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00:00Ici Oxyfanie, dès votre réveil, ici Matin.
00:05Le jeudi 13 mars, 8h moins le quart, début de votre quart d'heure Toulousain.
00:09Comment faire pour garder les jeunes à la campagne ?
00:11C'est le thème de notre quart d'heure Toulousain de ce jeudi,
00:13à l'occasion de l'avant-première d'un documentaire sur ce sujet,
00:15diffusé ce soir à Toulouse.
00:17Alors, vous venez en parler avec nous.
00:19Vous appelez Fanny, 05 34 43 31 31.
00:22Bonjour Sandrine Mercier.
00:23Bonjour.
00:24C'est vous qui avez co-réalisé avec Ronny Ndalgo ce souvenir des tournesols
00:28qui est un avant-première au cinéma pâté de la place Wilson ce soir.
00:31C'est complet, mais d'ailleurs vous pouvez nous appeler,
00:34chers auditeurs, on a deux places pour vous,
00:37à vous faire gagner, à vous faire remporter,
00:39pour assister à cette avant-première.
00:41Film tourné à Nogaro dans Gers,
00:43où on suit une jeune fille, Anaïs, qui passe son bac,
00:46qui est musicienne dans une banda et qui va partir à Pau
00:49pour faire une licence d'espagnol.
00:51Quelle est l'intention de votre film ?
00:53Que le départ est très souvent inéluctable ?
00:56Oui, c'est vrai qu'on pose cette question un peu dilemme.
00:59Partir ou rester quand on habite ces zones hyper rurales ?
01:02C'est un peu l'histoire de notre vie.
01:04A Ron et moi, en fait, on vient tous les deux d'un petit village
01:07de la France périphérique, ce qu'on appelle la Diagonale du Vide.
01:10Alors évidemment, on ne savait pas du tout, quand on habite la Diagonale du Vide,
01:13ce qu'est la Diagonale du Vide.
01:14Donc on part de la Meuse jusqu'aux Landes.
01:16Voilà, exactement.
01:17C'est une très faible densité de population.
01:18Où ça se vide, où il n'y a pas d'emploi,
01:20où on ne peut pas rester normalement pour faire sa vie.
01:23En tout cas, nous, c'était l'objectif, c'était mettre en lumière
01:25ces gens qu'on ne voit pas souvent, ces invisibles,
01:27et se dire que comme c'était nos racines aussi,
01:29ce qui nous a forgé de les mettre en lumière
01:32et d'essayer d'en parler parce qu'ils ont des choses à dire.
01:34Mais Anaïs, elle ne semble pas vraiment hésiter dans votre documentaire.
01:37C'est plutôt sa petite sœur qui a beaucoup de mal à la voir partir.
01:40Anaïs, c'est intéressant parce que c'est l'année terminale.
01:42Justement, c'est l'année d'un basculement.
01:45C'est le moment où on quitte l'adolescence pour entrer dans l'âge adulte.
01:48Et c'est toutes ces questions, ces premières responsabilités de vie
01:51qui nous intéressaient.
01:52Parce qu'évidemment, elle n'a pas conscience de ce qu'elle laisse derrière elle.
01:55Pourtant, c'est son dernier été sur ces terres, avec la banda,
01:58avec la fanfare, avec tous ses amis,
02:00et avec ces champs de tournesol magnifiques dans le Gers.
02:03Donc, elle n'a pas conscience, mais c'est inéluctable.
02:05Elle va devoir partir parce qu'il n'y a pas de quoi faire ses études ici.
02:08Après, est-ce qu'elle reviendra ? La question ne le dit pas.
02:10Mais pourquoi pas ?
02:11C'est une vraie jeune fille, Anaïs.
02:13C'est sa vie que vous racontez, que vous filmez.
02:15Il y a aussi des jeunes dans le documentaire
02:17qui préféraient rester chez eux, très clairement,
02:19si les études étaient possibles sur place.
02:21Exactement. En fait, quand on est documentariste,
02:23on se pose des questions sur la société en général.
02:25Et cette question de partir ou rester,
02:27on se l'est posée aussi, nous, à des moments de notre vie.
02:29Je pense que tous autour de nous,
02:31on s'est posé cette question.
02:32C'est des choix de vie.
02:33Qu'est-ce qu'on fait de sa vie à des moments donnés ?
02:35Qu'on vive à la campagne ou qu'on vive à la ville ?
02:37Et c'est vrai qu'Anaïs se pose cette question
02:39sans vraiment que ça en soit une.
02:42On est tous d'accord qu'elle ne va pas pouvoir rester
02:44si elle veut faire certaines études.
02:46Il n'y a pas cette possibilité-là.
02:48Et tous les autres, certains, en tout cas,
02:50ont envie de rester, peut-être,
02:52pour prendre la suite d'une tradition familiale,
02:55comme c'est le cas d'Éric,
02:57qui est viticulteur, qui a une ferme,
02:59et qui veut transmettre à son fils
03:01et à d'autres personnes du Gers
03:03qu'ils voudraient rester là.
03:04La question est de savoir, est-ce qu'ils peuvent ?
03:06Vous avez parlé de la diagonale du vide.
03:08Dans le documentaire, au début,
03:09il y a des jeunes qui disent
03:10le Gers n'est pas vide,
03:11les gens ne savent pas s'occuper,
03:12alors que nous, oui.
03:13Est-ce qu'on ne rentre pas ?
03:15Je vais vous en quiquiner un peu
03:16dans un cliché, campagne, ville,
03:18à travers ces phrases-là.
03:21L'objectif, ce n'était vraiment pas
03:23d'opposer la ville à la campagne,
03:24parce qu'effectivement,
03:25on peut vivre en ville de façon pas terrible,
03:27en fait, assez précaire aussi.
03:28Au contraire, c'était de se dire
03:30qu'on a potentiellement des choix,
03:33des choix de vie,
03:34et ce n'était pas de répondre à la question,
03:36de savoir s'il faut partir ou s'il faut rester.
03:38En tout cas, ceux qui veulent partir, c'est super,
03:40ceux qui veulent revenir, c'est super,
03:42mais la question est de savoir
03:43si vraiment ils peuvent revenir.
03:45Qu'est-ce qui est fait pour que les gens reviennent
03:47et surtout, qu'est-ce qui est fait
03:48pour que les gens restent
03:49quand on habite dans ces zones hyper rurales ?
03:52C'est quand même un plaidoyer.
03:53Sandrine, merci pour la campagne.
03:55Vous aimeriez qu'un avenir soit possible
03:58aussi dans les zones rurales ?
03:59En tout cas, oui, c'est vrai que
04:01je trouve que ça nous forge.
04:03En tout cas, moi, il y a un moment donné,
04:04on regarde dans le rétroviseur et on se dit
04:06qu'est-ce qui se serait passé
04:07si j'étais restée, en fait ?
04:09Et aujourd'hui…
04:10Réaliser des documentaires,
04:11j'imagine que c'est quand même compliqué
04:12à la campagne ?
04:13Oui, ça aurait été compliqué.
04:15En même temps, ça nous touche
04:16de raconter la vie des gens,
04:17ces invisibles,
04:18ces gens qu'on ne voit pas forcément.
04:19Et de raconter ces gens-là,
04:21qu'on met en lumière de cette façon-là,
04:23ça me touche de savoir
04:24que ça peut toucher d'autres personnes
04:25parce qu'effectivement,
04:26on se pose tous, à un moment donné,
04:27des choix de vie
04:28et des envies de faire autre chose.
04:3005 34 43 31 31.
04:32Comment faire pour garder
04:33les jeunes à la campagne ?
04:34C'est un peu la question
04:35qu'on vous pose ce matin.
04:36Vous y avez peut-être été confrontés.
04:37Vous vous appelez Fanny maintenant.
04:3905 34 43 31 31.
04:41C'est votre quart d'heure.
04:42Alors, au-delà du bac
04:43qu'elle obtient avec la mention
04:44Assez Bien à Naïs,
04:45elle fait aussi de la flûte traversière,
04:47au sein de la banda,
04:48la Tikwelena.
04:49On écoute justement un extrait
04:52au fait de Nogarov.
04:59La musique fait partie aussi
05:01de l'ancrage des jeunes
05:02de ce territoire ?
05:03Complètement.
05:04L'idée, c'était vraiment de dire
05:05que la musique, c'est le ciment
05:06de ces campagnes.
05:08Les bandas, c'était pour nous
05:11une sorte de micro société.
05:12Il y a tous les âges.
05:13C'est ça qui est génial dans la banda.
05:15Il y a tout le monde qui se retrouve.
05:17C'est un peu cette bulle de solidarité,
05:19les uns avec les autres,
05:20même si leur quotidien
05:21n'est pas toujours facile.
05:22En fait, ils se retrouvent à la banda.
05:24Ils sont là pour jouer des morceaux,
05:25pour décompresser, pour lâcher prise.
05:27Et c'est ça aussi
05:28qui nous intéressait de filmer.
05:29Et à la fin du documentaire,
05:30Anaïs, elle dit
05:31la boîte à musique de mon enfance
05:32ne s'est jamais refermée
05:34et continue à résonner en moi.
05:36Donc, elle, comme les autres,
05:37auront toujours l'idée
05:39de revenir un jour au pays.
05:41C'est ce que vous pensez ?
05:43Je lui souhaite, en tout cas,
05:45si elle a envie de revenir,
05:46il faut pouvoir revenir, effectivement.
05:48Mais c'est vrai que l'idée, c'était ça.
05:51C'était de raconter,
05:53de créer cette boîte à souvenirs.
05:54On a tous nos souvenirs.
05:56Donc, ce souvenir des tournesols,
05:57parce qu'il y a énormément
05:58de tournesols dans le Gers,
06:00parce que pour une fois,
06:01en plus, c'est un documentaire
06:02qui a entièrement été fait
06:04ici, à Toulouse, en Occitanie.
06:06Et ça, on est assez fiers
06:07qu'il puisse illuminer la France entière
06:09et que l'épicentre parte d'ici,
06:11pour une fois.
06:12Et Anaïs, c'est pas comédienne,
06:13il faut le dire.
06:14Elle se laisse filmer sans gêne,
06:15j'ai l'impression,
06:16quand on regarde le documentaire.
06:17Alors, on a souvent tendance
06:18à dire avec Juan
06:19qu'en fait, on choisit les gens
06:21comme ils nous choisissent.
06:22C'est vrai que le documentaire,
06:23c'est le cinéma du réel.
06:24Donc, on filme le réel,
06:25les vrais gens.
06:26Et c'est ça aussi
06:27qui nous a intéressés.
06:28C'est-à-dire que, souvent,
06:29le réel est plus fort que la fiction.
06:31Et donc, en racontant la vie des gens,
06:34en fait, on touche tout le monde
06:36et on raconte la vie de chacun de nous.
06:38Ce souvenir des tournesols,
06:39c'est ce soir en avant-première
06:40au cinéma Pathé-Wilson de Toulouse
06:42avec, je crois, toute la bande à Gersoise
06:44qui vient y assister.
06:45Si vous voulez voir ce film,
06:47on a deux places à vous faire gagner.
06:49Donc, n'hésitez pas à appeler Fanny
06:50au standard 05 34 43 31 31.
06:52Merci beaucoup Sandrine.
06:53Merci à vous.