La chanteuse Axelle Red revient d’un voyage au Rwanda avec Handicap international dont elle est la marraine depuis 2017. Interview: Charlotte Vanbever. Réalisation: Cédric Baufayt
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00:00Nous recevons une invitée exceptionnelle dans Showbuzz, Axel Redd.
00:07Showbuzz, Charlotte Van Bever.
00:10Il y a un peu plus de 30 ans, elle débutait sa carrière
00:12et on ne fera l'affront à personne de citer tous ses tubes.
00:15Parallèlement, elle s'engageait aussi déjà auprès des plus démunis.
00:18Elle atteignait les sommets dans les charts,
00:20mais redescendait vite sur Terre au fil de ses voyages humanitaires.
00:23Cet humanisme, c'est tout sauf une posture.
00:25Chez Axel, la chanteuse, l'auteur-compositrice, la maman, l'épouse
00:29et désormais aussi la coach de Voice Belgique.
00:31Bref, une femme presque comme les autres, avec une bonne dose de sensibilité,
00:35d'indignation et d'optimisme pour la guider.
00:37Axel Redd, bonjour.
00:39Avec très p't'oeil, ma journée est faite.
00:41Allez, bah alors, on arrête la maman.
00:44On s'est rencontrés, Axel, il y a un peu plus d'un an.
00:47Et à l'époque, vous m'aviez dit que vous aviez besoin,
00:50vous avez toujours eu ce besoin, en fait, de rendre aux autres
00:53ce que la vie vous avait donné.
00:54Et si je me rappelle bien, vos premiers voyages
00:57qui n'étaient pas encore humanitaires, sous couvert d'ambassadrices ou autres,
01:00vous aviez déjà fait des voyages à l'étranger,
01:03même avant d'avoir votre premier tube, avant d'avoir Kennedy Boulevard.
01:06À ce moment-là, il y avait cette notion-là de rendre.
01:09Elle était déjà là, c'était rendre quoi ?
01:11Parce qu'il n'y avait pas le succès, il n'y avait pas l'amour, je dirais, du public à rendre.
01:14C'était quoi la motivation première ?
01:16Quand j'étais petite, j'étais très, très sensible à l'injustice.
01:19C'est pas que j'étais une enfant parfaite, parce qu'un jour,
01:21il y avait même une maman qui m'a dit
01:22« C'est toi qui as exclu ma fille à l'école ? »
01:24Et puis, c'était le plus grand choc, je me dis « Effectivement, j'ai fait ça ! »
01:28Mais donc, j'avais 9 ans, donc je pense que c'est suffisamment jeune pour se...
01:34Parce que je dis toujours que quand on fait des chutes ou quand on fait des erreurs dans la vie,
01:37c'est bien, mais il faut après les utiliser pour en devenir, en sortir plus intelligent.
01:43Pour être meilleure.
01:44Et donc, effectivement, je veux dire,
01:48chaque fois, en fait, tu rencontres des situations qui t'apprennent
01:55ce que tu as envie de faire dans la vie.
01:58Et je faisais le droit, et je faisais de la musique.
02:00Déjà, je veux dire, c'était assez contradictoire, comme deux chemins.
02:05C'était un plan A, plan B.
02:08Et j'aimais les voyages.
02:10Voilà, c'était trois choses que j'aimais bien.
02:13Et donc, c'était pendant un voyage au Vietnam.
02:16Et on en était assez privilégiés, parce que les frontières étaient encore fermées.
02:20Parce qu'on connaissait quelqu'un qui travaillait pour l'ambassade,
02:23on avait 20 ans, donc c'était assez incroyable de pouvoir être là, à cet endroit.
02:27Mais en fait, le gouvernement, comme le pays n'était pas encore ouvert,
02:33ils n'avaient pas encore caché, ce qu'ils ont fait par la suite, les victimes de la guerre.
02:38Et donc, on a vu beaucoup de gens sans jambes qui étaient victimes des mines antipersonnelles.
02:43Et je me souviens toujours d'un petit garçon qui voulait vendre des cartes postales.
02:47Et à un moment donné, je dis, mais tu sais, j'ai acheté déjà deux, trois de tes copains.
02:50Je dis, je ne peux pas acheter tout le monde.
02:52Je ne suis pas riche.
02:52Alors, le petit gamin, il m'a regardé comme ça, il m'a dit,
02:55Of course you are rich.
02:57You came by airplane.
02:58Tu es venu avec un avion.
02:59Et puis, je me dis, il a raison, le petit.
03:02Et c'est un déclic.
03:04C'est un déclic où je me suis dit,
03:06wow, je veux dire, il faut que j'arrête les excuses.
03:10Il faut que j'arrête les excuses.
03:11Et je pense que la vie, c'est se dire merci, je reçois.
03:16Et puis, une sorte d'équitation, d'ailleurs, ce mot que j'ai cherché longtemps,
03:20pendant mes cinq ans d'études de droit,
03:23équité, ce n'est que vers la toute fin qu'un juge, en fait,
03:28il va utiliser l'équité pour parler justice.
03:30Avant ça, il y a les lois qui ne sont pas forcément justes.
03:33Donc, j'ai compris que la vie n'était pas toujours juste.
03:36Et donc, je me dis, voilà, il faut rentrer, il faut...
03:38Et est-ce qu'il y avait, parce que je disais dans votre portrait,
03:41je parlais d'indignation.
03:42Il y avait de l'indignation au-delà du fait de rendre et de dire que la vie est injuste.
03:46Il y avait de l'indignation de se demander presque quotidiennement pourquoi, en fait,
03:50pourquoi moi, je suis née ici, pourquoi je ne suis pas née ailleurs.
03:53Et ça a démarré comme ça.
03:57Et puis, plus j'avançais et plus j'avais du succès,
04:02à un moment donné, ça m'a vraiment paralysée.
04:04Et...
04:06C'est un mal-être, à ce moment-là, il y a un mal-être.
04:08Je n'ai pas compris. Je me dis, j'ai tout.
04:10J'ai ma famille, j'ai réalisé tous mes rêves et je suis mal.
04:15Et puis, j'ai trouvé un mot qui m'a vraiment fait du bien,
04:18en tout cas, de pouvoir diagnostiquer.
04:20Je me suis auto-diagnostiquée, en fait, au lieu d'aller chez le psy.
04:23Je me suis auto-diagnostiquée.
04:25J'ai trouvé un mot qui est, en fait, en allemand, Weltschmerz.
04:30Et schmerz, c'est une douleur.
04:31Welt, c'est le monde.
04:33Donc, que ça existe, qu'on peut avoir mal pour le monde.
04:35Parce que je me dis, voilà, ce n'était juste pas logique d'avoir autant de lumière, moi,
04:39et que le soleil brillait moins sur...
04:41Et donc, je me suis dit, voilà, la réponse doit être, quand même, simple.
04:46C'est juste, trouver un équilibre.
04:49Et quand vous avez compris ça, ça a été le mal-être ?
04:51Oui, mais ce n'était pas évident.
04:52Parce que, heureusement, j'avais mes chansons pour placer les choses.
04:55Parce que, à un moment donné, c'était vraiment me dire,
04:58est-ce que j'ai le droit de vivre dans ma maison ?
05:00Est-ce qu'il faut que j'ouvre mes portes pour que j'accueille ?
05:03Ce n'est pas normal d'avoir une grande maison comme ça.
05:05Est-ce que je dois accueillir tout le monde ?
05:06Est-ce que je dois partir en Afrique avec ma famille,
05:08plutôt que, est-ce que j'ai le droit de chanter encore ?
05:11Parce que ça me donne du bonheur.
05:12Et j'ai réussi, heureusement, à travers mes chansons, de placer tout ça.
05:15Et j'ai compris que, dans la vie, en fait, je pense que c'est une sorte de balance.
05:19Et de te dire, tiens, oui, on peut être heureux.
05:22Oui, c'est comme on peut...
05:23On a le droit de donner un cadeau, même si ça te fait plaisir.
05:26Tant mieux, mais ça fait plaisir à l'autre aussi.
05:28Donc, ça rééquilibre.
05:30Et c'est là où j'ai compris que tout est une question de trouver un équilibre
05:35dans tous les rôles qu'on a.
05:36Parce qu'en fait, j'étais chanteuse, j'étais maman,
05:39j'étais partenaire de mon couple, j'étais fille de ma mère,
05:42citoyenne du monde, tout ça, chanteuse, artiste.
05:48Et en fait, je pense que...
05:51Parce que si je pars en Afrique et que je force mes enfants à faire ça,
05:56je n'étais pas forcément la bonne maman.
05:58Donc, c'est un peu comme...
06:00C'est dans tous les...
06:01Oui, parce que je me suis rendue compte que Gandhi ou Martin Luther King,
06:03c'était des mauvais pères.
06:04Oui.
06:05Et donc, je me suis dit, ce n'est pas la solution.
06:07Et il y a une culpabilisation, du coup, chez vous à ce moment-là.
06:09Oui, et comme je n'aime pas ce mot, parce qu'on nous a tellement tués
06:13avec ce mot, je pense, peut-être pas seulement dans le catholicisme,
06:16mais ça nous a tellement tués ce mot, culpabilité, que...
06:19Moi, je préfère parler de responsabilité.
06:22Et puis, après aussi, une sorte d'équilibre aussi.
06:24On a le droit de rire, on a le droit de chanter,
06:28on a le droit de crier.
06:30Ce n'est pas qu'il faut devenir comme ça, qu'il faut se taper dessus et...
06:35Non, parce que, du coup, mes enfants, à un moment donné, ils m'ont dit,
06:38« Maman, on te trouve plus drôle. »
06:40Maintenant ?
06:41Non, maintenant, plus pas, mais il y a...
06:43Et mon mari qui dit,
06:45« C'est super tes engagements, et je suis féministe comme toi. »
06:49Et tout ça, je veux dire, parce qu'il me soutenait.
06:51Mais il dit, « Mais je te trouvais drôle avant, et légère. »
06:57OK.
06:57Mais légère dans un sens positif.
07:00Et donc, il ne faut pas perdre ça.
07:02Voilà, c'est pour ça que je ne veux pas jamais faire la lecture aux gens.
07:04Oui, la leçon, mais c'est le plus difficile, de ne pas perdre ça.
07:07Le petit étincelle, le petit sourire, c'est...
07:10Oui, je pense que, de toute façon, dans la vie,
07:12il faut toujours garder l'enfant en soi, l'émerveillement.
07:15Mais un enfant, il est naturellement gentil.
07:17Oui.
07:18Et donc, ce n'est pas parce que...
07:20Oui, se sentir engagé, se sentir responsable,
07:24ne doit pas forcément aller avec le négativisme.
07:28Comme, par exemple, les gens aussi m'ont dit,
07:30« Comment tu peux avoir une photo où tu es sexy et joli,
07:34et que tu parles de violence sexuelle ? »
07:36Je dis, « Quoi ? Pourquoi pas ? »
07:38C'est comme si c'était un antagoniste, comme si c'était l'un et pas l'autre.
07:41Oui, moi, je parle d'équilibre.
07:44Non, on peut se sentir sexy jusqu'à la fin de sa vie,
07:48et vouloir être joli, et briller un peu chacun...
07:53Mais, tu vois, un peu...
07:55C'est vrai.
07:55Voilà, juste un peu...
07:57En fait, tout simplement, être normal.
07:59Être un peu...
08:00J'appelle ça « humain ».
08:03Humain, ça vous va bien.
08:05Vous revenez d'un voyage au Rwanda,
08:08parce que vous êtes marraine de handicap international depuis 2017, si je ne m'abuse.
08:11On va voir un extrait, et après, vous allez un petit peu expliquer aussi le travail là-bas.
08:17Pendant ce voyage-là, Axelle, on voit les images,
08:20vous apprenez quoi ? Parce que vous continuez d'apprendre aussi.
08:24Vous arrivez, vous faites d'abord un premier constat, j'imagine.
08:26Comment ça s'est passé, spécifiquement, ce voyage-là, d'il y a quelques semaines, au Rwanda ?
08:31Je suis toujours... Je passe par tous les stades, en fait, quand je fais ces voyages-là.
08:34Bien que ça fasse, comme je viens d'expliquer avant,
08:37à travers mes chansons, j'ai tellement écrit pour placer les choses.
08:40Donc, j'ai déjà beaucoup compris.
08:42Parce que ça fait quand même 25 ans, maintenant, que je voyage en Afrique, en Asie, en Amérique latine.
08:49Même si ça m'a fait souffrir,
08:52je me sens quand même privilégiée.
08:53Parce que je pense que le plus beau cadeau dans la vie, c'est de comprendre.
08:58C'est de savoir, de comprendre.
09:00C'est un petit peu de sagesse.
09:02Et, en fait, je pense que si j'ai un mot, quand même,
09:08que je voudrais avoir comme résumé de ce voyage, c'est l'émerveillement.
09:13C'est l'émerveillement quand je me fixe, et c'est ce que je fais,
09:17que je suis en admiration pour autant les gens d'handicap,
09:23qui, comme une sorte d'armée de fourmis,
09:26est en train de corriger ce que d'autres personnes, en une phrase, osent.
09:33Ou soit avec une bombe, soit avec des mots, une décision, peuvent t'enlever.
09:37Oui, détruire, oui.
09:38Détruire.
09:39Eh bien, néanmoins, malgré ça, parce que maintenant, les gens me disent
09:42« Ouais, mais tu sais, tu sais, pendant que t'as été, t'as vu, à côté, à la guerre,
09:45et le gouvernement Rwanda est inclus. »
09:48Je dis, en fait, imagine.
09:50C'est justement pour ça que les organisations sont là, non-gouvernementales ou l'ONU.
09:55C'est parce que c'est pas politique.
09:57C'est qu'ils se disent, les humains, qui sont touchés,
10:01que ce soit les enfants, que ce soit les hommes, les femmes,
10:04ils peuvent pas être victimes, quand même, d'un comportement bête,
10:08de leur groupe auquel ils appartiennent.
10:10Comme dans le Gaza, je veux dire, c'est pas parce que tu es Hamas
10:12ou que tu appartiens à l'autre groupe.
10:14L'État d'Israël, ouais.
10:15Quoi que décident leurs chefs, je veux dire, ils sont victimes.
10:20Et donc, ils ont droit à l'aide.
10:23Et là, par exemple, ici, si on reprend cet exemple du Rwanda,
10:27vous visitez parce que vous êtes là pour apprendre des choses,
10:30ça vous nourrit aussi,
10:32pour aider, parce qu'il faut mettre la lumière aussi
10:34sur le travail d'handicap international.
10:36C'est le plus important, parce qu'on ne dira jamais assez,
10:38mais il y a besoin de fonds aussi, il y a besoin que les gens puissent aider.
10:41Ça va pas tomber du ciel, malheureusement, ce serait beau.
10:43Là, vous voyez ce qui manque cruellement.
10:46On voit des enfants handicapés moteurs ou handicapés, en tout cas,
10:49qui ont un retard mental.
10:52Vous visitez des centres de développement aussi.
10:54Vous voyez comment on entraîne les mamans à apprendre à leurs enfants,
10:58à devenir, si pas autonomes, mais à avoir un développement un peu plus rapide.
11:03En tout cas, qu'est-ce que vous, vous constatez tout ça sur une semaine.
11:08Vous revenez de là.
11:10Il y a un sas, un moment, comme on pourrait dire, de décompression.
11:13L'expression est mal choisie.
11:15C'est dur. Rien que ce que je viens d'expliquer, on ne s'en imagine pas.
11:19Même l'expliquer, c'est impossible.
11:21D'abord, ce que je voudrais dire, c'est que c'est quoi être handicapé ?
11:28Handicapé, c'est ce que nous considérons comme un handicap.
11:31C'est que la personne, en fait, sans notre aide, ne peut pas fonctionner
11:36pour être, fonctionner comme les autres dans une société.
11:41Mais c'est simple.
11:42Mais par exemple, je dis toujours, si ici, en Belgique,
11:45on considérait qu'avoir un manque d'empathie était un handicap,
11:49on serait tous handicapés.
11:51On serait tous handicapés, exactement.
11:52Et pire que ça, parce que quand on n'a pas d'empathie,
11:54en fait, on fait du mal aux autres.
11:56Ces enfants-là, ils ne font pas mal aux autres.
11:59Premièrement, ce n'est qu'eux qui en souffrent.
12:01C'est leur maman.
12:02Et je dis maman parce que d'habitude, peut-être il y a des exceptions,
12:06mais je veux dire, l'homme, il fuit parce que c'est vu comme une malédiction.
12:10Comme c'était ici, il y a plusieurs années.
12:14Et donc, d'avoir un enfant, on va dire, entre guillemets, handicapé.
12:17La famille du mari, pareil, ils ne sont juste pas présents.
12:23Mais je dis que si on aide ces enfants avec soit la blue box,
12:32comme ils appellent ça, ils apprennent à la maman même,
12:34que si pendant deux heures, elle fait elle-même,
12:36en fait, comme une sorte de jeu avec les enfants,
12:38elle peut les aider à les faire développer.
12:40Et c'est crucial, ces premières années dans la petite enfance,
12:46ou offrir une chaise roulante,
12:48ou voilà, il y a plein de moyens dans lesquels ils interviennent,
12:51handicap international.
12:52Mais en fait, je dis que ces enfants, non seulement, ils ne sont plus handicapés,
12:56ils sont encore handicapés, mais je veux dire, ils fonctionnent.
13:00Donc voilà, handicap, quelque part, disparu.
13:02C'est un peu comme quand tu n'as pas de lunettes.
13:04Chez nous, c'est vu comme, tu te dis, mais mon droit aux lunettes.
13:07C'est ça.
13:08Mais il y a 100 ans, il y a 50 ans,
13:11je veux dire, il y avait des gens qui avaient une vie horrible
13:13parce qu'ils n'avaient pas de lunettes.
13:16Donc je veux dire, c'est relatif à un handicap.
13:18Et après, je pars de l'idée que tout le monde a un rôle aussi à jouer dans la société.
13:24Et je dis toujours à ces mamans, je dis votre enfant,
13:27moi, je ne le vois pas comme quelqu'un pour qui j'ai juste compassion ou pitié
13:33parce qu'ils ont un rôle à jouer.
13:35Tu le vois dans le petit groupe des enfants.
13:38D'abord, les enfants, naturellement, ils vont l'inclure.
13:41Donc humanity and inclusion.
13:43Les enfants, on nous donne toujours des grandes leçons de ça.
13:46Ils vont l'inclure, ils vont jouer au foot,
13:48ils vont mettre le petit à côté pour qu'il regarde.
13:51Et puis, donc en fait, ce petit, son rôle est d'inspirer aux autres
13:55soit de la compassion, de l'empathie ou soit d'inspirer son courage.
13:59Donc ça, c'est leur...
14:01C'est pour ça qu'il faut qu'on arrête de se dire simplement,
14:04on va les aider.
14:05Non, on va juste lui donner l'outil comme les lunettes pour qu'ils fonctionnent.
14:08Et vous avez dit un mot qui était important, c'est l'inclusion.
14:11Et ce mot-là, on peut le mettre ici aussi.
14:14L'inclusion, alors là, qu'on soit en Afrique ou qu'on soit ici,
14:18ça reste le plus difficile aujourd'hui.
14:20Et c'est ce dont ils ont besoin de plus.
14:23Et il ne faut pas aller chercher loin.
14:25Moi, je me souviens, mon papa qui était une personne très, très, très célèbre dans sa ville
14:29parce qu'il était président du foot, il était avocat,
14:35il était dans la politique communale.
14:37Et donc, il était très aimé dans sa ville.
14:39Et vers la fin de sa vie, il savait très, très difficilement marcher.
14:44Et j'ai dit, papa, on va chaque année à la foire.
14:47Allez, comme ça, on peut quand même encore y aller plus facilement.
14:51Mets-toi dans la chaise roulante.
14:54Alors il dit, il n'avait pas envie, il n'avait pas envie.
14:56Et puis, il a quand même fait.
14:57Mais après cinq minutes, quand il a vu que les gens parlaient au-dessus de sa tête
15:01et me demandaient à moi comment allait mon père,
15:02qui a vu qu'il pouvait très facilement parler à tout le monde comme avant,
15:06il a dit, je veux m'en aller.
15:08Parce qu'il se sent diminué, complètement, invisible.
15:10Il se sentait invisible.
15:12Et je pense qu'on doit apprendre aux enfants
15:16et peut-être avec des affiches dans les rues,
15:19dire aux gens, attendez, mais tout ce que ces gens veulent,
15:21c'est d'être traités comme nous.
15:23On ne va jamais penser à quelqu'un qui a bouillé ses lunettes.
15:26Oh, le pauvre, t'es handicapé.
15:29C'est vrai.
15:30C'est juste une mentalité, tu vois.
15:33C'est vrai.
15:33Il pensait tout simplement, en fait.
15:35Est-ce que vous, vous me disiez tout à l'heure
15:37qu'il fallait garder le sourire, retrouver le sourire.
15:40Mais quand même, au fil des voyages humanitaires,
15:41vous savez combien de voyages humanitaires vous avez fait dans votre vie ?
15:43Vous savez combien vous en avez fait ?
15:44Beaucoup.
15:45Beaucoup.
15:45Je dirais que c'est au moins un par an.
15:48Ouais, donc ça fait...
15:48Et donc ça fait 25 ans.
15:49Ça fait au moins 25 ans.
15:50Jérôme, quand je...
15:52D'ailleurs, en fait, les gens qui connaissent toutes mes chansons,
15:54la moitié de mes chansons sont engagées.
15:57Engagées dans...
15:58Il y a des façons d'aborder les thèmes, je veux dire.
16:01Parfois elles sont très fâchées, parfois c'est vraiment...
16:04Je me mets dans la peau de la victime, parfois dans la peau du bourreau.
16:07Donc voilà, mais c'est dedans.
16:11Et parfois, c'est même d'une façon très positive où je me mets dedans.
16:14Mais je veux dire, quand je vois mon carnet de visages
16:17de personnes que j'ai rencontrées et qui sont mes héros
16:20et qui sont, en fait, un sorte de mélange entre...
16:23Entre...
16:25Au moins, qui nous inspire la compassion.
16:27Mais je me dis, mais non, non, non.
16:28Si on les aide un tout petit peu, en fait,
16:30ces gens, ils servent de héros, héros, héroïnes.
16:34C'est ça.
16:34Parce que...
16:37Avec l'expérience qu'ils ont eue et ils se redressent.
16:41Mais...
16:43C'est...
16:44C'est inspirant pour nous.
16:46Mais est-ce que, c'est...
16:47Je vous demandais, les 25 voyages,
16:49je veux dire peut-être un peu plus, peut-être un peu moins, peu importe, mais...
16:52Quand...
16:54On garde le sourire,
16:55mais est-ce qu'en fin de compte, aujourd'hui on se parle,
16:58est-ce que vous sentez que vous êtes un petit peu plus fissurés à chaque fois
17:01ou au contraire que vous êtes de plus en plus fortes, au final ?
17:04Ça, pendant le Covid, j'étais très, très mal.
17:06Et il m'a dit, en fait, vous avez le syndrome post-traumatique.
17:10Oui.
17:10Et il a dit, je me dis, mais j'ai jamais vécu un,
17:14un grand traumatisme comme quelqu'un qui vit une guerre ou...
17:18Il dit non, mais en fait, je suis très fragile.
17:21Je ne sais pas, je ne suis pas fragile.
17:23Vous êtes une éponge.
17:23Je suis même très courageuse.
17:25Mais je veux dire, je suis sensible.
17:27Oui, oui.
17:27Et aux autres.
17:28Et donc, c'est la somme de...
17:31Ça m'arrase.
17:32Oui, ça m'arrase.
17:33Même si j'ai écrit et placé.
17:37Mais je veux dire, en fait, voilà ce qui est le plus cruel,
17:40c'est qu'avec, comment dire, avec mon raisonnement,
17:45je sais que ce que je suis en train de faire là, de parler de ces gens,
17:49c'est une façon d'aider.
17:51Bien sûr.
17:51Et tu peux dire que négativement, parce que tout est de la perception,
17:54c'est une goutte dans la mer.
17:55Ou tu peux dire non, c'est ma petite pierre que je rajoute.
17:57Et si tout le monde met sa pierre, on va y arriver.
18:00On forme une armée contre le mal.
18:04Mais en fait, je pense que, et c'est pour ça que je me disais,
18:07peut-être il vaudrait mieux que j'aille sur place
18:10et rester et vraiment soutenir un projet.
18:13Parce que là, tu sais, les personnes que je vois,
18:16je peux les aider en personne.
18:17Par exemple, une personne qui ne me quitte pas,
18:19c'est, on voit les images d'une fille qui s'appelle Jeannette.
18:24C'est une fille qui est ambassadrice locale du Rwanda
18:26parce qu'elle est brillante, elle est magnifique.
18:29Elle parle le langage des signes.
18:31Et je croyais que vous faisiez aussi un peu le langage des signes.
18:33Parce que je dis, je veux communiquer avec toi et pas avec l'interprète.
18:35Donc j'ai essayé, ça prend 5 minutes, mais j'ai quand même pris le temps.
18:40Je dis, même si ça prend longtemps, je veux communiquer avec toi.
18:43Et pareil avec un petit garçon.
18:45Je me dis, c'est bien qu'ils apprennent le langage des signes
18:47et c'est bien que les parents ont l'occasion.
18:49Parce qu'il y avait une bibliothèque installée spécialement
18:52pour donner cette occasion aux parents et aux enfants d'apprendre ce langage.
18:55Mais je me dis que tant que tout le monde ne parle pas cette langue,
18:58ils restent handicapés.
19:00Et donc, pour cette fille, par exemple, qui a l'âge de mes enfants,
19:07un peu plus âgée, elle a 28 ans.
19:10Concrètement, elle voudrait faire de l'université
19:13ou tout simplement trouver un job pour payer elle-même ses études.
19:17Et ce n'est pas évident parce qu'évidemment, elle parle ce langage des signes.
19:21Et elle me quitte, je suis en plus en contact avec elle.
19:24Et donc, je veux lui dire,
19:28on est en train d'aider tout votre pays.
19:30Bien, mais c'est sa vie.
19:32Comme nous, c'est notre vie, c'est, tu vois, c'est, on n'est pas là.
19:36Oui, c'est la somme de...
19:37Ici, dans notre pays individualiste, tout le monde dit mais moi, moi, moi.
19:42Et quand on parle de l'Afrique, tout à coup, on va dire vous.
19:45C'est vrai, vous, vous, vous autres, vous autres.
19:48Mais est-ce que quand vous dites et des animaux qui n'ont pas un esprit
19:52individuel, c'est vrai, c'est vrai.
19:54Quand vous dites aider, rester sur place, faire plus, être sur place.
19:58C'est un moment donné.
20:00Quand vous étiez toute jeune, vous auriez même pensé
20:02travailler complètement dans l'humanitaire si ça n'avait pas fonctionné.
20:05Aujourd'hui, ça reste vraiment, je veux dire, prégnant, peut-être pas prégnant,
20:08mais ça reste chez vous, cette idée de se dire,
20:10je pourrais faire ça complètement, totalement.
20:13Oui, en fait, la vie est encore longue.
20:14La vie est encore longue, on essaie de nous faire croire le contraire,
20:16que notre vie est encore très, très longue, surtout nous les femmes.
20:21Oui, surtout les femmes.
20:23Non, non, non, oui, pourquoi pas ?
20:24Je veux dire, franchement, être sur place,
20:29c'est quand même, c'est quand même un plaisir.
20:32Franchement, c'est, c'est juste incroyable ce que tu rencontres comme belle personne.
20:36C'est franchement, c'est en fait, je le souhaite à tout le monde de pouvoir faire.
20:41D'ailleurs, je trouve qu'on devrait instaurer ça un petit peu
20:44comme un service militaire, d'offrir une fois par vie
20:50un voyage ou...
20:52Et puis, en plus, les Africains, particulièrement,
20:55je les ai vraiment dans mon cœur parce que c'est des gens qui sont,
20:58je ne sais pas d'où ça vient, j'essaye de trouver, est-ce que ça a à voir avec,
21:01je ne sais pas, avec leur
21:05santé ou avec... Mais ils sont plus positifs.
21:08Mais est-ce que c'est...
21:09Peut-être c'est aussi le fait parce qu'ils ont moins.
21:11Et du coup, nous, on est tous malheureux parce qu'on veut, on veut,
21:16on veut, on veut, on veut.
21:17Et eux, ils veulent moins.
21:19C'est ça, mais c'est ça.
21:20Et c'est le côté positif qu'ils ont.
21:22Et il peut se mettre en parallèle avec l'optimisme que vous avez gardé,
21:26en fait, parce que vous dites non, moi, je préfère voir que ce n'est pas
21:29juste une bouteille à la mer, en fait, que ce n'est pas juste une goutte d'eau,
21:31mais c'est plutôt une pierre à l'édifice qu'on peut construire.
21:35Il y a un petit temps, vous chantiez Le Monde Tourne Mal.
21:39Aujourd'hui, même par rapport à encore il y a un an,
21:41quand on s'est parlé de ça, le monde est encore pire.
21:44J'ai longtemps prétendu le contraire.
21:48Oui, et je vais quand même encore prétendre que le contraire.
21:52Je pense que le monde n'est pas pire.
21:54Je pense qu'on est au comble de l'anxiété.
21:58On est au comble de l'anxiété.
22:00On est en fait, tous en train de nager pour atteindre
22:04le bateau, le navire de Noé, parce qu'on est en train de couler.
22:09Et donc, on a peur.
22:12Mais c'est vraiment ma théorie.
22:15J'ai lu ça un jour quelque part, et ce n'était pas un truc scientifique,
22:18mais je m'accroche à ça, je veux y croire,
22:21qu'en fait, depuis la nuit des temps, partout dans le monde,
22:25il existe 1% de psychopathes, mais il existe pour ça 5 à 6% de héros.
22:32Et tout le reste, ce sont les gens qui sont ignorants
22:35et qui sont donc, à cause de ça, lâches.
22:38Et comme le psychopathe,
22:40les moins malins se trouvent en taule, les plus malins,
22:43ils couvrent tous les postes importants dans une société.
22:47C'est bien, c'est vrai.
22:48Et ils ont compris que pour ne pas convaincre ces gens qui sont
22:53peureux à devenir plus héroïques et courageux, ils infligent la peur.
22:58Et ils vont leur dire, mais tu sais, attention,
23:01viens vers nous, parce que nous, on va vous sauver.
23:03Et donc, il suffit de renverser ça.
23:07Et d'avoir quelques gens qui vont inspirer les gens à ne plus avoir peur.
23:11J'aime bien votre théorie et on va passer à l'extrait d'une chanson
23:14parce que je voudrais qu'on rebondisse sur quelque chose, de la reconnaître.
23:17C'est à vous, la chanson.
23:29La chanson, c'est Présidente.
23:31Ah oui, c'est ma chanson de coeur.
23:33Chanson Présidente, je choisis parce qu'elle illuse quelque chose
23:37de fort. C'est la force que vous avez croisée, évidemment, en Afrique
23:40au fil des voyages, la force des femmes qui avancent.
23:42Elles avancent, la tête levée.
23:45Elles tiennent debout, peu importe.
23:46Il y a la guerre, il y a ce qu'il faut, elles tiennent debout.
23:49Et puis, ce qu'il y a en Afrique, c'est une sororité
23:54qui n'existe pas vraiment ici.
23:58On essaye, on essaye, mais on a du mal.
24:01Pourquoi on a du mal ?
24:02C'est comme dans le film de Barbu, en fait, parce qu'il faudrait qu'on
24:09n'autorise pas les hommes à prendre leur place.
24:13Moi, je me fais toujours, en fait, j'apprends beaucoup.
24:16J'habite dans une ferme et j'apprends beaucoup avec mes animaux.
24:18Je les observe et on a un chat pour l'instant que j'adore.
24:21Il s'appelle Pouma.
24:23Il est dans l'andrepause et un peu comme, oui, mais on parle jamais de
24:27l'andrepause. Et il y a des hommes qui sont dans l'andrepause et qui vivent
24:29ça très, très bien et qui deviennent avec beaucoup de sagesse.
24:33Mais il y en a qui sont très, très peureux.
24:35Et Pouma, il devient de plus en plus agressif, il donne des baffes toute la
24:38journée aux chiens, à ses autres chats.
24:40Tout est une menace.
24:42Tout est une menace.
24:43Pourquoi je dis ça ?
24:44Parce qu'on parlait de la sororité.
24:46Oui, de la sororité.
24:48C'est à nous, à nos filles, à nous, femmes, de se dire, voilà,
24:53on va être plus maligne et on va comprendre qu'il y a de la place
24:57pour tout le monde. Et ce n'est pas parce qu'une fille,
24:59elle a une place que l'autre ne va pas trouver un homme dans sa vie.
25:04C'est un peu, en fait, on veut tous, moi je dis toujours, tant qu'on veut
25:06se procréer et qu'on pense qu'il n'y en a pas assez d'hommes.
25:09Mais il y a trop de compétition.
25:10En gros, ce que vous dites, c'est qu'il y a trop de compétition.
25:12Mais je dis, ce n'est pas qu'on veut.
25:15Du nouveau, en fait, on manque de courage.
25:17On manque de courage, on est angoissé.
25:19Et il faut continuer à dire, mais non, il y a de la place.
25:22Il y a de la place pour tout le monde.
25:23Et surtout aussi dire, arrêtons de, quand tu as une bonne place
25:27privilégiée, peut-être enlever un peu l'anxiété et de dire,
25:34tiens, je vais laisser un peu aux autres, un peu de place aux autres
25:37et ne pas prendre tout.
25:39Mais je m'inclue parce que franchement, je ne fais pas les choses mieux.
25:41J'essaye au moins, c'est déjà ça.
25:43Mais au moins, vous avez le courage de vous exprimer.
25:45Mais là-bas, concrètement, au Rwanda, excusez-moi,
25:47mais j'ai vu concrètement, c'était trop beau, les femmes qui se regroupaient
25:52et elles mettaient leurs petits moyens, parce qu'il n'y a personne
25:54qui est riche dans ses villages.
25:55Et elles mettaient leurs petits moyens ensemble.
25:57Et c'était vraiment la somme, elle allait à celle qui allait le moins bien.
26:02Et puis, handicap, c'était beau aussi.
26:03Ils disaient, écoute, comme on voit ce beau projet,
26:06nous, on rajoute de l'argent.
26:07C'est beau, ça.
26:08Mais c'est très beau et ça me fait dire qu'on a peut-être beaucoup plus
26:11à apprendre de l'Afrique que l'Afrique n'a à apprendre de nous.
26:14Nous qui croyons devoir imposer notre modèle à l'Afrique.
26:18Et finalement, une Afrique qu'on a quand même dépouillée.
26:20Donc, c'est comme ça.
26:21Mais c'est ça, en fait, ce qu'on retient, c'est qu'on devrait apprendre.
26:24Mais je pense qu'à vrai dire, même ici, on peut dire de la même chose.
26:29Je veux dire, quand on dit je vais apprendre à mon enfant.
26:33En fait, je pense que quasiment tous les parents, sauf si c'est des gens
26:37qui ont un égo démesuré, ont la conclusion, c'est toujours.
26:40Et il faut même être parent, pas parent, mais quand t'as une nièce
26:43que tu connais bien, en fait, dès que t'es en contact avec des enfants,
26:46t'as vite compris que c'est un échange.
26:48Ils t'apprennent autant que toi, tu peux leur apprendre.
26:51Et c'est un peu ici aussi.
26:52Il ne faut pas aller en Afrique.
26:53On vit quand même avec plein de cultures l'un à côté de l'autre.
26:58Et je suis d'accord qu'il faut s'adapter un peu
27:02au pays dans lequel on est accueilli.
27:04Mais d'un autre côté, ça reste quand même un échange.
27:06Bien sûr, il ne faut pas disparaître.
27:08Il ne faut pas faire disparaître sa culture profonde
27:10pour rentrer dans le moule, en fait.
27:12C'est ça, c'est ça l'histoire.
27:13Dans la chanson Présidente aussi, je dis ce que je dis dans la chanson.
27:19Elle a ses racines en elle.
27:21Je trouve qu'il n'y a rien de mal de vouloir, à un moment donné,
27:26quand tu t'es redressée, de se dire, tiens, d'où est-ce que je viens ?
27:30Et j'ai envie de redresser mon peuple, le groupe auquel j'appartiens.
27:35Ça ne doit pas être forcément négatif.
27:39Bien sûr.
27:39Est-ce que vous disiez tout à l'heure que tout ce que vous avez vu,
27:42ce que vous avez vécu pendant ces voyages-là,
27:45vous l'avez retranscrit de manière différente dans vos chansons ?
27:48La moitié de votre répertoire parle de ça d'une façon ou d'une autre,
27:52des plus démunies ou des femmes fortes ou des atrocités,
27:56mais toujours de façon différente.
27:59Ça peut être sensuel.
28:00Oui, aussi.
28:02Mais est-ce qu'à un moment donné, il y avait cet album-là,
28:04Sisters and Empathy, qui était fort imprégné de ça.
28:07Est-ce qu'à un moment donné, quand même, ou à plusieurs moments dans votre carrière,
28:09vous avez dit, mais j'ai l'impression qu'on ne comprend pas ce que je dis,
28:12qu'on ne comprend pas ce que je dis en chanson,
28:13qu'on ne comprend pas la profondeur de mes chansons ?
28:16Je pense que...
28:20Comment dire ?
28:22J'essaye de ne pas trop réfléchir à ça.
28:24Je me dis que...
28:26Oui, je suis contente, en fait, quand les gens écoutent la chanson,
28:30et puis chacun, en fait, reçoit une chanson avec ses capacités de sentiment.
28:39Oui.
28:41Et j'ai déjà compris, en fait, que dans la vie,
28:43on est capable de comprendre l'autre selon ce qu'on ressent soi-même,
28:50sauf ceux qui ont fait un grand travail sur eux.
28:52Mais je prends un exemple, parce que là, ça parait du chinois, ce que je dis.
28:55Mais par exemple, je dis, le mari, méga jaloux.
28:58En fait, souvent, il est jaloux parce qu'il sait lui-même comment il regarde les femmes.
29:02Exactement. On voit chez l'autre ses propres défauts.
29:04Et donc, il y a des gens, par exemple,
29:06ils ne peuvent pas comprendre que tu peux faire quelque chose avec un cœur noble.
29:10Parce que...
29:12Mais c'est aussi le métier qui fait rêver, le métier de chanteuse.
29:18En plus, vous êtes auteur-compositeur.
29:20Donc voilà, il fait rêver ce métier-là.
29:22C'est-à-dire que ça ne doit pas être forcément superficiel,
29:27mais on aime bien que l'enveloppe soit jolie.
29:30Et parfois, on ne veut pas trop que les artistes aillent gratter là où ça fait mal aussi.
29:35Non, mais en fait, on ne veut rien.
29:37Quand je suis à l'aéroport, par exemple,
29:40et que j'ai une mauvaise mine le matin à 5h du mat',
29:43si je mets mes lunettes, on va dire que je suis arrogante.
29:46Si je ne mets pas mes lunettes, on va dire que je suis moche.
29:48Ça va jamais.
29:49Si je suis en Afrique et qu'on me présente comme une star qui visite le terrain,
29:54si je me fais trop belle, la star,
29:57je me dis, ça va quand même...
29:59Je veux dire, c'est bizarre.
30:01Les gens vont être mal.
30:03Mais si j'arrive là complètement comme si je suis un clochard,
30:06ça ne fait pas rêver les gens.
30:07Donc, c'est jamais bien, en fait.
30:09J'aime bien la conclusion. J'aime beaucoup la conclusion.
30:12Et donc, je me suis dit, je fais ce que je ressens.
30:16On va écouter un autre extrait, Axelle.
30:19C'est malade, c'est ma vie.
30:22C'est moi qui l'ai choisi.
30:24C'est malade, c'est ma vie.
30:25Vulnérable, invincible.
30:27Rien n'est impossible.
30:29Vous dites que rien n'est impossible.
30:31Vous aviez dit, vous pensez que rien n'est impossible.
30:34Je vous reposerai toujours, toujours la question.
30:36Est-ce que vous pensez toujours que rien n'est impossible ?
30:38J'ai une sous-question, après.
30:40Oui.
30:41Tant qu'il y a l'espoir.
30:42En fait, il y a la vie.
30:43Sinon, autant...
30:46En fait, je vois...
30:50J'ai vu trop de gens qui avaient plus rien, en fait.
30:57Si tu les regardes, tu te dis...
30:59Ils y croient, ils y vont.
31:01Et encore plus beau, ils y vont pour les autres.
31:04Et franchement, il n'y a rien qui me fait autant fondre.
31:07C'est de voir quelqu'un qui, parallèlement à s'auto-sauver,
31:12il sauve les autres.
31:13Il n'y a rien qui m'émue plus que ça.
31:16Est-ce que vous vous êtes déjà retrouvée, quand même, devant des obstacles,
31:19où vous vous êtes dit, c'est infranchissable ?
31:22Et vous vous êtes surprise à trouver...
31:24Tous les matins, je me dis...
31:25Dans la glace, c'est ça que vous voulez dire ?
31:27Tous les matins, je me dis...
31:28Là, ça ne va pas aller du tout.
31:32Mais vous avez remarqué, il y a une autre phrase que j'ai écrite.
31:36Tout est une question de perception, en fait.
31:38Rien n'est rose, rien n'est noir.
31:40Je me regarde dans le miroir et ça ne va pas aller du tout.
31:44Et puis, je me dis...
31:45Si je ferme les yeux et que je m'imagine que tout va aller bien,
31:48tout va aller bien.
31:49Votre force dans la vie, c'est quoi ?
31:52Je pense que c'est ça.
31:54J'ai appris à comprendre qu'il ne faut pas accepter les pensées qui nous arrivent.
32:00Et toutes ces pensées, très très peu de choses sont des faits.
32:04Par exemple...
32:05De nouveau, perception des choses.
32:07Oui, mais par exemple...
32:08Parce que c'est l'humour qui nous sauve,
32:10mais quand tu vois le film de Monty Python,
32:12je pense que c'est mon film de tous les temps préféré,
32:14Life of Brian.
32:15Et donc, le Jésus, celui qui joue Jésus,
32:18il est là, sur la croix,
32:21et l'équipe de kamikazes, au lieu de le sauver,
32:26ils se sont auto-tués.
32:28Et ils commencent à chanter
32:30« Always look on the bright side of life ».
32:32Tout est perception.
32:34C'est vrai.
32:35Et on est reparti.
32:36On n'est pas négative, il n'y a personne qui va mourir.
32:39Non, pas du tout.
32:40Et on parlait de « c'est ma life, c'est ma vie ».
32:42Et puis, ce que j'aime bien aussi comme phrase,
32:43ce que je trouve important,
32:44parce qu'en fait cette phrase,
32:46cette chanson,
32:47c'est un peu mon sort de « my way »
32:49de dire « tiens, est-ce que j'ai compris la vie ? »
32:54Parce qu'on dit toujours, la phrase c'est
32:56« on ne peut pas tout avoir ».
32:58Mais moi, je n'aime pas la dépendance.
32:59On ne peut pas tout avoir, ça reste quand même
33:01« ah bon, bah c'est comme ça ».
33:03Non, je ne veux pas tout avoir.
33:05Et peut-être si tout le monde se disait
33:06« je ne veux pas tout avoir »,
33:07il y aurait de la place pour tout le monde.
33:09Et alors, qu'est-ce que ça veut dire,
33:10tout avoir, encore une fois ?
33:12Exact.
33:13Comme la bonne fée dans les contes de fées,
33:15tu demandes le vœu de trop,
33:17et tu perds ailleurs.
33:18Ou pire,
33:19quelqu'un de ta famille te perd.
33:22C'est vrai.
33:23C'est les contes de fées, en fait,
33:24j'adore les contes de fées.
33:25C'est vrai, je veux dire,
33:26les contes de fées, la mythologie,
33:28je suis fan, fan de ça.
33:29Mais vous y avez cru longtemps,
33:31aux contes de fées ?
33:32Toujours.
33:33Parce qu'en fait,
33:34bon parfois, ça dépend,
33:36il y a eu des contes de fées,
33:37toujours en fait,
33:38ils sont un peu, parfois,
33:41dans une société
33:44qui est un peu anti-femme,
33:46les contes de fées vont être anti-femme.
33:48Il y a eu des contes de fées,
33:49où c'est horrible pour les...
33:51Parfois, la morale,
33:52elle est horrible pour les filles.
33:53Mais je veux dire,
33:55moi déjà, quand les enfants étaient petits,
33:58je changeais les contes de fées.
34:00Et c'était toujours le prince
34:01qui était en attente,
34:02et la fille qui devait aller le sauver.
34:04Je faisais des...
34:05C'était pas encore dans la mode.
34:06Avant que Disney et autres ne le fassent aujourd'hui,
34:08parce qu'après la Reine des Neiges,
34:09c'est comme les filles qui tiennent le truc.
34:11Je le faisais.
34:12Ah, c'est drôle.
34:13Le féminisme, c'est le féminisme
34:15bien avant qu'on en parle aujourd'hui.
34:16Ah oui, mes filles, c'est...
34:18Ça me fait penser à ma meilleure copine.
34:21Elle avait son fils qui, tout petit,
34:23il arrive à la maison,
34:24elle me dit,
34:25mais maman, mais tu m'as dit
34:26que je dois être gentille avec les filles.
34:28Mais les filles, c'est méchant.
34:31C'est vrai qu'on n'est pas toujours
34:32non plus gentilles.
34:34Et puis mes filles, en fait,
34:35entre elles,
34:36c'était la toute petite
34:37qui dit à sa soeur
34:38une des premières phrases,
34:39elle dit, mais,
34:40toi, t'as pas d'empathie.
34:41T'as pas d'empathie.
34:43Donc, à mon avis,
34:44je dis, il faut que j'arrête là,
34:45parce que...
34:47Et je prenais les
34:48C'est ma life, c'est ma vie.
34:49Je disais, c'était une des dernières
34:50chansons que vous avez composées
34:51qui était sur le best-of
34:52des 30 ans.
34:54Parce que ça fait quoi,
34:557 ans, vous avez pu faire d'albums
34:57avec des chansons inédites.
34:58Là, vous êtes en train d'en faire,
35:00quand même.
35:01On est au mix, au stade des mix.
35:02OK, donc ça va sortir
35:03dans pas trop trop longtemps.
35:05Pourquoi 7 ans, c'est long ?
35:07J'ai trouvé une réponse ce matin.
35:09Ah, bah oui, voilà.
35:11J'ai trouvé la réponse.
35:12C'est que...
35:13Comment dire ?
35:14Au contraire de ce qu'on voit
35:15aujourd'hui,
35:16et qui est une des raisons
35:17pourquoi tout le monde
35:18est stressé et anxieux,
35:19c'est que tout le monde
35:20veut des likes.
35:21Ouais.
35:22Moi, j'ai compris,
35:23comme j'ai un peu
35:24d'expérience dans la vie,
35:25que pour les likes,
35:26le prix à payer
35:28est très grand.
35:29Il y a le stress,
35:30il y a le fait que
35:31dès que les likes
35:32diminuent,
35:33il y a les addictions
35:34à la gueule,
35:35à la drogue
35:36ou au succès,
35:37tout simplement.
35:39Et donc,
35:40pendant 7 ans,
35:41je me suis dit
35:42tout va bien,
35:43j'ai pas besoin,
35:44j'ai plus d'ego à vendre.
35:45Donc, en fait,
35:46restons chez moi
35:47ou aidons le monde.
35:49Mais je veux dire,
35:50je vais pas me rejeter
35:51dans l'arène
35:52parce que moi,
35:53j'appelle ça les likes.
35:54Tu te jettes dans l'arène.
35:55Ou derrière ton écran
35:56où tu dois un peu
35:57exagérer ta biographie,
35:58tu dois un peu
35:59trafiquer tes photos
36:00parce que sinon,
36:01celui de l'autre à côté,
36:02il paraît plus beau,
36:03plus intelligent,
36:04plus talentueux.
36:05Et donc,
36:06je le prie à payer
36:07et le prix à payer
36:08est cher.
36:09Et donc,
36:10je me suis dit
36:11franchement,
36:12non,
36:13le prix,
36:14non,
36:15je vais plus le faire.
36:16Mais,
36:17j'aime trop crier.
36:18J'aime trop crier seule
36:19mais aussi l'échange
36:20que ça donne
36:21avec les musiciens.
36:22Là,
36:23ma fille aînée,
36:24Janelle,
36:25elle a co-écrit sur l'album.
36:26Et donc,
36:27tu t'imagines le plaisir
36:28parce qu'on a
36:29les mêmes idées
36:30sur les shows.
36:31C'est du pur plaisir.
36:32En plus,
36:33je partage ça avec mon mari
36:34depuis 35 ans,
36:35depuis le début.
36:36Je veux dire,
36:37c'est tout quelque chose
36:38qu'on a fait à deux.
36:39On partait en tournée à deux,
36:40des moments en studio,
36:41que ce soit Memphis
36:42ou autre chose.
36:43Donc,
36:44je veux dire,
36:45bon,
36:46je veux dire,
36:47du coup,
36:48je n'ai pas pensé
36:49au prix à payer
36:50le gladiateur
36:51qui va se faire
36:52sans armes,
36:53couper la tête
36:54et le public
36:55qui fait
36:56oui ou non,
36:57tu vois,
36:58le doigt en haut
36:59et le doigt en bas.
37:00Je me dis,
37:01je ne pensais pas à ça
37:02et je me suis lancée
37:03à m'amuser
37:04comme un enfant
37:05comme un homme
37:06dont j'en suis là.
37:07Et puis,
37:08j'aime bien être sur scène,
37:09c'est l'autre côté.
37:10Mais ça,
37:11c'est vraiment la réalité.
37:12Ce que je dis aux jeunes aussi,
37:15c'est qu'il faut
37:17être un peu aveugle
37:18parce que sinon,
37:19tu ne te lances en rien dans la vie.
37:21Mais c'est différent
37:22quand tu n'as pas encore connu
37:24la réalisation de ton rêve.
37:26Moi,
37:27je l'ai déjà connue.
37:28Mais bon,
37:29maintenant,
37:30je me dis,
37:31je vais quand même me lancer
37:32parce que je me suis amusée
37:33à le faire.
37:34Je n'aime pas être sur scène.
37:35Donc,
37:36je vais jouer le gladiateur.
37:37Oui,
37:38mais est-ce qu'en même temps,
37:39ce que vous me dites,
37:40c'est que
37:41votre carrière aussi,
37:42vous l'avez construite.
37:43On disait,
37:44vous l'avez construite
37:45mais en étant
37:46jamais,
37:47j'allais dire,
37:48dans un moule
37:49ou dans une attente.
37:50C'est-à-dire qu'en reprenons
37:51les années 90,
37:52mais dans les années 90,
37:53la moitié des années 90,
37:54on a des chanteuses
37:55à voix de dingue
37:56et tout le monde
37:57essaye de faire ça.
37:58Aujourd'hui,
37:59tout le monde chante
38:00un peu comme Angèle.
38:01Il y a toujours eu des catégories.
38:02Vous,
38:03vous avez toujours été
38:04un petit bonhomme de chemin
38:05en étant accélérée.
38:06C'est-à-dire que
38:07il n'y avait jamais
38:08une mode
38:09où vous faisiez
38:10toujours selon
38:11vos envies
38:12et finalement,
38:13que vous fassiez un album
38:14aujourd'hui,
38:15c'est pareil.
38:16Parce que maintenant,
38:17vous avez envie de le faire.
38:18Est-ce que vous avez l'impression
38:19de jamais avoir répondu
38:20à une attente ?
38:21Je veux dire,
38:22il n'y a pas de règle
38:23de réussite.
38:24Donc,
38:25je me dis
38:26ne pas réussir
38:27et se dire
38:28zut,
38:29c'est parce que j'ai écouté
38:30les autres
38:31que je n'ai pas réussi.
38:32C'est impossible
38:33et invivable.
38:34Et donc,
38:35je me suis dit
38:36je vais juste
38:37aller faire
38:38ce que j'ai envie de faire
38:39et que ça me ressemble.
38:40Et d'ailleurs,
38:41plus que ça,
38:42en fait,
38:43je trouve que
38:44en tout cas,
38:45moi,
38:46en moi,
38:47je me dis
38:48si je n'ai pas de valeur
38:49ajoutée
38:50à ce que j'appelle
38:51la culture,
38:52même si elle est légère,
38:53je veux dire,
38:54je n'ai rien contre
38:55la pop,
38:56musique et tout ça,
38:57mais si tu n'as rien
38:58à rajouter,
38:59à quoi ça sert ?
39:00Alors,
39:01j'ai rencontré
39:02des filles
39:03qui se sont mis
39:04à faire de la musique
39:05et je dis
39:06la plus petite,
39:07c'est le bon exemple,
39:08quand elle était petite,
39:09elle se mettait
39:10devant nous,
39:11la famille
39:12et elle commençait
39:13à faire n'importe quoi
39:14pour qu'on la regarde
39:15mais du tap dance
39:16mais bien qu'elle n'était
39:17pas encore capable
39:18de le faire
39:19parce qu'elle était
39:20trop petite.
39:21Je dis,
39:22c'est super,
39:23on l'applaudissait.
39:24Je dis,
39:25mais dis-toi une chose,
39:26pour qu'on continue
39:27à t'applaudir,
39:28je veux dire,
39:29il faut que tu nous montres
39:30quelque chose
39:31que nous tous,
39:32on est capable de faire,
39:33à quoi ça sert ?
39:34Tu es juste comme un clown
39:35alors,
39:36je veux dire,
39:37et encore,
39:38il y a des clowns
39:39qui sont peut-être créatifs
39:40et qui inventent un numéro,
39:41tu vois,
39:42c'est une valeur ajoutée
39:43et d'ailleurs,
39:44c'est ce que j'ai toujours
39:45envie de dire aux jeunes,
39:46ayant au moins
39:47cette ambition
39:48de vouloir
39:49apporter quelque chose
39:50de nouveau.
39:51Mais bon,
39:52ça reste personnel,
39:53je veux dire,
39:54il n'y a pas d'obligation
39:55mais moi,
39:56en tout cas,
39:57c'est mon challenge
39:58et maintenant aussi,
39:59je me dis,
40:00je crois que je suis prête
40:01et plus que ça,
40:02j'ai attendu aussi
40:037 ans parce que
40:04je voulais être prête
40:05à pouvoir positiviser
40:06toutes mes pensées
40:07parce que je trouve que
40:08quand on a une certaine
40:09expérience de vie,
40:10avec tout ce que j'ai eu
40:11comme expérience,
40:12que ce soit mes voyages
40:13là-bas,
40:14en tant qu'humain
40:15et artiste,
40:16je trouve que je le dois
40:17à moi-même
40:18et aux gens
40:19d'inspirer
40:20et faire le positif.
40:21Et de dire que
40:22ça peut être
40:23et que demain
40:24peut toujours être
40:25plus beau
40:26que ce qu'il y a
40:27aujourd'hui
40:28peut toujours être
40:29plus beau
40:30que peu importe
40:31le temps qui passe
40:32peu importe l'âge
40:33J'ai vraiment
40:34voilà,
40:35je voulais juste
40:36j'ai écrit des albums
40:37fâchés
40:38et ils étaient importants
40:39pour moi
40:40et c'était important
40:41aussi aux gens
40:42mais là,
40:43j'ai réussi
40:44à mettre mes mots
40:45à positiviser
40:46parce qu'il y a
40:47beaucoup
40:48en fait,
40:49j'ai travaillé
40:50j'ai trouvé un truc
40:51c'est qu'il y a
40:52des couches
40:53donc en fait,
40:54si tu écoutes
40:55et tu cherches
40:56tu peux trouver
40:57la chose
40:58et la chose
40:59qui est la plus belle
41:00c'est ça.
41:01Donc,
41:02ma maman m'a dit
41:03à vrai dire
41:04la plus belle chose
41:05et donc pour moi
41:06c'est déjà un succès
41:07l'album.
41:08Elle m'a dit
41:09cet album
41:10me donne envie de vivre.
41:11Ah ben voilà.
41:12Et ben vous
41:13vous parlez de l'album
41:14qui va bientôt sortir
41:15et puis il y a
41:16autre chose
41:17qui arrive aussi
41:18parce que vous êtes
41:19maintenant
41:20on voit
41:21coach
41:22de Voice Belgique
41:23francophone
41:24parce que c'était déjà
41:25fait en Flandre
41:26et c'est écoutant.
41:27Est-ce que
41:28cette émission-là
41:29pourquoi vous y revenez
41:30de ce côté-ci
41:31j'allais dire
41:32de la frontière linguistique
41:33pas blanc ça comme ça
41:34pourquoi vous y revenez maintenant
41:35pourquoi il y a une envie
41:36d'y revenir en fait ?
41:37À vrai dire
41:38ils me l'ont déjà demandé
41:39avant
41:40J'en imagine, oui.
41:41Je ne peux pas dire ça
41:42pour dire que les coachs
41:43les merveilleux coachs
41:44qui a eu jusqu'à présent
41:45étaient second fois
41:46c'est loin
41:47de ce que je veux dire
41:48mais
41:49mais voilà
41:50en fait
41:51j'avais
41:52une expérience
41:53en fait
41:54en fait
41:55j'avais
41:56une expérience
41:57positive
41:58et moins positive
41:59en Flandre
42:00dans le sens où
42:01voilà
42:02j'étais un peu surpris
42:03dans le sens où
42:04j'avais l'impression
42:05que je n'avais pas compris
42:06en fait
42:07le but de l'émission
42:08ni le jeu
42:09ok
42:10parce que
42:11je me disais
42:12ah
42:13je vais un peu
42:14comment dire
42:15transmettre
42:16mon expérience
42:17comme quelqu'un
42:18qui fait du bois
42:19un menuisier
42:20à un moment donné
42:21il prend un apprenti
42:22un apprenti
42:23pour
42:55l'accompagner
42:56jusqu'au bout
42:57et puis après
42:58j'ai vu
42:59ces candidats
43:00qui étaient mal
43:01qui étaient perdus
43:02j'en ai d'ailleurs rencontré
43:03qui ont même gagné
43:04carrément de voix
43:05et qui sont dans une dépression
43:06parce qu'on leur a promis
43:07plein plein plein de choses
43:08et
43:09et après
43:10ils sont pris au piège
43:11ils ne sont pas préparés
43:12et je ne dis pas
43:13que ça manque de talent
43:14c'est pas ça
43:15c'est que
43:16personne
43:17leur dit suffisamment
43:18qu'il faut vraiment avoir
43:19quand même avoir
43:20les fondements
43:21en dessous
43:22et être préparé à la chute
43:23et aujourd'hui
43:24vous pensez que ça a changé
43:25qu'ils sont un peu plus au courant
43:26parce que
43:27on a une dizaine d'années
43:28d'expérience
43:29une dizaine d'années d'édition
43:30ils voient bien
43:31que certains ont fonctionné
43:32que certains ont complètement disparu
43:33oui mais je veux dire
43:34je comprends aussi
43:35et c'est vrai
43:36il faut aussi
43:37en tant que jeune
43:38tu te dis
43:39mais j'y vais là
43:40hop là
43:41je me lance
43:42et t'es prête à payer le prix
43:43mais
43:44non ça reste un jeu cruel
43:45si je peux
43:46franchement
43:47je trouve que ça reste un jeu cruel
43:48mais
43:49voilà
43:50je me dis que
43:51je vais faire ça au mieux
43:52je vais donner des conseils
43:53au maximum
43:54et
43:55leur dire surtout
43:56écoute même si vous perdez
43:57d'ailleurs c'est une phrase
43:58qui se trouve aussi
43:59dans la chanson
44:00c'est ma vie
44:01mais des fêtes
44:02sont mes victoires
44:03et
44:04donc en fait
44:05c'est la façon
44:06dont tu te lèves
44:07et
44:08tu le vois
44:09il y a des gens
44:10qui tombent
44:11et ils apprennent jamais
44:12parce qu'ils se disent
44:13c'est la faute de l'autre
44:14que je suis tombée
44:15et puis il y en a
44:16qui se disent
44:17ah non non non
44:18je vais un peu
44:19secouer ma tête
44:20quand même voir
44:21je me suis quand même
44:22voilà
44:23c'était la même pierre
44:24mais il y avait une autre couleur
44:25et je n'ai pas vu
44:26et je me suis reconnue
44:27une deuxième fois
44:28et que
44:29et tu le vois d'ailleurs
44:30il y a des candidats
44:31qui reviennent quelques années plus tard
44:32et qui
44:33qui
44:34voilà
44:35qui viennent après
44:36qui grimpent
44:37super vite
44:38et qui sont l'effet waouh
44:39mais il y a quand même
44:40oui
44:41mais j'ai
44:42voilà
44:43et auprès du public
44:44c'est vrai que
44:45il y a quand même quelque chose
44:46mais c'est
44:47c'est juste comme ça
44:48et je ne suis pas là
44:49pour éduquer les gens
44:50c'est juste que
44:51je serais très heureuse
44:52que les gens comprennent
44:53quand même
44:54même si on est excité
44:55à voir des
44:56le petit jeune
44:57qui
44:58parce qu'on veut tous
44:59voir les jeunes
45:00dans cette société difficile
45:01voir qu'ils aient une chance
45:02quand même
45:03bien sûr
45:04aussi compliquée qu'elle soit
45:05qu'on continue
45:06à pouvoir rêver
45:07à pouvoir réaliser
45:08ses rêves
45:09et ça je comprends
45:10les gens aiment bien voir ça
45:11c'est pour ça qu'on regarde
45:12parce qu'on se dit
45:13ah
45:14il y a de l'espoir
45:15mais
45:16c'est quand même aussi beau
45:17de pouvoir comprendre
45:19dans la vie
45:20parce qu'on a tous
45:21à un moment donné
45:22on devient plus âgé
45:23et on devient tous
45:24dans une situation
45:25où on se dit
45:26oh là là là
45:27je suis en train de tomber
45:28du dixième étage
45:29et jusqu'ici tout va bien
45:30mais là ça va plus bien
45:31j'ai eu un
45:32quelqu'un
45:33comme dans votre rôle
45:34qui me disait l'autre jour
45:35vous vous sentez
45:36comment
45:37comme ça
45:38en tant que femme
45:39qui prenait de l'âge
45:40de savoir que
45:41vos chansons
45:42vont plus être passées
45:43à la radio
45:44un peu comme vous
45:45j'imagine
45:46qu'ils allaient bientôt
45:47pouvoir bosser
45:48pouvoir bosser
45:49donc je veux dire
45:50si on peut
45:51un peu plus
45:52dans notre société
45:53quand même
45:54accorder de la valeur
45:55à
45:56à comment
45:57on grandit dans la vie
45:58comment
45:59on construit
46:00quelque chose
46:01et
46:02et
46:03et de
46:04et de miser
46:05sur une longue durée
46:06de
46:07est-ce que la question
46:08est-ce que c'est déjà pas
46:09la question en elle-même
46:10qui est gênante
46:11c'est de dire
46:12vous prenez de l'âge
46:13première chose
46:14et deuxième chose
46:15après
46:16on a assez ici
46:17pour se dire
46:18que c'est assez intemporel
46:19quand on vous voit en concert
46:20y'a pas que des gens
46:21de 50 ans à vos concerts
46:22Axelle
46:23mais juste la question de l'âge
46:24est-ce qu'elle se
46:25est-ce que c'est
46:26elle se pose encore
46:27aujourd'hui
46:28ou plus que jamais
46:29oui
46:30ou elle devrait pas se poser
46:31mais je peux le voir
46:32de nouveau
46:33c'est de la perception
46:34je veux dire
46:35je peux le voir
46:36comme quelque chose
46:37de méga positif
46:38et être pleine de gratitude
46:39j'ai une maman
46:40qui était chez le coiffeur
46:41elle dit
46:42y'avait la playlist de ma fille
46:43qui fait sa première boum
46:44elle a 12 ans
46:45et là je vais monter sur scène
46:46avec Joker
46:47mardi
46:48parce qu'il m'a invitée
46:49y'a
46:50Julien Doré
46:51qui a repris
46:52Juliette Armanet
46:53y'a Carla Chani
46:55c'est des artistes
46:56que je trouve
46:57vraiment de qualité
46:58y'a Vianney
46:59qui
47:00donc je veux dire
47:01je ne peux que dire merci
47:02je veux dire
47:03j'ai des chansons
47:04qui sont devenues intemporelles
47:05et quand je vois mon Spotify
47:07et je vois mes followers
47:08je me dis
47:09voilà donc
47:10dans la vie
47:11tout est perception
47:13c'est vrai
47:14c'est vrai
47:15et y'a quelqu'un qui a dit
47:16et je vais presque terminer avec ça Axelle
47:18encore juste un dernier truc après
47:20y'a quelqu'un qui a dit
47:21il paraît qu'avec quelques temps
47:22après quelques temps
47:23la passion s'affaiblit
47:24pas toujours apparemment
47:25c'était y'a
47:2632 ans
47:27quelque chose comme ça
47:28est-ce qu'aujourd'hui
47:29la passion
47:30la passion dans sa vie de couple
47:31c'est la passion pour son métier aussi
47:33est-ce que
47:34bah oui
47:35ça s'affaiblit un peu quand même
47:36ou pas ?
47:37vous savez dans
47:38je suis très
47:39comment dire
47:40très intéressée par la Ayurveda
47:41c'est la médecine indienne
47:42parce qu'elle a beaucoup de sens
47:43dans le sens où
47:45c'est en fait la science de la vie
47:47et donc ils peuvent
47:48ils dissocient pas
47:50la santé physique
47:51avec moral
47:52mais aussi avec
47:53l'environnement
47:55donc c'est super logique
47:57et la passion
47:58c'est le feu
47:59et le feu en fait
48:00il est le plus haut
48:01justement
48:02on parlait d'Andropause
48:03là tout à l'heure
48:04entre
48:05quand les hormones sont les plus hauts
48:06donc entre la puberté
48:07et l'Andromène
48:08oppose
48:09et donc
48:10mais moi je me dis
48:11on a pas d'âge
48:12c'est un nouveau combat
48:13parce qu'on stresse les gosses
48:14à leur dire
48:15il faut faire tout maintenant
48:16parce que voilà
48:17laisse-moi être enfant
48:18tu vois
48:19laisse-moi rester femme
48:20laisse-moi être enfant
48:21d'ailleurs c'est un bon truc
48:22pour mon prochain album
48:23pas mal
48:24et puis
48:25et puis une fois que t'as 30 ans
48:26on dit
48:27ah non mais ça ça ça ça
48:28c'est plus possible
48:29et donc la
48:30tout le
48:31tout le monde est stressé
48:32non mais c'est un ridicule
48:33à tous les
48:34à tous les moments de sa vie
48:35et donc la passion
48:36il faut qu'on l'ait
48:37jusqu'à la fin de notre vie
48:38parce qu'autant
48:39sinon
48:40lay down and die
48:41parce que tu le vois
48:42les
48:43j'ai des exemples
48:44dans ma famille
48:45ma belle-mère
48:46je veux dire
48:47quand je vois ce qu'elle fait
48:48à son âge
48:49non mais c'est hallucinant
48:50elle est guide
48:51dans le musée de la mode
48:52elle fait les églises
48:53elle crée ses propres vêtements
48:54elle pourrait carrément
48:55commencer une ligne
48:56quand je vois ma maman
48:57je la trouve méga belle
48:58et
48:59et
49:00et
49:01pas seulement
49:02rigide
49:03mais je veux dire
49:04elle a l'enfant en elle
49:05et donc le feu
49:06c'est
49:07c'est nous qui
49:08qui devons le laisser
49:09l'alimenter en fait
49:10et puis le gouvernement
49:11doit
49:12pourrait un peu
49:13aussi quand même être
49:14plus
49:15comment dire
49:16donner plus de possibilités
49:17pour que tout le monde garde ce feu
49:18voilà
49:19donner
49:20en tout cas
49:21donner matière
49:22à
49:23je vais pas dire
49:24à ce qu'on rêve un peu plus
49:25mais à ce qu'il y ait un peu plus d'espoir
49:26peut-être
49:27c'est ça
49:28en fait j'appelle ça
49:29que ce soit une chaise roulante
49:30ou
49:31encourager les gens
49:32à se réinventer
49:33c'est la même chose
49:34ou être un peu plus gentil
49:35c'est
49:36et un dernier extrait
49:37Axelle
49:38parce que je trouve l'anecdote
49:40je vais bloquer
49:41dans une fête
49:42dans un monde imaginaire
49:47tu n'existais
49:49que dans mes rêves
49:50maintenant tu l'as
49:53et pour le voir
49:54tu m'as fait
49:55tu m'as stigmatisé
49:56c'est Isaac Haynes
49:57et ça j'ai même par en avant
50:01oui avis markers
50:02et il y a une anecdote
50:03parce que
50:04on ne s'est pas donné
50:05à tout artiste
50:06aussi populaire soit-il
50:07vous avez enregistré
50:08Vous avez enregistré cette chanson-là et vous avez croisé qui dans le studio ?
50:13Mais en fait voilà, donc Isaac Hayes, on l'appelle le roi de la soul,
50:19il y avait fait shaft, c'était le premier en fait à mettre des violons classiques
50:24sur le music soul. D'ailleurs après c'était la naissance du disco parce que le disco c'était, qu'est-ce que c'était ? C'était les violons, les arrangements
50:32de violons classiques sur un truc qui groove.
50:34Et on était en studio et il dit à un moment donné, oui j'ai mon ami
50:42Michael Jackson qui va venir, dit à tout le monde de ne pas fumer parce que voilà il n'aime pas la fumer.
50:48Je dis mais ils vont dire que je suis vraiment une chieuse, tu vois, donc je n'ai pas osé dire, un musicien.
50:55Et à un moment donné, lui est arrivé déjà un peu plus tôt et donc je suis avec
50:58Isaac Hayes parce qu'il voulait chanter en français donc j'étais en train de lui apprendre mot par mot comment il fallait chanter donc c'était
51:03déjà assez
51:05incroyable d'être là avec le roi de la soul dans une pièce dans le studio. Et puis on rentre dans la
51:10cabine où il y a
51:13la table de mixage et tout ça.
51:15Il y avait juste l'ingénieur du son et donc Michael était là avec son épouse.
51:19Il faut savoir aussi que c'était le roi de la soul, le roi de la pop et la fille du roi de rock'n'roll.
51:26Donc avec Lisa Marie Presley. Pour moi elle était un peu moins reine quand même que les autres parce que
51:32les autres avaient fait quelque chose.
51:34Enfin elle chantait aussi.
51:35Oui mais tu le voyais aussi parce qu'à vrai dire ceux qui étaient le plus sympa c'était ceux qui avaient crié des choses.
51:41Juste pour l'anecdote.
51:43Et Michael était en plus de ça, c'était très mignon parce que c'était complètement le monde à l'envers parce qu'Isaac pour
51:48que l'autre soit à l'aise, il me présente comme déjà une très très grande amie
51:52et une grande star
51:55en France et en Belgique.
51:57Et donc Michael au lieu que moi j'étais mal à l'aise, il me dit
52:02mais comme si tu vois on était vraiment des collègues donc je me dis bon tu vois mais je lui ai quand même dit à quel
52:07point il m'influençait depuis que j'étais petite et il a enlevé son gant, il a enlevé son masque, il était d'une gentillesse, d'une simplicité.
52:15Je trouvais ça vraiment très très touchant et puis surtout j'ai vu le grand artiste parce que
52:19il voulait écouter aussi le reste parce que Isaac était en train de faire son nouvel album et toutes les remarques qu'il a fait
52:25sur la production c'était les remarques d'un grand grand grand artiste musicien et voilà et le lendemain
52:34le cuistot de Graceland il nous a apporté des chicken wings fait par le cuistot d'Elvis Magellet.
52:40J'ai appelé ma maman, j'ai dit maman
52:46Et puis le lendemain on prend l'avion parce que ça c'est quand même encore plus drôle, on prend l'avion pour aller à Paris
52:52parce que j'allais au défilé de mode
52:55et d'un coup j'avais plein plein plein de photographes qui viennent dans ma direction mais je veux dire c'était juste pas possible
53:01tellement et puis j'ai eu le réflexe je me dis est-ce que je veux faire le côté non tu vois le un peu
53:08dégât
53:10Heureusement j'ai j'ai pas fait ça, j'ai regardé derrière moi et il y avait Madonna
53:14c'est pas vrai ? Donc en deux jours de temps, la reine de la pop et le roi de la pop avec la reine de Belgique
53:21comme quoi on peut relativiser les choses
53:23Exactement et ben Axelle c'était un grand merci, on était ravis de vous avoir, c'était un plaisir. Pareil, toujours avec toi