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Dans son édito du 17/02/2025, Thomas Bonnet revient sur la volonté du chef de l’État Emmanuel Macron de consulter directement les Français via référendum.

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00:00La politique avec vous, Thomas Bonnet. Alors qu'Emmanuel Macron mûrit sa décision de recourir au référendum,
00:05son ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, le pousse à interroger les Français sur la question de l'immigration.
00:13Invité hier du grand rendez-vous CNews Europe 1, Bruno Retailleau a de nouveau plaidé pour que cette question soit tranchée par les Français.
00:22Il plaide pour un référendum.
00:23Oui, et le ministre de l'Intérieur est constant et souhaite que cette question de l'immigration soit enfin soumise au vote.
00:30L'argument est imparable. Voilà un sujet qui a modifié en profondeur notre pays depuis des décennies, sans que jamais aucun Français ne puisse se prononcer.
00:38Alors vous allez me dire, les élections présidentielles et législatives permettent de mettre ces sujets sur la table et de les trancher.
00:45Ça serait faire fi du décalage entre les promesses et les actes.
00:48Je vous rappelle qu'en 2019, Emmanuel Macron promettait d'exécuter 100% des OQTF.
00:53Six ans après, nous stagnons autour de 7%.
00:56Les élections ne permettent pas non plus d'outrepasser les règles de l'État de droit,
00:59qu'ils soient incarnés par les juges non élus des tribunaux administratifs ou par la Cour européenne des droits de l'homme.
01:04Enfin, n'oublions pas que les partis en France qui veulent imposer un contrôle strict de l'immigration sont ostracisés
01:10au point qu'on érige des barrages républicains pour les empêcher d'accéder au pouvoir.
01:14Et pourtant, l'immigration, c'est un sujet consensuel aujourd'hui dans notre pays,
01:18avec une large majorité de Français qui attendent de la fermeté.
01:21Politiquement, on le sait, c'est plus compliqué.
01:23Notre Constitution ne permet pas en l'État d'organiser un référendum sur le sujet de l'immigration,
01:28sauf à passer par un moyen détourné et qui perdrait en efficacité.
01:32Le président de la République réfléchirait à d'autres thématiques à soumettre aux Français et qui ont moins d'impact, moins d'intérêt.
01:39Oui, et on se dirige, Romain, vers ce que Bruno Retailleau a qualifié hier de référendum pour rien.
01:44Là encore, difficile de lui donner tort quand on voit les pistes envisagées du côté de l'Elysée.
01:49Je vous rappelle ces pistes.
01:50L'interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans,
01:52la fin de vie déjà soumise à une convention citoyenne, déjà débattue à l'Assemblée nationale,
01:56ou encore donc la thématique du travail, une question sur le travail,
01:59sans qu'on ne sache vraiment sur quel objet les Français pourraient être précisément consultés.
02:03On parle là de sujets qui ne sont pas sans importance,
02:06mais qui ne suscitent pas, disons-le, un enthousiasme dément.
02:09Il n'y a pas d'élan chez les Français pour se rendre aux urnes et lutter contre les écrans chez nos ados.
02:15Ça serait fou si on posait cette question totalement anecdotique.
02:21Ce sont des sujets qui présentent l'intérêt de ne pas gêner le chef de l'État.
02:24Au moins, il y a un intérêt pour Emmanuel Macron, pas pour les Français, mais pour Emmanuel Macron.
02:29Oui, c'est d'ailleurs la seule utilité de ces questions.
02:32Les écrans, la fin de vie, le travail,
02:34voilà des sujets qui épargneraient le président de la République,
02:37qui lui éviteraient d'être en première ligne et de subir une sanction politique.
02:40Imaginez si Emmanuel Macron soumettait à référendum des sujets comme l'immigration ou la réforme des retraites.
02:45Le résultat viendrait à coup sûr se fracasser sur son bilan.
02:48D'ailleurs, on se rend bien compte de cette crainte en écoutant hier Marc Fesneau,
02:51qui est le président du groupe Modem à l'Assemblée nationale.
02:53Il appelle, je cite, à ce que les référendums ne deviennent pas un moment populiste,
02:57un moment de caricature, et je reprends ces termes.
02:59Voilà un aveu qui est en dislons.
03:00Demandez leur avis aux Français, oui,
03:02mais il faut veiller à ce que le résultat ne soit pas populiste.
03:05On en revient en fait au dernier référendum en date, en 2005, il y a 20 ans déjà,
03:09et ce résultat dont on n'a pas tenu compte sur le traité européen.
03:13Deux décennies plus tard, rien n'a bougé.
03:15Et la citation de Bertolt Brecht est toujours d'actualité.
03:19Si le peuple vote contre le gouvernement, alors il faut dissoudre le peuple.

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