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L’hebdo pour adolescents abandonne la version papier pour coller aux nouveaux usages de lecture des 14-19 ans

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00:00Votre invitée média Céline Baydercourt, c'est la rédactrice en chef de Phosphore, magazine pour ados qui décide d'abandonner
00:06la formule papier pour passer au tout numérique.
00:09Bonjour Victoria Jacob.
00:10Bonjour.
00:10Phosphore, c'est pour les 14-19 ans, pour les accompagner dans leur vie de lycéen et pour leur expliquer l'actualité.
00:15Il sort chaque semaine et désormais on ne le trouve plus en kiosque.
00:18Les abonnés le reçoivent par mail ou par sms.
00:21Est-ce que l'abandon du papier est un échec ?
00:23Ah non, c'est pas un échec.
00:25On s'est posé beaucoup de questions, ça c'est sûr, et ça fait longtemps qu'on y réfléchit.
00:28Mais c'est pas un échec au sens où nous, notre patron, c'est les ados, c'est les enfants.
00:34Et du coup pour continuer à leur parler, on s'est rendu compte depuis un petit moment
00:38qu'on n'arrivait plus à les toucher via le papier.
00:41Et 15 000 ventes en kiosque.
00:42Ouais, à peu près. Alors non, pas 15 000 ventes en kiosque, 15 000 abonnés,
00:47enfin 13 000 abonnés et 1 000 ventes en kiosque.
00:49Donc un total de 15 000.
00:51Voilà, à peu près 15 000.
00:53Mais moi, mes équipes, je les envoie régulièrement, on va dans les lycées
00:57et on se rendait bien compte que soit on n'était plus très connus,
01:00soit quand on leur demandait comment est-ce qu'ils s'informaient,
01:03ils répondaient toujours via leur téléphone.
01:04Mais ça vous réalisez aujourd'hui, en 2025, que les jeunes ne lisent plus de papier ?
01:08Pardon.
01:09Non, on a été un peu, on a voulu s'accrocher, on a voulu rester militants sur le papier
01:14en espérant que les deux puissent se combiner en fait,
01:17d'avoir un téléphone et d'être un ado classique sur un téléphone
01:21et d'avoir cette envie de se poser sur le papier.
01:23Mais ce qui est dingue, c'est que jusqu'à présent,
01:24vous n'aviez pas de version numérique pour Fosfor ?
01:26Comment est-ce possible ?
01:28On avait un écosystème numérique avec une chaîne YouTube,
01:31une chaîne YouTube, des réseaux sociaux, un site internet.
01:35Mais c'est vrai qu'on mettait plutôt la gomme sur le papier
01:38parce que c'est notre ADN à Bayer Jeunesse d'être sur le papier
01:42et on avait cet espoir quand même pendant longtemps
01:44de pouvoir les prendre dès tout petits et de les amener jusqu'à l'âge adulte.
01:48Donc là, les abonnés au papier deviennent des abonnés numériques d'office ?
01:52Ils n'ont rien à faire ? Pas de démarche ? Comment ça se passe ?
01:54Alors si, ils ont une démarche à faire, c'est s'ils veulent le recevoir sur téléphone,
01:58il faut qu'ils nous donnent leur numéro de portable, leur 06,
02:01et donc le plus souvent les parents
02:03puisque ce n'est pas les enfants qui décident de donner leur numéro de téléphone.
02:06Mais donc il y a eu toute une campagne de communication auprès de nos abonnés
02:10et de leurs payeurs en fait, des parents,
02:13pour qu'ils renseignent leurs mails et leurs SMS.
02:16Et est-ce que la plupart des abonnés sont restés abonnés via le numérique ?
02:20Pour l'instant, oui.
02:21100% pour l'instant ?
02:22Non, pas 100%.
02:23Évidemment, il y a des gens qui ont souhaité arrêter leur abonnement,
02:27mais on est très contents parce qu'on en a plus que ce qu'on espérait.
02:31Il faut nous expliquer à quoi ça ressemble quand même.
02:33Si on reçoit un SMS, sur quoi on tombe ?
02:35Alors le vendredi 18h, on recevait un petit SMS disant ton phosphore est arrivé.
02:41On clique et en fait, c'est une web app qui se déclenche.
02:44Donc on arrive directement sur un navigateur
02:46dans lequel on se déplace comme dans une story Instagram.
02:49Donc c'est le système du swipe.
02:51Donc on passe d'un écran à l'autre via le swipe.
02:53Et on a aussi ce système de scroll,
02:55ce qui permet d'avoir toujours de la lecture.
02:57On a toujours des articles au long.
02:59Le scroll, c'est défiler vers le bas en fait.
03:01Et donc nos articles, ils sont dans le sens de la longueur.
03:04On a aussi plein de formats interactifs, des quiz d'actu, de la vidéo évidemment.
03:09Des vidéos courtes façon TikTok ?
03:11On a des vidéos courtes et des un peu plus longues.
03:13On a des reportages qui font jusqu'à 3 minutes, 30, 4 minutes selon les sujets.
03:18Et puis on a aussi des vidéos un peu plus courtes.
03:20Est-ce que c'est une occasion cette bascule de revoir le fond,
03:22de repenser la proposition éditoriale ?
03:24Alors pas complètement parce que nos trois pieds,
03:27on a toujours dansé sur trois pieds à Phosphore.
03:29On danse sur l'actu, l'actu du monde.
03:32Expliquer le monde aux ados pour qu'ils sachent
03:34dans quel monde ils évoluent et dans quel monde ils grandissent.
03:37L'actu des lycéens, tout ce qui est orientation,
03:41les cours, trouver sa voie, savoir ce qu'on va faire.
03:44Et puis ce qu'on appelle nous un peu génération,
03:47c'est toute la vie des ados.
03:50Que ce soit les relations avec leurs parents,
03:52avec leurs amis, leurs loisirs,
03:54les réseaux sociaux évidemment.
03:56Mais vous ne vous dites pas que la baisse des ventes
03:58peut aussi s'expliquer par le choix de vos sujets,
04:00la manière de les traiter, qui ne colle peut-être plus
04:02avec les attentes des ados d'aujourd'hui ?
04:04Alors on rencontre souvent nos lecteurs et nos ados
04:07et une fois qu'on leur met le nez dedans,
04:10dans ce magazine et qu'on leur fait ouvrir,
04:12ils nous disent toujours « ah ben c'est super,
04:14ah ben c'est exactement nous », etc.
04:16On passe beaucoup de temps quand même avec les ados
04:18pour les utiliser juste, pour ne pas être trop descendant.
04:21On espère ne jamais l'être.
04:23Mais on passe beaucoup de temps avec eux,
04:25on a tout un petit pool d'ados qu'on va régulièrement voir
04:27pour voir si on n'utilise pas un vocabulaire un peu ringard
04:29ou un truc comme ça.
04:31Et du coup eux ils nous disent, une fois qu'ils le lisent,
04:33qu'ils sont très contents,
04:35les parents nous disent « ah ben ça m'aide à comprendre
04:37plein de trucs sur mon ado ».
04:39Mais encore faut-il qu'ils passent dans les mains
04:41et le problème c'est avec les ados,
04:43passer dans les mains c'est pas facile.
04:45La tranche d'âge quand même, 14, 19 ans,
04:47c'est énorme entre celui qui a 14 ans
04:49et celui qui en a 19. Comment vous faites pour vous adresser à tout le monde ?
04:51Dans les faits,
04:53on espère s'adresser à tout le monde,
04:55dans la réalité on n'est pas sûr que ce soit exactement ça.
04:57Bien sûr notre cœur de cible
04:59il est à 15-16 ans à peu près.
05:01Et puis après tout dépend de la maturité
05:03d'un ado.
05:05Certainement il y a des 12-13 ans
05:07qui nous disent déjà lire Phosphore,
05:09il y a des 19 ans qui continuent.
05:11Ceux qui sont étudiants,
05:13qui sont déjà rentrés un peu dans les hautes études,
05:15je ne suis pas sûre qu'ils y trouvent
05:17toujours leur compte.
05:19On est très axé bac,
05:21première terminale, seconde première terminale.
05:23Et même pour les journalistes de Phosphore,
05:25c'est un changement énorme, cette bascule numérique.
05:27L'écriture pour un journal n'est pas la même
05:29que pour un média numérique, il y a des codes différents.
05:31Est-ce que tout le monde chez vous se sent à l'aise
05:33avec ce changement ?
05:35On a laissé la possibilité d'accepter ce changement ou pas.
05:37Ceux qui sont restés, oui.
05:39Je pense qu'on a vraiment un truc,
05:41c'est qu'au-delà d'être d'abord un magazine papier,
05:43au-delà d'être d'abord un magazine digital,
05:45on est un magazine pour les ados.
05:47Et je pense que nos journalistes, ils ont une vraie passion
05:49pour les ados et pour leur faire
05:51comprendre l'actualité,
05:53leur décrypter l'actualité, trouver les bons mots,
05:55trouver les bonnes façons d'expliquer les choses.
05:57Et je pense que c'est ça qui les a motivés
05:59à rester, c'était de rester sur ce public-là
06:01qui leur plaît.
06:03La moyenne d'âge dans la rédaction, c'est quoi ?
06:0530.
06:07Un peu moins de 30 ans.
06:09Ce sont eux-mêmes des utilisateurs d'Instagram, etc.
06:11Une dernière question,
06:13Victoria Jacob, est-ce qu'à Fosford,
06:15on utilise l'intelligence artificielle ?
06:17Alors non, à Bayard, d'une manière générale,
06:19on n'utilise pas l'intelligence artificielle
06:21ou alors pour des
06:23process très techniques
06:25en images, détourer
06:27des images, etc. Mais en tout cas,
06:29on ne s'en sert pas pour la création.
06:31C'est un principe que vous respectez ?
06:33Oui, c'est une charte qu'on a posée à Bayard.
06:35Ni pour l'image, ni pour le texte, on ne s'en sert pas.
06:37Merci beaucoup, Victoria Jacob.
06:39Rédactrice en chef du magazine,
06:41désormais exclusivement numérique, Fosford.
06:43Invité média de Céline Baydercourt.

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