• il y a 3 jours
Rejoignez l’équipe du magazine Éléments, emmenée par Olivier François, entouré de ses complices : Xavier Eman, rédacteur en chef, Patrick Lusinchi, directeur artistique, ainsi que Daoud Boughezala et Christophe A. Maxime. À l’occasion de la sortie du nouveau numéro d’Éléments, la rédaction se penche sur la renaissance des religions autochtones païennes, notamment à l’Est de l’Europe, où elles sont à la fois une affirmation identitaire locale et une réponse au nihilisme matérialiste de la post-modernité.
Au menu également : un focus sur la débâcle française en Afrique et le "tour de France des 14 écoles de journalisme", pouponnière du politiquement correct, à l’occasion de la sortie du livre de Xavier Eman, "Formatage continu".
Le rendez-vous musclé et impertinent du magazine des idées.

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Transcription
00:00♫ Générique de fin ♫
00:16– Chers amis, bonjour, bienvenue dans cette nouvelle édition du Plus d'éléments,
00:20l'émission de la revue des idées pour la civilisation européenne.
00:23Je me permets de vous souhaiter une bonne année,
00:25tous mes voeux de santé et de prospérité, comme on dit en Asie.
00:28Alors, pour présenter ce numéro, février-mars 2025 de notre revue,
00:33j'ai le plaisir d'être accompagné par Daoud Bourezala,
00:37bien connu maintenant, vous êtes un habitué de ce plateau, cher Daoud.
00:41Xavier Aimant, pas pour la première fois,
00:43mais ça fait bien longtemps qu'on ne vous avait pas vu.
00:44– C'est pour la première fois, tout à fait.
00:45– C'est pour la première fois, alors bienvenue,
00:47vous êtes le rédacteur en chef de notre revue.
00:50Vous êtes aussi rédacteur en chef, je crois,
00:51d'une excellente revueitaire qui s'appelle Livre Arbitre.
00:54– Tout à fait.
00:55– On ne se lâche jamais de s'adouer Livre Arbitre.
00:58Christophe-André Maxime, cher Christophe, bonjour,
01:01un habitué et bien connu de nos téléspectateurs,
01:04et notre directeur artistique, Patrick Luzinki.
01:07Alors, je montre la une de ce numéro, le retour des dieux.
01:12Ce n'est pas la première fois d'ailleurs qu'Éléments publie un livre,
01:17enfin pas un livre, pardon, excusez-moi,
01:19dont la une c'est le retour des dieux,
01:21enquête sur le renouveau païen en Europe.
01:23Alors, j'ignorais qu'il y avait un renouveau païen en Europe,
01:25j'ignorais qu'il y avait, notamment, alors vous verrez dans les articles,
01:29il y a une enquête sur ce renouveau païen, notamment dans les Pays-Baltes.
01:32Est-ce que vous pourriez nous parler un peu de ce dossier sur Xavier Éléments ?
01:35– Oui, bien sûr, alors le paganisme, ça fait partie du corpus de la revue Éléments,
01:40ça fait partie de l'ADN de la Nouvelle Droite.
01:42On en parle régulièrement dans nos colonnes,
01:45mais ça faisait en effet un certain temps
01:46qu'on n'avait pas consacré véritablement un dossier à ce sujet.
01:50Et donc, c'est pourquoi on l'a fait dans ce numéro 212,
01:55parce qu'on voulait revenir déjà sur ce qu'est le paganisme,
01:59c'est en effet quelque chose qui n'est pas forcément évident pour le grand public,
02:04et on voulait le faire aussi sous un angle à la fois historique,
02:07intellectuel, comme on l'a souvent fait,
02:09mais aussi du point de vue d'une certaine actualité,
02:12c'est-à-dire en faisant un panorama de ce qu'est le paganisme vivant,
02:18vécu aujourd'hui, en ce début d'année 2025.
02:23Donc on a fait une enquête un peu sur les différentes obédiences païennes,
02:30parce qu'évidemment le paganisme est multiple,
02:32il revêt différentes formes, très différentes,
02:36que ce soit si on parle de la religion romaine, antique romaine,
02:39ou si on parle du paganisme nordique, c'est évidemment pas du tout la même chose.
02:43Donc on fait un panorama comme ça, à travers l'Europe,
02:47des différentes associations cultuelles qui portent ce paganisme,
02:53et en effet on s'est rendu compte, au fil de notre travail sur ce sujet,
02:57que la zone géographique où ce paganisme est le plus vivant,
03:03ou en tout cas il connaît un indéniable renouveau,
03:06c'est à l'Est de l'Europe, et notamment dans les pays baltes.
03:11– Ce qui est d'ailleurs expliquable puisque les pays baltes
03:13ont été les derniers pays convertis au christianisme.
03:15– Oui, il y a évidemment des explications historiques assez claires,
03:22et donc on a fait un focus sur ce paganisme d'Europe de l'Est,
03:28qui est en effet assez intéressant, parce que ce sont des religions,
03:31on va dire, indigènes ou autochtones qui ont été longtemps persécutées,
03:37interdites par les régimes communistes et sous l'empire soviétique,
03:43qui depuis la chute de l'empire soviétique,
03:46renaissent peu à peu, notamment auprès de la jeunesse,
03:49il y a une jeunesse dans ces pays-là qui s'intéresse à ces religions autochtones,
03:54qui redécouvre ces rites ancestraux,
03:58et donc c'est tout cela qu'on a voulu mettre en lumière dans ce numéro,
04:03sur un thème en effet qui est cher à notre revue.
04:06– Qui est cher à notre revue, question à poser,
04:07il faut rappeler aussi qu'Alain de Benoît signe un texte,
04:10un peu d'introduction, qui s'appelle
04:11« Réenchanter le monde », qui est un texte, on va dire, plus philosophique,
04:15sur qu'est-ce que le paganisme et qu'est-ce que l'esprit païen ?
04:18Vous êtes catholique, je crois Xavier Aimand,
04:21la revue est très diverse spirituellement,
04:24est-ce que vous pensez qu'un chrétien peut regarder avec une certaine amitié
04:30l'esprit païen ?
04:31Parce qu'on oppose parfois d'ailleurs, le paganisme au christianisme,
04:34mais le christianisme européen est mêlé en un certain regard.
04:38– Oui, les deux sont très largement imbriqués.
04:41Moi, j'ai eu la charge de ce dossier en n'étant en effet pas spirituellement païen,
04:47justement pour avoir peut-être un peu un regard aussi extérieur,
04:50un regard un peu aussi béotien d'une certaine façon,
04:55et j'ai trouvé ça tout à fait intéressant, même en tant que catholique,
05:00parce que c'est évidemment, ce paganisme est une partie
05:03de notre identité européenne, c'est une partie de notre histoire
05:05qu'on ne peut pas négliger et qui a nourri le christianisme de ses débuts,
05:12même assez tardivement, donc moi je n'y vois pas du tout d'opposition,
05:18je ne suis pas sensible spirituellement ou religieusement au paganisme,
05:22mais j'ai un grand intérêt pour ce travail que nous avons réalisé
05:27d'un point de vue en effet identitaire, historique et même philosophique,
05:32et d'ailleurs le texte d'introduction d'Alain Benoît qui est lumineux,
05:36comme dirait François Bousquet, comme très souvent Charles Benoît,
05:41montre bien tout ce qu'il peut y avoir d'intéressant
05:45dans cette approche spirituelle, et notamment en quoi elle peut apparaître
05:50pour certains comme une réponse au nihilisme ambiant,
05:54en effet au désenchantement du monde, au fait que le matérialisme
05:57s'est imposé de façon totalitaire sur nos sociétés
06:01et qui explique qu'on recherche du sacré,
06:04on recherche un retour à une certaine spiritualité,
06:07et parfois par ces voies qui sont celles de religions ancestrales ou antiques.
06:12– Centralité de la beauté d'ailleurs, nous dit Alain Benoît dans l'Esprit païen.
06:16Citons d'ailleurs le père jésuite Jean Danielou
06:20qui expliquait que l'antique religion de l'Europe était le paganisme
06:23et que le christianisme était tout autre chose,
06:26n'était pas tout à fait une religion,
06:27mais selon le père Danielou évidemment davantage qu'une religion.
06:31Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter sur le dossier paganisme ?
06:33– Je veux dire, le retour, ce qui est intéressant dans tous ces pays de l'Est,
06:37c'est qu'en fait on s'aperçoit que ce qui pousse à avoir des églises païennes,
06:42c'est l'identité, la grande différence qu'il y a,
06:45c'est que le paganisme n'est pas pareil en France
06:49comme il l'est dans les pays de l'Est, etc.
06:51En fait il n'y a pas quelque chose qui unit tous ces peuples-là,
06:55donc ce qui est intéressant c'est de voir que c'est un retour,
06:59on dit le retour des dieux,
07:00mais c'est le retour aux identités qu'on est en train de voir.
07:02Et le gros souci avec les religions monothéistes
07:06c'est que l'identité est un peu aujourd'hui évacuée,
07:10on a une identité, que ce soit chez les musulmans, les juifs ou chez les chrétiens.
07:15Donc ce retour, on s'aperçoit que dans les Pays-Bas,
07:19ça représente parfois un tiers de la population qui se sent proche de cette…
07:24– Qui est reconnue d'ailleurs par l'État.
07:25– Qui est reconnue par l'État, dans certains pays.
07:29– Il y a un très bel article de Guillaume Travert dans ce dossier,
07:33un article dont la valeur excède largement la longueur,
07:35sur l'Albanie d'Ismaïl Kaddare,
07:37ce monde de mythes ancestraux, de droits coutumiers qu'on appelle le Kanoun.
07:42Et ça m'a bizarrement, le fait de ressusciter un petit peu
07:48toute cette mystique de l'honneur, notamment à travers deux ouvrages,
07:52le dossier H par rapport à l'épopée homérique,
07:56et qui a ramené du rutine, qui est très ancré
07:58dans les mythes profonds de la société albanaise.
08:00Bizarrement, l'Albanie d'Orwéandja, qu'il faut-il le rappeler,
08:04avait aboli officiellement toute religion.
08:06Je crois que c'est le seul pays au monde à avoir fait.
08:08Ça m'a ramené vers notre France et vers une phrase,
08:12puisque j'ai l'esprit d'escalier,
08:13que j'ai entendue dans la bouche de Rhys de Charlie Hebdo récemment,
08:16qui disait, le projet de Charlie Hebdo, c'est une société sans mythes.
08:21Mais il ne peut pas y avoir de société qui tient sans mythes.
08:24D'ailleurs, cette illusion est peut-être un mythe moderne,
08:27c'est peut-être le bout du bout de la modernité.
08:29D'ailleurs, les pauvres ont été rappelés au réel
08:32par des gens qui croient à d'autres mythes,
08:34un monothéisme, pour le coup, assez fermé.
08:36Et voilà, je recommande à tous la beauté de cet article très touchant, Guillaume.
08:41– Très bel article, en effet, sur le regretté Cadarré
08:44qui est mort il y a quelques années.
08:45– Non, il y a quelques mois, oui.
08:47– Il y a quelques mois, qui est une œuvre admirable d'ailleurs.
08:51Alors, voilà, au retour des dieux, on pourrait passer des heures
08:53à parler de paganisme.
08:55– Moi, ça rejoint un peu tout le travail qu'avait fait Patrick Buisson
08:59sur la fin du catholicisme, en expliquant que la fin des saints,
09:03la fin des pardons, etc., petit à petit,
09:06qui avaient été mises en place par l'Église catholique,
09:08avaient fait disparaître, je veux dire, la spiritualité en France.
09:12Et ce retour va dans le même sens.
09:15Le christianisme, effectivement, c'est ce que disait Xavier Aimand,
09:19c'est énormément basé, dans les pays qu'il a conquis,
09:22sur les anciennes religions.
09:24– Sur la culture paysanne, pour en revenir à l'étymologie du terme païen
09:29qui est pagus, paysan.
09:30Alors, nous allons passer de la religion ancestrale de l'Europe
09:34à la France-Afrique, mon cher.
09:36On fait un peu du cocalade, mais la France-Afrique.
09:39Alors, quand on prononce ce mot, ça inspire beaucoup de fantasmes,
09:45que ce soit la France-Afrique, on le connaît peu.
09:48On a deux tendances, d'ailleurs.
09:50Soit c'est l'abomination de la désoléisation, pour une certaine gauche,
09:54soit on revendique, à droite parfois,
09:56contre la repentance coloniale, cette France-Afrique.
09:59Alors, vous avez fait un entretien avec Stephen Smith,
10:04peut-être que nos téléspectateurs connaissent,
10:06puisqu'il avait écrit, il y a quelques années,
10:09un livre, La Grande Ruée vers l'Europe.
10:12Et là, il publie un livre, dont je vais rappeler le titre,
10:14qui est Afrique conquête et retraite de l'armée française.
10:17– Donc, grand titre, c'est Requiem pour la coloniale.
10:19– Requiem pour la coloniale, exactement.
10:21La coloniale, on connaît par les films et par les chansons aussi,
10:25ce que ça représentait.
10:26Et alors, il a une vue assez équilibrée, direz-vous,
10:30sur l'histoire de cette France-Afrique,
10:32cette implication importante de l'armée en Afrique.
10:36– Et d'ailleurs, c'est le premier à me corriger, Stephen Smith,
10:38lorsque moi aussi, j'ai été tenté d'utiliser ce terme de France-Afrique,
10:41qui est connoté, puisque France-Afrique,
10:44ça ne désigne pas l'histoire longue des relations entre la France et l'Afrique,
10:47mais c'est, grosso modo, quelqu'un qui a été reçu ici sur TVL,
10:52notamment Robert Bourgi, je crois.
10:56Enfin, toutes les histoires de valise de billets, les magouilles, Faucard,
11:01voilà, le gaullisme, Bob Dénard, les mercenaires, etc.
11:06– Ça commencerait à la fin de la colonisation, c'est ça, grosso modo.
11:09– Mais Stephen Smith, c'est une espèce de centriste
11:12de la relation entre la France et l'Afrique,
11:14où il rejette, en fait, de manichéisme, celui qui serait plutôt décolonial,
11:19qui verrait finalement une simple spoliation au profit de la métropole,
11:24et puis ensuite, puisque ces pays sont quand même indépendants depuis 1960,
11:29certains ont tendance à l'oublier, parfois eux-mêmes aussi,
11:33et puis ensuite, une espèce de passif postcolonial qui reviendrait sans arrêt,
11:38et puis l'autre écueil qui est un petit peu de dire,
11:42voilà, le temps glorieux des colonies,
11:46en oubliant les aspects un peu plus sombres de la colonisation.
11:49Or, évidemment, il y a les deux,
11:51comme le Bernard Lugand le rappelle régulièrement,
11:53il y a une œuvre extraordinaire de la France,
11:55notamment en termes de santé publique, de routes, d'infrastructures,
11:58il y a aussi eu des épisodes moins glorieux, avec des affrontements,
12:03et même, et d'ailleurs, là où la réalité nous pousse
12:06à déconstruire un certain nombre de mythes manichéens,
12:08c'est que souvent, à la demande même de certains pouvoirs,
12:11comme au Cameroun, il y a eu un écrasement, une répression,
12:15après l'indépendance, menée à la demande du pouvoir,
12:17contre une guérilla, par exemple, maouiste,
12:20et donc là, les responsabilités sont partagées,
12:23je ne dis pas ça pour exonérer les gouvernants français, voilà.
12:27Or, en fait, le paradoxe de Stephen Smith, qui relève aujourd'hui,
12:31c'est que l'influence française en Afrique,
12:33et singulièrement de son armée, se réduit comme peau de chagrin,
12:37on l'a vu avec les départs précipités,
12:38la queue entre les jambes de plusieurs pays d'Afrique,
12:41au profit de la Chine ou de l'Afrika Korps, de la Russie,
12:45mais en fait, moins la France est puissante en Afrique,
12:48plus elle est conspuée, c'est une espèce de…
12:50je ne sais pas si c'est une loi darwinienne,
12:52c'est-à-dire qu'on s'en prend à un animal blessé,
12:54mais donc c'est ce paradoxe-là, en fait,
12:57qui relève avec un certain chagrin aussi,
13:00parce qu'il y a les tontons moustiques,
13:01il y a un passé aussi à rappeler qui est positif.
13:05– Ce passé, quand il évoque ce passé,
13:06en fait, il montre aussi la centralité de l'armée.
13:09Ça m'étonnait, au fond, l'armée a déterminé en partie
13:12la présence française en Afrique.
13:14Elle n'est pas venue en aide aux expatriés,
13:17mais c'est elle qui a fait venir les expatriés,
13:18au fond, c'est l'armée qui a guidé cette politique, le militaire.
13:23– En fait, après, on pourrait le prendre sous différents aspects,
13:27Bernard Lugan, là aussi, est assez éclairant,
13:29entre d'un côté la France républicaine,
13:31et puis un courant plus monarchiste,
13:34enfin, toute la force un peu refoulée qui s'est investie dans l'armée.
13:39Et il y a aussi une approche plus réaliste aussi,
13:42parfois, que les gouvernants.
13:44On a en tête les vieilles phrases de Jules Ferry ou d'autres
13:47sur les peuples à coloniser,
13:48qui avaient notamment affligé des gens comme Clemenceau.
13:52Et souvent, l'armée a été contrainte au réalisme,
13:55avec un certain… qui est obligé de s'acclimater.
13:59Ce n'est pas simplement des gens qui fomentent des coups d'État,
14:02pour ou contre Bokassa.
14:04Il y a une histoire très complexe,
14:05qui est vraiment imbriquée dans les sociétés africaines, en fait.
14:08– Alors, il a quand même une vision assez dure,
14:09quand même, de la prévention africaine en Afrique.
14:11Il parle, à son propos, de délit d'initié permanent.
14:14À partir des années 60, après les indépendances,
14:19la France est restée très présente.
14:21Et comme si, d'ailleurs, les nouvelles souverainetés africaines
14:24étaient des souverainetés limitées,
14:26un peu comme certains pays de l'Est, dans le bloc soviétique.
14:29– Oui, alors, c'est un peu plus compliqué que ça,
14:31parce que là aussi, je titille un peu Stéphane Smith sur ce terrain.
14:34C'est-à-dire que j'ai l'impression que, quoi que fasse la France,
14:38elle a tort.
14:38Elle va intervenir à demande d'un pouvoir.
14:41Par exemple, en 2013, le Mali,
14:42qui était directement menacé par une offensive djihadiste,
14:48on dénonce un droit de la gérance.
14:49Si elle n'intervenait pas, comme au Rwanda,
14:51ou qu'elle intervenait à moitié, on dénonce la passivité,
14:53voire sa complicité dans les crimes de guerre,
14:55les crimes contre l'humanité.
14:57Pour revenir au contrat qui a été signé en 1960,
15:01entre les anciennes colonies et la métropole,
15:03c'est qu'il y a un secret de Polichinelle,
15:06c'est qu'ils n'avaient vraisemblablement pas les moyens,
15:09pour tout un tas de raisons économiques,
15:11mais même culturelles ou sociologiques,
15:12de construire un État, dite de ce nom, du jour au lendemain.
15:15Et malheureusement, c'est encore vrai dans un certain nombre de régions,
15:17comme le Sahel, on le voit avec les conséquences que ça a,
15:20notamment sur la gestion du djihadisme.
15:22Donc, il y avait l'idée, on vous fournit les coopérants,
15:26la fameuse politique de coopération,
15:28qui est plus ou moins la continuité de politiques
15:32qui avaient cours sur la colonisation.
15:33Vous avez l'indépendance, et voilà,
15:37il y a cet échange de bons procédés,
15:38qui a marché un temps, qui ne marche plus.
15:41Aujourd'hui, on est plutôt dans une ère de revendications souverainistes,
15:45d'ailleurs légitimes, avec un fonds anti-français,
15:48souvent démagogique, puisqu'on s'en prend un ennemi
15:50qui est en fait déjà exsangue.
15:53Et le délit d'initié permanent, c'est aussi dit,
15:56il faut aussi relever la responsabilité de l'Europe et des Nations unies,
15:59puisque les institutions internationales sont bien contentes
16:02de compter sur l'armée française,
16:04quand il s'agit d'intervenir en Afrique,
16:06par exemple, pour repousser les djihadistes,
16:09des opérations de maintien de la paix,
16:11je peux vous dire qu'on ne se bouscule pas au portillon
16:13pour envoyer des troupes.
16:14– Il y avait une demande des Américains aussi, à l'époque.
16:17– Oui, c'était la guerre froide.
16:19– C'était la guerre froide, la France…
16:21– Oui, on ne peut pas faire abstraction du contexte.
16:25– On pourrait quelque part se réjouir du reflux français,
16:28d'une certaine façon, si c'était au profit,
16:31comme ça a été évoqué, d'une souveraineté africaine,
16:35c'est-à-dire des États qui reprennent leur destin en main,
16:38qui aspirent à l'autonomie et à l'indépendance.
16:41On ne peut, de notre point de vue, voir ça que d'un bon oeil.
16:44Mais malheureusement, on se rend bien compte que ce n'est pas le cas,
16:46puisque comme vous l'avez dit, ce reflux français,
16:48il se fait au profit d'autres puissances, on va dire impérialistes.
16:53Et je ne suis pas sûr que nos amis africains gagnent au change
16:56entre les relations qu'ils pouvaient avoir avec la France
17:01et celles qu'ils risquent d'avoir avec la Chine ou la Russie.
17:05Donc en fait, ce n'est même pas une véritable libération d'indépendance.
17:10– La Turquie, aujourd'hui.
17:10– D'ailleurs, c'est aussi une arme de soft power.
17:13Je me souviens de médias russes, y compris en France,
17:15qui tapaient à boulet rouge sur la politique néocolonialiste
17:19entre guillemets de la France en Afrique.
17:21Il ne faut pas se leurrer, le discours idéologique, y compris wokiste,
17:24il peut faire l'affaire de gens qui ne sont pas seulement
17:27des universitaires gauchistes, mais le Parti communiste chinois
17:30ou le pouvoir russe.
17:31– Le formatage continue, mon cher Xavier Jeune,
17:36telle transition évidemment, mais j'avais votre livre
17:39qui vient de paraître aux éditions de la Nouvelle Librairie,
17:42préfacé par Claude Chollet, l'indispensable.
17:44Claude Chollet, directeur, guide suprême,
17:47vous l'appelez je crois dans un entretien récent de l'OGIM.
17:50Alors, formatage continu, je le montre,
17:52vous êtes déjà intervenu d'ailleurs pour parler de ce livre
17:54sur TV Liberté dans l'émission de Jean-Yves Le Gallou,
17:56me sentez-t-il ? – Tout à fait.
17:57– Formatage continu, tour de France des 14 principales écoles de journalisme.
18:02Vous avez donc fait ce tour de France et ces 14 écoles de journalisme,
18:06vous avez découvert qu'au fond, elles disaient les mêmes choses,
18:08elles formaient les mêmes petits soldats de la bien-pensance, en quelque sorte.
18:11– Oui, ben voilà, vous avez tout à fait bien conclu et bien lu l'ouvrage.
18:17Oui, on a voulu s'intéresser en effet au recrutement,
18:20à la formation des journalistes pour essayer de comprendre
18:24cette espèce de blocosse idéologique qu'on peut observer dans les médias dominants
18:30et qui n'évolue pas, qui ne bouge pas,
18:33quelles que soient les transformations de la société,
18:35quels que soient les résultats électoraux,
18:36quels que soient les mouvements d'opinion.
18:38Le doxa intellectuel et idéologique des journalistes ne bouge pas,
18:43donc on s'est dit, ça doit peut-être venir de leur formation
18:46et c'est pour ça qu'on allait regarder un peu du côté des écoles de journalisme
18:50et donc des 14 qui sont reconnues par la profession,
18:52donc celles qui sont censées être les plus sérieuses et les plus prestigieuses.
18:56Et en effet, on a fait ce constat, on ne va pas dire que c'était une surprise,
19:00mais on a pu le vérifier et l'argumenter et le documenter
19:05sur l'extrême conformisme, le bourrage de crâne idéologique,
19:12la surveillance politique qui règne dans ces écoles.
19:16– Il y a des élèves qui sont obligés de pratiquer la taquilla,
19:19pour reprendre un terme islamique,
19:21pour ne pas montrer qu'ils sont vraiment de droite, en quelque sorte.
19:24– Très clairement, si vous entrez dans une de ces écoles
19:27et que vous ne partagez pas, on va dire, le pot commun libéral-libertaire,
19:33vous avez deux choix, soit quitter l'école au bout de 6 mois
19:36parce que la vie est insupportable,
19:39que vous êtes dénoncé par vos petits camarades,
19:42persécuté par vos professeurs, ou alors, en effet, faire profil bas et tricher,
19:48c'est-à-dire écrire et parler contre vos idées
19:53pour espérer que votre cursus scolaire se passe bien
19:57et que vous puissiez obtenir un poste à l'issue de celui-ci.
20:03– C'est ce qu'avait fait Laurent Humberton, je crois.
20:05– Oui, Laurent Humberton qui a été élève à l'ESJ à Lille,
20:08qui est un des parangons de ce formatage idéologique
20:15et qui, en effet, a expliqué qu'il avait dû se taire
20:19et puis attendre que ça passe, serrer les dents pour ensuite faire autre chose.
20:24Mais c'est tout à fait impressionnant, comme je l'ai dit,
20:30ce n'est pas une surprise, mais à ce point-là,
20:32avec ce degré d'endogamie idéologique,
20:37vous n'avez que des professeurs ou des intervenants issus de la presse…
20:41– Du centre-gauche.
20:42– Voilà, c'est ça, du centre-gauche jusqu'à l'extrême-gauche,
20:45mais même la gauche la plus extrême, c'est-à-dire des représentants
20:49de Street Press, par exemple, qui est un pire organe de délation politique
20:54et qui sont présentés comme des exemples à suivre.
20:58Et vous avez, en effet, l'interdiction quasiment absolue
21:01de faire des stages dans des journaux qui ne sont pas conformes à la ligne.
21:05– Le Figaro est quasiment considéré comme un journal d'extrême-droite.
21:07– Ah, le Figaro, je pense qu'on est déjà très loin,
21:09puisque même Famille Chrétienne est considérée comme un brûlot d'extrême-droite,
21:13donc vous voyez que la marge est assez réduite pour les gens
21:17qui veulent sortir un petit peu des sentiers battus,
21:21donc voilà, c'était une petite enquête pour mettre ça au grand jour.
21:26– Et alors, notons que, comme d'habitude, mais ça ne nous étonne pas,
21:29il y a une forte endogamie sociale, c'est-à-dire ces gens qui ont à la bouche
21:33la diversité, l'amour de l'autre, en fait, se ressemblent tous
21:36et viennent tous du même milieu social, c'est-à-dire de la bonne bourgeoisie intellectuelle.
21:40– Voilà, essentiellement, majoritairement.
21:41Il y a des petites tentatives, évidemment, comme c'est très à la mode,
21:44pour créer ce qu'on appelle de la diversité,
21:46en essayant de mettre des formules d'accès ou d'entrée
21:50favorisant une relative diversité sociale,
21:53mais dans les faits, c'est encore très marginal.
21:56Et sinon, oui, dans ce qu'on a pu constater,
22:00dans les témoignages qu'on a pu avoir,
22:01c'est évidemment des écoles qui accueillent essentiellement
22:05des fils de bourgeois des centres-villes.
22:09Donc, ils arrivent déjà avec un bagage idéologique déjà formaté,
22:13qui sont allés dans les mêmes établissements scolaires,
22:14qui ont fréquenté les mêmes lieux de villigiature pour leurs vacances, etc.
22:18et qui sont déjà persuadés d'être une caste, une élite,
22:21qui a pour fonction d'élever et d'éduquer moralement le bon peuple
22:26qui a la mauvaise habitude de ne pas penser comme il le voudrait.
22:31– Alors, comment en sortir ?
22:34Est-ce qu'on peut essayer de créer des alternatives,
22:38des écoles qui refusent ce formatage ?
22:42Est-ce possible ?
22:43Je sais qu'il y a une école vaguement libérale-conservatrice
22:45ou libérale-conservatrice qui s'est créée.
22:47Il y a déjà une pétition en ligne, il me semble.
22:49– Oui, il y a un consortium de milliardaires,
22:52avec M. Bolloré notamment parmi eux,
22:56qui a racheté l'ESJ Paris, qui est une vieille école de journalisme,
23:00pour essayer de la relancer, et en effet sous une optique
23:03qui semble être plutôt libérale-conservatrice,
23:06si tant est que ce terme est un sens.
23:09Donc ça, ça va mettre un tout petit peu de diversité,
23:12mais c'est une école sur des dizaines,
23:16mais ça suscite déjà beaucoup des mots dans les autres écoles de journalisme,
23:22ce qui ne manque pas de celles, c'est-à-dire qu'en fait,
23:25un formatage ça va, mais surtout pas de formatage d'un autre style
23:30pour la formation.
23:32C'est une… oui, créer des nouvelles écoles avec une autre optique,
23:36c'est évidemment une solution, mais on sait que ça coûte cher,
23:39on sait que c'est difficile à mettre en œuvre,
23:41et puis le risque c'est en fait de remplacer un formatage par un autre.
23:45– La réaction est contaminée par ce à quoi elle réagit.
23:48– Donc, est-ce que c'est une meilleure solution ?
23:51C'est peut-être déjà quand même quelque chose,
23:53parce que ça permet quand même au moins qu'il y ait un autre son de cloche
23:55qui sonne parmi ces écoles, mais c'est pas la solution ultime.
24:02Des solutions, il y en a, il y a ce passé des écoles de journalisme,
24:05parce qu'on peut faire du journalisme sans passer par les écoles.
24:10L'histoire du journalisme n'a pas attendu la création des écoles de journalisme
24:13pour exister, pour avoir ses heures les plus glorieuses et les plus fastes,
24:17donc moi je ne pense pas que ce soit indispensable
24:19de passer par une école de journalisme pour être journaliste.
24:22– Merci, je rappelle votre livre,
24:24Formatage, continue, tour de France, les 14 principales écoles de journalisme
24:28par notre ami Xavier Aimant.
24:29Je me tourne dans les minutes qui nous restent vers notre ami Christophe Lafosse.
24:33Vous avez écrit de merveilleuses pages sur Marc Bloch,
24:36Marc Bloch qui en général, tout le monde se déchire,
24:39la droite veut en faire un penseur de droite,
24:41patriote, plus patriote que lui, tu meurs,
24:44la gauche veut en faire un antifasciste.
24:46– Oui parce que Macron, c'est un léger coup de gueule
24:48puisque Macron annonce qu'il doit rentrer au Panthéon en 2025,
24:51et il y a tout un discours un peu publicitaire et obsequieux
24:53autour de lui, de contresens.
24:55C'est l'auteur Marc Bloch qui est un authentique héros,
24:57résistant fusil par la Gestapo en 1944,
24:59c'est un grand historien spécialiste de l'histoire médiévale et de la France.
25:02Son livre le plus connu est un livre polémique publié en 1946,
25:06après sa mort puisqu'il a été fusil en 1944-1945,
25:08qui est l'étrange défaite.
25:11Et ce qui est drôle c'est que Macron s'approprie des termes
25:14qu'il se désigne lui-même en fait, puisque l'étrange défaite
25:18est un constat attristé des défaillances des élites françaises,
25:22de la défaillance de l'armée et du renoncement de la société française.
25:25Et il y a tout un discours notamment des héritiers de Marc Bloch
25:27qui sont très tatillons, très sourcieux de la mémoire de ce grand homme,
25:31qui d'ailleurs refuse la présence d'un certain nombre de politiques à la cérémonie.
25:37Et effectivement on a l'impression qu'on veut repeindre un peu Marc Bloch
25:39en militant gentillet, à la fois pacifiste, un peu européen,
25:46totalement anti-national, alors que c'est un contresens total.
25:49Moi j'appelais ça plutôt que l'étrange défaite, l'étrange reset,
25:53qui est un terme anglais qui veut dire remise à zéro, réinitialisation.
25:56Il faut lire ses ouvrages, c'est un grand érudit,
25:59il a créé l'Histoire des annales historique,
26:03c'est un grand sentimental intuitif, un grand érudit.
26:06Il a fait les Rois Thaumaturges, voilà.
26:09– Et un livre sur la société féodale.
26:11– La société féodale, effectivement, la paysannerie, voilà.
26:14Alors effectivement, je pense que le Panthéon
26:15était un endroit un peu triste, un peu froid pour lui,
26:17il n'aurait pas beaucoup aimé, mais c'est un grand héros,
26:19un grand intellectual, un grand héros.
26:21Et juste pour terminer, on voudrait dénoncer des gens,
26:25parce que lui il rentre dans la résistance, dans le réseau combat,
26:27où au début il ne fréquente, il est sous les ordres
26:30exclusivement de nationalistes, de royalistes,
26:33et de gens pas du tout qui seraient considérés
26:36comme des extrémistes de droite à l'heure actuelle.
26:37Relire éventuellement, juste pour finir, les livres de Simon Epstein
26:41et de François-Marin Floteau sur tous ces gens-là, voilà.
26:43– Merci cher Christophe, lisez Marc Bloch,
26:45lisez le dernier numéro d'Eléments, que vous trouvez en kiosque,
26:50que vous trouvez sur internet, on est partout maintenant,
26:52c'est incroyable, et avec d'autres articles,
26:54évidemment sur Ivan Illich et sur Kubrick,
26:56notamment, je vous invite à lire ce numéro,
26:59je vous retrouve dans deux mois, d'ici là vous aurez le plaisir
27:02de retrouver pour cette année-là notre ami Patrick Luzinki.
27:06Je vous souhaite à tous, encore une fois,
27:07une bonne année, chers amis, bonsoir.

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