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00:00Ce que je veux, c'est vraiment montrer le chemin,
00:02vraiment vers une joaillerie respectueuse de l'humain et de la nature.
00:05C'est quelque chose qui est vraiment très, très, très important.
00:08Bonjour, je m'appelle Camille Wever, j'ai 45 ans
00:11et je dirige la maison de joaillerie Wever.
00:14Elle a été fondée en 1821 à Metz
00:17et connaît vraiment son essor à partir de 1872,
00:21suite à l'annexion de l'Alsace et la Lorraine,
00:23où mes aïeux viennent s'installer rue de la Paix.
00:27Et c'est vraiment à partir de ce moment-là
00:29que Wever va se distinguer, va se différencier
00:33et va être pionnier de ce qu'on appelle l'art nouveau.
00:35J'ai grandi avec quand même cette histoire très forte.
00:41Et puis, à l'âge de 16 ans, ma grand-mère m'a offert un bijou Wever.
00:44J'ai eu un déclic parce que j'ai ouvert l'écran.
00:47J'ai vu mon propre nom écrit Wever, 19 rue de la Paix.
00:50J'ai vu le regard de ma grand-mère,
00:53qui était aussi très émue par ce geste de transmission,
00:55qui est tout sauf anodin.
00:57Et je me suis dit, mais c'est tellement dommage finalement
01:00que cette maison aujourd'hui n'existe plus.
01:03Et je me suis fait la promesse de rendre à nouveau un jour la joaillerie vivante.
01:07Je mets beaucoup de temps, on va dire, à vraiment relancer la maison
01:12puisque je le fais à l'âge de 40 ans.
01:16Déjà, à 16 ans, on est extrêmement jeune, donc on peut avoir des rêves.
01:19Et puis finalement, ensuite, arriver à les réaliser,
01:22la mettre en pratique, ça met quand même pas mal de temps.
01:25Et ensuite, j'avais quand même envie de connaître le monde de l'entreprise
01:29et d'avoir mon expérience professionnelle.
01:31Donc en fait, moi, j'ai débuté en fusion acquisition et en stratégie,
01:36mais j'ai toujours été attirée par l'opérationnel en fait,
01:39notamment toute la partie synergie, création de valeur.
01:43Et donc, à la fin, j'ai dirigé une société dans la recherche clinique.
01:49Et là, pour le coup, c'était un secteur que je ne connaissais pas du tout,
01:53très fermé, et je suis parvenue à redresser l'entreprise.
01:57C'est là où j'ai eu ce second vraiment déclic, où je me suis dit,
02:01tiens, si j'étais capable finalement de redresser cette entreprise
02:06dans le domaine de la santé, je peux relancer la maison de joaillerie Vever.
02:12Créer une entreprise déjà, c'est très compliqué,
02:14mais c'est vrai que relancer une entreprise comme Vever,
02:19c'est-à-dire avec ce patrimoine immense, il y a bien sûr un challenge,
02:22mais il y a aussi un devoir quelque part,
02:24parce que j'ai la responsabilité du nom, de l'histoire.
02:28Et donc pour moi, le premier challenge, c'était finalement arriver à relancer Vever
02:34avec ce même niveau d'excellence et de savoir-faire
02:38qu'était le Vever du 19e siècle et du 18e siècle,
02:42et également du début du 20e siècle.
02:46Et c'est pour ça que je me suis également entourée des meilleurs,
02:48parce que c'est ça le secret, d'un atelier de joaillerie
02:52qui travaille pour la Place Vendôme,
02:53et également une directrice créative de renom
02:56qui a travaillé pour Cartier notamment et pour Harry Winston.
03:00Je dirais que le deuxième élément qui a été aussi compliqué,
03:02c'était bien sûr récupérer la marque.
03:04Quand j'ai vu que la propriété intextuelle n'était pas disponible,
03:06qu'elle avait été déposée partout dans le monde,
03:08là je me suis dit, ça va être vraiment super compliqué,
03:12puisque là j'ai dû vraiment m'engager dans un contentieux.
03:15Moi, j'avais mis tout mon argent personnel,
03:18personne ne me suivait sauf des membres de ma famille
03:21qui, j'ai envie de dire, avaient un peu pitié de moi.
03:23Mais c'est impossible de lever des fonds
03:26quand vous n'avez même pas la propriété intextuelle de votre nom.
03:29J'ai fait une première levée de fonds,
03:33ce qu'on appelle de la Love Money,
03:36et puis ensuite j'ai fait une autre levée de fonds
03:38avec des anciens professionnels du secteur.
03:41Ce qu'ils ont aimé dans le projet, déjà c'était le nom,
03:43les histoires, les archives.
03:45Et puis moi, ils ont aimé le fait que j'avais déjà bien sûr géré une entreprise.
03:51Et en joaillerie, le sujet, c'est ce qu'on appelle le besoin en fonds de roulement, le BFR.
03:56C'est-à-dire qu'il faut beaucoup, beaucoup de cash
03:58pour pouvoir financer le stock.
04:01Il y a aussi beaucoup de communication, donc c'est très cash intensive.
04:05Et donc c'est vrai que d'avoir également une financière à la tête de la société,
04:10ça rassure beaucoup.
04:11Et ensuite, j'ai fait une levée de fonds beaucoup plus importante
04:14avec des investisseurs externes.
04:18Et là, en fait, ce qu'ils ont apprécié,
04:21c'est aussi le fait que des experts du secteur
04:25avaient également investi dans la société.
04:28Donc finalement, ils étaient rassurés en disant
04:31« Nous, on n'est pas forcément très familiers avec le secteur,
04:35mais il y a ces experts du secteur qui ont investi.
04:39Et puis il y a le profil également de Camille qui nous rassure. »
04:43Donc c'est aussi pour ça que j'ai mis plus de temps
04:45et c'est aussi pour ça que mon expérience que j'ai eue
04:48en tant que dirigeante de cette société dans la recherche clinique
04:51m'a vraiment donné confiance
04:54et m'a donné finalement les ailes pour me lancer dans cette aventure folle.
04:59Le marché de marque de la joaillerie, c'est un marché qui est oligopolistique.
05:03On a trois énormes groupes qui trustent tout le marché.
05:06Il faut proposer quelque chose de différent.
05:09Ce qu'ils aiment chez Vévers,
05:11c'est déjà quelque part des valeurs communes qu'il y a avec ces autres grandes maisons,
05:18c'est-à-dire l'histoire, le savoir-faire
05:20et le fait aussi que nous, tout soit fabriqué en France.
05:24Ça, c'est quelque chose qui est super important.
05:25On a une vraie signature.
05:27Donc quand on voit un bijou Vévers, on sait que c'est un bijou Vévers.
05:30C'est vraiment inspiré de la nature, de la faune et de la métamorphose de la femme.
05:35Quand on vient chez Vévers, c'est une expérience qui est très différente des autres maisons.
05:40On arrive quelque part dans cette maison familiale.
05:44On se sent un petit peu chez soi quelque part.
05:47Et puis Vévers aussi, c'est une maison qui est très authentique, qui est très engagée.
05:52Quelqu'un qui achète un bijou Vévers va vraiment ressentir les valeurs de la marque.
05:57Et en achetant un bijou Vévers, c'est acheter un bijou qui est totalement écoresponsable,
06:03qui promeut le savoir-faire artisanal français, qui protège la planète,
06:07qui soutient l'entreprenariat féminin également et qui permet de démontrer
06:13que finalement, le luxe et la responsabilité, la durabilité ne sont pas du tout antinomiques.
06:21Et ça, nos clients, ça leur parle énormément.
06:25L'entreprenariat, c'est quelque chose d'absolument extraordinaire.
06:29On va créer sa marque, on va créer son branding, on va créer son business model.
06:32Après, la problématique de l'entreprenariat, c'est qu'on fait tout from scratch depuis le début.
06:36Donc en fait, ça serait qu'on arrive à remonter une boîte en un an,
06:41à trouver tous nos clients et à développer un chiffre d'affaires de dingue et être rentable tout de suite.
06:46Ça ne se passe pas comme ça.
06:47Il y a plein de sujets dans l'entreprenariat, des sujets de financement,
06:51des sujets d'association, des sujets de go-to-market, des sujets de BFR, etc.
06:59Je pense que pour être entrepreneur, il faut être très optimiste.
07:01Sinon, il ne faut vraiment pas y aller.
07:03Mais tout en étant super rationnel et en connaissant aussi les risques.
07:09C'est pour ça que l'idée, c'est quand même d'arriver à s'entourer vraiment de personnes
07:14qui sont complémentaires à vous pour pouvoir justement former l'équipe la plus performante et la plus efficace.
07:21Et puis tous les jours, il y a son autre surprise avec des déconvenues
07:24et puis également des surprises super positives, etc., des bonnes nouvelles.
07:28C'est un peu un ascenseur émotionnel.
07:29Comme c'est votre entreprise, vous vivez les choses, en tout cas moi,
07:34de façon beaucoup plus personnelle que quand c'est en entreprise.
07:38Vous ne pouvez plus dormir la nuit, vous pensez tout le temps, vous arrivez le soir,
07:43vous voyez vos enfants, vous n'arrivez plus à vous connecter à eux et c'est ça le problème.
07:48Il faut arriver à prendre ce recul qui est nécessaire pour l'entreprise,
07:53pour soi et puis pour son entourage.
07:56L'entrepreneur, il peut se sentir très seul typiquement.
08:01S'il n'a pas d'associé, s'il a vraiment une toute petite équipe,
08:06il va devoir gérer tout seul l'adversité qu'il va rencontrer et tout.
08:12Et c'est pour ça que c'est bien ces groupes d'entrepreneurs qui existent.
08:18Je pense qu'ils sont super importants parce que ça permet justement de se retrouver, d'échanger
08:22et puis aussi de se dire finalement, on n'est pas seul.
08:25C'est ça qui est super aussi dans la vie entre guillemets entrepreneuriale,
08:29c'est qu'on rencontre des personnes qui sont absolument incroyables,
08:33que je considère un peu comme des mentors.
08:36Donc il y a Thierry Fritsch qui est l'ancien dirigeant de quartier et de chômage
08:44que j'ai rencontré au tout début de l'aventure et que je vois très régulièrement.
08:50Et il y a également François-Henri Benhamias qui est un très grand monsieur
08:55qui est l'ancien CEO entre autres d'Odmar Piguet.
08:58Et j'ai énormément de chance parce que dès qu'il passe à Paris,
09:02je le vois et je bénéficie de ses conseils, de son expertise.
09:07Et c'est vrai que c'est super important parce que l'entrepreneur,
09:10de temps en temps, peut se sentir très seul, même avec ses actionnaires
09:14parce qu'il y a toujours cette question de ce qu'on fait, est-ce que c'est la bonne chose ?
09:20C'est normal de temps en temps d'avoir des échecs ou d'avoir des difficultés.
09:23La question, c'est plutôt de se dire comment est-ce qu'on les surmonte ?
09:26Il faut vraiment arriver à être agile, il faut arriver à rebondir.
09:29Et c'est pour ça que c'est super de pouvoir rencontrer d'autres personnes
09:33qui vont justement partager leurs grandes expériences
09:36et puis vous donner vos conseils.
09:39C'est vrai que je trouve que les coachs, c'est une super idée.
09:42C'est hyper important d'aider l'entrepreneur, la santé mentale de l'entrepreneur.
09:46Moi aussi, j'ai un coach pour pouvoir m'aider.
09:49Être super bien entourée, donc avoir un mari ou en tout cas un compagnon qui est là
09:55et qui vous écoute parce que c'est vrai que l'entrepreneur, je pense, divorce beaucoup.
09:59Et puis, je pense qu'il faut se discipliner aussi en tant qu'entrepreneur
10:05et se mettre des barrières.
10:07Très souvent, il y a le boulot qui peut revenir,
10:09mais j'essaie vraiment de m'astreindre quand même des règles.
10:12Tous les matins, j'emmène mes enfants à l'école
10:15et puis j'essaie, j'ai peut-être moins de temps avec eux,
10:17mais j'essaie de privilégier des moments de qualité
10:19puisque la quantité reste quand même compliquée.
10:24Moi, le conseil que je donnerais à un entrepreneur qui veut se lancer,
10:28donc il y a plusieurs choses, c'est faire une analyse de marché approfondie,
10:32une analyse de son projet, un business plan, son business model.
10:35Faire aussi un plan de trésorerie.
10:37C'est-à-dire, typiquement, on voit qu'en joaillerie, le BFR, il est très important.
10:42Il faut financer les stocks, mais il n'y a pas que ça.
10:44C'est-à-dire qu'en fait, une vente en joaillerie,
10:47surtout au tout début quand on n'est pas connu, ça met du temps.
10:50Et ensuite, je pense que c'est quand même bien pour un entrepreneur
10:55d'arriver à s'entourer.
10:56Je pense que c'est bien d'être associé et de ne pas être tout seul.
11:01Et enfin, dernièrement, ce que je ferais, c'est que je présenterais
11:05mon projet à plusieurs personnes.
11:10Pas forcément des financiers,
11:12mais des personnes qui connaissent le secteur ou qui sont des entrepreneurs
11:15pour être un petit peu challenge et avoir un petit peu leur avis,
11:21voir si on va dans la bonne direction.
11:22Mon objectif, c'est que dans 200 ans, Vever, bien évidemment, soit toujours là.
11:27On va se développer en retail avec des points de vente propres Vever.
11:34Et très certainement, on va aussi se développer avec d'autres maisons de joaillerie
11:38créatives, également engagées, qui partagent les mêmes valeurs que nous.
11:43Pour moi, la clé, c'est l'authenticité.
11:45On peut la retrouver, bien évidemment, à travers les valeurs de l'entreprise,
11:48ce qui est notre cas aussi.
11:50Et puis donc également à travers l'expérience qu'aura le client,
11:54typiquement en achetant un bijou Vever.
11:57Mais je pense que les clients aujourd'hui recherchent quelque chose de différent.
12:04Ils sont quand même, je pense, lassés aujourd'hui de ces gros groupes
12:11qui ont beaucoup d'argent, qui dépensent beaucoup en marketing, en communication,
12:17où finalement, on est un petit peu perdu.
12:20Ce que représente vraiment le luxe, c'est qu'ils recherchent une expérience.
12:25Et il faut que tout soit exceptionnel du début jusqu'à la fin.
12:28Et après, en effet, il y a les jeunes aujourd'hui qui regardent de plus en plus
12:34la traçabilité des bijoux, la composition des bijoux.
12:40J'ai certaines clientes qui ne sont pas forcément, entre guillemets,
12:43hyper jeunes, qui ont genre la quarantaine, mais qui disent
12:46« Mais en fait, ça me semble inconsable aujourd'hui d'acheter un diamant,
12:52un diamant de mine.
12:54Quand je connais l'impact que ça peut avoir au niveau de l'extraction minière,
13:00il y a quand même une vraie problématique d'opacité, de transparence sur la filière du diamant.
13:05Et on a quand même de plus en plus de personnes qui attachent de l'importance aussi à cet aspect-là.
13:13Je vous recommanderais bien, comme personnalité très inspirante à interviewer, Pauline Duval,
13:20qui dirige son groupe familial aux côtés de son père et de son frère de 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires.
13:25C'est quelqu'un qui a énormément travaillé
13:28et qui est vraiment arrivé à réinventer aussi le groupe.
13:31Elle investit dans beaucoup de start-up et des start-up à l'impact.
13:35C'est une femme assez formidable qui sera ravie de se prêter au jeu de l'interview.