On n'arrête pas l'éco reçoit ce samedi le directeur général délégué de BNP Paribas.
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00:00Et le directeur général délégué de BNP Paris-Bas vient de s'asseoir dans le studio 521.
00:05Bonjour et bienvenue Thierry Laborde.
00:07Bonjour Alexandra Benzaïde.
00:08Commençons avec l'intelligence artificielle, c'est un peu le sujet du moment.
00:11Est-ce qu'elle est déjà arrivée dans vos agences, cette IA ?
00:15Et surtout, qu'en attendez-vous ou que constatez-vous déjà ?
00:18Alors elle est déjà là depuis longtemps, sur bon nombre d'activités, que ce soit sur les activités de marché,
00:23sur les activités de banque commerciale, sur tout ce qui est modèle d'identification du risque,
00:28de présélection du risque, tout ce qui est scoring pour faciliter par exemple l'octroi d'un crédit immédiat.
00:35Aujourd'hui à un professionnel, à un particulier, on sait donner un accord de crédit
00:40et amener les fonds sur le compte de ce client en quasi-temps réel.
00:43Ça derrière, ce sont des modèles d'intelligence artificielle mais qui se basent beaucoup sur des données structurées.
00:49La nouvelle révolution technologique, c'est de le faire sur des données non structurées.
00:54C'est-à-dire ?
00:56Vous prenez un compromis chez un notaire.
00:59Il y a un compromis de vente d'un crédit immobilier pour un achat immobilier chez un notaire.
01:03Ils sont tous différents.
01:04Aujourd'hui, avec des grands modèles linguistiques, vous arrivez à aller chercher les bonnes données dans ce compromis
01:10pour faire votre offre de crédit automatiquement.
01:13Avant, il y avait des gens qui les faisaient. Maintenant, ces offres se font automatiquement.
01:17Vous devancez ma question. Avant, il y avait des gens qui les faisaient.
01:19Est-ce que chez BNP Paribas, ça veut dire de la productivité en plus ?
01:22C'est à combien vous la chiffrez par exemple ?
01:24S'il y a un chiffre global ?
01:25Et est-ce que ça supprime des postes chez vous ?
01:27Il n'y a pas de chiffre global.
01:28C'est plutôt métier par métier.
01:29Un exemple très concret, c'est sur le développement informatique.
01:32Notre budget informatique, c'est 7 milliards.
01:34C'est des milliers de développeurs informatiques.
01:37Aujourd'hui, on sait améliorer la productivité de 15 à 20% sur ces tâches de développement.
01:43Et bien sûr, c'est pour la réinvestir.
01:45Pour aller plus vite.
01:46Parce que ça a été dit tout à l'heure dans votre débat.
01:48Ce qui compte, c'est la compétition.
01:49C'est le time to market.
01:51Vous allez me dire en français, time to market, allez-y tout seul.
01:54Un euro dans le petit cochon.
01:56C'est la capacité à être dans le bon tempo pour le marché.
01:59Et là bien sûr, c'est l'idée de pouvoir réinvestir,
02:02de pouvoir être plus rapide dans les automatisations,
02:05dans les gains de développement qu'on peut aller chercher.
02:08Mais est-ce que ça supprime des postes ?
02:09Ça ne supprime pas des postes, ça les redéploie.
02:11Vous voyez, ce sujet du crédit immobilier,
02:13les collaborateurs qui étaient sur des tâches très répétitives,
02:16objectivement à faible valeur ajoutée,
02:19on va pouvoir les redéployer sur autre chose.
02:21Donc c'est beaucoup d'enjeux de formation interne et de montée en compétence.
02:25Ce qui a été dit aussi dans votre petit reportage sur le conseiller bancaire,
02:28c'est le grand défi de la montée en compétence.
02:31Ce qui est demandé par nos clients, c'est ça.
02:33Le client est de mieux en mieux informé.
02:35Il est au courant de beaucoup de choses.
02:36Parfois plus informé que certains conseillers.
02:39Donc le sujet, c'est vraiment cette montée en compétence.
02:41Et la technologie aide, fait gagner du temps sur cette montée en compétence.
02:46On a aussi entendu dans le reportage, 10 fois moins de visites en agence aujourd'hui qu'en 2007.
02:50Vous, des agences, vous en avez environ 1500.
02:53Il y a déjà eu un grand mouvement de réduction du nombre d'agences.
02:55Vous êtes en train de préparer un nouveau plan de fermeture et de regroupement.
03:00Est-ce que je peux vous demander combien vous comptez en garder ?
03:02Qu'est-ce qui vous paraît raisonnable ? Combien vous comptez en garder ?
03:04Je ne vous donnerai pas le chiffre, parce que ça ne se compte pas en nombre d'agences.
03:07Ce qui est important, c'est de regarder.
03:09Sur une zone géographique, vous pouvez avoir d'ailleurs des comportements
03:12de fréquentation d'agences différents.
03:14Ça s'adapte à ce que fait le client.
03:16C'est le client qui dicte un peu sa loi.
03:18Nous, on s'adapte aux besoins du client.
03:20Il y en aura sans doute moins, mais il y en aura d'agences plus grosses, plus importantes,
03:24avec des multi-compétences.
03:26Ça a été dit aussi tout à l'heure, sur le rôle de chef d'orchestre.
03:28Dans des agences plus massives.
03:30Vous voyez, quand dans Paris, vous avez des agences à 300 mètres l'une de l'autre,
03:33si au lieu d'en avoir deux, vous en avez une plus importante, avec plus de compétences,
03:37plus de capacité à absorber l'absence.
03:40Parce que dans une organisation, si elle est petite,
03:42une absence pénalise l'organisation commerciale que vous mettez en avant.
03:46Donc c'est beaucoup plus ça.
03:48En revanche, vous ne l'aurez pas.
03:50Il y a la discussion sociale qui a démarré fin mars.
03:54Il faut respecter nos partenaires, toujours.
03:56Et on voit aussi que certains de vos distributeurs verts
04:00sont en train de passer sous une autre couleur.
04:02Qu'est-ce qui est en train de se passer ?
04:03Là, vous diminuez aussi le nombre de distributeurs de cash.
04:05C'est très important.
04:06Ça, c'est un projet qu'on a démarré il y a trois ans.
04:08C'est plusieurs centaines de millions d'euros d'investissement
04:10à trois groupes bancaires.
04:12Stade Général, Crédit Mutuel, BNP Paribas.
04:14L'idée, c'est de pouvoir garantir dans la durée
04:17le maintien dans le coin le plus éloigné du distributeur.
04:23Si on ne le fait pas de façon mutualisée,
04:25chacun fait sa politique.
04:27Et au final, vous avez une politique malthusienne.
04:29Et vous fermez de l'accès aux espèces.
04:32Et l'accès à l'espèce, c'est le champ de la liberté pour beaucoup de nos clients.
04:36Mais tirer la borde, ça veut quand même dire qu'il y aura moins...
04:39Il y aura tout autant de points de retrait, mais moins de distributeurs.
04:42Aujourd'hui, un distributeur en moyenne, il est utilisé à 20% de ses capacités.
04:47Donc voilà les grandes tendances dans les banques.
04:49Maintenant, votre oeil sur les comptes des Français.
04:51Du côté du crédit IMO que vous venez de citer plusieurs fois.
04:542024, ça a été la pire année depuis dix ans.
04:57Est-ce qu'en 2025, vous pensez que les clients vont revenir
05:01vous demander du crédit IMO en agence ?
05:03Et surtout, est-ce que vous avez envie de leur prêter ?
05:04Et à combien ?
05:05Est-ce que ça peut aller sous les 3% ?
05:07Sous les 3%, en fonction de l'évolution des taux, oui peut-être.
05:10Au deuxième semestre.
05:11On ne reviendra jamais au taux qu'on a connu.
05:13Au taux très proche de zéro, voire autour de 1%.
05:16Mais revenir sur un taux autour de 2, 2,5%, oui, ça viendra sans doute.
05:20Deuxième semestre 2025, ça me paraît possible.
05:22Peut-être fin d'année 2025.
05:24Mais quand même, pour nuancer ce que vous disiez,
05:26le marché est reparti, en tout cas la demande de crédit immobilier,
05:29est repartie sur le deuxième semestre 2024.
05:32Donc on a eu plus de demandes.
05:34Bien sûr, on est là pour satisfaire aux besoins
05:36et répondre aux besoins de nos clients, encore une fois.
05:39Mais il faut que les prix aussi, les prix sont un peu ajustés.
05:42Et ce qui est aussi dépendant de l'appétence des clients
05:45à faire une opération immobilière, surtout à changer de logement,
05:48c'est le niveau des taux, bien sûr, le niveau des prix,
05:51et puis la confiance dans l'avenir.
05:53Alors justement, l'événement de la semaine, c'est que la France a un budget.
05:57La France a un gouvernement qui n'a pas été censuré.
06:00Est-ce que ça, ça peut relancer la confiance
06:02et donc la consommation qui est le principal moteur de notre économie ?
06:06Alors, ça lève de l'incertitude, ça c'est une bonne nouvelle.
06:09Après, il faut que les agents économiques digèrent
06:12la façon dont les finances publiques, en tout cas ce déficit,
06:15qui est quand même l'efficacité de nos finances publiques.
06:18C'est quand même un sujet, un sujet majeur en France.
06:21On voit les décisions qui ont été prises, on peut les comprendre.
06:24Bon, après, on peut les regretter aussi.
06:27Alors là, vous parlez de quoi ? La surtaxe, elle va coûter ?
06:29Je parle sur la surtaxe pour les entreprises,
06:30parce qu'on va quand même beaucoup taxer le Made in France.
06:33Il faut que ça soit une fois.
06:34Je crois que le gouvernement l'a dit, une fois, il faut que ça soit tenu.
06:38Donc, ce qui est le plus important, c'est aujourd'hui, déjà,
06:41travailler sur les projets qui vont faire que demain,
06:44l'investissement public sera plus efficace.
06:47Et le budget 2026, j'espère, je pense qu'il doit se préparer maintenant.
06:51Il est en train de se préparer maintenant, c'est ça que vous dites.
06:53C'est ce qu'il faut.
06:54En fait, 2025, votre constat, c'est quoi ?
06:56C'est en 2025, il y a un budget qui ne fait pas beaucoup d'économies ?
06:59Qui ne fait pas beaucoup d'économies ?
07:01Qui fiscalise, en tout cas, qui appuie un peu plus sur l'impôt, quand même.
07:07Il faut vraiment que ça... On peut le comprendre sur une année.
07:10Et derrière, il faut que les économies et la baisse des dépenses soient vraiment réelles.
07:14La trajectoire, vous voyez, on est dans le wagon de queue de l'Europe.
07:16On ne demande pas de venir dans le wagon de tête, à côté des Allemands ou des Néerlandais,
07:20mais de rejoindre le milieu du peloton.
07:22C'est ça le sujet.
07:23Et en même temps, pour BNP Paris-Bas, qui vient d'annoncer quasiment 12 milliards de bénéfices,
07:28qui vient d'annoncer ses résultats.
07:30Pour vous, cette surtaxe, ça va être quoi ? Quelques dizaines de millions d'euros ?
07:34C'est plusieurs dizaines de millions d'euros. Pourquoi ?
07:36Parce que le résultat que l'on dégage en France, on a un groupe très diversifié.
07:39Mondial, présent sur toutes les grandes zones économiques.
07:42On paye 6,5 milliards d'impôts chaque année.
07:44Mais on le paye là où on crée le revenu.
07:46Et en France, on crée entre 5 et 7% de résultats.
07:50Donc, ça sera à l'échelle du groupe.
07:52C'est une contribution.
07:54Et on accepte de faire cette contribution, vu l'état des finances publiques.
07:57Mais encore une fois, il ne faut pas, surtout pour les entreprises qui, elles, sont plus présentes sur le marché français,
08:02que ça dure trop longtemps. C'est ça le message.
08:04Thierry Laborde, Donald Trump de retour à la maison blanche.
08:07Est-ce que vous voyez les entreprises qui changent leur plan pour investir aux Etats-Unis ?
08:10On le voyait avant.
08:12Avant Trump, bien sûr.
08:14Depuis longtemps. Pourquoi ? Parce que les différentiels de croissance sont tels
08:18qu'une entreprise qui a des produits, des savoir-faire,
08:22elle va investir et elle va se développer en Amérique du Nord.
08:25Donc nous, on est très bien positionnés.
08:27On a aujourd'hui la première banque de grande clientèle entreprise institutionnelle d'Europe
08:32qui fait la compétition avec des Américains.
08:34Voyez, j'étais cette semaine chez une grande licorne française que je suis personnellement.
08:38Sur ces banques d'investissement, il y a BNP Paribas et il y a trois Américains.
08:42C'est une licorne qui fait 500 millions de chiffre d'affaires seulement.
08:46Les trois Américains sont déjà là en matière de banque d'investissement.
08:49Mais quand même, je vous ai entendu, il n'y a pas d'effet Trump particulier.
08:52Vous voyez déjà ? Il n'y a pas d'accélération.
08:54Vous voyez déjà ? Et c'est lié à l'attractivité de la croissance sur le continent nord-américain.
08:58En gros, 3%, 1% en Europe.
09:00Il y a deux points de différentiel.
09:02Quand vous avez des produits à capacité de développement mondial,
09:06vous allez sur le continent nord-américain.
09:08Et notre atout, je termine juste, c'est de pouvoir accompagner des entreprises européennes
09:12pour aller aux Etats-Unis et des entreprises américaines qui souhaitent venir en Europe.
09:16C'est ce travail sur le corridor Amérique-Europe.
09:19Le président américain, il est contre les programmes de diversité.
09:22Il veut favoriser les énergies fossiles.
09:24Est-ce que ça, ça peut changer les politiques d'investissement, les choix ?
09:28Non, en tout cas pour nous.
09:29Et je ne pense pas que ça changera les politiques des entreprises.
09:32Parce que les entreprises, y compris les entreprises nord-américaines,
09:36leur plan de transition, ils sont là.
09:38Ils sont là.
09:39Et elles le feront.
09:40Quand vous voyez des grands banquiers américains,
09:41alors ils continuent à financer le fossile.
09:43Nous, on finance de moins en moins le fossile.
09:45Et on ne va pas changer notre politique.
09:47Mais ils financent aussi beaucoup les énergies renouvelables.
09:50Et ça, ça ne va pas changer.
09:52Thierry Laborde, le directeur général délégué de BNP Paribas.
09:55Merci d'avoir été sur France Inter.
09:57Merci Alexandra.