• il y a 6 heures
Parce qu’il reste notre personnalité préférée de tous les temps, on a passé 30 minutes exceptionnelles avec Omar Sy à l’occasion de la sortie du film Dis-moi juste que tu m’aimes.

L’acteur revient sur son amour pour le métier, mais pas que : se lancer dans la réalisation, son avis sur les films longs, la différence entre les salles de cinéma françaises et américaines… Il nous dit tout dans All In.

Dis-moi juste que tu m’aimes, en salles le 19 février prochain.
Transcription
00:00Genre comme un message WhatsApp, tu fais du x2 ?
00:02Ouais !
00:02Et y'a des gens, donc t'as l'impression qu'il y a des gens, ils ont regardé Lupin comme ça ?
00:05Bah, c'est pas impossible !
00:07Bonne de bâtard !
00:08Je vous défends de le faire !
00:14Salut Omar !
00:15On a plein de questions à te poser,
00:17certaines plus légères et d'autres un peu plus sérieuses.
00:20J'ai peur !
00:21On est bon, on y va ?
00:24Bon écoute, merci d'être là Omar !
00:26Avec grand plaisir !
00:27On va un peu discuter donc de cinéma, de ta carrière,
00:30et de ton nouveau film.
00:31Mais pour commencer, moi j'avais une question.
00:33Dis-moi juste que tu m'inquiètes, ton nouveau film
00:35est réalisé par Anne Leni, qui est au départ une actrice.
00:38Et je me demandais, toi en tant qu'acteur,
00:39quand tu es face à une cinéaste qui
00:41sait ce que c'est que de jouer devant une caméra,
00:43de jouer la comédie, etc.
00:45Est-ce que ça change quelque chose en vrai ou pas ?
00:47Ça change énormément de choses, c'est essentiel même.
00:49Parce qu'en fait, une partie de notre métier
00:51c'est aussi d'essayer de décrypter
00:53ce que te demande le metteur en scène.
00:55C'est-à-dire qu'il veut quelque chose
00:57mais des fois il l'exprime d'une façon,
00:59donc avant déjà de pouvoir lui donner,
01:01il faut que tu le comprennes.
01:03Et ça passe des fois par « ok, j'essaye ça pour voir si c'est ça ».
01:05Tu perds un temps quand même
01:09pour obtenir déjà la compréhension
01:11avant de pouvoir lui donner.
01:12Et en fait, quand tu es face à un metteur en scène
01:14qui lui est aussi acteur,
01:16il y a cette tape-là, tu ne l'as pas.
01:18Tu es directement dans « ok, je veux ça ».
01:20Il a une bonne manière de te le demander,
01:22il a une bonne manière de t'y amener.
01:24Et c'est pour ça que c'est hyper agréable.
01:26Ce qui explique aussi le bonheur que j'ai eu
01:28à faire ce film, c'est que
01:30ce plaisir de la recherche et tout,
01:32on l'a en commun.
01:34Donc c'est génial.
01:36J'ai eu un peu ça à un autre niveau
01:38mais j'étais peut-être encore un peu frais
01:40et je n'en ai pas profité assez
01:42quand j'ai fait « Chocolat » avec Rushdie.
01:44Mais il y avait déjà un peu de ça.
01:46Mais là avec Anne, c'était encore
01:48un autre niveau aussi par rapport à la maturité
01:50que j'ai pu avoir depuis.
01:52Et ça a un impact aussi
01:54pas que sur toi, tu le vois même chez les autres
01:57avec José Garcia, Vanessa Paradis,
01:59tu as senti que le fait qu'elle était elle-même actrice
02:01ça a rendé tous vos échanges à tous
02:03et pas juste à toi plus fluides ?
02:05Oui, je pense que ce plaisir de la recherche,
02:07on l'avait tous évidemment.
02:09Les scènes où on était Elodie et moi,
02:11elle nous dirigeait l'un et l'autre avec ce plaisir-là
02:13et donc c'est un kiff.
02:15Mais même quand je l'entendais
02:17discuter avec Elodie, chercher avec Elodie,
02:19tu participes,
02:21tu prends part à ça,
02:23c'est un bonheur.
02:25J'ai l'impression que c'est une espèce de langage
02:27qui est compliqué à avoir
02:29et quand tu l'as, c'est juste un kiff.
02:31En plus, c'est fait avec la complicité de l'équipe.
02:33En général, quand tu as
02:35ce petit truc-là d'acteur,
02:37tu as l'impression même que les autres te jugent un peu
02:39genre c'est la même, arrêtez d'être relou,
02:41c'est bon, venez, on passe à la suite,
02:43vous nous emmerdez.
02:45Alors que là, tu avais ce truc de allons-y, allons-y, allons-y encore.
02:47Donc il y a ce truc de venez, on joue.
02:49Et ça, c'est kiffant.
02:51Et est-ce que justement d'avoir pu bosser
02:53avec Roche-XM ou là avec Anne Leny,
02:55ça te fait penser à...
02:57Putain, peut-être que moi aussi un jour, j'aimerais bien essayer de réaliser.
02:59Ça fait longtemps
03:01que je me dis que ce serait un kiff de faire ça.
03:03Mais justement,
03:05pour la partie travailler avec des acteurs,
03:07mais à toute l'autre partie,
03:09la partie technique,
03:11production, responsabilité
03:13du bateau et tout,
03:15j'ai peur.
03:17Peur de quoi ?
03:19C'est lourd, c'est énorme.
03:21C'est quand même une petite tâche.
03:23Tu n'es pas réalisateur comme ça.
03:25Evidemment que j'y pense, mais j'ai conscience
03:27de la tâche.
03:29Et j'ai beaucoup de respect pour les réalisateurs
03:31et les metteurs en scène pour me dire
03:33je vais y aller comme ça.
03:35Je ne pense pas que ça se fasse comme ça.
03:37Mais effectivement, travailler avec des acteurs,
03:39de les diriger, c'est hyper tentant.
03:41Et je pense que
03:43j'essaierai un jour.
03:45Si je ne me trompe pas, dans ta carrière,
03:47tu as été à plusieurs reprises producteur de téléfilms dans lesquels tu jouais.
03:49C'est une manière aussi de t'emmêler un petit peu,
03:51de participer au truc, non ?
03:53Evidemment que j'aime bien ramener ma petite fraise.
03:55Mais pour le coup,
03:57produire,
03:59je le fais en général en co-pro.
04:01J'ai d'autres producteurs qui m'aident, donc c'est déjà différent.
04:03C'est-à-dire que je ramène ma fraise
04:05là où j'estime que je peux vraiment apporter quelque chose.
04:07Et sur les autres,
04:09je la ferme un petit peu et je les laisse faire.
04:11Et puis tu as le temps d'apprendre.
04:13C'est un peu moins
04:15en vrai de responsabilité.
04:17Encore une fois, je te dis, je le fais en général
04:19dans des co-pro et tout, mais oui,
04:21j'aime bien un peu
04:23ramener ma fraise, comme on dit.
04:25Pour changer un peu de sujet,
04:27ce format-là, on l'avait initié au tout départ
04:29avec Vincent Lardon qui nous disait un truc, c'est que lui,
04:31il adorait lire le scénario, travailler
04:33avec les collègues, les confrères,
04:35les consoeurs, les acteurs, les actrices, etc.
04:37Et ce qu'il aimait le moins, c'était la promo.
04:39Genre, ça le saoulait. Est-ce que c'est ton cas
04:41en vrai aussi ou pas ?
04:43Moi, franchement, j'ai une chance incroyable,
04:45c'est que j'aime le process
04:47du début à la fin, c'est-à-dire que j'adore
04:49être
04:51vite impliqué, c'est-à-dire au moment
04:53même limite où le scénario n'est même à peine
04:55écrit et qu'il y a tout
04:57le développement et de l'histoire
04:59et des personnages, c'est là
05:01où je deviens producteur,
05:03parce que j'aime bien ce moment-là du développement.
05:05Ma partie préférée, le sucre,
05:07le miel de tout ça, c'est évidemment
05:09le tournage. J'aime jouer,
05:11j'aime le plateau, j'aime ce qui s'y passe
05:13et tout, j'aime ce moment-là. Et après,
05:15même après, la poste, c'est-à-dire la deuxième
05:17partie de fabrication,
05:19c'est-à-dire le montage, montage son
05:21et tout ça, tout ce qui se fait
05:23un peu après, ça m'intéresse aussi
05:25énormément. Et j'ai encore beaucoup
05:27à prendre à ce niveau-là, donc je suis curieux
05:29de ce moment-là, parce que c'est encore beaucoup
05:31de mystère, donc j'aime ça. Et la
05:33promo, j'ai commencé par ça.
05:35Parce que tout ce qu'il fait en promo,
05:37c'est la télévision, c'est les émissions,
05:39c'est la radio. J'ai commencé
05:41par la radio, j'ai fait de la télé ensuite.
05:43Quand je fais la promo, je retourne
05:45vers mes premiers amours,
05:47je retourne à ma source, en fait. Donc c'est pour ça
05:49que j'aime la promo, cet exercice-là.
05:51Je le connais par cœur, c'est mes racines
05:53et donc j'aime tout ça.
05:55Et puis en plus, vraiment, je crois que
05:57quand tu développes le film, moi j'ai déjà
05:59des... Voilà comment
06:01je vais l'expliquer en promo. J'ai déjà
06:03ce truc de...
06:05Tu penses tout ça comme
06:07un ensemble. Et je pense aussi
06:09là que je suis le producteur aussi, dans le sens
06:11où effectivement j'ai le
06:13développement, mais j'ai déjà la promo un peu en tête.
06:15Le côté un peu
06:17marketing et tout, je sais pas pourquoi, mais
06:19c'est des trucs qui m'amusent en fait. Parce que
06:21tout ça, en vrai, sont des
06:23histoires que tu racontes. Et j'aime bien
06:25raconter des histoires.
06:26Mais ce que les gens qui regardent cette interview savent
06:28peut-être pas aussi, c'est la temporalité dans laquelle ça
06:30s'inscrit. Parce que tu l'as dit, il y a toute la post-production.
06:32Ça veut dire qu'en fait, parfois entre la fin
06:34du tournage et l'ébut de la promo, tu vas tourner
06:36d'autres films, tu vas lire d'autres scénarios. Parfois
06:38tu fais la promo, t'es en train de préparer un autre film. Donc en fait
06:40c'est aussi un exercice d'équilibre à certains endroits
06:42quand même. Non, pas du tout.
06:44Parce que justement, si t'es impliqué dès le départ
06:46que t'as vu le truc grandir,
06:48se faire, se fabriquer. En fait,
06:50il est en toi, t'es en
06:52lui. Et c'est un truc que tu
06:54vis, c'est du vécu. Donc
06:56c'est là quoi. Ça fait partie de toi,
06:58t'en fais partie. Tu oublies pas.
07:00C'est pas vrai. Je suis pas sûr. Non, non, non.
07:02T'as beau lire d'autres histoires, celle-là
07:04elle est importante. Toutes les histoires
07:06dans lesquelles tu t'impliques,
07:08elles sont importantes pour toi. Donc tu les oublies pas.
07:10Même en trois ans, c'est-à-dire
07:12que je peux te faire demain la promo d'Intouchables.
07:14Tu vois ce que je veux dire ? Ouais !
07:16Oui, parce que l'histoire,
07:18je l'ai vécue en fait.
07:20Elle fait partie de moi. Donc je peux encore
07:22te raconter pourquoi je l'ai fait.
07:24Je peux encore te raconter
07:26le plaisir du tournage. Je peux encore
07:28te raconter
07:30l'importance du
07:32message, de ce que raconte le film
07:34et tout ça. C'est des trucs qui restent en fait.
07:36Ok, trop bien. On a de plus en plus
07:38nous, sur nos articles, sur nos
07:40interviews, des commentaires qui disent que
07:42les films sont de plus en plus longs
07:44et que les films sont trop longs. Est-ce que t'es d'accord toi
07:46avec cette postulat ? Oui, oui. C'est vrai ?
07:48Oui. Oui, oui,
07:50je suis d'accord que les films sont de plus en plus longs.
07:52Il y a parfois des prises
07:54d'otages, moi j'ai l'impression, de certains metteurs en scène
07:56et que
07:58ils ont
08:00de plus en plus de mal à faire le deuil
08:02de certaines choses. Tu le sens dans certains
08:04films, tu sens qu'il y a
08:06des endroits
08:08dont tu pourrais te passer en fait
08:10et qu'il y a des fois, dans certains films,
08:12des kiffs personnels. Tu sais pas
08:14si c'est de l'acteur, du metteur en scène
08:16ou du producteur, mais oui, des trucs dont on
08:18pourrait se passer. Après, le fait que ça soit un problème,
08:20va pas voir les films
08:22si tu regardes qu'il est long.
08:24Il va pas, juste. Ce qui est bien
08:26avec le cinéma, c'est qu'on a le choix de ne pas y aller.
08:28Non, non, mais c'est vrai que tu regardes,
08:30les films sont de plus en plus longs. Il y a aussi le risque pour certains,
08:32quand on est sur certaines plateformes de streaming,
08:34de pouvoir regarder en accéléré.
08:36En x1,5, voire en x2.
08:38Mais c'est des pratiques qui existent, ça. Personne fait ça.
08:40J'arrive pas à croire ça.
08:42Je te jure que c'est des pratiques qui existent.
08:44Genre comme un message WhatsApp,
08:46tu fais du x2 ? Ouais. Mais non.
08:48Qui fait ça ?
08:50Je veux pas paraître le vieux boomer
08:52qui dit que c'est les jeunes, mais il y a une partie de la jeunesse
08:54et de la nouvelle génération qui consomment
08:56les films et les séries en accéléré.
08:58Mais tu comprends comment ils font avec le son ?
09:00T'as le son aussi en accéléré ? Ouais.
09:02Putain, là je suis vraiment vieux con.
09:06C'est lunaire ce que tu me racontes.
09:08Je sais pas que c'est possible. Bah comme les vocaux, tu vois.
09:10Ah ouais ? Ouais.
09:12Mais tu fais ça comment ? Genre tu peux faire ça sur Netflix ?
09:14Ouais, je te montrerai tout à l'heure. Ah mais ça m'intéresse.
09:16Et il y a des gens, donc t'as à me dire
09:18qu'il y a des gens, ils ont regardé Lupin comme ça ?
09:20Bah c'est pas impossible. Bonne de bâtard.
09:22Je vais vous défendre de le faire.
09:24Tu disais tout à l'heure
09:26que t'as commencé par la radio
09:28et la télé, mais moi je voulais
09:30revenir un tout petit peu avant ça, quand t'étais
09:32adolescent et que t'étais à Trappes.
09:34C'était quoi les films phares ?
09:36Ceux qui t'ont le plus marqué ? Ceux qui étaient importants
09:38dans ce qu'ils étaient ?
09:40Evidemment, il y a toutes les comédies,
09:42les bronzés. Moi aussi, à l'époque, on regardait aussi
09:44bon, c'était pas des films, mais j'étais beaucoup influencé
09:46par l'humour africain, les guignols d'Abidjan
09:48et tout ça, j'avais beaucoup ça. Mais évidemment,
09:50les bronzés, tous les films à l'ancienne,
09:52Lutfinesse, moi j'étais bercé
09:54par Bourvil, Lutfinesse, tu vois, genre
09:56Alibaba, Les Gendarmes,
09:58Fantomas, tout ça. Bon, ça, c'était
10:00des classiques en famille,
10:02mais nous, on s'est fait
10:04avec les légendes
10:06de tous les Rockies, des
10:08Star Wars. C'était ça
10:10nos bibles, quoi.
10:12Et dans ces films, on avait la réponse
10:14à toute
10:16la philosophie de notre vie, tu vois.
10:18Ou t'étais un Jedi,
10:20ou t'étais un Sith, tu vois.
10:22Et dans Rockies, il y a les étapes de ta vie,
10:24le moment où tu t'embourgeoises,
10:26le moment où il faut retrouver l'Oreille du Tigre.
10:28Donc moi, c'était ces films-là
10:30qui étaient les films français. Et les
10:32Bruce Lee, quoi, tu vois.
10:34C'était ça, nous, on
10:36se butait avec ces films-là. Et après,
10:38t'arrivais John Woo aussi, c'est marrant, mais après
10:40t'arrivais John Woo et tous ces films-là,
10:42mais c'était plutôt ces films-là, quand j'étais adolescent, c'était ça.
10:44John Woo, qui t'a bossé,
10:46tu le réalises, c'est un peu ce truc de...
10:48Tu les as vus plus jeunes,
10:50maintenant t'as bossé avec lui ?
10:52Mais tu te rends pas compte, parce que là encore, je vais encore faire le vieux
10:54con, mais...
10:56On parle de Vidéo Futur.
10:58Pour ceux qui savent pas,
11:00Vidéo Futur, c'est un endroit
11:02où il y a des cassettes.
11:04Je sais pas, faut que je vous explique ce que c'est une cassette.
11:06Une cassette, c'est ce que tu mets dans un magnétoscope,
11:08c'est comme ça qu'on regardait les films avant.
11:10Avant les DVD, ouais.
11:12Donc on allait à Vidéo Futur,
11:14et en fait...
11:16The Killer,
11:18combien de fois je l'ai loué ?
11:20X-Men,
11:22combien de fois je l'ai loué ?
11:24Jurassic, combien de fois je l'ai loué ?
11:26Derrière ça,
11:28je me retrouve
11:30dans ces films-là, tu sais même pas.
11:32Tu sais même pas que des fois,
11:34tu te dis,
11:36mais c'est quoi ce sketch ?
11:38C'est le Truman Show,
11:40quelqu'un qui est en train de jouer avec moi, c'est pas possible.
11:42Ouais, c'est une dinguerie.
11:44Et ces films-là, je les ai saignés.
11:46Je les ai saignés.
11:48Et tu les aimes toujours autant maintenant ?
11:50Encore plus, parce que
11:52j'ai une histoire encore plus forte avec eux maintenant.
11:54Parce que par exemple, The Killer, est-ce que tu l'as revu
11:56au moment où tu as préparé le remake ?
11:58Bah oui, évidemment,
12:00tu le revois, en plus
12:02t'es obligé de porter un nouveau regard,
12:04donc c'est aussi un kiff,
12:06et en plus, t'as encore plus de respect,
12:08où tu te dis, bon,
12:10il va falloir vraiment amener un truc,
12:12tout en décalé, tout en gardant,
12:14il y a tout un truc qui se met en place.
12:16C'est un bonheur de pouvoir
12:18retrouver
12:20un autre rapport avec le film,
12:22et en plus qu'il y ait un rapport pro,
12:24donc ça, c'était kiffant.
12:26Tu lui as dit, t'as pu lui dire ça ?
12:28Bien sûr.
12:30Je lui ai dit, je lui ai dit, je veux mon plan.
12:32Je veux mon plan John Woo, je veux mon plan The Killer,
12:34c'est-à-dire que je veux ralenti,
12:36colombe, flingue.
12:38Je lui ai dit, je veux celui-là.
12:40Et il me l'a fait.
12:42C'est ça qui est ouf en plus.
12:44Un matin, il est venu et il m'a dit,
12:46j'ai ton truc.
12:48Donc c'est cool.
12:50Tu parlais de ton rapport à toi, plus jeune, au cinéma.
12:52J'avais une question un peu naïve,
12:54mais toi, tes enfants,
12:56vers quel film de ta filmo ils se tournent ?
12:58Quel film ils ont déjà vu ? Quel film ils aiment ?
13:00Est-ce qu'il y en a un en particulier ou pas ?
13:02Je ne sais pas. Parce qu'on n'en parle pas vraiment.
13:04Non, je te jure.
13:06Normalement, il y a un truc avec mes enfants,
13:08je ne parle pas de mon travail,
13:10je ne parle pas de mon métier.
13:12Évidemment, ce n'est pas un secret.
13:14Évidemment, ils voient les films.
13:16Non, il n'y a pas trop de débriefs ou de trucs comme ça.
13:18J'attends qu'ils viennent spontanément me dire des choses
13:20ou ils viennent me reporter ce que disent
13:22les amis ou les parents des amis.
13:24Mais ce n'est pas vraiment un sujet entre nous.
13:26Alors oui, on parle de cinéma,
13:28mais pas de moi ni de mes films.
13:30À un moment donné, je sais que c'était un peu assumé.
13:32Ce n'était pas un truc qu'ils regardaient beaucoup
13:34nos jours heureux.
13:36Ça a été un truc.
13:38Et là, j'ai mon fils qui me dit qu'il se remate des SAV.
13:40C'est vrai ?
13:42Oui, il me dit qu'il se remate des SAV et il me regarde,
13:44il est mort de rire, il me dit genre vous étiez ouf en fait.
13:46Parce que maintenant, il commence à comprendre des trucs
13:48qu'il ne comprenait pas gamin, tu vois.
13:50Et là, il a un regard sur le SAV qui a un peu bougé
13:52et on est en train de débriefer là-dessus.
13:54Là, il se les retape et il me dit
13:56Eh papa, il y a un délire.
13:58Il faut qu'on parle.
14:00Donc oui, il y a de ça.
14:02Mais non, c'est comme ça,
14:04mais c'est occasionnel et c'est par phase.
14:06Mais non, ce n'est pas un sujet chez nous.
14:08Je change de sujet.
14:10Tu as remarqué, on va dans tous les sens, c'est normal.
14:12Ton nouveau film parle d'un sujet qui est
14:14important, qui est sérieux,
14:16qui est l'emprise masculine toxique.
14:18Oui, il y en a d'autres.
14:20Pour moi, c'est un des sujets, mais il y en a d'autres.
14:22C'est pour moi là où le film est très très fort,
14:24c'est qu'il traite beaucoup de choses
14:26par le prisme du couple.
14:28Oui, c'est ça.
14:30Et oui, l'emprise masculine, le patriarcat,
14:32ça en est, mais il y a d'autres choses.
14:34Ce que je veux dire,
14:36c'est que traiter de ces sujets-là,
14:38on sait l'importance que ça a dans la société, dans les débats actuels aujourd'hui.
14:40Est-ce que tu penses que c'est nécessaire
14:42ou en tout cas important,
14:44que l'art,
14:46le cinéma, puisse permettre de parler
14:48de ces sujets-là, justement ?
14:50Permettre ?
14:52Je ne crois pas, parce qu'en fait, je crois qu'il n'y a pas
14:54de truc de permission ou un truc comme ça.
14:56En fait, je crois que ce n'est ni l'un
14:58ni l'autre, c'est qu'en fait, c'est un peu un truc
15:00d'ensemble, c'est-à-dire qu'on en parle
15:02dans la société, donc forcément,
15:04le cinéma en parle aussi, c'est un truc
15:06vraiment de moment, et je ne pense pas que l'un
15:08favorise ou permet l'autre,
15:10tu vois, c'est un truc aussi d'époque
15:12où ça fait partie des questions,
15:14ça fait partie des conversations, donc forcément,
15:16l'art va en parler aussi.
15:18Je ne sais pas s'il y a une espèce de système
15:20ou un truc où
15:22c'est l'un qui permet l'autre,
15:24c'est là où je ne pourrais pas
15:26répondre à ta question, je ne sais pas.
15:28En tout cas, effectivement, c'est que c'est un débat
15:30en ce moment, c'est en tout cas des questions qu'on se pose,
15:32on est en train de remettre tout ça en question,
15:34heureusement, et donc, oui, forcément,
15:36le cinéma le fait aussi.
15:38Mais du coup, toi, tu as une sensibilité à ces sujets-là,
15:40à ces questions-là, donc en fait, quand on lit un scénario,
15:42si tu avais un scénario qui allait dans l'autre sens
15:44de ce que veut raconter le film,
15:46ce n'est pas forcément ce genre de film vers lequel tirer, par exemple.
15:48Oui, ça, évidemment, évidemment que tu vas
15:50défendre les idées qui sont
15:52les tiennes, tu vas défendre tes valeurs
15:54ou en tout cas
15:56les valeurs
15:58qui résonnent en toi,
16:00évidemment que tu ne vas pas aller faire un film
16:02qui est contre tout ce que tu
16:04ressens ou penses, tu vois.
16:06Il y en a qui le font, mais parce que c'est
16:08ouais, je ne veux pas, mais en même temps, c'est avec tel cinéaste
16:10ou avec... Quoi ?
16:12Non, je ne pense pas que quelqu'un
16:14fait ça. Tu ne penses pas ? Mais non,
16:16comment tu fais ? Ce n'est pas possible, tu dois
16:18pour incarner un personnage,
16:20une histoire,
16:22tu es presque comme un avocat,
16:24tu dois le défendre. Comment tu
16:26défends quelque chose que tu ne crois pas ?
16:28C'est-à-dire que...
16:30Après, tu as raison, peut-être qu'il y a des gens qui y arrivent. En tout cas,
16:32moi, c'est impossible. Tu as raison, il y a peut-être
16:34des gens constatant là. Moi,
16:36je ne l'ai pas. Je ne veux pas te poser la question
16:38du film que tu as regretté d'avoir fait, ce n'est pas le sujet.
16:40Par contre, moi, j'ai une question... Je ne te dirai jamais.
16:42Et c'est normal. Oui, oui.
16:44Mais par contre, est-ce que tu as déjà regretté
16:46d'avoir refusé un rôle ? Non.
16:48Non plus. Jamais.
16:50Non, parce que tu sais, je suis convaincu
16:52d'un truc, c'est que je crois
16:54qu'un film
16:56choisit son casting.
16:58Ce n'est ni l'acteur, ni le metteur
17:00en scène, ni le producteur qui choisit. C'est le
17:02film lui-même qui choisit
17:04son casting. Donc, un film que tu n'as pas
17:06fait, tu ne devais pas le faire. Tu vois,
17:08tu as des acteurs, ils se disent, merde,
17:10j'ai dit non à ce film, il a fait
17:12tant. Frérot, si tu avais fait le film,
17:14il n'aurait pas fait tant. Parce que ce n'est pas ton
17:16film. Oui, mais là, c'est en parlant de chiffres.
17:18Tu sais, par exemple, tu lis un scénario, tu te dis,
17:20ouais, je crois que ce n'est pas ouf, et tu vois le film et tu fais, ah merde,
17:22en fait, c'était vraiment bien. Oui, mais c'est bien parce que c'est l'autre qui l'a fait.
17:24Ouais, ok.
17:26Moi, c'est ça que je pense.
17:28Tu n'aurais pas fait ça. La preuve, tu as dit non.
17:30Donc, tu n'as jamais un petit truc de...
17:32Jamais de la vie. Ah, c'est ouf. Non, pas là-dessus.
17:34J'ai des regrets, évidemment, comme tout le monde
17:36dans la vie, mais pas sur ça.
17:38Parce que tu as dû
17:40en voir passer des beaux scénarios que tu n'as pas fait par ailleurs.
17:42Oui, mais
17:44les films sont bien à la fin
17:46parce que je ne l'ai pas fait. Et tu sais
17:48quoi ? Ça justifie que tu as bien fait
17:50de ne pas le faire.
17:52Parce que le film, il est bien.
17:54Je ne le trouvais pas bien, moi. Donc, c'est quelqu'un
17:56qui y croyait, qui l'a défendu pour qu'il soit
17:58bien. Donc, quand le film est bien,
18:00c'est que tu as bien fait de dire non, mec.
18:02C'est sûr, ça, pour moi.
18:04Ça fait du bien d'entendre parce que je pense que
18:06ce n'est pas le cas de tout le monde. Il y a des gens qui sont un peu angoissés.
18:08Tu te trompes. Complètement.
18:10Tu as dit non.
18:12Il y a une raison.
18:14Et après, le film, il se fait sans toi et il est bien.
18:16Il a choisi.
18:18Le film a choisi son casting.
18:20Et Dieu fait bien les choses. Dieu est juste.
18:22Très bien.
18:24Dans ta réponse, tu commençais en parlant des chiffres.
18:26Et moi, j'avais une question, justement. Est-ce que
18:28tu as eu un moment dans ta carrière ou est-ce que tu l'as encore aujourd'hui ?
18:30Cette attention de
18:32le 9h des Halles, c'est quoi les premières tendances ?
18:34Le premier soir, qu'est-ce que ça donne ?
18:36Mince, première semaine, c'est un peu décevant.
18:38Ce n'est pas grave, ça va peut-être se reprendre.
18:40Ce truc d'attention sur les chiffres, le box-office ou quoi ?
18:42Est-ce que tu vois bien des petits cheveux blancs, là ?
18:44Ça y est, mon frère.
18:46Je n'ai plus celui-là.
18:48Mais tu l'as eu.
18:50Je l'ai eu, mais bien sûr, tu l'as.
18:52Et heureusement, il faut l'avoir.
18:54Il faut l'avoir parce que
18:56ça met des choses en place chez toi.
18:58Ça réveille des trucs chez toi.
19:00Ça te donne
19:02une certaine condition, tu vois.
19:04Et c'est bien, c'est très important.
19:06Mais tu ne peux pas garder ça longtemps.
19:08C'est un trompe-intence.
19:10Tu vois, tu mets tes pantalons de daron,
19:12des petits gilets.
19:14Tu commences à te poser un peu
19:16et tu prends un peu de recul.
19:18Tu vois les choses autrement.
19:20Tu travailles avec d'autres moteurs,
19:22avec d'autres motivations.
19:24Tu t'englobes un peu.
19:26Et puis surtout,
19:28tu vois bien quand même qu'il y a toujours un endroit
19:30et ce qui est beau d'ailleurs
19:32dans ce métier, c'est que ce n'est pas toi qui décides.
19:34C'est qu'à un moment donné, toi, tu fais ce que tu as à faire
19:36et à un moment donné, tu n'as plus la maîtrise.
19:38Donc ça ne sert à rien
19:40de gigoter
19:42pour rien du tout.
19:44Tu viens de t'asseoir. Attends.
19:46Tu fais ce métier de manière générale. On ne fait de l'art
19:48pas forcément pour que ça touche le plus grand nombre,
19:50mais juste parce qu'on aime ce qu'on fait aussi.
19:52Non, ça, ce n'est pas vrai.
19:54Non, mais quand tu fais du cinéma,
19:56c'est pour toucher un plus grand nombre.
19:58Évidemment que c'est important
20:00de faire un succès,
20:02mais ne serait-ce que pour
20:04le prochain tour.
20:06Tu as envie de refaire des films.
20:08Le fait de faire des entrées
20:10contribue à ça.
20:12Ça a une incidence
20:14sur la suite pour toi en tant qu'acteur.
20:16C'est malgré tout une industrie.
20:18On le dit peu. C'est une industrie.
20:20Il y a des gens qui gagnent
20:22de l'argent comme ça et ils attendent des entrées
20:24pour continuer.
20:26Si tu ne fais pas d'entrées,
20:28tu ne feras pas de films.
20:30C'est comme ça.
20:32Mais tu le fais pour ça.
20:34À un endroit, je ne dis pas que pour ça,
20:36mais à un endroit où tu le fais pour ça, oui.
20:38Mais il faut savoir que
20:40une fois que
20:42le 9h des Halles est en place,
20:44tu as déjà
20:46joué ta partition, mon garçon.
20:48Bois ton café.
20:50Reste tranquille.
20:52Est-ce que tu as le même rapport avec les critiques ?
20:54Tu les lis ? Tu les regardes ?
20:56Pareil ? Plus du tout ?
20:58Je prends l'expression de jeune.
21:00Je ne sais pas si on peut sur le web.
21:02Je m'en bats les couilles.
21:04Est-ce que tu t'en es toujours
21:06battu les couilles ?
21:08Oui, évidemment.
21:10Quelqu'un qui voit un film qui n'aime pas le film
21:12a le droit. Il y a des films que je n'aime pas.
21:14Mais que d'autres aiment.
21:16Tu vois ce que je veux dire ?
21:18Je ne suis pas sûr que
21:20ça égratigne un film
21:22d'une mauvaise critique.
21:24Je ne suis pas sûr du tout.
21:26Chacun a le droit de donner son avis.
21:28Il y a certains avis qui comptent plus que d'autres,
21:30mais pas pour moi.
21:32J'ai été critiqué aussi que j'ai le cuir épais.
21:34Et je sais
21:36que ça n'a pas d'incidence sur moi.
21:38Je m'en fous.
21:40Tu vois ce que je veux dire ?
21:42Tu continues parce que tu continues.
21:44Ça ne change pas mon envie de faire les choses
21:46et ça ne change pas mon rapport au film.
21:48Ce que tu penses.
21:50Ce que je trouve fou,
21:52c'est que tu dis ça et que tu dis que ça a toujours été
21:54plus ou moins le cas. Et ça, je trouve ça fort.
21:56C'est-à-dire que tu avais déjà un recul
21:58dès le début.
22:00À la base, je faisais du cinéma
22:02sans me considérer acteur.
22:04J'ai fait beaucoup de films sans me considérer acteur.
22:06Donc moi, je voyais ça
22:08et eux, ils étaient en train de critiquer un acteur
22:10que je n'étais pas.
22:12Vous avez déjà faux, les gars.
22:14Vous êtes déjà en train de dire
22:16de la merde. Je ne suis pas acteur.
22:18Donc si tu veux, mon rapport avec eux,
22:20il est là déjà. C'est qu'eux, ils me voyaient comme un acteur
22:22et moi-même, je savais que je n'étais pas.
22:24Vous êtes des menteurs. Vous vous trompez.
22:26Et une fois que tu l'étais ?
22:28Ça va faire à des menteurs.
22:30Tu disais qu'il y a des films que tu n'aimes pas
22:32mais que tout le monde adore. Est-ce qu'il y a un grand classique
22:34que tu trouves vraiment surcôté ?
22:36Non, tu ne me fais pas faire ça.
22:38Non, mais un film américain qui ne fait pas porte-à-faux.
22:40Non, tu cherches la merde.
22:42Un vieux film de 1970.
22:44Non, tu cherches la merde.
22:46En vrai, Rocky III...
22:48T'es un ouf, toi. Reste tranquille, je vais me barrer.
22:50Non, t'es fou.
22:52C'est peut-être le meilleur.
22:54C'est peut-être le meilleur, Rocky III.
22:56Aide-moi. Donne-moi des films qui ont la cote.
22:58Je vais te dire.
23:00Je ne sais pas.
23:02Matrix. Interstellar.
23:04Interstellar !
23:06Surcôté ?
23:10Pourquoi ?
23:12J'ai un cathars.
23:14Relou.
23:16Fatiguant.
23:18La bibliothèque à la fin.
23:20Arrête.
23:22Dans les films trop longs, celui-là,
23:24c'est pas la peine.
23:26Enlève la bibliothèque.
23:28Pourquoi vous faites ça ?
23:30Pourquoi vous faites ça ?
23:32Est-ce que t'as vu Ténet ?
23:34Pas tout.
23:36Pas tout.
23:38Arrête de rembobiner.
23:42C'est-à-dire que c'est lui qui accélère pour les spectateurs.
23:44Non.
23:46Lui, son cinéma, je ne suis pas...
23:48T'as du mal.
23:50Mais chacun ses limites.
23:52Ma limite, elle est là.
23:54Je ne suis pas assez cinéphile.
23:56Je vais me faire défoncer.
23:58Mes enfants ont envie de me tabasser pour ça.
24:00Interstellar, pour eux, c'est...
24:02Papa, tu ne connais rien.
24:04Oui, si vous voulez.
24:06Si vous voulez.
24:08La bibliothèque, c'est trop pour moi.
24:10Je n'y arrive pas.
24:12Pour les gens qui ne sont jamais allés aux Etats-Unis,
24:14quelle différence tu vois dans les salles de cinéma
24:16entre les salles américaines et les salles françaises ?
24:18Comment le public reçoit les films ?
24:20Je sais qu'aux Etats-Unis, par exemple, il y en a beaucoup qui crient
24:22ou qui applaudissent pendant les films et tout.
24:24Tu as ça en France aussi maintenant ?
24:26C'est plus rare quand même, non ?
24:28Choisis bien tes cinémas, mon gars.
24:30Il y a des salles où c'est vivant.
24:32Moi, je vais dans ces salles-là.
24:34Oui, si ça applaudit, ça gueule, ça fait du truc.
24:36Non, je ne vois pas de différence.
24:38Après, aux Etats-Unis, il y a un truc
24:40qu'on n'a pas assez en France, mais ça va venir
24:42et j'y travaille.
24:44C'est des salles
24:46où c'est un peu plus la maison.
24:48Il y a un peu du yam-yam, tu peux boire.
24:50Ça, ça y est, aux Etats-Unis,
24:52c'est...
24:54Comment on dit son petit burger et tout ?
24:56Mais oui, venez, on fait ça.
24:58Mais en vrai, l'odeur, ce n'est pas gênant ?
25:00La bouffe des autres, ça ne te fait pas...
25:02Je ne sais pas.
25:04C'est convivial.
25:06Tu sais que le gars est en train de se mettre bien.
25:08Tu n'aimes pas quand les gens sont bien ?
25:10Tu te dis, il se met bien, l'enfoiré.
25:12Ça ne te fait pas plaisir ?
25:14Donc, il y a de ça.
25:16C'est l'odeur du burger.
25:18Ce n'est pas de la transpiration.
25:20Il y a un truc agréable.
25:22J'aime bien ces salles-là.
25:24Je t'annonce un truc, je travaille là-dessus.
25:26Arrête.
25:28Il faut importer ça.
25:30C'est de bonnes vibes.
25:32J'aime bien.
25:34Dans ton nouveau film,
25:36il y a un acteur que j'aime beaucoup
25:38et qu'on a souvent considéré comme étant avant tout
25:40un humoriste qu'être un acteur, ce qui est faux.
25:42Ce qu'on a pu dire de toi aussi,
25:44c'est José Garcia.
25:46Certes, hilarant.
25:48Comment certes ? Tellement hilarant.
25:50Justement, quand on a un plateau sur lui
25:52et que tu as des scènes qui sont dures avec lui
25:54et que tu sais qu'entre deux prises, à tous les coups,
25:56il peut te balancer une vanne, il peut te casser le mood.
25:58C'est difficile en vrai ou pas ?
26:00Non, c'est le meilleur.
26:02Plus la scène va être intense et dramatique,
26:04plus j'ai besoin de déconner entre.
26:06J'ai besoin de légèreté entre les deux.
26:08Lui, il est comme ça.
26:10C'est d'ailleurs là la grande force d'un mec comme José.
26:12Effectivement, il est tellement lumineux.
26:14Tellement chaleureux, ce mec.
26:16Mais il est capable
26:18d'un coup de t'amener un truc
26:20hyper froid, inquiétant
26:22et tout.
26:24Dans du sombre.
26:26Et en plus encore, je pense, dans ce qu'il nous donne
26:28là encore aujourd'hui,
26:30il est à 5%.
26:32Ah ouais, tu crois que tu peux aller encore plus loin ?
26:34Ah oui. Ouais, ouais, ouais.
26:36Je pense.
26:38Mais je crois que ça y est en fait.
26:40Il est débarrassé de ça, José, quand même.
26:42Il aime bien rigoler là-dessus et tout,
26:44mais je crois vraiment que
26:46les gens le savent maintenant, qu'il est capable de ça,
26:48que c'est un acteur qui est capable
26:50de faire ça, justement.
26:52Je pense que ça, pour lui, c'est acquis
26:54et acté pour tout le monde.
26:56Et heureusement, il l'a prouvé plus d'une fois.
26:58Et en même temps, dès qu'on te donne
27:00la pelle pour faire une connerie, il y va.
27:02C'est une nature. C'est un mec
27:04hyper marrant et qu'en plus,
27:06il quittera jamais ça. Il est comme ça.
27:08C'est comme toi qui fais
27:10un second rôle dans tout simplement Noir
27:12ou qui revient à ce genre de trucs-là.
27:14C'est des retours aux sources. On vient
27:16de là quand même et on aime ça.
27:18On aime ça. C'est jouissif quand même
27:20comme endroit de création.
27:22Mais tu vois, je me refaisais un peu
27:24tes petits seconds rôles de début de carrière
27:26et il y a des films que j'avais oubliés,
27:28genre La Beuse, des trucs comme ça.
27:30Est-ce que ça te manque ?
27:32Pas forcément de toi jouer dedans,
27:34mais juste, on n'en fait plus des comédies comme Assemblée.
27:36En vrai, on n'en fait plus.
27:38Oui, mais parce que le public, il n'en veut plus.
27:40Il y a une raison.
27:42Il n'en veut plus. On en a eu beaucoup
27:44et on en a eu beaucoup des pas bien.
27:46Tu vois ce que je veux dire ?
27:48Le problème, c'est que ces comédies-là, il y en avait
27:50des très efficaces, qui fonctionnaient bien
27:52et le problème, c'était d'essayer
27:54de reproduire le truc qui avait marché.
27:56Il y avait une espèce de tendance comme ça.
27:58Et donc en fait, on les a fracassés en faisant ça.
28:00Et du coup,
28:02le public n'en veut plus et puis le public,
28:04ils sont plus aguerris, avertis
28:06et donc plus exigeants.
28:08Une comédie, ce n'est pas
28:10pouet-pouet, quoi.
28:12Et donc le côté pouet-pouet a fatigué beaucoup de monde
28:14et ils veulent mieux.
28:16Et tant mieux, en fait, qu'une comédie
28:18un peu plus travaillée.
28:20C'est très bien pour nous.
28:22Mais c'était effectivement très agréable.
28:24On a eu la chance, nous,
28:26de commencer à une époque où il y avait ça.
28:28D'ailleurs, c'est ce qui m'a permis, moi,
28:30de jouer dans un premier temps.
28:32Justement, là, on parle de ta carrière,
28:34de tes débuts, d'aujourd'hui, etc.
28:36De manière générale, quand on te fait des interviews,
28:38j'imagine qu'on te parle un peu toujours des mêmes films.
28:40Est-ce qu'il y a un rôle dont tu trouves qu'on ne te parle pas assez ?
28:42Est-ce qu'il y a un film dont tu es vraiment fier
28:44et tu trouves que celui-là, on ne le met pas assez en avant ?
28:46Il y en a plein.
28:48Ben, vas-y.
28:50Non, je ne vais pas faire la liste, là.
28:52Il y a plein de films qui sont passés un peu à côté.
28:54On n'a pas...
28:56Police, par exemple.
28:58Police, Dan Fontaine.
29:00Je ne trouve pas assez.
29:04Quoi d'autre ?
29:06Stranger Case, aussi,
29:08un film que j'ai fait.
29:10Il est un peu comme ça,
29:12par là-bas.
29:14Il y a des films comme ça.
29:16Tu fais et tu dis, tiens, ils ne veulent pas le dire.
29:18Book of Clarence, que j'ai fait, aussi.
29:20Oui, parce qu'il n'est pas trop sorti en France, un peu discrètement.
29:22Oui, voilà. Mais tu vois, tu as des films comme ça,
29:24qui...
29:26Mais c'est comme ça.
29:28Ça ne t'appartient pas.
29:30Il faut laisser.
29:32Et puis, après, je crois aussi qu'il y a un moment.
29:34Les films, ils ont leur moment.
29:36Et ce n'est pas forcément celui que tu crois.
29:38Par exemple, Police, au moment où il est sorti,
29:40il y a plein de raisons qui n'ont fait qu'eux.
29:42Et là, comme il est passé récemment en télé,
29:44on commence à moins parler.
29:46Donc, voilà.
29:48Des fois, c'est le film à son moment.
29:50Bon, la prochaine fois, on parlera de Book of Clarence.
29:52Merci.
29:54Ça fait plaisir.
29:56Est-ce qu'il y a un acteur ou une actrice
29:58en France qui se rapprocherait le plus pour toi
30:00d'une carrière parfaite ?
30:02Alors, non, pas en France, mais il y a quelque chose
30:04d'admirable dans la carrière
30:06de Samuel L. Jackson.
30:08C'est-à-dire ?
30:10Il fait beaucoup de choses
30:12très différentes.
30:14Il travaille beaucoup avec de gros metteurs en scène
30:16de styles vraiment très, très,
30:18très différents.
30:20Donc, oui, d'avoir la chance
30:22de pouvoir faire tout ça
30:24dans la même carrière,
30:26c'est inspirant.
30:28Et admirable. Donc, je dirais ça, peut-être.
30:30Tu l'as déjà rencontré ?
30:32Ouais.
30:34Quand je l'ai rencontré,
30:36il connaissait mon prénom.
30:38Je te jure.
30:40Je te jure.
30:42Je peux te raconter la scène.
30:44Donc, je suis au Comic-Con.
30:46Je fais ce que j'ai à faire.
30:48On a fait notre journée.
30:50C'était une matinée. J'avais l'après-midi libre.
30:52Je retourne à l'hôtel.
30:54Je suis en bas au parking.
30:56J'attends ma caisse.
30:58Une voiture arrive.
31:00Un renoi se déplie
31:02de sa voiture.
31:04Je vois c'est Samuel L. Jackson.
31:06Je suis là comme un enfant.
31:08C'est le monsieur.
31:10« Hi Omar, how are you doing ? »
31:12Il a dit mon blesse.
31:14Il vient, il me check, tout ça, machin.
31:16Trop chaleureux, trop la classe.
31:18Après, il dit bonjour à tout le monde, machin.
31:20J'ai une énergie de fou.
31:22Il part. Ça dure trois secondes.
31:24Le gars était là.
31:26Il a dit mon nom.
31:28J'étais très content.
31:30C'était fan de quoi ?
31:32Il manquait que Séverine Ferrer.
31:34Je ne sais pas si vous avez la règle.
31:36Est-ce que c'est un truc que tu as encore ?
31:38Tous les jours, tu es fou.
31:40Tu es malade.
31:42Il y a des gens que tu rencontres.
31:44C'est incroyable.
31:46Là, je viens de faire l'émission
31:48et je parle avec Pierre.
31:50On parle du cinéma, du passé.
31:52Mais Pierre Lescure,
31:54ça a été mon boss.
31:56Mon premier boss.
31:58C'est le gars qui m'a fait confiance,
32:00qui m'a donné ma chance.
32:02C'est Monsieur Lescure.
32:04Aujourd'hui, on se parle comme ça.
32:06On se tutoie.
32:08Même si ça fait un moment
32:10que c'est comme ça entre lui et moi.
32:12Mais même aujourd'hui, quand je vis ça,
32:14j'ai le recul de me dire
32:16que c'est un truc de fou.
32:18C'est un truc de malade d'être là,
32:20d'être assis, d'avoir une conversation
32:22avec certaines personnes.
32:24C'est normal.
32:26Personne n'est choqué.
32:28Je rentre chez moi
32:30et je suis choqué.
32:32C'est cool que tu l'aies encore.
32:34Pour moi, c'est très important.
32:36C'est très important
32:38parce que tu oublies vite
32:40ta chance.
32:42Je sais que j'en ai.
32:44J'essaie d'apprécier.
32:46Parce qu'en plus, la chance,
32:48elle se rappelle de l'ingratitude.
32:50Si tu commences
32:52à ignorer la chance,
32:54à dire que c'est normal alors que c'est la chance,
32:56on va dire, attends demain.
32:58Je ne veux plus rien te donner.
33:00C'est très important.
33:02Tu as joué récemment dans un remake,
33:04on en a parlé, The Killer.
33:06Est-ce qu'il y a des films français
33:08que tu aimerais voir remaké avec toi dedans ?
33:10Des films que tu aimerais faire revivre ?
33:14Je l'ai fait pas mal.
33:16D'ailleurs, il y a beaucoup de gens qui me détestent pour ça.
33:18C'est vrai ?
33:20Knock, on me l'a reproché.
33:22Lupin, on me l'a reproché.
33:24The Killer, on me l'a reproché.
33:26J'ai fait pas mal renaître des trucs.
33:28On te l'a reproché, c'est vrai, pour Lupin.
33:30C'est quand même différent.
33:32Comment c'est différent ?
33:34Quand il est collé exactement du texte.
33:36C'est une nouvelle adaptation, une nouvelle version.
33:38A chaque fois, j'ai essayé de faire ça.
33:40Mais on me l'a reproché à chaque fois.
33:42Qu'est-ce que tu touches ça ? Laisse ça !
33:44Je l'ai fait pas mal de fois, moi.
33:46En plus, en vrai, je vais te répondre,
33:48quand j'ai envie, je le fais.
33:50Est-ce que tu as envie ?
33:52Quand j'ai envie, je le fais, moi.
33:54Il n'y a pas la petite appréhension de...
33:56Putain, je passe après quand même
33:58d'autres.
34:00C'est quand même une grande oeuvre.
34:02Tu passes après rien.
34:04Quand tu décides de l'aborder,
34:06c'est autre chose, c'est pas un après.
34:08Tu fais pas le deux.
34:10Tu fais ta version du truc.
34:12Est-ce qu'il y a eu un moment,
34:14pendant le Covid, où t'as eu un peu peur que ça puisse pas revenir
34:16comme avant et que le cinéma
34:18allait pas retomber sur ses pattes ?
34:20Pour de vrai, c'est toi.
34:22Pendant le Covid, tu crois que je pensais au cinéma ?
34:24T'as pas pensé à l'après, à un moment ?
34:26À l'après, déjà, du monde entier.
34:28Qu'est-ce qu'on va vivre ?
34:30Est-ce que nos enfants vont avoir un monde correct ?
34:32Est-ce qu'on va pouvoir revoir les gens
34:34qu'on a laissés là-bas ? C'est d'abord ça.
34:36Cinéma...
34:38J'ai pas pensé au cinéma
34:40pendant le Covid, mon gars.
34:42Le Covid, on se demandait
34:44si c'était la fin du monde.
34:46Tu vois ce que je veux dire ?
34:48J'ai pas pensé au cinéma.
34:50Non, mais parce qu'après, une fois que
34:52les choses sont reparties,
34:54le cinéma est reparti avec.
34:56Moi, j'ai pas eu le temps de me poser la question.
34:58Après, je sais qu'il y avait un moment d'après-Covid
35:00où on disait qu'il n'y avait pas d'entrée, mais c'était normal.
35:02Faut reprendre, quoi.
35:04Si tu parles de ce moment-là,
35:06cette inquiétude-là, je ne l'ai pas eue
35:08parce que tu sais qu'il faut relancer
35:10un truc comme ça. Et puis les gens...
35:12Ils étaient choqués, justement.
35:14Ils ne pensaient pas au cinéma, déjà.
35:16Laisse-moi retourner dans un parc,
35:18sentir les fleurs.
35:20Ils avaient d'autres urgences.
35:22C'est normal.
35:24En fait, je suis un mec patient.
35:26Je suis un mec patient.
35:28Et qui a du recul, surtout.
35:30Il faut, parce qu'on est dans des métiers
35:32où on en manque beaucoup.
35:34J'essaie d'en avoir, mais je n'en ai pas sur tout.
35:36Comme, en plus, je suis un mec à fond.
35:38Tu as vu, je parle fort, je parle vite.
35:40Donc, il faut, des fois, se tempérer.
35:42Et sur des trucs comme ça,
35:44ouais, tu vois.
35:46Très bien. Une dernière question.
35:48C'est toi qui m'as dit que tu voulais que je te pose cette question.
35:50Parce que, maintenant, peut-être que je la poserai
35:52à chaque personne. C'est quoi ta pizza ?
35:54Ta pizza signature.
35:56Celle qui te définit.
35:58Ma pizza, c'est donc
36:00pâte,
36:02sauce bolognaise,
36:04fromage.
36:06Fin.
36:08Sur les soirées un peu
36:10funky, rajoute un œuf.
36:12Qu'est-ce que ça raconte de toi, selon toi ?
36:14On avait une pizzeria en Batigny
36:16qui s'appelait Dolce Vita.
36:18Et c'est Pinot qui l'avait. Et celle-là, il l'appelait la Campione.
36:20C'est que je suis un champion.
36:24Merci beaucoup, Omar.
36:26Merci à toi.
36:28Très bien.

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