Beeodiversity développe une technologie permettant de mesurer l’état de la biodiversité. Un de leurs outils pour collecter la donnée nécessaire : les abeilles. L’analyse du pollen qu’elles récoltent permet de comprendre quels sont les dangers pour la viabilité de l’écosystème d’un site.
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00:00L'invité de Smart Impact, c'est Chamaï Vinograde, bonjour.
00:10Bonjour.
00:11Bienvenue.
00:12Vous êtes le directeur marketing de Biodiversity, entreprise née en Belgique il y a une douzaine
00:16d'années.
00:17J'ai lu en préparant l'émission « Solutions de surveillance et d'assainissement de l'environnement
00:22», sauf que derrière, il y a une idée assez géniale.
00:25Racontez-moi.
00:26Biodiversity, c'est née effectivement il y a douze ans en Belgique, avec deux confondateurs,
00:30un scientifique et un entrepreneur qui mène Guyenne, qui a fait ses recherches notamment
00:34sur les causes de mortalité des abeilles à l'époque, et qui est accompagné par
00:38Michael Van Kutsen, qui lui s'occupe plutôt du développement commercial et a développé
00:43la boîte et a accompagné notamment le développement du modèle économique.
00:46A l'origine, leur idée, c'était que la biodiversité, ça peut simplement permettre
00:51aux entreprises de créer de la valeur.
00:53C'est vraiment notre mentrage chez nous, c'est que la biodiversité, ce n'est pas
00:57un obstacle au développement économique, bien au contraire, ça peut être un atout
01:00si il est bien pensé et on réfléchit bien à la manière dont on peut faire levier
01:05sur la biodiversité pour se différencier, créer de la valeur à la fois économique,
01:10sociale et environnementale.
01:11Donc ça, c'est le principe général, et puis ensuite, il y a la biodiversité, c'est
01:15le bide d'une abeille évidemment, quel rôle jouent les abeilles dans votre modèle ?
01:19J'y viens effectivement.
01:20Il y a deux dimensions dans notre travail.
01:22Tout d'abord, l'accompagnement stratégique où vous rencontrez entités publiques et
01:25corporettes pour définir leur stratégie de biodiversité, comment l'apprendre tout
01:29au long de leur chaîne de valeur et donc trouver justement des opportunités grâce
01:32à la biodiversité, réduire la pollution.
01:34Et j'y viens, la deuxième dimension, c'est la gestion de projets sur site et là, pour
01:39gérer des projets et concrètement gérer la gestion de ces sites et notamment de ces
01:45espaces vivants, on a besoin de données.
01:48Et pour écouter de la donnée, on va s'appuyer sur le comportement naturel des abeilles domestiques
01:56qui en fait pollinisent, donc vont butiner des fleurs, des petites fleurs vides-abeilles,
02:01et lorsqu'elles reviennent avec ce pollen qui va contenir concrètement l'ADN de toutes
02:06les plantes qu'elles auront pollinisées et elles vont également accumuler tous les
02:10polluants malheureusement, mais ce qui va nous permettre nous, derrière, en analysant
02:13tout ça, de connaître toute la palette végétale d'un site, de savoir s'il y a des carences
02:18spécifiques par exemple à certains moments, s'il y a des espèces invasives, qui est
02:23une cause aussi de défondrement malheureusement de la biodiversité, et également donc détecter
02:28toute la pollution industrielle et agricole, par exemple 500 pesticides, les métaux lourds,
02:33les polluants éternels, etc.
02:34Et alors, pour bien comprendre, je repars des abeilles, donc elles vous servent de vigie
02:39en quelque sorte, ensuite qu'est-ce qui se passe ? Ça permet de définir des plans d'action
02:45pour préserver cette biodiversité ?
02:46Exactement, l'idée c'est de collecter effectivement de la donnée sur site, et cette donnée c'est
02:51de l'interpréter grâce à nos équipes scientifiques, donc on a des écologues, des ingénieurs
02:55agronomes, une expertise scientifique pour analyser tout ça, et derrière en rendre
03:03compte à nos clients qui vont pouvoir engager les différentes parties prenantes au niveau
03:07d'un territoire, et pouvoir comme ça mener des plans d'action concrètement, planter
03:11telles espèces à tel moment, pour gérer son espace vert par exemple avec des entretiens
03:18particuliers à certaines périodes de l'année, pour optimiser justement la régénération
03:22de la biodiversité au milieu de la pollution.
03:24Ça veut dire que vos principaux clients sont quoi ? D'abord des collectivités locales ?
03:27Pas seulement ?
03:28Pas seulement, on a concrètement trois types de clients, on va avoir dans un premier temps
03:34des acteurs économiques pour qui le vivant, la biodiversité est concrètement au cœur
03:39de leur business model, on va parler par exemple de l'agriculture, des producteurs
03:43et gestionnaires d'eau, donc pour eux ils ont un intérêt à protéger leur ressource
03:50principale pour pérenniser leur activité, ensuite on va avoir des acteurs économiques
03:54qui eux ont un impact sur la biodiversité, donc là l'idée ça va être d'être neutre
03:57voire positif en termes d'impact sur la biodiversité, on va accompagner des industriels, des acteurs
04:02de l'immobilier, on adresse de manière générale vraiment tous les points de l'économie,
04:07et enfin effectivement les collectivités territoriales et les entités publiques qui
04:12elles m'envoient un intérêt de simplement sociétal à protéger la nature et pouvoir
04:18faire bénéficier nos concitoyens d'un environnement qui soit sain.
04:22Je voudrais rappeler un constat qui malheureusement est assez désastreux sur la chute de la biodiversité
04:31c'est planétaire, c'est le WWF qui nous donne ces chiffres, 60% des populations d'animaux
04:37sauvages perdus en 40 ans, c'est une question très générale mais est-ce qu'on peut inverser
04:45cette tendance d'après vous ? Est-ce que vous vous voyez, parce que là vous avez une
04:48douzaine d'années d'expérience, le fait d'avoir redonné de la biodiversité à des
04:55territoires ou à des espaces ? Il faut savoir effectivement que c'est possible,
04:58finalement ça ne coûte vraiment pas cher de le faire et ça nécessite justement de
05:02petites actions.
05:03Ce qui est intéressant c'est qu'on est présent aujourd'hui sur 25 pays, 4 continents,
05:08à travers 140 projets par exemple sur l'année 2024 et on voit au fur et à mesure que nos
05:15clients prennent justement des actions concrètes sur le terrain, réaménager une zone naturelle,
05:20diminuer l'utilisation de pesticides, c'est que très rapidement la nature reprend ses
05:25droits et on voit des espèces revenir, des espèces d'oiseaux, des poissons reprendre
05:31le cours de leur vie normale et simplement avec des petites actions et parfois on commence
05:35par le végétal et justement ça a des effets, on enclenche en fait un effet cascade avec
05:39un cercle vertueux qui va permettre le retour de ces espèces.
05:43Je ne suis pas assez connaisseur mais le périmètre d'action d'une abeille, je vous pose la question
05:50pour savoir si cette solution est valable sur des petites, des grandes surfaces ?
05:54Alors on a plusieurs solutions de mesures de la biodiversité, on a parlé du biomonitoring
06:00qui s'appuie sur le comportement des abeilles domestiques, donc il faut savoir qu'une abeille
06:03domestique elle va rayonner à 1,5 km autour de sa ruche et ça couvre une large surface
06:08de 700 hectares, donc ce qu'on appelle en fait c'est de la biodiversité à l'échelle
06:13du territoire, du paysage, ensuite on travaille actuellement sur une autre solution, cette
06:17fois en s'appuyant sur les abeilles sauvages qui va restreindre ce cercle à 40 hectares,
06:22donc concrètement elles pollinisent et elles vont nicher à 350 mètres concrètement
06:27autour de leur nid parce qu'elles ne vivent pas forcément et la plupart du temps pas
06:32justement en ruche, elles ont un nid de comportement, on appelle ça des abeilles solitaires souvent
06:36pour l'essentiel d'entrée.
06:37Et alors pourquoi vous travaillez sur ce rétrécissement en quelque sorte de la donnée ?
06:43Pour certains clients, 700 hectares c'est simplement trop grand par rapport à leur rayonnement
06:48ou le besoin qu'ils ont pour récolter de la donnée au niveau de leur site, donc
06:5240 hectares on est plutôt à l'échelle d'un quartier et moins à l'échelle d'un
06:56territoire et d'une ville et enfin on peut également travailler sur ce qu'on appelle
06:59l'ADN environnemental, donc là on va faire des prélèvements sur site grâce à un écologue
07:03et on va pouvoir détecter de manière très localisée et quasiment au mètre carré près
07:08ce qui se passe sur un espace.
07:10Il y a une autre dimension qui me semble intéressante, c'est la mesure d'impact en fait, on est
07:15en plein débat sur la CRCRD, le bilan extra-financier, le fait que les entreprises aujourd'hui les
07:22plus importantes soient tenues de publier un bilan extra-financier, en matière de biodiversité
07:27on se dit souvent que c'est plus difficile d'avoir des données précises que quand
07:32il s'agit simplement de faire son bilan carbone, est-ce que vous vous apportez des
07:36données finalement scientifiquement prouvées d'une certaine façon, qu'on peut intégrer
07:40à un bilan ?
07:41Effectivement, donc nos solutions sont à la fois très innovantes mais s'appuient
07:44aussi sur la science et donc sont très solides, très fiables.
07:47Effectivement, comme vous le dites, la biodiversité c'est beaucoup plus complexe finalement que
07:51le carbone, on n'a pas l'équivalent tonne biodiversité, c'est très local d'un territoire
07:56à l'autre, la réalité est différente, ce n'est pas parce qu'on a beaucoup d'espèces
07:59que c'est forcément un bon signe, donc il faut toujours réinterpréter malgré toute
08:01cette donnée et donc c'est très compliqué aujourd'hui pour les gens qui font du reporting
08:05extra-financier de fournir de la donnée qui ait du sens et surtout de l'interpréter
08:11et de la transcrire en termes d'action sur le terrain.
08:13Donc nous, effectivement, c'est notre travail de fournir ces données qui se rentrent dans
08:17les cadres justement de l'ESRS 4, de l'ACSRD ou encore l'ATNFD ou encore SBTN qui est
08:25en cours et on alimente justement ces reporting pour permettre, encore une fois, nous derrière,
08:29au-delà de la donnée, c'est vraiment de permettre de l'action et donc permettre
08:32à ces grandes organisations de prendre des actions concrètes sur le terrain.
08:35Comme vous dites, SBTN c'est en cours, c'est-à-dire donc basé sur la science, c'est-à-dire
08:39c'est une labellisation, une certification que vous êtes en train d'obtenir, c'est
08:43ça ?
08:44SBTN, c'est l'équivalent biodiversité ou nature de SBTI qui était un framework
08:50en fait justement de reporting pour le carbone et qui est décliné et donc c'est simplement
08:55qui s'appuie sur de la données scientifiques et encore une fois, l'idée c'est de fournir
08:59une donnée qui soit solide, concrète et qui ait une convergence aussi des outils
09:06scientifiques ou de reporting pour derrière permettre une meilleure action.
09:09Je vois qu'on parle des polluants pour terminer, vous me dites, grâce aux abeilles, on détecte
09:16un certain nombre de polluants mais ça peut être très vaste les polluants, à quel point
09:22de précision on peut dire il y a tel et tel polluant dans la zone ?
09:25On identifie les polluants et on arrive à mesurer leur concentration donc on peut savoir
09:30par exemple, si je prends l'exemple de la pollution agricole, donc on va pouvoir mesurer
09:35plus de 500 molécules aujourd'hui de pesticides et on va savoir si ces pesticides sont par
09:40exemple internés et bannis dans l'Union Européenne, on pourra savoir également la concentration,
09:45savoir s'il est au-dessus ou en-dessous des seuils réglementaires et donc l'idée après,
09:50une fois qu'on a détecté ça, c'est de travailler avec les parties prenantes et les
09:52agriculteurs pour trouver des alternatives et pourquoi pas s'orienter sur des pratiques
09:56plus vertueuses en termes environnementaux et notamment aller vers l'agriculture régénératrice.
10:04On a des exemples par exemple où on avait un projet en Alsace où sur trois ans on a
10:09diminué l'utilisation de 25 pesticides différents à sept concrètement et surtout en étant
10:16en-dessous des seuils réglementaires donc d'utiliser simplement ces outils parce que
10:21parfois malheureusement il n'y a pas le choix mais de les faire de manière beaucoup plus
10:25raisonnée et de manière beaucoup plus respectueuse de l'environnement, ce qui est meilleur pour
10:29l'environnement forcément la biodiversité mais aussi pour les gens qui manipulent aussi
10:32ces produits.
10:33Merci beaucoup Chamay Vinograd et à bientôt sur Be Smart For Change.
10:37On passe tout de suite à notre Zoom sur l'agrivoltaïsme.