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00:00Ici Saint-Etienne-Loire, 6h-9h, ici matin.
00:05La France veut devenir un acteur incontournable de l'intelligence artificielle
00:09et on analyse tout ça avec notre invité ce matin, David.
00:11Qui est maître de conférence à l'université de Saint-Etienne, spécialiste de l'IA, l'intelligence artificielle.
00:17Bonjour Emile Hérault.
00:18On vous reçoit ce matin parce que l'IA est au centre dès aujourd'hui
00:21et pendant deux jours d'un grand sommet à Paris, on va y revenir.
00:24Est-ce que l'IA prend vraiment plus de place dans nos vies qu'avant
00:28ou est-ce qu'on a ramassé récemment sous ce nom-là un certain nombre d'usages ?
00:32Un peu d'eux.
00:34Il y en avait déjà qui étaient utilisés il y a des années et il y en a de plus en plus.
00:38Donc oui, on regroupe sous le terme d'intelligence artificielle des choses qui existaient déjà avant.
00:42Avec des usages qui évoluent très très vite, est-ce qu'il y a des domaines d'activité
00:46qui vraiment sont symboliques de cette rapidité du développement de l'IA ?
00:52La médecine en particulier, c'est là où il y a les progrès les plus flagrants.
00:56En particulier en imagerie médicale, par exemple détecter un mélanome.
01:00Comme vous savez quand vous allez chez votre dermatologue, il regarde vos grains de beauté,
01:02il veut savoir si c'est un cancer ou pas.
01:04On a des IA qui font des choses très très bien là-dessus.
01:07Et puis tout ce qui est imagerie médicale, scanner, IREM et compagnie,
01:11on a des travaux qui datent d'un an maintenant
01:14qui ont permis de montrer qu'on pouvait détecter des cancers comme le pancréas
01:17qui sont très très difficiles à détecter et qu'on détecte souvent très très tard.
01:20On arrive à les détecter bien plus tôt que ce qu'on arrive à faire avec un radiologue.
01:24Il y a souvent une critique, c'est que l'IA va peu à peu enlever l'humain de certains métiers.
01:33C'est le cas tout le temps ? C'est inévitable dans le développement de l'IA ?
01:37Oui, l'IA a pour but d'automatiser des choses que d'habitude les humains font.
01:43Donc naturellement, ça va prendre du travail à des humains.
01:48L'idée est quand même que ce soit pour aider les humains.
01:52Le dermatologue, on en a toujours besoin.
01:55L'IA est là pour l'aider. Quand on va chez lui, il regarde.
01:58L'IA l'aide à faire le diagnostic, mais on a toujours besoin du dermatologue.
02:02Maintenant, effectivement, il y a des métiers qui sont particulièrement exposés à l'IA.
02:06Tout ce qui est, vous êtes bien placé en tant que journaliste,
02:08tout ce qui est texte, tout ce qui est production d'écrit.
02:11Et on retrouve même ça dans le droit où il y a beaucoup de travaux à faire
02:14sur des textes de loi et compagnie que l'IA peut faire à peu près correctement.
02:18Donc il y a énormément de métiers qui sont touchés.
02:21La seule comparaison qu'on peut faire, c'est avec l'invention des métiers jacquard, des métiers attissés,
02:25qui ont eu pour conséquence de créer énormément de détresse sociale.
02:30C'est la révolte des canuts, c'est la famine.
02:32C'est au 19ème siècle.
02:33Exactement, à Lyon.
02:35Mais par contre, c'est aussi ce qui a permis d'automatiser les chaînes de production
02:39et de passer la semaine de 40 heures puis de 35 heures, les congés payés, les choses comme ça.
02:43Sans automatisation des chaînes de production, on n'aurait jamais pu arriver à ça.
02:48C'est une évolution économique et sociale qui a des risques aussi, forcément.
02:53Notamment, on est ici un métier de la voix.
02:56La voix et l'intelligence artificielle, la vidéo, l'image, tout ça, ça peut être trafiqué ?
03:01Tout à fait.
03:02C'est le principal risque de l'IA, c'est la perte de repères, de savoir qu'est-ce qui est vrai et qu'est-ce qui ne l'est pas.
03:08On peut générer des voix, des vidéos, des images totalement crédibles,
03:12alors qu'elles n'existent pas, c'est tout simplement le modèle qui l'a généré.
03:18C'est un des principaux écueils de l'IA aujourd'hui.
03:21C'est utilisé entre autres par Trump durant sa campagne électorale.
03:24Il a fait passer des images de lui en train de sauver, des rescapés des ouragans en Floride,
03:28alors qu'il a 78 ans et qu'il n'est certainement pas en état de sauver quiconque.
03:32Mais les gens ont envie d'y croire, donc voilà, il y a ça.
03:36Même au niveau des vidéos, ça devient très crédible, les vidéos qu'on peut voir.
03:41On pense que quelqu'un a dit et fait quelque chose, alors que ce n'est pas du tout vrai.
03:45Est-ce que c'est un secteur économique qui est porteur ?
03:48Il y a des parents, des grands-parents qui nous écoutent.
03:51Est-ce qu'il va y avoir des métiers ? Il y en a déjà ?
03:54C'est en plein développement ou ça se fait tout seul finalement ?
03:57C'est en plein développement.
03:58Nous, on a un master ici spécialisé là-dedans depuis très longtemps.
04:01A Saint-Etienne, on a été pionnier. Le master date des années 2000.
04:05Et nos étudiants n'ont qu'un mal à trouver du travail en sortie.
04:10Est-ce que c'est autant que ce qu'on peut imaginer ?
04:14C'est difficile à dire.
04:15C'est difficile à dire parce que finalement,
04:18il y a des grands groupes qui sont investis très fortement là-dedans.
04:22Est-ce qu'il y a autant de travail que ce qu'on voudrait bien le dire ?
04:25Il y a une sorte de bulle, il faut le dire.
04:26Il y a une bulle économique où il y a énormément d'argent investi
04:29sur des choses qui ne sont pas forcément rentables à court terme ou même à moyen terme.
04:33Donc, il y a possibilité qu'on prenne un crash à un moment donné quand même.
04:36En tout cas, il y a une volonté de développer l'intelligence artificielle.
04:39Emmanuel Macron a annoncé hier 109 milliards d'euros d'investissement sur plusieurs années.
04:44On ne sait pas vraiment sur combien de temps.
04:47A votre sens, c'est à la hauteur de l'enjeu ?
04:50L'idée, c'est de créer des centres de données ?
04:52Oui, parce que ce qu'il faut bien voir, c'est que l'intelligence artificielle, elle n'est pas intelligente.
04:56Elle est capable d'apprendre.
04:58Et donc pour apprendre, il lui faut des exemples.
05:00Et comme elle apprend moins bien que nous, il lui faut beaucoup d'exemples.
05:02Et ces exemples, c'est ce qu'on appelle les données.
05:04Et donc, il nous faut des données.
05:06C'est le nerf de la guerre.
05:07C'est ce qui est central, ce qui est le point de départ de tout ce travail d'intelligence artificielle.
05:12Et celui qui a les données a le pétrole.
05:16Et du coup, effectivement, se dire qu'il faut investir massivement dans des grands centres de données,
05:21ces fameux data centers dont on parle depuis quelques jours,
05:23ça semble la première chose à faire si on veut développer une économie de l'IA en France.
05:28Est-ce que c'est suffisant ? Certainement pas, non.
05:31Et il y aura derrière à faire beaucoup de travaux, en particulier en recherche,
05:34sur ces thématiques-là parce que c'est une science qui est assez récente en fait.
05:37Et on suivra ça peut-être avec vous.
05:39On était ravis de votre éclairage ce matin, Rémi Hérault.
05:42Merci.
05:43Merci d'avoir été avec nous ce matin, maître de conférences à l'Université de Saint-Etienne
05:46et spécialiste, vous l'avez compris, de l'intelligence artificielle.