Notre invitée, Nathalie Aussenac-Gilles, de l'Institut de recherche en informatique de Toulouse (IRIT, CNRS)
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00:00C'est un sujet qui est grandement travaillé à Toulouse, on est une des capitales françaises de l'IA.
00:06Emmanuel Macron a créé 5 pôles de compétences IA en France, dont Toulouse.
00:12Donc des dizaines, 200 chercheurs toulousains travaillent sur cette question, notamment Nathalie Ossenac-Gilles,
00:18qui est directrice de recherche à l'Institut de Recherche en Informatique de Toulouse, qui dépend du CNRS.
00:24Et c'est donc notre invitée qui est sur le point d'arriver dans notre studio, et donc on aura l'occasion d'en parler avec elle.
00:29Déjà les premiers messages sur la page Facebook d'Occitanie, Béa réagit en disant « Danger » en lettres majuscules.
00:35« Si c'est incontrôlé comme ça semble vouloir le devenir, au nom de la liberté d'expression, ça risque d'être un peu compliqué. »
00:42Francine nous dit « Je trouve qu'il faudrait faire attention, parce que je suis convaincue que dans les prochaines années,
00:46il va y avoir des problèmes de tout genre ». C'est vrai, on l'a vu hier avec Emmanuel Macron,
00:51qui a montré comment on pouvait faire des deepfakes, prendre la tête du président de la République et le faire en rappeur,
00:57ou le faire passer pour celui ou quelqu'un d'autre qui n'est pas.
01:01En tout cas, on parle de cette intelligence artificielle aujourd'hui, et vous pouvez nous appeler 05 34 43 31 31,
01:07alors que notre invitée, qui n'est pas d'une intelligence artificielle, vient de s'installer en studio. Bonjour.
01:12Bonjour Nathalie Oussanak-Gilles. Vous êtes donc directrice de recherche à l'Institut de Recherche en Informatique de Toulouse,
01:17qui dépend du CNRS, précisément au département Intelligence Artificielle.
01:21Un grand sommet de l'IA, on le disait, démarre aujourd'hui à Paris. Est-ce qu'on peut dire d'abord que Toulouse est une des capitales françaises de l'IA, selon vous ?
01:29C'est en tout cas une ville qui a une longue histoire en IA, et qui est une ville reconnue pour des compétences fortes en IA.
01:37On a des recherches qui sont dans ce domaine depuis le début des années 70, en fait.
01:43Et vous, concrètement, vous travaillez sur quoi ?
01:45Moi, je travaille sur l'articulation entre des représentations de connaissances sous forme de graphes, et puis du traitement du langage,
01:52qui nous sert de source de connaissances, en fait, pour construire ces représentations.
01:57Et ces graphes, en fait, ils peuvent servir de support à des décisions, mais aussi de connaissances de référence,
02:04justement par opposition à des connaissances qui pourraient être calculées, ou dont on n'est pas sûr de la vérité.
02:09Un petit peu de pédagogie, quand même, en quelques mots, c'est quoi l'intelligence artificielle, et qui l'a créée ?
02:14Alors, le terme en recherche, il vient de la fin des années 60, où c'est des chercheurs qui ont eu comme objectif
02:21de dépasser le fait que les ordinateurs fassent des calculs numériques pour aller vers de la simulation de comportement intelligent,
02:28comme comprendre, raisonner, planifier, résoudre des problèmes, mais aussi apprendre et s'adapter.
02:35Et c'est ce volet qui est aujourd'hui mis en avant par les capacités des algorithmes qui peuvent faire de l'apprentissage automatique.
02:41Et aujourd'hui, quand on parle d'intelligence artificielle, on parle souvent d'applications qui font appel à ces algorithmes d'apprentissage automatique.
02:49C'est une machine, une sorte de cerveau géant, qui peut nous remplacer dans beaucoup de domaines ?
02:54Alors, justement, c'est là qu'on voit les limites, c'est que jusqu'à maintenant, on travaille par un domaine de spécialité,
03:00et on essaie d'être hyper compétent et pointu sur des tâches particulières.
03:05Donc, on a des applications qui sont de plus en plus performantes pour certains types de tâches.
03:10Et la révolution qu'ont amené récemment les grands modèles de langues, ça a été d'essayer d'être plus généraliste et de traiter un ensemble de tâches plus large, en lien avec le langage.
03:210534313131 avec Alice de Toulouse. Bonjour, Alice.
03:26Oui, bonjour à toute l'équipe.
03:28Vous avez une question, je crois, sur l'IA, précisément, à notre invitée.
03:32Alors, moi, ce qui m'interroge, c'est qu'on veut faire de l'IA un complément des appels d'urgence, des humains qui répondent aux appels d'urgence.
03:45Moi, ce qui m'interroge, c'est que les humains ne sont pas capables de comprendre eux-mêmes un appel, il leur faut de l'IA.
03:54On fait référence aux pompiers.
03:57Merci, je vois que vous êtes bien à l'écoute.
04:00Alice, il y a un programme de recherche actuellement chez les pompiers de la Haute-Garonne qui, en effet, utilise l'IA pour écouter et donc optimiser les appels d'urgence.
04:09On précise quand même que l'opérateur est toujours physiquement là.
04:13Bien sûr, bien sûr.
04:14C'est un plus.
04:15L'IA, dans ce contexte-là, justement, elle fait intervenir aussi des membres de mon laboratoire.
04:20Elle sert à aiguiller pour optimiser les transports et l'orientation des véhicules.
04:28Elle sert aussi pour faciliter des décisions en cas de conflit de situation.
04:35On est bien dans la perspective de ne pas remplacer un individu, mais de lui fournir plus d'éléments rapidement qui soient pertinents pour la situation qu'il est en train de gérer.
04:47Parce que l'opérateur pourrait passer à côté de certains mots, certains termes ?
04:51Il y a les termes de la demande, mais il y a aussi le contexte dans lequel cette demande doit être interprétée.
04:56La situation du trafic routier, la situation météo, la situation d'urgence ou de crise à laquelle on va faire face.
05:02C'est ces éléments extérieurs aussi qui sont pris en compte.
05:05Ce n'est pas que comprendre la personne qui fait l'appel.
05:07Merci beaucoup Alice pour votre appel au 05 34 43 31 31.
05:11Dernière question, le temps est un petit peu compté.
05:14Nathalie Ossenac-Gilles, les grandes entreprises de chez nous, je pense au CHU de Toulouse, à Airbus,
05:20est-ce qu'ils utilisent déjà et quotidiennement l'intelligence artificielle ?
05:23Alors, ils l'utilisent dans des contextes assez variés.
05:26Ils l'utilisent parce que d'abord, chacun d'entre vous, vous l'utilisez dans des applications d'aide à la rédaction,
05:31d'aide à la correction d'orthographe ou des choses comme ça.
05:33Il y a de l'IA dedans.
05:35Il y en a ensuite dans les perspectives de production, d'optimisation, de la transmission, par exemple, de procédures de travail.
05:43Mais pour le moment, il y a beaucoup de recherches en cours
05:48parce qu'on veut arriver à une qualité pour que les systèmes soient embarqués dans des avions.
05:53Et là, il faut que les décisions de ces systèmes soient explicables.
05:56Et c'est pour ça qu'à Toulouse, par exemple, il y a un gros pôle de recherche à NITI
06:01dont les objectifs seraient de l'IA hybride, de l'IA explicable.
06:04Parce que si on ne sait pas pourquoi un système a pris une décision, on ne peut pas se fier à lui.
06:08Et on veut être aussi sûr qu'il prend toujours la même décision.
06:11Et pour le moment, les algorithmes à base de réseaux de neurones sont difficiles à expliquer.
06:18On a de plus en plus de recherches là-dessus.
06:21On commence à avoir des pistes, mais on n'a pas quelque chose de complètement explicable.
06:25Et en médecine, l'IA permet déjà de détecter de façon précoce certains cancers.
06:31Merci beaucoup Nathalie Ossenac-Gilles, directrice de recherche du département de l'IA de l'Institut de recherche en informatique de Toulouse.
06:38Bonne journée.
06:39Merci.