"Je rejoins totalement tout ce que dit Benatia. Ce sont des businessmen. L'entourage de la nouvelle génération ne leur parle que d'argent, jamais du sportif. Je n'en peux plus de ça"
Jérôme Rothen regrette que la génération actuelle de joueurs soit moins passionnée.
Jérôme Rothen regrette que la génération actuelle de joueurs soit moins passionnée.
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00:00Alors M. le Procureur, vous trouvez que la jeune génération est moins passionnée ?
00:03Oui, mais ça fait longtemps que je le pense,
00:07parce que je l'ai aussi vécu, alors moi c'est une autre génération, ça fait maintenant plus de dix ans que j'ai arrêté,
00:13mais je l'ai aussi vécu sur les dernières années de ma carrière, où je trouve que les jeunes qui arrivaient,
00:19il y avait moins de conscience professionnelle, moins de plaisir à venir s'entraîner, moins de plaisir à partager
00:26des choses dans le vestiaire ou sur les mises au verre, moins de plaisir à célébrer
00:31une victoire, moins de remise en question quand ça tourne pas rond,
00:37où tu peux te poser
00:39beaucoup beaucoup beaucoup de questions quand
00:42les résultats sont pas là, quand tu as une période de méformes, ça arrive à tous les joueurs, à ces périodes là, donc
00:47c'est pas lié qu'aux petits joueurs, aux joueurs moyens, même les grands joueurs, ils ont des périodes où
00:52pendant trois, quatre, cinq semaines, ça va moins bien, ça tourne pas rond, et pour que ça retourne rond, que le ballon
00:59retourne dans le bon sens et les résultats et tes performances dans le bon sens,
01:03c'est dû à ta remise en question, mais surtout à ce côté pour moi passionné, parce que le côté passionné, il est dans l'investissement au quotidien,
01:10mais il est aussi dans le travail invisible, qu'on dit souvent nous les sportifs de haut niveau et les footballeurs en l'occurrence,
01:16c'est que beaucoup de repos,
01:20bien manger,
01:21bien s'hydrater,
01:23voilà, ça c'est des choses qui font partie du côté passionné, et aujourd'hui,
01:28quand je lis l'interview de Mehdi, je me rejoins totalement à ce qu'il dit, alors lui, il le vit de l'intérieur aujourd'hui en plus, moi j'y suis plus
01:35dans le vestiaire, mais il le vit de l'intérieur, et il t'explique donc qu'il est obligé de mettre en place
01:39certaines choses pour que les joueurs prennent conscience que
01:43c'est une passion, c'est leur métier, c'est même un devoir, une obligation, donc un cuistot pour les étrangers, un ceci,
01:51le langage,
01:54le repos, les conseils...
01:56Oui, il raconte qu'il y a des joueurs qui ne comprennent pas qu'il y ait deux fois par semaine des cours de français.
01:59Non, non, ils ne comprennent pas, ils ne savent même pas pourquoi ça, pour
02:04t'adapter au plus vite,
02:06t'identifier au plus vite à la culture de la ville, du pays dans lequel tu es, et bien sûr qu'il y a un temps d'adaptation,
02:12mais ça, tu gagnes sur ce temps d'adaptation
02:15que tu peux mettre en place, que ce soit pour des français ou pour des étrangers,
02:18mais en fait, quand tu es obligé de leur
02:22mettre, de leur déplier le tapis rouge, de leur proposer des choses, ça veut dire aussi que, en quelque sorte,
02:29ils sont là, c'est des businessmen, c'est des businessmen, ils prennent un gros salaire, alors quand tu parles de l'Olympique de Marseille, bien sûr qu'ils ont des salaires qui vont
02:37à l'image et à la grandeur du club, c'est beaucoup plus élevé qu'à Strasbourg, qu'à Angers et tout ça,
02:42mais n'empêche que, je me dis, putain, mais même si à Marseille, t'es obligé de leur dire, il faut faire ça, il faut faire ceci,
02:48il faut faire cela, leur expliquer les choses, que le mec, alors là, il s'en prend à Hawaï, mais il peut s'en prendre
02:53aussi à Clos, il y a quelques mois, dans l'approche, quand il remet en question sur son physique, sur son état, sur son personnalité,
03:01sur son investissement, ben les mecs, ils comprennent pas, en fait, parce que, pourquoi, et c'est pour ça que je les attaque,
03:07cette nouvelle génération, parce que les entourages, aujourd'hui, ils te parlent que de business, aujourd'hui, qu'est-ce que j'entends pas ?
03:14Moi, je parle avec beaucoup d'agents aussi, tu sais, tu les croises, ces fameux agents, qui, nous, à l'époque, moi, j'en avais,
03:21j'en avais pas au début de ma carrière, mais après, ça s'est développé et tout le monde en avait, mais moi, je parlais du terrain,
03:26je parlais de mes performances, je parlais, c'était un confident, c'était un conseiller aussi, sur pourquoi ça et pourquoi ça,
03:35j'arrive pas à faire ça et pourquoi ceci, en fait, t'es changé, juste sur la passion, t'es changé pas pour l'oseille, t'es changé pas sur le business,
03:41aujourd'hui, ils te parlent que de business, les agents, tu les croises, vous voyez, mon joueur, il vaut ça, et puis, t'sais, il peut avoir une offre là,
03:47et puis, on va essayer de négocier ça, que du business, jamais du sportif, qu'est-ce qu'il pourra amener ? Peut-être un changement de poste, peut-être,
03:54non, non, mais en fait, ça, ça va, ça découle du côté passionné du joueur, réellement, donc, dès l'âge de 14 ans, ils ont tous des agents,
04:01et encore, je suis gentil, à 14 ans, ils les ont même à 10 ans ou à 8 ans, donc, en fait, ils leur mettent dans la tête que c'est, ben, une valeur marchande,
04:09le joueur est une valeur marchande, même à notre époque, je les rassure, nous, c'était ça aussi, mais il y avait ce côté passionné,
04:14mais non, mais eux, tu leur mets dans la tête qu'il faut jouer là, il faut gagner ça, et puis, si tu gagnes ça, t'as le côté individualiste qui rentre en ligne de compte,
04:22et après, tu vois, le portefeuille, le porte... Eh ben, moi, j'en peux plus de tout ça, et donc, pour faire changer les choses, moi, je dis,
04:30ce qu'a fait l'Olympique de Marseille, c'est très bien, c'est très bien, parce que là, il y a une remise en question dans l'approche du vestiaire,
04:37dans l'approche du football au quotidien, avec Mehdi Benatia, qui, lui, pour de bon, quand tu lis l'interview, mais tu transpires avec lui,
04:44tu sais que lui, jour et nuit, c'est l'Olympique de Marseille, c'est le football, alors ça durera ce que ça durera, peut-être qu'il sera visé au bout de 3-4 ans,
04:51mais oui, mais parce qu'il est totalement investi comme il était quand il était joueur, comme moi j'étais quand j'étais joueur, ou même avant,
04:57je suis sûr que Jean-Michel, il était pareil, Louisa, la même chose, ce que je veux dire, c'est que ce côté-là, il doit encore exister.
05:04— Il faut des anciens joueurs type Mehdi dans les clubs. — Oui, et que si tu n'as pas ça dans les clubs, ils s'endorment, les mecs,
05:11si tu leur parles que business, ils s'endorment, et ça, c'est pas possible. Non, c'est pas trop tard, c'est jamais trop tard de se larguer, jamais trop tard.