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Les députés Écologistes veulent créer une "carte vitale de l'alimentation" afin de mettre en place une sécurité sociale alimentaire. L'objectif de cette carte est de lutter contre la précarité alimentaire et la malbouffe. 

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Transcription
00:00Alors tu nous parles d'une proposition de loi des députés écologistes qui est examinée jeudi à l'Assemblée et qui vise à expérimenter une sécurité sociale de l'alimentation, mais qu'est-ce que c'est ?
00:11C'est comme si vous payiez vos courses avec votre carte vitale. Quand je vous dis ça, évidemment, c'est très simplifié, mais l'idée derrière cette sécurité sociale de l'alimentation, c'est ça, c'est de transposer ce qui existe déjà pour la santé à l'alimentation.
00:24Donc très concrètement, il s'agirait d'une carte créditée de 150 euros par mois à laquelle tout le monde aurait accès, tout le monde sans conditions de ressources.
00:34C'est le but premier de cette loi, l'un des principes, enfin pas de cette loi, mais de l'idée de la sécurité sociale de l'alimentation, c'est l'universalité.
00:41Ça va coûter une affaire pareille.
00:43Ah bah oui, effectivement, c'est un petit peu l'écueil.
00:45Le deuxième principe, c'est que ça serait financé notamment par des cotisations sociales.
00:52Et le troisième principe, c'est qu'il s'agirait d'acheter des produits dans des magasins conventionnés, un petit peu comme les médecins sont conventionnés.
01:00Là, les produits seraient conventionnés en fonction de critères sociaux et environnementaux, également de santé, c'est-à-dire des produits sains, locaux, etc.
01:07Tu veux dire qu'il y aurait des magasins spécialisés ?
01:09Voilà, ou alors des produits conventionnés, particuliers, voilà, estampillés dans des magasins de la grande distribution, par exemple.
01:16Tout ça pour lutter contre la précarité alimentaire.
01:19Oui, sachant qu'un Français sur six ne mange pas à sa faim, selon une étude du Crédoc de 2023.
01:24Donc le but, ce serait de sortir du système d'aide alimentaire tel qu'il existe maintenant,
01:29c'est-à-dire éviter la dépendance des personnes les plus précaires aux associations,
01:34et rendre finalement le droit à l'alimentation universel, que tout le monde puisse manger à sa faim.
01:41Deuxième argument, inciter les gens à mieux manger, à manger des produits meilleurs pour leur santé,
01:47dans le but finalement de réduire les dépenses de santé,
01:49puisque les dépenses de santé liées à la malbouffe pour l'obésité, c'est 10,6 milliards d'euros par an,
01:56et pour le diabète, 8 milliards d'euros par an.
01:58Et puis troisième argument, mieux rémunérer les agriculteurs grâce à ces produits justement conventionnés,
02:04parce que locaux, et puis grâce à la nouvelle demande qui serait finalement créée par ces 150 euros à dépenser.
02:11Ça, tu nous as exposé les arguments pour, mais les arguments contre.
02:16C'est le coût, c'est de ce dont parlait Mathieu, c'est un peu cher.
02:19C'est évidemment le principal écueil de ce système.
02:22Une sécurité sociale de l'alimentation, ça coûterait hypothétiquement au moins 120 milliards d'euros.
02:27On veut une paille !
02:28Voilà, à ajouter au budget de la sécurité sociale, sachant que les dépenses prévisionnelles pour 2025 cette année,
02:34c'est 666 milliards d'euros, donc ça serait 120 milliards plus potentiellement 666 milliards.
02:40Donc évidemment, la question du financement est très importante.
02:44Forcément, ça prendrait dans les caisses de l'État.
02:46Et puis aussi la question de l'acceptabilité pour les Français d'une nouvelle cotisation sociale qui serait ponctionnée sur les salaires.
02:52Sachant que ce dont je vous parle là, c'est évidemment très hypothétique,
02:56puisque la proposition de loi qui est examinée ce jeudi, elle vise à soutenir des expérimentations à l'échelle locale,
03:02et non pas à instaurer ce système.
03:04C'est-à-dire que si la loi est votée, vous n'aurez pas demain une sécurité sociale de l'alimentation.
03:10Simplement des expérimentations locales qui seront plus développées et plus poussées.
03:15Il y aurait, je pense, une problématique du choix des aliments concernés.
03:19Parce qu'en plus, si l'idée c'est de mieux manger, ça ne va pas forcément être les aliments les moins chers.
03:22Quand on voit toutes les problématiques autour de l'alimentation, choisir ses produits...
03:26C'est sûr. Alors les produits conventionnés, dans le principe de cette idée,
03:30c'est de laisser le choix aux citoyens qui décideraient de manière démocratique quels seraient les produits conventionnés.
03:36On ne leur impose pas.
03:37Comment ?
03:38Il y a déjà des expérimentations locales ?
03:39Oui. Il y en a une quarantaine sur tout le territoire.
03:41La plus poussée est probablement celle qui a lieu à Montpellier,
03:44puisque c'est un projet qui a été initié en 2022.
03:47400 personnes représentatives de la population versent des cotisations sociales volontaires,
03:52enfin des cotisations non pas sociales mais volontaires, selon leurs moyens,
03:56pour recevoir 100 euros par mois à aller dépenser sur des produits conventionnés.
04:01Ce sont ces 400 personnes qui décident justement de quel producteur, quel produit, quel magasin ils vont conventionner.
04:07C'est un système qui est financé à 50% par ces cotisations et à 50% évidemment par des subventions,
04:13parce que les cotisations ne suffisent pas.
04:14J'en ai parlé avec une sociologue qui s'appelle Pauline Scherer
04:17et qui m'expliquait qu'il y avait véritablement des effets qui étaient observés,
04:20parce que ce ne sont pas que des actions ponctuelles mais aussi des travaux de recherche.
04:24Elle disait que les gens mangent mieux depuis qu'ils ont commencé à mettre en place cette initiative.
04:29Il y a aussi la santé perçue, c'est-à-dire que les gens se sentent mieux.
04:35Et puis aussi en termes de dignité, les gens sont fiers de mieux manger.
04:40Elle plaide pour la mise en place d'un système tel que celui-là pour toutes ces raisons.
04:45Évidemment tous les problèmes liés au financement, c'est une autre question bien sûr.

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