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Nous sommes submergés de fake news, de témoignages tronqués et de photos truquées, que nous ne repérons souvent que parce qu’ils sont « trop gros » pour être plausibles. Mais il n’y a pas que la technologie et les réseaux sociaux qui travestissent la vérité. Le mensonge existe depuis la nuit des temps. Le monde des affaires ne fait pas exception. Les managers sont confrontés en permanence à des clients, des collaborateurs ou des patrons qui bluffent, qui omettent une partie de la vérité ou qui la transforment sciemment. Or nous nous trompons souvent en croyant savoir repérer les menteurs ; nous avons à ce sujet des idées reçues qui nous induisent en erreur. J’ai retenu quatre leçons d’un des grands experts en la matière, Marwan Mery, qui a servi pendant longtemps au sein du commandement des opérations spéciales. [...]

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00:00Nous sommes submergés de fake news, de témoignages tronqués, de photos truquées, que nous ne
00:13repérons souvent que parce qu'ils sont trop gros pour être plausibles.
00:16Mais il n'y a pas que la technologie et les réseaux sociaux qui travestissent la
00:21vérité.
00:22Le mensonge existe depuis la nuit des temps.
00:24Le monde des affaires ne fait pas exception, les managers sont confrontés en permanence
00:29à des clients, des collaborateurs ou des patrons qui bluffent, qui omettent une partie
00:34de la vérité ou qui la transforment sciemment.
00:36Or, nous nous trompons souvent en croyant savoir repérer les menteurs.
00:42Nous avons à ce sujet des idées reçues qui nous induisent en erreur.
00:46J'ai retenu quatre leçons d'un des grands experts en la matière, Marouane Méry, qui
00:51a servi pendant longtemps au sein du commandement des opérations spéciales.
00:56La première.
00:57On a tendance à croire que la personne qui ne nous regarde pas dans les yeux, qui se
01:01gratte le nez ou qui transpire est en train de nous mentir.
01:05Erreur.
01:06Il n'existe pas d'indice de tromperie universel, comme le nez de Pinocchio.
01:10Lorsqu'on montre à un échantillon de personnes des vidéos de témoins qui racontent
01:15une histoire, en leur demandant lesquels de ces témoins sont honnêtes et lesquels sont
01:19menteurs, les gens de l'échantillon identifient tous les mêmes menteurs, ceux qui ne gardent
01:26pas le contact oculaire avec leur interlocuteur.
01:28Mais ils vont découvrir ensuite qu'en réalité, tous les témoins disaient la vérité et ils
01:34ont soupçonné à tort ceux qui étaient simplement plus timides, plus introvertis que les autres.
01:40Second principe.
01:43La capacité de détecter les mensonges repose sur ce qu'on appelle la lecture comportementale,
01:49l'aptitude à analyser le verbal, les paroles de la personne, le non-verbal, l'activation
01:55du corps, les émotions, les réponses physiologiques, sans oublier le paraverbal, c'est-à-dire
02:01le rythme douteux des phrases, les pauses suspicieuses, la tonalité bizarre.
02:06Or, aucune anomalie ne peut avoir de sens si l'on n'a pas d'abord pu observer la
02:11personne dans son état normal, c'est-à-dire avant qu'on l'interroge sur un thème gênant,
02:16avant d'avoir identifié ses attitudes de base, ses tics, sa manière de s'exprimer,
02:21ce qu'on appelle sa baseline.
02:23Ce sont les écarts par rapport à cette baseline qui seront des indices de mensonges et non
02:27ce qui nous apparaît comme des anomalies.
02:29Troisième conseil.
02:32Pour ce qui est du non-verbal, les pieds peuvent être un formidable amplificateur de comportement.
02:38Leur position en soi ne signifie rien, elle dépend du contexte, ainsi quelqu'un qui
02:44vous parle mais qui a les pieds tournés vers l'extérieur est rarement passionné
02:48par ce que vous lui dites.
02:49Nous pouvons aussi être trahis par notre torse car il contient tous les organes vitaux
02:55et nous sommes programmés pour assurer sa protection.
02:58Dès qu'il y a danger, nous l'inclinons plus ou moins légèrement.
03:02Le malaise d'une personne qui ment ou se sent stressée se traduit souvent par un détournement
03:07du torse.
03:09Dernier point à retenir, le langage corporel est important mais les paroles le sont souvent
03:14bien plus, surtout chez les menteurs patentés qui sont imperturbables physiquement.
03:19Prenez Lance Armstrong, le champion cycliste.
03:22Lorsqu'on visionne deux interviews où il est question de dopage, l'une avant la révélation
03:29de sa tricherie et l'autre après, on se rend compte que dans le premier cas, il n'utilisait
03:35jamais pour se défendre le pronom « je », il disait toujours « nous » et toutes ses
03:40réponses étaient impersonnelles.
03:42Alors que lorsqu'il parle honnêtement, lorsqu'il avoue, il utilise le « je » dans toutes
03:47les phrases.
03:48De même, Bill Clinton, lors de ses interrogatoires dans l'affaire Monica Lewinsky, donne de
03:54nombreux indices verbaux de tromperie, le principal étant l'absence de négation.
03:59Si les propos de la stagiaire étaient faux, il nierait vigoureusement ce qu'on lui reproche.
04:04C'est ce que font les innocents accusés à tort.
04:06Lui prétend ne pas se souvenir et martèle des phrases toutes faites pour éviter le parjure.

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