autant Hodelaf, je peux rêver de lui ressembler si j'apprends la gratte et l'amour de mon
00:37prochain.
00:38Parce qu'Hodelaf est l'être humain le plus gentil qu'il soit, vous lui mettez une
00:41clochette, c'est le petit lapin de Linde qu'on a à Pâques, ce mec est une publicité
00:44clandestine pour l'harmonie et le vivre ensemble, vous le foutez à CNews, les gens se défenestrent
00:49en vomissant.
00:50Et donc chez nous, les artistes de scène, il y a trois écoles, ceux qui dînent avant
00:53le spectacle, ceux qui dînent après et ceux qui dînent avant et après, ceux-là
00:57à 39 ans font un double infarctus, le public pense que c'est à cause de la drogue, c'est
01:01à cause du salami.
01:02Moi, je dîne avant, mais léger, voilà, pour être fluide et aérien sur scène, comme
01:07ça le soir où je me lasse de mon texte, je peux improviser un truc en pachacé, d'ailleurs
01:10je porte systématiquement un tutu sous mon pantalon au cas où, bon, ça moule le bavante
01:15dans le jean, les gens pensent que j'ai un sexe énorme, mais c'est le tutu plié.
01:18Un jour, j'ai croisé une danseuse de l'Opéra de Paris qui n'avait pas eu le temps d'enlever
01:21son tutu, elle l'avait gardé sous le jean, je lui ai dit « dis donc, Chloé, tu as tes
01:24petits secrets ? ». Elle était partie furieuse en levant le doigt du milieu, sans doute dans
01:28le cadre de ses assouplissements musculaires d'avant-balai.
01:30Bref, avant le spectacle à Besançon, on m'a calé à un resto à côté du théâtre,
01:35resto de viande, les faibes oeufs, ça laisse plus de doute sur le menu, autant quand un
01:39resto s'appelle « Chérémon », tu te doutes que tu ne vas pas manger Raymond, autant les
01:42faibes oeufs, bon, ça sent le bovin, mais le souci, le souci, c'est que je suis un
01:47bobo vegan parisien, un rêve érotique pour moi, c'est Hugo Clément en tenue de cuir
01:50végétal qui s'approche de moi en disant « alors, on a été vilain, on a mis le verre
01:53dans la poubelle à carton », donc là, je me mets à paniquer, parce que je suis entouré
01:58de gens qui mangent des steaks, on n'a plus ça, nous, à Paris, en plus, personne autour
02:02de moi a demandé d'options sans gluten, et un enfant à table joue à la Switch au
02:05lieu de colorier son cahier d'activité Montessori, en moi, je hurle « mais on est où, là ? ».
02:10Heureusement, la patronne me dit « on vous a fait une assiette végétarienne, avancène,
02:14légèreté, osmose, je pense tomate et laitue, et là, je vois arriver devant moi des frites,
02:18plus un plateau de fromage locaux dont de la cancoyotte à l'absinthe a étalé sur
02:22les frites », la dame me dit. Rien que de voir ça, j'ai un bouton de ma chemise qui
02:25a lâché, il est venu taper entre les deux yeux d'un serveur qui est mort. Donc, je
02:29ne vous cache pas que le début du spectacle a été difficile, au premier rang, ils m'ont
02:33dit « vous avez du pu qui sort de partout sur le corps », mais c'était la cancoyotte
02:36qui giclait, j'ai enfin compris ce que c'était une soirée blanche, Eddy Barclay ne devait
02:40pas bouffer que du Colin. Le lendemain, j'ai joué à Dijon, nickel, je rentre à l'hôtel,
02:44je mets la télé, il y a les victoires de la musique, je réalise que des gens reçoivent
02:48des prix et que je ne les connais pas, Léa Salamé et Cyril Féraud n'ont plus une
02:52heure à vendre, enfin, ils ont été briefés, mais ouf arrive Zao de Sagazan, elle, je connais,
02:57parce qu'à France Inter, c'est notre louloute, elle fait des lives, elle fait ses
02:59playlists, une fois à la cantine, c'est elle qui servait les cordons bleus, c'est
03:03notre égérie, Juliette Armanet n'en prend plus une, donc il a bien fallu qu'on se
03:06rabatte sur quelqu'un. Bref, je vois sa victoire, puis j'éteins et je m'endors,
03:10parce que je n'ai toujours pas digéré la canqueuillette à l'absinthe de la veille.
03:13La canqueuillette à l'absinthe, Baudelaire consommait ça, mais sans canqueuillette.
03:17Le lendemain, je me lève, et là je reçois un message, on a lu ton interview dans l'Ebay,
03:21qu'as-tu contre Zao de Sagazan, signé l'ensemble des salariés de France Inter,
03:25accompagné d'un émoji Daniel Morin sur cils français, ce qui est très menaçant.
03:28Et là, je sais ce qui s'est passé, il y a peu, j'ai répondu par écrit à une
03:31interview sur ce que j'écoute comme musique. Disque préféré, j'ai répondu The Queen
03:36La chanson que vous avez honte d'écouter avec plaisir, j'ai dit « Shame on you » de
03:39Philly Winters, parce que là, c'est mon Camaro à moi, c'est pour ça qu'il a
03:42ne me jugé pas. Et il y avait aussi la question, le disque que tout le monde aime et que vous
03:46détestez. Donc, j'avais écrit l'album de Zao de Sagazan que tous autour de moi
03:51aiment et qui, pour l'instant, ne suscite rien en moi, mais ça viendra sans doute,
03:55puisqu'un disque, c'est une rencontre, un moment, une atmosphère. Sauf que dans
03:59Libération, c'est devenu « Pour l'instant, Zao de Sagazan ne suscite rien en moi ». Pire,
04:03c'est même devenu le titre de l'article. Pire, quand sur Google, vous tapez « Zao
04:06de Sagazan », c'est ça qui sort en premier. Et là, je suis mortifié. Mais parce que
04:11je lui ai peut-être gâché son week-end, alors qu'il venait de remporter un prix.
04:14Et je m'en veux, je me suis mis deux claques ce matin, le restant de Comte Coyote m'est
04:18sorti par l'oreille droite et venu se coller sur le mur chez moi. En plus, ça a été
04:21l'engrenage, mon badge n'est pas passé tout à l'heure, le vigile de la Maisona
04:24Radio m'a dit « t'as joué, t'as perdu, connard ». Personne ne méprise Madame
04:28de Sagazan, j'ai crié, mais enfin, ce que je disais, c'est que j'allais l'aimer
04:32un jour, mes propos ont été plus raccourcis que le sexe du fils du boucher qui, en pleine
04:35soirée picole avec des potes, a voulu faire le con avec la trancheuse à jambon de son
04:38père. Le vigile m'a répondu en parlant de sexe, c'est quoi le problème, vous
04:42avez une excroissance du public parce que c'est énorme, j'ai hurlé « mais non,
04:44c'est un tutu ». Tout ça pour vous dire que j'espère que Zao de Sagazan ne lit
04:48pas Libération pourvu qu'elle soit de droite, pourvu qu'elle soit de droite, et que peut-être
04:52un jour, elle suscitera en moi des torrents d'émotions, parce que c'est ce qu'elle
04:55provoque chez les autres. Donc, pardon, Madame, et gros bisous.