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AVENIR - Un verre avec Axelle Red. Interview de la chanteuse belge au sujet de son engagement pour Handicap International.

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00:00 Les gens me disent en sortant de mes concerts, ils me disent tu m'as fait pleurer, tu m'as fait rire, tu m'as fait réfléchir, tu m'as inspiré.
00:07 Axel, bonjour. Comment vas-tu ?
00:16 Très bien.
00:17 Très bien. Tu es venue ici ce soir, ici à Bruxelles, pour rencontrer tes fans, rencontrer les gens et leur parler de handicap international. Raconte-moi un petit peu.
00:27 Ça fait 6 ans que je suis ambassadrice pour Handicap International. La première fois que j'étais sensible au thème que Handicap International défend, j'ai fait mon voyage en tant qu'étudiante en sac à dos au Vietnam.
00:43 C'était en fait même avant que le tourisme était autorisé. Mais du coup, on était en fait confrontés à des choses que par la suite le gouvernement a bien cachées, c'est-à-dire les victimes de la guerre.
00:54 Donc ça m'avait énormément affectée. Et le hasard fait que, parfois je me demande si c'est un hasard, je me retrouvais à Ottawa en plus.
01:04 Et on m'appelle pour demander si je voulais être la marraine du traité d'Ottawa contre l'imminenti personnel. Et donc évidemment, j'ai dit oui.
01:19 J'ai visité un hôpital qui soignait les victimes et qui fabriquait aussi des prothèses. Quelques années après, j'étais au Laos et là j'ai visité un centre de déminage.
01:32 Je suis toujours restée en contact, je dirais, avec ces mines antipersonnelles et avec Handicap jusqu'à ce qu'en fait il y a 6 ans, ils me demandaient si je voulais devenir ambassadrice.
01:44 Ces voyages, c'est toujours tellement... On passe par tous les stades en fait. C'est enrichissant, en même temps c'est perturbant, en même temps c'est décourageant, en même temps c'est encourageant.
01:54 Sincèrement, si je n'avais pas été chanteuse, j'aurais été engagée aussi en tant qu'avocate. Comme je suis connue, je l'ai fait autrement.
02:02 Quand j'étais petite, j'ai écrit sur ma feuille de PMS, j'ai écrit que je voulais devenir ambassadeur ou chanteuse.
02:09 Tu as les deux.
02:10 Ouais.
02:12 Étant proche des gens, les gens écoutent mes paroles dans les chansons.
02:16 Quand c'est quelqu'un comme moi qui témoigne de ce genre de choses, je pense que ça a un impact sur les gens.
02:23 C'est ce qu'on espère en tout cas.
02:25 Moi j'ai toujours été très très... J'ai utilisé le mot "empathie".
02:29 J'ai beaucoup écrit des chansons sur ce thème.
02:32 Moi je pense que le rôle d'un ambassadeur c'est de créer l'empathie chez les humains, mais c'est en fait ce que j'ai fait.
02:38 Je pense que c'est le rôle de la culture de cours en fait.
02:41 Chacun sur cette planète a son rôle à jouer et chacun doit le faire avec ses possibilités.
02:47 Et donc forcément, je veux dire, si on est un voisin, fais-le en tant que voisin.
02:52 Si on est un artiste, fais-le à travers ton oeuvre.
02:55 Ça ne veut pas dire que tu n'as plus le droit d'écrire une chanson tout bête d'amour.
02:59 Bien que c'est toujours au-dessus, parce que chaque fois on prend un peu de temps.
03:05 Bien que c'est toujours au-dessus, parce que chaque fois on prend un angle et on apprend les gens comment gérer l'amour.
03:10 C'est ce qu'on voit dans les chansons de protestes en fait.
03:17 Il y a différentes façons de parler d'un thème et de mobiliser ou d'émouvoir les gens, d'avoir un impact.
03:23 Justement, tu parles de "protest song".
03:25 Tu te sens héritière de ce mouvement qu'il y avait dans les années 60, initié par Bob Dylan par exemple,
03:32 de chansons qui étaient vraiment des chansons politiques presque.
03:36 Oui, je dirais que la moitié de mon répertoire a cet angle engagé.
03:41 Il y a différentes façons d'aborder le thème qu'on veut défendre.
03:46 Par exemple, dans un album qui s'appelle "Sisters and Empathy", j'ai vraiment pris ce thème de violence sexuelle.
03:53 J'ai pris tous les angles possibles.
03:57 Encore récemment, je lisais des paroles d'Yves Duteuil et je suis tombée sur des belles paroles
04:03 où il écrit ce que ça doit être d'être derrière les murs d'une prison en plein centre-ville.
04:10 C'est la même chose. Il prend le point de vue de quelqu'un et du coup tu entres dans ce monde de cette personne qui souffre.
04:18 C'est aussi une façon de dénoncer les choses.
04:20 J'ai fait ça dans ma chanson "Pas maintenant" pour les mines antipersonnelles.
04:25 Quelque chose sous mon pied vient de faire panne.
04:31 "Manatan Kabul", c'est la même chose. On a pris le point de vue de ces deux victimes.
04:37 Je pense que c'est là où on touche énormément les gens.
04:43 Est-ce que le public réagit justement à la force de ces paroles ?
04:46 Oui, franchement oui. Le mieux c'est de faire un concert où je mélange un peu tout ce que je suis.
04:52 Je suis quelqu'un de très romantique et c'est un romantisme humaniste.
04:56 Au départ, quand ils ont fondé Handicap International, c'était avec ce but-là.
05:00 Ils n'ont plus pu voir que ce sont des gens innocents qui n'ont rien à voir et qui sont ciblés.
05:08 Les mines antipersonnelles, c'est une arme, mais c'est une arme lâche.
05:17 J'ai fait la rencontre d'une femme exceptionnelle. Ce sont des gens qu'on n'oublie pas.
05:22 Elle s'appelait Martha. Elle est victime et pas victime.
05:25 Quand elle avait 8 ans, elle a failli marcher sur une mine.
05:28 Pour elle, c'était clair. C'était une sorte d'appel.
05:32 Elle allait consacrer sa vie à aider les autres.
05:38 C'est la chef des déménages.
05:40 Elle est d'un positivisme, cette femme. Elle te fait pleurer tellement.
05:46 Elle est forte, belle.
05:48 J'ai beaucoup souffert.
05:55 J'avais honte parce que je me dis que ce n'est pas moi la victime.
05:59 Mais je revenais à force de voir des choses.
06:02 C'est pendant des années que j'étais en Afrique.
06:06 J'étais dans beaucoup de pays.
06:09 Chaque fois dans les zones les plus dangereuses.
06:12 On rencontre des belles personnes, mais des belles personnes qui sont victimes.
06:16 En même temps, je ne les vois pas comme victimes.
06:18 Je leur dis toujours que pour moi, ce sont des héros qui sont victimes,
06:21 qui se soulèvent et qui par la suite deviennent des héros.
06:25 Ils sont des exemples pour les autres.
06:27 Il y en a qui, par la suite, comme cette Martha, consacrent leur vie à faire des choses pour les autres.
06:34 Heureusement, j'avais mes chansons.
06:36 Mes chansons, c'est pour dénoncer, mais c'est aussi pour faire de la thérapie.
06:41 C'est à force de voir des choses qui te...
06:44 Mais ça m'a soigné d'écrire.
06:46 C'est un engagement global.
06:48 Dans les classes, tu mets des gens qui ont des handicaps.
06:52 Ils apprennent des grandes leçons aux autres.
06:55 Ils apprennent des leçons de courage.
06:57 Ça s'apprend l'humilité, la gratitude.
07:02 Tu te rends compte que ça peut arriver à toi.
07:04 Ton premier album a 30 ans.
07:13 Tu parais pourtant toujours aussi jeune.
07:15 Je suis gentille.
07:17 C'est la lumière.
07:19 Tu sais parler aux femmes.
07:21 Quel regard tu portes sur toute ta carrière ?
07:25 J'en suis fière.
07:26 J'ai fait une chanson que je sors avec le Best Of.
07:29 Elle s'appelle "It's my life".
07:33 Je raconte un peu ça.
07:35 Mes défaites sont mes victoires.
07:37 Et aussi, tout est un choix.
07:40 Même si on est parfois très limité dans ses choix.
07:49 Mais dans ta tête, si tu te dis que tu as le choix,
07:53 on continue à avoir le choix chaque jour.
07:55 J'ai vraiment pu réaliser mes rêves.
08:00 J'ai rencontré des gens incroyables.
08:02 Le plus grand plaisir d'une carrière musicale,
08:04 c'est le fait de crier, de pouvoir s'exprimer.
08:08 Par exemple, je ne dois pas aller voir le psychologue.
08:12 J'ai mes chansons.
08:14 Ce qui est très fort, c'est les rencontres.
08:19 Le public.
08:20 Chaque enregistrement, par exemple,
08:22 à Memphis, à Woodstock, en Belgique, en France.
08:26 J'ai rencontré des gens incroyables.
08:28 Et puis, de pouvoir être sur scène.
08:30 J'ai l'impression qu'aujourd'hui,
08:32 je me rends compte encore plus de cette importance,
08:35 de ce partage.
08:36 Parce que quand on a 20 ans,
08:38 c'est plus le côté "Venez, Vidi, Vici, regarde-moi".
08:41 C'est le côté "Je suis une pop star, je suis une rock star".
08:44 "Je sais faire ce que tu ne sais pas faire".
08:46 Mais plus j'avance, plus c'est le côté de sentir les gens.
08:50 Et que justement, quand les gens me disent "Tu m'as inspirée",
08:54 c'est ça ce plaisir.
08:56 Je le sens, on est vraiment tellement proches.
08:58 On n'a pas de dialogue parce que c'est moi qui parle.
09:01 Mais c'est presque ça.
09:03 Tu as encore des rêves ?
09:04 Beaucoup.
09:06 J'ai eu toute une liste comme ça.
09:07 D'ailleurs, c'est pour ça que j'avais fait l'album de Noël.
09:09 C'était sur ma liste et j'en ai plein encore.
09:13 Je pense que quand on arrête de rêver, on meurt.
09:16 Je pense qu'il faut oser rêver.
09:18 Et j'ose rêver.
09:19 Je m'amuse.
09:20 En fait, à vrai dire, il y a eu des petits moments où ça ne m'amusait plus.
09:24 Pendant le Covid par exemple.
09:25 J'ai très mal vécu le Covid.
09:27 Et donc j'ai attendu, j'ai écrit des choses,
09:29 mais je n'ai pas sorti, pas publié.
09:32 Je préfère attendre que j'en sois capable.
09:35 D'écrire sur ça, mais d'une façon beaucoup plus philosophique.
09:41 Une sorte de sagesse positive de la vie.
09:43 Et aujourd'hui j'en suis capable.
09:45 La chanson que je viens de sortir, ou qui va sortir, c'est ma life, c'est ma vie.
09:49 C'est un peu ça aussi.
09:52 C'est une sorte de "my way" positif.
09:57 Je pense qu'il faut avoir un peu de bouteille pour pouvoir voir la vie comme ça.
10:03 Merci beaucoup Axel.
10:04 Merci.
10:05 Merci.
10:06 Merci.
10:07 *bruit de la bouche*
10:09 Merci d'avoir regardé cette vidéo !

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